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Tidiane Dem

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Tidiane Diem
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Fonction
Ministre
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 82 ans)
Nationalité
Activités

Tidiane Dem, né le à Niakaramandougou (Côte-d’Ivoire)[1] et mort le [2], est un intellectuel, homme d’affaires, politicien et écrivain ivoirien .

Du côté paternel, Tidiane Dem est un descendant de l’ethnie Peul du Sénégal. Son grand-père Souleymane Dem est né à Alware, Sénégal. Son père Mamadou Souleymane Dem est né à Ségou (Mali) et a grandi avec les traditions peuls et malinké.

Du côté maternel, il est un descendant de l'ethnie senoufo en Côte-d'Ivoire. Sa mère Fatimata Ouattara est née à Niellé près de Korhogo[3].

Son père l'a éduqué dans ces trois traditions ethniques et lui a raconté l'histoire de ces peuples que Tidiane a dactylographiée, notes qui sont gardées dans les archives administratives de Korhogo[4].

Carrière politique

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Peu après la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement colonial français annonce les premières élections générales de l'Assemblée Nationale Constituante et de deux députés, un Ivoirien et un Français, pour le parlement français. Il n'existait pas encore de partis politiques en Côte-d'Ivoire. Tidiane Dem, qui est déjà un riche commerçant à Korhogo et animateur du jeune Syndicat des commerçants, est le candidat de ce syndicat. Élu comme député, il sera le candidat du Syndicat agricole africain Félix Houphouët-Boigny, futur premier président[5]. Tidiane Dem perd également aux deuxièmes élections de l'Assemblée Nationale Constituante en [6].

Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire PDCI de Houphouët-Boigny étant devenu parti unique, Tidiane Dem rejoint le parti. Il est élu à la seconde élection de l'Assemblée territoriale du , il devient conseiller territorial de Korhogo jusqu'en . Il est député de la 1re Législature de 1959 de la Première République[7] de à et Secrétaire d'État à l'Élevage de à [8].

En 1963, par deux coups montés[9], Houphouët-Boigny va prendre le pouvoir personnel, qu'il tiendra jusqu'à sa mort en 1993. Le , 3 ministres sont accusés d'avoir comploté un coup d'État. Ils sont destitués par décret présidentiel et emprisonnés : il s'agit du « complot de  ». Tidiane devient alors du au également ministre provisoire de l'Agriculture et de la Coopération. Cette première épuration faite, le le gouvernement Houphouët-Boigny II est installé avec Tidiane Dem comme ministre de la Production animale. À sa création, son cabinet compte 16 ministres[10], mais le site actuel du Gouvernement Ivoirien ne donne qu'un cabinet tronqué de 8 ministres[11]. C'est que le « complot de  » n’a pas eu le succès escompté et Houphouët-Boigny réagit en août- avec une nouvelle série d'emprisonnements d'innocents parmi lesquels 14 députés et 7 ministres dont Tidiane Dem ()[12]. Il est condamné à dix ans de prison[13],[14].

Administrateur

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En 1966-1967, le président Houphouët-Boigny tente d'effacer autant que possible les souvenirs des prétendus complots de l'histoire de la Côte d'Ivoire. Les prisonniers sont libérés et la prison de Yamoussoukro détruite. Les anciens prisonniers reçoivent de nouveaux postes, mais sont tenus sous contrôle par la menace de nouvelles actions et, sauf exceptions, les prisonniers libérés y compris Tidiane Dem se taisent[15].

Tidiane Dem, libéré en 1967, deviendra Président des Conseils d’Administration de plusieurs entreprises d'État : Motoragri (Société pour le Développement de la Motorisation de l'Agriculture, fondée en 1966), SOVANORD (Société de Valorisation de l'Anacardier du Nord, fondée en 1972, arrêté en 1981) et AICI (Société Anacarde Industrie de Côte d'Ivoire, fondée en 1976, arrêtée en 1980), CIDT (Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles, fondée en 1974 dont il est encore mentionné comme président en 1987)[16],[17].

À l'approche de l'âge de la retraite, Tidiane Dem reprend la plume avec le but d'enseigner la jeune génération sur leurs racines et sur la richesse des traditions ethniques. Il a écrit deux romans, Masseni (1979) et Mariama (1989), situés dans le Korhogo de sa jeunesse et donc presque des romans historiques; il y introduit des formes de littérature orales : chansons et dialogues. Ces deux romans ont suffi pour lui donner une place parmi les rares auteurs ivoiriens de la génération intermédiaire entre les quelques auteurs classiques et la jeune génération[18]. En son honneur, l'Amicale des professeurs de français de la Dren de Korhogo (Apfdko) a créé en 2012 le Prix Tidiane Dem de la littérature de jeunesse des lycées et collèges de Korhogo.

  • Samory dans le pays sénoufo[19] et La prise de Boundoukou par Samory, notes historiques dactylographiés (pièces d’archive aux Archives administratives de Korhogo).
  • La dynastie de Sinématiali, 1953[20]
  • La Cote d'Ivoire forestière in Proceedings of the Fifth World Forestry Congress: University of Washington, Seattle, Washington, August 29-September 10, 1960 (édité en 1962)
  • Masseni, Nouvelles éditions ivoiriennes, Abidjan-Dakar-Lomé, 1977, rééditions 1981 (Prix Pegasus 1979[21], Prix Mobil 1981[22])[23]
  • Mariama, Nouvelles éditions africaines, Abidjan-Dakar-Lomé, 1987
  • Mondah, Joseph; Cavally, Jeanne de; Kouadio, Mathias; Dem,Tidiane; Traore, Idrissa; Drehi, Mical. Contes de Côte d'Ivoire. Illustrations de J. Digout. Coll. Contes du Monde Entier. Tome 1. Abidjan: Nouvelle Éditions Africaines, 1983

Notes et références

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  1. Peuples Noirs Peuples Africains no. 41-42 (1984) 144-211
  2. "La famille de feu Tidiane Dem à Korhogo et Abidjan" sur necrologie.ci
  3. "Des textes traditionnels aux romans modernes en Afrique de l'Ouest", tome 2, thèse, Amadou Koné, Limoges 1984, en préédition sur le web
  4. Bohumil Holas, Les Sénoufo (y compris les Minianka), PUF 1957, réédition éditions L'Harmattan 2006, p 46
  5. Amadou Koné, Houphouët-Boigny et la crise ivoirienne, Edition Karthala 2003 p 20
  6. Souleymane Yéo, Les états-nations face à l'intégration régionale en Afrique de l'ouest: le cas de la Côte d'Ivoire, KARTHALA Editions, 2009, p. 132
  7. Liste des députés depuis 1959 sur le site de l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire
  8. Le pays devient autonome en décembre 1958, un gouvernement sous Houphouët-Boigny, chef d'État, est formé en mai 1959 ; l'indépendance est proclamée en août 1960 et devient effective en novembre 1960 par l'installation du premier président Houphouët-Boigny, qui installe son premier cabinet le 3 janvier 1961. Pour ces dates, voir l'article Félix Houphouët-Boigny
  9. En 1990, Houphouët-Boigny a reconnu qu'il n'y a jamais eu de complot.
  10. Frédéric Grah Mel, Félix Houphouët-Boigny: L'épreuve du pouvoir (1960-1980), Karthala Editions, 2003, p. 106
  11. 2e Gouvernement de Côte d'Ivoire Document officiel, pdf sur gouv.ci
  12. Jean-Claude Djereke, Les hommes d'Eglise et le pouvoir politique en Afrique noire Editions L'Harmattan, 2009, pg 76
  13. Amadou Koné, op.cit. p 108
  14. Peuples Noirs Peuples Africains op.cit. donne le texte officiel du Document: « Complots de 1963 »
  15. Valerio Petrarca, Un prophète noir en Côte d'Ivoire: sorcellerie, christianisme et religions africaines, Marthala Editions, 2008, pg 84-88
  16. AFFAIRE « LE NORD A ÉTÉ ABANDONNÉ » Déclaration du Collectif des Nordistes Ivoiriens, L'Ivoirois, 31 août 2013
  17. Socio-économie des villes africaines: Bobo et Korhogo dans les défis de la décentralisation, Karthala Editions, 2002, pg 401-402
  18. Jean-François Kola, Identité et institution de la littérature en Côte d’'Ivoire, thèse, Cocody/Limoges 2005, p 159
  19. Un résumé se trouve dans Bohumil Holas, op.cit. p.
  20. Monique Chastanet et Jean-Pierre Chrétien, Entre la parole et l'écrit: contributions à l'histoire de l'Afrique, éditions Karthala, 2007, pp. 231/232
  21. www.Kirkus Reviews.com
  22. African Book Awards Database
  23. Bruno Gnaoule-Oupoh Dictionnaire des romans ivoiriens, Editions L'Harmattan, 1 jan. 2013

Articles connexes

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Liens externes

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