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Timothée Parrique

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Timothée Parrique
Timothée Parrique en 2024.
Fonction
Chercheur
Université de Lausanne
depuis
Biographie
Naissance
Nationalité
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A travaillé pour
Directeurs de thèse
Sylvie Ferrari-Lacraz (d), Sarah Cornell (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Œuvres principales
Exploring degrowth policy proposals: a systematic mapping with thematic synthesis (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Timothée Parrique, né en 1989 à Versailles, est un économiste français. Il est chercheur à la Faculté des hautes études commerciales (HEC) de l'Université de Lausanne, en Suisse. Ses travaux portent sur la décroissance et la postcroissance[1],[2].

Enfance et formation

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Timothée Parrique naît en 1989[3]. Il grandit à Bailly, une commune proche de Versailles[4].

Il étudie l'économie et les sciences de l'environnement à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines[5],[1] puis l'économie écologique et les sciences de la soutenabilité à l'Université d'Uppsala en Suède.

Il obtient un doctorat en économie au Centre d'études et de recherches en développement international (CERDI) de l'Université Clermont Auvergne et au Stockholm Resilience Center de l’Université de Stockholm[6].

Lors d’un échange Erasmus à l'Université d'Uppsala, il s'intéresse à l'économie écologique et fréquente le Centre d’études sur l’environnement et le développement (CEMUS), créé dans les années 1990 pour renforcer l’enseignement de la soutenabilité dans les cursus universitaires. Il participe également à une école d'été sur l'écologie politique à Barcelone en 2014 et 2016[4],[7].

De 2016 à 2019, il rédige une thèse de doctorat à l'Université Clermont Auvergne sous la direction d'Arnaud Diemer, Sylvie Ferrari et Sarah Cornell[8].

En 2019, il est l'auteur principal d’un rapport du Bureau européen de l'environnement, intitulé Decoupling debunked – Evidence and arguments against green growth[6], reprenant une partie de sa thèse (chapitre 2 : Biophysical limits to growth, section 3 : The decoupling controversy, pp. 91-119), dans lequel il aborde le découplage entre hausse du PIB et hausse de la pression sur l'environnement d'une économie.

Sa thèse, intitulée The Political Economy of Degrowth, est soutenue en décembre 2019 et mise en ligne sur theses.hal.science en mars 2020. Elle traite des effets sociaux et écologiques de la croissance économique et explore des propositions relatives à la décroissance[7]. Elle a été téléchargée plus de 70 000 fois[3].

En septembre 2022, il publie chez Éditions du Seuil un ouvrage issu de sa thèse, Ralentir ou périr : l'économie de la décroissance, qui propose une réduction planifiée de la production et de la consommation dans un cadre démocratique et socialement équitable[9],[10],[11]. Le livre s’est vendu à plus de 40 000 exemplaires[3]. Une première traduction, Desacelerar o morir. Todo lo que hay que saber (y desmitificar) para comprender el decrecimiento, a été publiée début 2024 chez l’éditeur mexicain Siglo XXI Editores.

En mai 2022, il rejoint la School of Economics and Management de l’Université de Lund, où il mène des recherches en économie écologique dans le cadre du projet Postgrowth welfare systems[3]. Depuis octobre 2024, il est chercheur à la Faculté des hautes études commerciales (HEC) de l'Université de Lausanne[12].

Il intervient régulièrement lors de conférences sur la décroissance dans des établissements d’enseignement supérieur, des collectivités et diverses institutions publiques ou privées[3],[4],[1].

Prises de position

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Dans Ralentir ou périr, Timothée Parrique remet en question l’usage du PIB et la notion de croissance économique qu’il considère comme incompatibles avec le respect des limites planétaires. Il critique également le concept de « croissance verte », qu’il juge irréalisable sur le plan écologique. Il défend l’idée d’une société post-croissance orientée vers la justice sociale et le bien-être collectif[3],[13],[14].

Il soutient également les approches low-tech, estimant que la neutralité carbone ne peut être atteinte uniquement par l’innovation technologique[3],[15].

Les travaux et prises de position de Timothée Parrique ont suscité diverses analyses critiques dans les milieux académiques et médiatiques.

Dans une note de lecture publiée par La Vie des idées, le chercheur Guillaume Delafosse estime que l’auteur de Ralentir ou périr présente une synthèse claire du courant de la décroissance, mais relève plusieurs limites dans son approche. Selon lui, Parrique interprète de manière discutable certains extraits du GIEC, notamment lorsqu’il écrit que ce dernier aurait « enterré la croissance verte » ; Delafosse considère que le rapport du GIEC ne va pas aussi loin et reste fondé sur des scénarios de croissance continue. Il regrette également que l’ouvrage n’aborde pas suffisamment les risques et difficultés d’une transition vers une société post-croissance, jugeant que le livre « laisse l’esprit critique sur sa faim »[16].

Un article de l’Agefi consacré à son recrutement à HEC Lausanne souligne les réserves exprimées par plusieurs enseignants quant à son profil académique, évoquant un « manque de publications » et un « climat militant » au sein de la faculté. Le journal rapporte que cette nomination a suscité des réactions contrastées en interne, certains estimant que sa visibilité médiatique est atypique pour un poste de chercheur récemment recruté[17]. La posture de chercheur engagé est revendiquée par Parrique lui-même dans sa thèse[18].

Dans une tribune publiée par Le Point, l’essayiste et philosophe des sciences Thomas Lepeltier qualifie Timothée Parrique « d’illusionniste de la décroissance ». Il conteste sa vision des effets de la croissance économique, qu’il juge caricaturale, et critique le modèle de société décrit dans Ralentir ou périr, estimant qu’il conduirait à des restrictions économiques et à un contrôle excessif de la production. Lepeltier considère par ailleurs que la promesse d’une « prospérité sans croissance » repose, selon lui, sur des hypothèses irréalistes[19].

Récompenses

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En 2022, il reçoit de la Fondation Terre Solidaire le premier prix dans la catégorie « Sciences humaines et sociales » pour la publication de sa thèse[8].

En 2023, il obtient le prix de l’essai EcoloObs, décerné par L'Obs, pour son ouvrage Ralentir ou périr[3].

La même année, il reçoit le prix du développement durable de l'Agenda 2030 de l'Université de Lund, assorti d’une prime de 25 000 couronnes suédoises, soit environ 2 000 euros[7].

Publications

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  • Timothée Parrique, Ralentir ou périr : l'économie de la décroissance, Éditions du Seuil, , 320 p. (ISBN 9782021508093).
  • (en) Timothée Parrique, The political economy of degrowth (thèse de doctorat), Université Clermont Auvergne [2017-2020] ; Stockholms universitet, (lire en ligne)
  • L’heure de la décroissance a sonné, in « Décroissance : Réinventer l'abondance », hors-série Socialter, 29 octobre 2024, lire en ligne.

Notes et références

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  1. a b et c Marine Miller, « « Ralentir ou périr » : la décroissance, thème de rentrée à HEC », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Timothée Parrique, « Ralentir ou périr, la nécessité d’une post-croissance », Le temps,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. a b c d e f g et h Rémi Noyon, « Prix EcoloObs : Timothée Parrique, le décroissant qui monte », L'Obs,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b et c Hélène Binet, « Timothée Parrique, moine-soldat de la décroissance », sur makesense, (consulté le )
  5. « Timothée Parrique, économiste, assume la décroissance: «Nous devons sortir du capitalisme» », sur Le Soir, (consulté le )
  6. a et b « « Ralentir ou périr : l'économie de la décroissance » de Timothée Parrique », sur Atlantico, (consulté le )
  7. a b et c (en) Page manager: editors-newskommunikationluse | 29 Mar 2023, « Lund University Sustainability Award for Agenda 2030 goes to degrowth economist | Lund University », sur www.lunduniversity.lu.se (consulté le )
  8. a et b Chantal Brige, « Timothée Parrique, lauréat du prix de thèse de la Fondation Terre Solidaire », sur Cerdi (consulté le )
  9. Marion Calais, « Qu'est-ce que la décroissance, ce concept qui revient dans le débat public ? », sur rtl.fr, 25.20.2022 (consulté le ).
  10. Dominique Berns, « Timothée Parrique, économiste, assume la décroissance : « Nous devons sortir du capitalisme » », Le Soir,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Mathilde Golla, « Timothée Parrique, chercheur : « la croissance comme solution est une croyance, une sorte de père Noël des économistes » », Novethic,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. Téo Nania, « « On ne reprocherait pas à un géographe de militer contre le platisme » », 24 heures,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. Anne Querrien, « Timothée Parrique, Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance, Seuil, Paris, 2022 », Écologie & politique, no 66,‎ , p. 179 à 182 (lire en ligne)
  14. (es) Clemente Álvarez, « Timothée Parrique, economista: “La estrategia europea del crecimiento verde no funciona, la transición no ha comenzado” », sur El País, (consulté le )
  15. Élise Gallé-Tessonneau et Alexis Kopp, «La perspective d’une croissance verte relève de la science-fiction», sur Libération (consulté le )
  16. Guillaume Delafosse, « Plus loin, avec moins », La Vie des idées,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. « L’arrivée d’un chercheur décroissant à HEC Lausanne dérange », sur agefi.com, (consulté le )
  18. Norman Vander Putten, « T. Parrique, The Political Economy of Degrowth, Université Clermont Auvergne – Stockholm University, 2019, 860 p. », Revue interdisciplinaire d'études juridiques, vol. 84,‎ , p. 301-305 (lire en ligne)
  19. Thomas Lepeltier, « Timothée Parrique, l’illusionniste de la décroissance », sur Le Point, (consulté le )

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Articles connexes

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Liens externes

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