Tibet sous la tutelle des Qing

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Carte de l'Empire sino-mandchou en 1820. La Chine est représentée en jaune vif, avec ses dépendances (dont le Tibet) en jaune clair et ses États tributaires en orange.
Carte de l'Empire chinois en 1910 publiée en 1912 dans The Cambridge Modern History Atlas (Cambridge University Press). La Chine est représentée en jaune vif, avec ses dépendances (dont le Tibet) en jaune clair.

Le Tibet sous la tutelle des Qing (1720-1912) désigne la période pendant laquelle la région fut structurellement, militairement et administrativement contrôlée à des degrés divers par la dynastie Qing, établie sur l'ensemble de la Chine par les Mandchous. Instaurée après que l'armée Qing eut défait les Dzoungars qui occupaient le Tibet[1], cette tutelle, qui conférait au gouvernement du dalaï-lama un certain degré d'autonomie politique, prit fin quelque deux siècles plus tard, avec la chute de l'Empire en 1912. Un résident impérial, l’amban (tibétain : ཨམ་བན་, Wylie : am bna), était stationné avec une escorte militaire à Lhassa, d'où il faisait des rapports au Lǐfàn Yuàn, un bureau gouvernemental des Qing qui supervisait les régions frontalières de l'Empire[2],[3].

XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

Intervention de l'Empire Qing à Lhassa[modifier | modifier le code]

Appelés à l'aide par des Tibétains, les Dzoungars, une branche kalmouke des Mongols, ont raison de Lhazang Khan, petit-fils de Güshi Khan, qui, en 1705, avait envahi le Tibet et installé Tsangyang Gyatso, le 6e dalaï-lama, un poète qui préférait composer des chants d'amour plutôt que de s'occuper des affaires de l'État. Une fois à Lhassa, les Dzoungars nomment un nouveau régent tibétain, exécutent des nobles et des lamas et se livrent à des pillages, s'aliénant ainsi les Tibétains. Ils choisissent comme 7e dalaï-lama un fantoche qui n'est pas reconnu par les abbés gélougpa, lesquels annoncent la naissance du vrai dalaï-lama dans la région de Litang[4],[5].

Cette situation amène l'empereur Kangxi (1661-1722) à dépêcher à Lhassa, au printemps 1718, un petit corps expéditionnaire, composé de troupes mandchoues, mongoles et Han. Celui-ci atteint, à marche forcée, la rivière Nagchu en août ou , mais dans un état de désorganisation et de famine. Arrêtés à la bataille de la rivière Salouen par les Dzoungars supérieurs en nombre, les quelques milliers d'hommes sont massacrés[6],[7].

Un deuxième corps expéditionnaire est envoyé en 1720, commandé par le général Yen Hsi. Avec l'aide de Polhané Sönam Topgyé, un noble du Tsang, et de Khangchenné, le gouverneur du Tibet occidental, qui lèvent des troupes, l'armée impériale pénètre au Tibet depuis l'Amdo et le Kham et, le , chasse les Dzoungars de Lhassa, où elle est bien accueillie par la population[8]. Elle arrête et exécute les principaux dignitaires tibétains ayant soutenu ces derniers, le régent Tagtsepa (en) y compris, et, le , installe sur le trône du Potala le jeune 7e dalaï-lama, Kelzang Gyatso, jusque-là tenu sous la protection des Qing au monastère de Kumbum[9],[10]. La suite du dalaï-lama est une splendide assemblée de chefs mongols, d'officiers mandchous et chinois ainsi que de religieux et de nobles tibétains[11].

Si l'autorité du 7e dalaï-lama en tant que pontife suprême du lamaïsme est reconnue par l'empire Qing, celui-ci décide d'établir une sorte de protectorat plus ou moins lâche sur le Tibet afin d'y faire prévaloir ses intérêts dynastiques. Les Qing contrôleront désormais les frontières du Tibet[4], protègeront les Tibétains des conflits avec les pays voisins ainsi qu'entre eux-mêmes et laisseront leurs chefs régner sur le Tibet d'une manière qui ne soit pas hostile aux intérêts de l'empire[12]. Même si la société tibétaine traditionnelle ne s'en trouve guère affectée, « le Tibet [est] devenu un État satellite de l'Empire mandchou »[4]. La fonction de régent est remplacée par un cabinet de ministres (kalön) pris parmi les partisans de Lhazang Khan et présidé par l'un d'eux, Khangchenné[13]. Le jeune dalaï-lama est privé de tout rôle dans la conduite du gouvernement[14].

À Lhassa, dont les murailles sont abattues, les troupes sont constituées de 2 000 soldats à l'automne 1720. La route entre Ta-chien-lu (Larégo) et Lhassa est protégée par des détachements stationnant à Lithang, Bathang, Chamdo, en plus de Ta-chien-lu. Des mesures sont prises également pour que la garnison de Lhassa puisse rapidement recevoir des renforts[15].

En 1723, l'empereur Yongzheng, qui a succédé à Kangxi, mort l'année précédente, décide de retirer les troupes chinoises de Lhassa pour qu'elles ne pèsent pas sur l'économie du Tibet, et prive de ce fait les administrateurs tibétains de tout secours militaire[16].

À la suite de l'écrasement de la rébellion du prince Khoshot Chingwang Lozang Tenzin au Kokonor (le Qinghai actuel), l'empire Qing en 1724 sépare cette région du Tibet central et la place sous son autorité tandis que le Kham oriental est incorporé dans les provinces chinoises limitrophes en 1728[17],[18].

Lutte de factions de 1726-1728[modifier | modifier le code]

En 1727, Khangchenné, qui préside le conseil des ministres, est assassiné en pleine séance par deux membres du conseil. Les comploteurs anti-mandchous, des nobles tibétains naguère alliés aux Dzoungars, tuent également les membres de sa famille et liquident ou emprisonnent ses partisans. Polhané, qui n'assistait pas au conseil, apprend la nouvelle et se réfugie à Ngari, dans le Tsang, où il réunit des forces militaires. Celles-ci assiègent Lhassa, qui est reprise en 1728. Les factieux se rendent mais sont épargnés à la demande du dalaï-lama. Lorsque l'armée de l'empereur mandchou arrive en renfort à Lhassa, le gouvernement tibétain est réorganisé. À la demande de l'empereur, qui voit dans le dalaï-lama un point de ralliement pour les anti-Mandchous, le pontife doit quitter Lhassa et s'exiler dans l'est du Kham, au monastère de Litang, sa ville natale.

Règne de Polhané[modifier | modifier le code]

Au panchen-lama, les deux ambans envoyés par l'empereur et installés à Lhassa accordent désormais la souveraineté du Tsang et du Tibet occidental mais le pouvoir politique reste aux mains de Polhané, qui est chef du gouvernement et dont le titre officiel est désormais wang, « roi » en chinois[19].

En 1735, année de l'intronisation de l'empereur Qianlong (règne : 1735–1796), le dalaï-lama revient à Lhassa mais, étant tenu à l'écart des affaires politiques par Polhané, il se consacre à ses fonctions religieuses et aux belles-lettres.

À sa mort en 1747, Polhané laisse un Tibet pacifié dont les relations avec l'Empire sont cordiales. La garnison chinoise est ramenée à 500 hommes[20]. La seule erreur de jugement que l'on puisse imputer à ce grand chef d'État est d'avoir voulu fonder une dynastie et d'avoir choisi son fils comme successeur alors que celui-ci n'était pas taillé pour la tâche[21].

Rébellion de 1750[modifier | modifier le code]

Le fils de Polhané, le prince Gyourme Yeshe Tsetsen, accède au pouvoir en 1750. Devenu de facto roi du Tibet, il fait aussitôt un faux-pas en faisant savoir à l'empereur qu'il souhaite envoyer des membres de la secte gélougpa au Tibet oriental pour y renforcer le poids de cette dernière. L'empereur, qui ne voit dans ce projet qu'un moyen pour le prince de renforcer son propre pouvoir politique, refuse et envoie un de ses conseillers comme amban. Celui-ci lui fait un rapport sans concessions : le prince est un homme têtu, un dirigeant peu aimé, et le dalaï-lama ne le supporte pas[22].

Les choses empirent rapidement : Gyourme Yeshe Tsetsen fait assassiner son frère cadet, avec qui il est entré en conflit. Il demande à l'empereur de retirer de Lhassa les résidents impériaux et la garnison militaire, tout en assurant son suzerain de sa loyauté et de sa capacité à maintenir l'ordre. Il obtient le retrait de 400 hommes, le restant, au nombre de 500, étant répartis entre Lhassa et Shigatsé. En sous main, il prépare un soulèvement avec l'aide des Dzoungars. Conscients du péril, les ambans Fuqing et Labudun invitent Gyourme Yeshe Tsetsen à leur rendre visite dans leur yamen et l'assassinent. Il s'ensuit une émeute où tous les Hans et Mandchous habitant Lhassa sont massacrés à la suite des deux commissaires impériaux[20],[23].

L'année suivante, les deux nouveaux ambans et les troupes envoyées par le gouvernement central répriment la rébellion. Les meneurs et certains de leurs partisans sont exécutés. En hommage aux deux ambans assassinés par la foule dans leur résidence du Tromsikhang — un grand hôtel particulier situé sur le côté nord du Jokhang, bâti par le 6e dalaï-lama et habité par le chef mongol Lhazang Khan jusqu'en 1717 —, l'empereur fait sceller six tablettes de pierre dans la façade du bâtiment[24].

Ordonnance en treize articles[modifier | modifier le code]

En 1751, une ordonnance en 13 articles, édictée par l'empereur Qianlong, apporte des changements à la structure politique et administrative du Tibet[25].

La fonction de prince est abolie, le dalaï-lama redevient le chef du gouvernement et se fait assister d'un conseil, ou kashag, chargé d'expédier les affaires courantes et dont il désigne les ministres (ou kaleun), deux moines et deux civils.

Une assemblée consultative ou gyadzom est créée, formée de religieux, de fonctionnaires civils, de nobles, de commerçants et d'artisans, et ayant le pouvoir de destituer le régent pendant la minorité du dalaï-lama.

L’amban voit son rôle accru dans la gestion des affaires tibétaines.

Parallèlement, les Qing font en sorte de contrebalancer le pouvoir de l'aristocratie en mettant des responsables issus du clergé bouddhiste à des postes clés[26],[20].

Le pouvoir du 7e dalaï-lama est toutefois moindre que celui du « Grand Cinquième ». Il ne règne que sur la région centrale du Tibet, l'U, tandis que le panchen-lama règne sur le Tsang et une bonne partie du Tibet occidental. Quant au Tibet oriental, avec ses royaumes indépendants, notamment de Dergé et de Nangchen, il est annexé par les Mandchous[27].

Selon les auteurs de Le statut du Tibet de Chine dans l'histoire, en 1756, le 7e dalaï-lama se retire du monde. Il meurt l'année suivante et un tulkou, Demo Ngawang Jambai Deleg Gyamtso, est nommé régent par l'empereur Qianlong en attendant la majorité du prochain dalaï-lama. Ce sera le début d'un système bien établi où chaque régent sera obligatoirement un tulkou[28].

Selon Glenn H. Mullin et Tsepon W.D. Shakabpa, à la mort du 7e dalaï-lama, Démo Délek Gyatso est choisi par des chefs religieux et temporelles tibétains[29], dont le Kashag qui décide de ne pas gouverner mais de nommer un régent[30]. Démo Délek Gyatso, moine de Drépung dirigeait alors le monastère de Tengyeling[30]. Il avait été un disciple du 7e dalaï-lama[29]. Il devient le premier régent (gyaltsab)[29].

Le nouveau dalaï-lama est trouvé en 1758, dans l'ouest du Tibet. Il est intronisé à Lhassa en 1762 sous le titre de 8e dalaï-lama et le nom de Jamphel Gyatso, en présence de l'envoyé spécial de l'empereur Qianlong. Ce dernier, en 1781, publie un édit permettant au nouveau dalaï-lama de gouverner le Tibet[31].

La même année, l'empereur invite le panchen-lama à Pékin à l'occasion de son 60e anniversaire mais ce dernier meurt de la variole quelques mois après son arrivée. L'empereur lui rend de grands hommages[32].

Invasion des Gurkhas népalais en 1788 et 1791[modifier | modifier le code]

En 1769, le chef de la principauté de Gorkha, Prithvi Narayan, unifie plusieurs États indépendants des contreforts de l'Himalaya en un royaume, le Népal, dont il devient le premier souverain. Il coupe les voies de commerce traditionnelles entre l'Inde et le Tibet au grand dam des Anglais[20].

À la suite d'une querelle entre le Népal et le Tibet, les forces gurkha, envoyées par le roi du Népal, Rana Bahadur, pénètrent au Tibet au printemps 1788, occupant un certain nombre de postes-frontières, pour finalement s'en retirer l'année suivante sous certaines conditions[33] : les Tibétains doivent verser au Népal 11 tonnes d'argent par an[20].

Les Tibétains étant revenus sur leurs engagements, les Gurkhas népalais, en 1791, envahissent à nouveau le Tibet méridional, saisissant Shigatsé, détruisant, pillant, et défigurant le grand monastère de Tashilhunpo. Le jeune panchen-lama est forcé de fuir à Lhassa. Devant l'impéritie des ambans Baotai et Yamontai, l'empereur Qianlong, conscient que l'écrasement du Tibet ferait de ce dernier le vassal du Népal[34], y envoie, depuis le Sichuan, une armée de 17 000 hommes composée de Han, de Mongols, de Mandchous et de Jin et commandée par le général Fukang'an[35]. En 1793, avec l'assistance de troupes tibétaines, elle repousse les troupes népalaises jusqu'à peu près 30 km de Katmandou, forçant les Gurkhas à admettre leur défaite et à restituer les trésors qu'ils avaient pillés[36]. Le versement d'un tribut est imposé à ces derniers (tribut qui continuera à être versé par le Népal à la Chine jusqu'au renversement de l'Empire chinois)[37].

Règlement en 29 articles pour mieux gouverner le Tibet (1792)[modifier | modifier le code]

Intronisation de Lungtok Gyatso, 9e dalaï-lama, en présence d'ambans vers 1808[38]

L’incapacité des Tibétains à repousser les forces népalaises sans l’aide de l’armée chinoise, conjuguée à l’inefficacité de leur gouvernement dans la direction et la gestion des affaires, amènent les Qing à prendre les choses en main une nouvelle fois. En 1792, l’empereur Qianlong signe un décret intitulé « Règlement en 29 articles pour mieux gouverner le Tibet »[39]. L'empereur y manifeste sa volonté d'un retour à une règle plus conforme à ce qu'elle était à l'époque du 5e dalaï-lama[40].

Ce décret renforce les pouvoirs dont disposent les ambans, lesquels désormais prennent part au gouvernement du Tibet sur un pied d'égalité avec le dalaï-lama et le panchen-lama et ont prééminence dans les affaires politiques sur le kashag et le régent[41]. Le dalaï-lama et le panchen-lama doivent passer par eux pour adresser une pétition à l’empereur[42].

Le nouveau décret confère aux ambans une autorité égale à celle du dalaï-lama pour ce qui est des questions et nominations administratives importantes et exige que les nominations aux postes les plus élevés (comme celui de ministre du conseil) soient soumises à l'empereur pour approbation[43].

Les ambans sont chargés également de la défense des frontières et de la conduite des affaires étrangères[44].

La garnison impériale et l’armée tibétaine sont placées sous leur commandement.

Pour voyager, il faut être muni de documents délivrés par les ambans.

La correspondance des autorités tibétaines avec l’étranger (dont les Mongols du Kokonor) doit être visée par les ambans.

Les décisions de justice sont soumises à leur aval[45].

Une disposition interdit aux proches parents des dalaï-lamas et panchen-lamas d’occuper des fonctions officielles jusqu’à la mort de ces derniers[46].

Le décret renferme également des dispositions visant à empêcher l’abus des corvées infligées à la paysannerie[47].

Mais surtout, selon l’article premier, le choix de la réincarnation du dalaï-lama et de celle du panchen-lama se fera au moyen du tirage au sort dans une urne d’or afin d’éviter d’éventuelles manipulations conduisant à la désignation de rejetons de puissantes familles laïques[48].

Constatant que « L'absence de l'armée officielle dans la région du Tibet a eu pour conséquence l'instauration de conscriptions d'urgence en temps de crise, ce qui s'est avéré dommageable pour le peuple tibétain », le 4e article décrète la formation d'une infanterie tibétaine permanente de 3 000 hommes, laquelle permettra au Centre de ne plus avoir à secourir militairement les Tibétains. Partant du principe qu'un drapeau militaire est une nécessité pour l'entraînement quotidien d'une armée, le gouvernement central des Qing instaure le « drapeau au lion des neiges » comme drapeau militaire du Tibet[49],[50].

Pour mettre un terme à la dépréciation des pièces de monnaie employées au Tibet, source du conflit avec le Népal, un hôtel de la monnaie sera établi à Lhassa qui frappera deux pièces d'argent ayant pour poids respectifs une masse et une demi-masse[51].

Les exigences du gouvernement central furent communiquées au dalaï-lama par le général Fu Kangan, commandant du corps expéditionnaire[52].

Enfin, des garnisons militaires Qing sont établies près de la frontière népalaise, à Shigatsé et à Tingri[53].

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Invasion du royaume du Ladakh (1834)[modifier | modifier le code]

À partir de 1834, le royaume indépendant du Ladakh, région de culture proche de la culture tibétaine, alors désignée en Occident sous le nom de « Petit Thibet »[54], fait l'objet d'attaques des troupes dogras inféodées à Gulab Singh, prince du Jammu-et-Cachemire. Le monarque vaincu est déposé et placé en résidence surveillée, non loin de Leh, sa capitale. Les trois quarts des moines sont contraints de s'exiler au Tibet par les nouveaux maîtres du pays qui pensent ainsi assujettir les Ladakhis[55],[20].

Nouvelle invasion des Népalais (1841)[modifier | modifier le code]

En 1841, les Népalais envahissent la région ouest du Tibet. Avec l'aide des Chinois, les Tibétains les repoussent. En 1844, nouvelle tentative d'invasion des Népalais, abandonnée toutefois lorsque les Tibétains consentent à payer aux envahisseurs un tribut annuel équivalent à celui que les Népalais doivent verser à la Chine. Les Népalais reçoivent en outre le droit d'extraterritorialité et celui de maintenir à Lhassa un consul-agent général, protégé par une petite troupe de soldats népalais[37].

Traité de paix tibéto-ladakhi (1842)[modifier | modifier le code]

Au vu de la faiblesse des défenses du Ladakh et du Tibet, une armée sikh, conduite par le général Zorawar Singh (en), intervient au Tibet occidental en 1841, occupant les villes de Gartok, Routok, Guge et Purang et installant son QG à Taglakhar. À l'automne, la situation se retourne en faveur des Tibétains. Les villes sont reprises une à une. Zorawar Singh meurt au combat à proximité de Purang. En 1842, l'armée tibétaine parvient à Leh mais ses soldats, armés de lances, d'épées et de mousquets à mèche, se heurtent à des troupes armées de fusils et de canons britanniques et doivent se replier sur le Ngari, où les officiers tibétains sont faits prisonniers. Mais les Dogras ont été affaiblis par cette apparente victoire. Un traité de paix est signé à la résidence de Gulab Singh en septembre. Le Tibet et le Ladakh confirment leurs frontières respectives de 1684 et la tutelle du Jammu sur le Ladakh et renouvellent leur engagement d'amitié. Le traité de paix tibéto-ladakhi de 1842, ou traité de Chushul, est confirmé en 1852 par un nouvel accord commercial[55],[56].

Intervention du Tibet au Bhoutan (1885)[modifier | modifier le code]

Lors d'une guerre civile au Bhoutan, le Tibet intervient pour « rétablir l’ordre ». Les Anglais n'interviennent pas mais ils envoient à Lhassa une mission officielle dirigée par l'homme politique britannique Macaulay. Les Tibétains s'y opposent, la mission est abandonnée. Les Anglais réclament alors une indemnité aux Chinois pour ne pas avoir respecté la convention de Zhifu[57],[58].

Enter the British[modifier | modifier le code]

En 1886-1888, il y a un premier contact entre le Tibet et l'armée britannique qui a déjà conquis le Népal et le Bhoutan et détaché le Sikkim de l'allégeance sino-tibétaine. À partir de cette époque, les trois États himalayens, jusque-là soumis plus ou moins nominalement au Tibet et donc à la Chine, passent dans l'orbite de l'Empire des Indes[59].

Les premières manœuvres britanniques en direction du Tibet se soldent par des échecs, avec une fin de non-recevoir de la part des autorités tibétaines qui refusent de s’ouvrir aux influences occidentales ou de voir leur territoire traversé par des commerçants. C’est donc vers la Chine, considérée comme puissance tutrice, que les Anglais vont se tourner pour arriver à leurs fins. L’ouverture vers la Chine va s’opérer en deux phases, avec un changement d’orientation très net dans la stratégie anglaise lorsqu’ils percevront clairement la réalité locale. Dans un premier temps, ils multiplient les signatures de traités inégaux avec la Chine colonisée ; les plus importants sont :

  • 1876 : la convention de Zhifu, où la Chine accorde aux Britanniques un droit de passage sur le territoire tibétain ; cet accord est une des premières reconnaissances implicites de l’autorité chinoise sur le Tibet par une puissance occidentale[60] ;
  •  : la Convention entre la Grande-Bretagne et la Chine concernant le Sikkim et le Tibet ou traité de Calcutta, qui fixe la frontière entre le Sikkim anglais et le Tibet[60] et implique à nouveau la reconnaissance de la suzeraineté chinoise sur le Tibet[61] ;
  •  : le Tibet Trade Regulation ou traité commercial anglo-chinois sur le Tibet, qui autorise le commerce britannique au Tibet et permet à la Grande-Bretagne d’ouvrir un comptoir commercial à Yatoung, en territoire tibétain, avec la garantie de la libre circulation des ressortissants britanniques entre ce point et la frontière. Le statut d’extraterritorialité leur est accordé, ils ne seront soumis qu'aux lois anglaises[60].

XXe siècle[modifier | modifier le code]

Expédition militaire britannique au Tibet (1904)[modifier | modifier le code]

Le dalaï-lama fuyant l'invasion britannique, Le Petit Journal du .

L'intérêt accru de la Grande-Bretagne pour l'établissement de liens avec le Tibet a pour aboutissement l'envoi par celle-ci d'une force expéditionnaire de plusieurs milliers d'hommes au Tibet en 1904[62]. Refusant, malgré les demandes insistantes du pouvoir chinois et de son amban, de négocier en position d'infériorité avec les forces britanniques marchant sur Lhassa, le dalaï-lama, déguisé sous la robe cramoisie d'un simple moine, s’enfuit à Urga, en Mongolie, où il espère obtenir l'appui du Tsar[Quoi ?] mais celui-ci, étant en guerre contre le Japon, ne peut intervenir au Tibet[63]. Le dalaï-lama se retrouve dès lors « déposé » par Pékin[64]. Le corps expéditionnaire britannique écrase dans le sang la défense tibétaine et, le , Lhassa tombe aux mains des Britanniques.

Convention entre la Grande-Bretagne et le Tibet de 1904 révisée par le traité de Pékin de 1906[modifier | modifier le code]

Le , la Grande-Bretagne, représentée par le colonel Francis Younghusband, chef de la mission britannique, conclut avec le seul Tibet, représenté par le régent Lobsang Gyaltsen, la convention entre la Grande-Bretagne et le Tibet, l’amban You Tai, qui représente le gouvernement central chinois, refusant de le parapher[65]. L'accord prévoit que trois villes du Tibet – Gyantsé, Gartok et Yatoung – seront ouvertes au commerce britannique et hébergeront des agents britanniques. Jusqu'à la fin du règlement par le Tibet d'une indemnité financière, la Grande-Bretagne pourra occuper la vallée de Chumbi et aucune autre puissance ne pourra résider, intervenir ou avoir de concessions pour le chemin de fer ou des gisements miniers au Tibet. Ce traité annule les accords de 1890 et 1893 entre la Chine et les Britanniques et transforme le Tibet quasiment en protectorat de l'Inde britannique[66]. À l'issue de la signature du traité, les militaires britanniques quittent Lhassa le , sans laisser ni résident ni soldats dans la capitale.

Comme le traité de Lhassa implique que le Tibet est un État souverain habilité à signer des traités de son propre chef, le suzerain mandchou n'est pas d'accord et considère qu'il n'a aucune valeur juridique[67] et ne peut entrer en vigueur[68]. Les Britanniques signent donc, en 1906, un deuxième accord, cette-fois avec les Chinois, le traité de Pékin, lequel reconnaît à nouveau la suzeraineté de la Chine sur le Tibet[69]. il n’y aura pas d’occupation anglaise du territoire tibétain et l’indemnité de guerre se réglera en trois fois (Pékin versera les sommes dues par les Tibétains). Britanniques et Chinois s'engagent à ne permettre à aucune autre puissance étrangère de s’infiltrer sur le territoire ou dans l'administration interne du Tibet (Article II)[70].

Reprise en main à Lhassa (1906)[modifier | modifier le code]

En , le gouvernement impérial envoie à Lhassa un diplomate, Zhang Yintang, ayant pour mission, comme amban adjoint et commandant en chef adjoint, de reprendre en main les affaires tibétaines et de restaurer l'ordre impérial. Un de ses premières mesures est de déposer l'amban You Tai et une douzaine de responsables mandchous et Han accusés de corruption et d'absence de résistance face à l'invasion britannique[71].

Séjour du 13e dalaï-lama à Pékin (1908)[modifier | modifier le code]

Le palais du Dalai Lama à Lhasa (Tibet). Cette carte fait partie des cartes à collectionner de la série 71, "Scènes d'autour du monde - midi à Berlin", carte no 5/12. En haut à droite flotte le drapeau de la dynastie Qing de 1890 à 1912.

Après avoir passé une année dans l'Amdo, le 13e dalaï-lama est invité en 1908 à se rendre à Pékin auprès de l'empereur Qing Guangxu[72]. Le pontife tibétain espère parvenir à une entente avec ce dernier et à rétablir son autorité au Tibet. L'exploratrice Alexandra David-Néel rapporte que, dans son voyage, le dalaï-lama s'était « prévalu de la règle qui veut que, par respect, on ne doive jamais laisser passer un Dalaï-lama sous une voûte, pour exiger que les portes des murailles des villes qu'il lui fallait traverser sur sa route soient démolies ». « Les autorités chinoises avaient alors accédé à cette extravagante prétention ». Alexandra David-Néel ajoute que « les autorités chinoises [...], ayant pris conscience de leur absurdité, [...] s'étaient abstenues au retour du dalaï-lama dans son pays, de lui témoigner la moindre marque de déférence, ce dont, me disaient ses familiers, il avait été furieux. »[73]. Les humiliations ne lui sont pas épargnées : on l’oblige à fléchir le genou devant Cixi, l’impératrice douairière, pour marquer sa dépendance. On lui décerne des titres honorifiques empoisonnés, on lui garantit le paiement d'une rente comme à un haut fonctionnaire[57]. Un décret le rétablit dans ses fonctions de chapelain de la cour mandchoue. Arguant que l'amban ne transmet pas fidèlement ses avis, il demande à ne plus avoir à passer par son intermédiaire. L'empereur refuse mais l'autorise à rentrer à Lhassa car, entre-temps, les accords passés avec la Grande-Bretagne et la Russie ont réaffirmé que le Tibet faisait partie de la Chine[74]. Durant son séjour à Pékin, l'empereur et l'impératrice meurent, respectivement le 14 et le . Le prince Ch'un, devenu régent de l'empire, demande au dalaï-lama de célébrer les rites funéraires conformément à la religion de la famille impériale. Celui-ci obtient satisfaction pour certaines de ses demandes et quitte Pékin le pour retourner à Lhassa[75].

Pour Gilles van Grasdorff, le dalaï-lama se déplace en « souverain indépendant, non en vassal destitué ». Un premier entretien est annulé entre l'empereur et le dalaï-lama, ce dernier refusant de se prosterner puis de s'assoir sur un siège plus bas que celui de l'empereur. Un second rendez-vous se tient finalement le , Thubten Gyatso pliera simplement le genou devant l'impératrice Cixi et Guangxu[76].

William Woodville Rockhill, l'ambassadeur américain présent à Pékin, rapporte que lors de cet entretien « Le dalaï-lama avait été traité avec tout le cérémonial dont tout souverain indépendant aurait pu être gratifié  »[77]. Le même Rockhill, dans son rapport au président Theodore Roosevelt en date du , écrit qu'« il a probablement été le témoin de la révocation du pouvoir temporel du dalaï-lama » et que le correspondant du Times de Londres à Pékin signale lui aussi que « le séjour du dalaï-lama a coincidé avec la fin de son pouvoir temporel mais que celui-ci a été reçu avec toute la dignité qui sied à son ministère spirituel »[78]. La tibétologue Françoise Wang-Toutain considère que lors de cette entrevue la relation chapelain / donateur a cessé[79].

Programme d'intégration du Tibet au reste de la Chine (1905-1911)[modifier | modifier le code]

À partir de 1905, la Chine reprend provisoirement le contrôle du Tibet en tant que puissance suzeraine, jusqu'à la révolution de 1911 qui marque l'effondrement de l'Empire Qing et l'installation de la République de Chine. Après avoir obtenu le départ des troupes britanniques moyennant le paiement d'une indemnité, la dynastie Qing, quoique affaiblie, décide de jouer un rôle plus actif dans la conduite des affaires tibétaines. Pour préserver ses intérêts, elle met en œuvre, de 1905 à 1911[80], un programme d'intégration du Tibet au reste de la Chine aux plans politique, économique et culturel[81].

On projette une ligne de chemin de fer reliant le Sichuan au Tibet[82]. On prévoit de former une armée de six mille hommes et de séculariser le gouvernement tibétain en créant des commissions gouvernementales non ecclésiastiques.

On projette un hôtel des monnaies, la construction de routes et de lignes téléphoniques et la mise en exploitation des ressources locales.

À Lhassa, une école chinoise s'ouvre en 1907 et un collège militaire en 1908[83],[84].

Un service postal chinois comptant cinq bureaux de poste est établi au Tibet central et les premiers timbres sont émis (avec des inscriptions en chinois et en tibétain)[85],[86].

En 1909, un journal bilingue, le Journal vernaculaire du Tibet, le premier de son genre, est imprimé à Lhassa sur des presses importées de Calcutta. Il paraît tous les dix jours et chaque numéro est tiré à 300 ou 400 exemplaires[87]. Son objectif, à la fois éducatif et de propagande, est de faciliter les réformes administratives engagées par Lian Yu et Zhang Yintang[88].

Ce programme est toutefois réduit à néant par l'éclatement de la révolution chinoise de 1911, l'effondrement de l'empire Qing et l'élimination de Chao Ehr-feng[89]. Pour Hsaio-ting Lin, la série de réformes lancées par Chao Ehr-feng peut être considérée comme la première tentative de construction d'un État de la part de la Chine moderne dans ses marches du Sud-ouest[90].

Déposition du 13e dalaï-lama (1910)[modifier | modifier le code]

Selon l'historien Max Oidtmann (en), à la fin de l'hiver 1910, le gouvernement impérial est furieux contre Thubten Gyatso qui a coupé les vivres à son représentant, l’amban, en violation des accords de ravitaillement. C'est que le gouvernement tibétain vient de constater la brusque dissolution, par les administrateurs Qing, des domaines qu'il possède dans le Kham, et le dalaï-lama craint de voir son autorité temporelle retirée. Quand une colonne de secours, partie du Sichuan et menée par le général Zhao Erfeng, arrive à Lhassa pour faire respecter l'accord, le dalaï-lama, accompagné de membres de son gouvernement, s'enfuit en Inde britannique avec un détachement de cavaliers[91]. Le , les Chinois non seulement déposent à nouveau le dalaï-lama en réaction à sa fuite mais aussi le privent de son statut de réincarnation, mesure qui est affichée publiquement à Lhassa[92]. Un gouvernement tibétain prochinois est constitué, qui est reconnu par les Anglais soucieux d'éviter une confrontation avec l'empire mandchou. Les démarches faites par le dalaï-lama pour obtenir l'intervention des puissances étrangères (Grande-Bretagne, France, Russie et Japon) sont restées lettre morte[57].

Proclamation de la république chinoise à Lhassa (1912)[modifier | modifier le code]

En octobre 1911, les Chinois se soulèvent contre la dynastie Qing et en février 1912, Yuan Shikai devient président de la république de Chine. À l'annonce de la Révolution chinoise de 1911, les soldats de la garnison de Lhassa se soulèvent, arrêtent l’amban Lian Yu et appellent les autres troupes disséminées dans le Tibet à gagner Lhassa[93]. Le général Zhong Yin prend la tête du mouvement. Un conseil représentatif provisoire assume le pouvoir et une constitution est élaborée. La république chinoise est proclamée à Lhassa le [94].

Combats et règlements de comptes à Lhassa[modifier | modifier le code]

La chute de la dynastie mandchoue est un heureux coup du sort dont le dalaï-lama tire parti immédiatement. Il crée, en secret, un ministère de la guerre et met sur pied une force armée pour reprendre le pouvoir[95],[93]. Sous la conduite de Dasang Damdul Tsarong, nommé commandant en chef (chida) et envoyé depuis l'Inde par le dalaï-lama, des volontaires tibétains prennent Shigatsé et Nadong, avant de gagner Lhassa, désormais divisée en une partie nord tenue par les Tibétains et une partie sud tenue par les Chinois[96]. Les combats forcent Zhong à se retrancher au monastère de Tengyéling, transformé en forteresse et dont les moines sont favorables à la tutelle chinoise. Les assiégés continuent le combat jusqu'à ce que la faim les oblige à se rendre[97],[98].

Les monastères, qui sont entrés en rébellion, demandent le départ immédiat de tous les ressortissants chinois[99]. En Chine, Canton, les provinces du Hubei et du Yunnan proposent d'envoyer des troupes au Tibet, ce qui amène Londres à avertir Pékin que la question tibétaine pèsera lourd dans la reconnaissance officielle de la nouvelle république. Les troupes de secours ne dépasseront pas le Mékong[100].

Entre-temps, chez les dirigeants tibétains, l'heure est sombre. Le ministre Tsarong Wangtchoug Gyelpo, soupçonné d'être favorable aux Chinois bien qu'ayant la confiance du dalaï-lama – il avait participé à la convention commerciale (Trade Regulation Agreement) entre la Grande-Bretagne, la Chine et le Tibet en 1908 à Calcutta –, est victime d'un complot. Alors qu'il participe à une réunion de haut niveau au Potala, il est arrêté, traîné dans les grands escaliers de pierre et décapité. Son fils, amené sur les lieux voir la tête de son père, est décapité à son tour. Plusieurs autres hauts responsables sont également assassinés[101].

Finalement, le vice-roi des Indes, Charles Hardinge, envoie Sonam Wangfel Laden négocier un cessez-le-feu et différents accords[102]. En avril, après s'être rendus, trois mille soldats chinois et leurs officiers sont autorisés à quitter le Tibet pour l'Inde[103]. Nombreux sont ceux qui se perdent en route ou qui meurent de faim ou de froid[104]. À Lhassa, l'épuration commence. Selon Laurent Deshayes, vers 1913, les compagnes tibétaines des soldats chinois laissées pour compte sont lapidées ou mutilées, celles qui ont pu fuir échouent lamentablement à Calcutta[105]. En 1914, le monastère de Tengyeling est démoli pour collusion avec les Chinois et le général Zhao Erfeng[106]. Les traîtres sont bannis et les moines restants répartis entre différents monastères[107].

Fin de la relation prêtre-protecteur (chö-yon) (1912)[modifier | modifier le code]

Le 14 février 1913, vingt-deux jours après son retour à Lhassa, le dalaï-lama émet, à l'intention de ses fonctionnaires et de ses sujets, une proclamation réaffirmant unilatéralement son pouvoir absolu sur le Tibet[108]. Ayant reçu une lettre de Yuan Shikai s'excusant des exactions commises par les forces chinoises et souhaitant restaurer le rôle du dalaï-lama, celui-ci répond qu'il ne demande aucun titre du gouvernement chinois car il entend exercer seul son pouvoir spirituel et temporel au Tibet. Cette proclamation et cette lettre sont depuis lors considérées comme constituant une déclaration officielle d'indépendance par les Tibétains[109],[110].

Pour Alfred P. Rubin, un expert américain en droit international, les déclarations d'indépendance du Tibet n'étaient aucunement des déclarations politico-juridiques mais simplement l'affirmation par le 13e dalaï-lama que la relation prêtre-protecteur (mchod-yon) entre les dalaï-lamas et les empereurs chinois s'était éteinte du fait de la fin de l'empire[111].

Pour Laurent Deshayes, le dalaï-lama s'adresse à tous les Tibétains, de l'Amdo au Ngari Korsum, c'est-à-dire au Tibet ethnique et culturel, et non pas à une « nation », car les populations vivant sur les marges du plateau tibétain sont très hétérogènes[112].

Garnison de Lhassa[modifier | modifier le code]

Il y a 3 000 soldats (han, mongols et mandchous) à Lhassa au début du XVIIIe siècle, leur nombre croissant parfois jusqu'à 10 000 ou 15 000 (pendant la guerre contre les Gurkhas en 1791)[113].

À la mort du dirigeant tibétain Polhané en 1747, la garnison chinoise n'est plus que de 500 hommes en raison de l'état paisible de la région et de ses relations cordiales avec l'Empire[20].

Matthew Kapstein indique que vers le milieu du XIXe siècle, les Qing, alors en butte à des conflits en Chine proprement dite, se révèlent incapables de maintenir plus avant une présence militaire effective au Tibet central[114].

Bureau des affaires frontalières[modifier | modifier le code]

Le Bureau des affaires frontalières, ou Cour responsable des provinces extérieures, en chinois Lǐfàn Yuàn, est un organisme gouvernemental de l'empire Qing, chargé de surveiller ses dépendances mongoles et tibétaines et de superviser la nomination des commissaires impériaux ou ambans. Fondé en 1638 par le premier empereur de la dynastie des Qing, Hóng Tàijí (洪太極), et présidé statutairement par un Mandchou ou un Mongol, le Lǐfàn yuàn était classé parmi les « huit yamen » ou organes majeurs du gouvernement central[115].

Rompant avec l'attitude traditionnelle sinocentrique de l'empire chinois, le Lǐfàn Yuàn fut « la première institution qui prit en compte et géra les populations non chinoises des périphéries, non pas dans le cadre de la politique étrangère, mais en les intégrant au sein d'un système de rituels impériaux visant à donner le statut de 'sujets de l'empire' à des personnes ethniquement et culturellement étrangères à la Chine »[116].

Pouvoirs des ambans[modifier | modifier le code]

Yamen de l'amban de Lhassa vers 1900.

Pour le sociologue Rong Ma, la principale mission échue aux deux ambans et à leurs troupes est de s'assurer de la subordination du Tibet au pouvoir impérial, de maintenir la paix civile et de repousser toute invasion étrangère[117].

Le juriste Barry Sautman indique que le Bureau des affaires frontalières, dénommé Zongli Yamen après 1861, gérait les affaires étrangères du Tibet et une bonne partie des affaires intérieures de celui-ci. Il s'occupait des affaires monastiques et nomadiques, délimitait les frontières, gérait le service postal, présidait réunions et cérémonies et supervisait le commerce. Il approuvait les dalaï-lamas et les panchen-lamas. À partir de 1728, l'amban se chargea des affaires étrangères et militaires, puis, à partir de 1793, il eut le droit d'identifier le dalaï-lama et le panchen-lama, d'examiner leurs revenus et leurs dépenses, de surveiller l'immigration, l'émission de la monnaie, les impôts, le système pénal, ainsi que de nommer et payer les militaires. Il devait assister aux grandes festivités religieuses, notamment la consécration des lamas réincarnés en tulkous. Les finances monastiques étaient contrôlées par l'empire mais comme l'empereur privilégiait les moines par rapport aux nobles, la plupart des moines lui étaient acquis[118].

Les ambans étaient par ailleurs chargés d'organiser le commerce entre le Tibet et les autres régions. La régulation de ce commerce se faisait surtout par voie administrative. Ainsi, pendant le règne de l'empereur Qianlong (1736-1795), le gouvernement tibétain acheta du cuivre provenant de la province du Yunnan à trois reprises par l'intermédiaire des ambans de Lhassa. Lorsque le gouverneur du Yunnan Li Sirao refusa de fournir du cuivre au Tibet en 1779, le dalaï-lama s'en plaignit auprès des ambans et Qianlong fit des remontrances officielles au gouverneur[119].

Les Chinois de Lhassa[modifier | modifier le code]

Si la plupart de Chinois habitant Lhassa avant 1912 étaient des marchands et des fonctionnaires liés à l'amban, d'autres étaient des descendants de soldats. Dans les années 1840-1860, un amban vint à Lhassa accompagné de soldats Han originaires du Sichuan. Ceux-ci épousèrent des Tibétaines et s'installèrent dans le quartier de Lubu (près de ce qui est aujourd'hui la route de Yuthok), où ils créèrent des exploitations maraîchères sur d'anciens marécages. Leurs descendants formèrent une communauté qui s'intégra au milieu culturel tibétain[120].

Les descendants tibétanisés de soldats chinois musulmans s'installèrent pour leur part au quartier de Hebalin où ils s'adonnèrent eux aussi au maraîchage[121].

Points de vue sur la nature et l'évolution du protectorat des Qing[modifier | modifier le code]

En 1853, Guillaume Pauthier et Louis Bazin parlent de « suzeraineté » de la Chine sur le Tibet et qualifient celui-ci de « possession » chinoise à l'époque de la Dynastie Qing[122].

En 1870, le géographe russe Mikhail Ivanovitch Veneioukov, parlant de « pays vassaux » de l'empereur mandchou (alors Tongzhi), décrit le Tibet et les autres possessions comme étant distincts de la Chine proprement dite[123].

L'historien et géographe Louis Grégoire explique en 1876 dans son livre, « Géographie générale, physique, politique et économique », au « Chapitre IX, Pays qui dépendent de l'Empire chinois, section 5. Tibet ou Thibet », que, sous la dynastie Qing, « Le souverain spirituel du Thibet est le Dalaï ou Talé-Lama ; c'est toujours un enfant, incarnation de Bouddha, choisi entre trois candidats, que présentent les grandes lamaseries, par les ambassadeurs de l'empereur de la Chine. Il délègue son autorité temporelle à un radjah, appelé Nomekhan ou Gyalbô, qui gouverne avec quatre ministres et seize mandarins, tous nommés par un diplôme impérial et révocables au gré de l'empereur. Quatre mille soldats chinois sont distribués dans les stations importantes, et des postillons chinois, espèces de gendarmes, font le service des postes. Quatre grandes principautés et plusieurs petites sont administrées directement par des agents chinois. Dans ces derniers temps, de vastes territoires, entièrement thibétains par la langue, les mœurs, la religion, ont été réunis au Ssé-tchouan et au Yun-nan. »[124].

Selon l'explorateur et anthropologue russe Tsybikoff (1904), l’amban mandchou, nommé par la cour impériale, supervise l'échelon gouvernemental supérieur, ce qui montre à l'évidence la subordination vis-à-vis de la Chine du gouvernement du Tibet central dont le chef spirituel et séculier est le dalaï-lama[125].

Lord Curzon, vice-roi des Indes de 1899 à 1905, déclare dans un rapport adressé le à Londres au secrétaire d’État aux affaires indiennes : « Nous considérons la soi-disant suzeraineté de la Chine sur le Tibet comme une fiction constitutionnelle, une simulation politique maintenue parce que convenant aux deux parties. »[126].

Pour Alexandra David-Néel, « la Chine en vi[e]nt à s'attribuer une suzeraineté assez peu rigoureuse, mais réelle, sur le gouvernement de Lhassa ». L’amban, un haut fonctionnaire appartenant parfois à la famille impériale, réside à Lhassa, où il exerce, du moins de façon nominale, un contrôle sur la politique du Tibet[37].

Selon l'historien italien Luciano Petech, à partir de 1751, le protectorat exercé par la dynastie Qing prend sa forme définitive et demeure inchangé jusqu'en 1912, à l'exception de quelques aménagements en 1792 où, aux droits de contrôle et de regard donnés aux ambans, s'ajoute une participation directe au gouvernement tibétain[127].

Selon Michael van Walt van Praag, en 1720, les empereurs de la dynastie Qing exercent sur le Tibet une influence politique proche du protectorat sans toutefois l'incorporer dans leur Empire[128].

L'historien Laurent Deshayes considère que la Chine n'exerça jamais d'autorité sur les Tibétains à la hauteur de ses prétentions, au milieu du XIXe siècle le Tibet n'était toujours pas considéré par elle comme une province intégrée à l'Empire, et l'ensemble des commissaires impériaux (ambans) nommés en poste au Tibet au XIXe siècle n'eurent pas de pouvoir réel à l'exception toutefois de Qishan, qui fut envoyé au Tibet en 1844[129].

La situation géopolitique se complique au début du XXe siècle.

La tibétologue Fabienne Jagou estime pour sa part que les Mandchous ont exercé un protectorat de facto au Tibet de 1721 à 1793[130]. Elle mentionne que jusqu'à la fin du XIXe siècle, l'influence chinoise ne dépassait pas Dartsédo (Xian de Kangding). Elle évoque la nation tibétaine en ces termes : « Jusqu'en 1912, année de la création de la République de Chine, le Tibet jouissait d'un statut de nation. Il était bel et bien constitué d'un groupe humain fixé sur un territoire déterminé, caractérisé par la conscience de son identité historique et culturelle, par sa volonté de vivre en commun et formant une entité. En revanche, il est difficile d'affirmer que le Tibet était un État, car bien que la nation tibétaine possédât un gouvernement, son pouvoir n'était pas représentatif à cause de sa nature théocratique. De plus, entre le XIIIe siècle et le début du XXe, son histoire montre qu'il n'était pas souverain dans la mesure où son système de défense reposait principalement sur le soutien de pays « protecteurs » étrangers tels que la Mongolie ou l'Empire chinois. Dans le contexte chinois, une nation est une minorité ethnique[131]. Au début du XXe siècle, la carte géopolitique se compliqua au point que les Britanniques et les Russes menacèrent les frontières du Tibet. Les Chinois républicains décidèrent alors d'avancer à l'intérieur du Haut-Plateau pour protéger leur territoire. Mais leur intervention s'apparenta plus à une offensive armée contre les Tibétains eux-mêmes qu'à une action de protection » [132]. Selon Fabienne Jégou, pour les Chinois, le Tibet faisait partie de la sphère politique chinoise et « bien que la présence chinoise tout autant que son influence à Lhasa ne fussent restées que nominales jusqu'en 1905 (à l'exception des quelques expéditions militaires), la frontière entre la Chine et le Tibet n'existait pas et seule une restructuration administrative pouvait être évoquée. » [133].

Cartes occidentales de l'Empire Qing[modifier | modifier le code]

Cartes historiques occidentales de l'Empire chinois de la dynastie Qing, ou représentant certaines de ses parties, par ordre chronologique.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) W. W. Rockhill, "The Dalai Lama of Lhasa and their relations with the Manchu Emperors of China", 1644-1908", in T'OUNG PAO ou ARCHIVES [...] de l'Asie orientale, vol. XI, 1910, p. 1-104, p. 41.
  2. (en) Emblems of Empire: Selections from the Mactaggart Art Collection, by John E. Vollmer, Jacqueline Simcox, p. 154.
  3. (en) Ram Rahul, Central Asia: an outline history, New Delhi, Concept Publishing Company, 1997, p. 42 : « From then [1720] until the fall of the Manchu dynasty in 1912, the Manchu Ch'ing government stationed an Amban, a Manchu mandarin, and a military escort in Tibet. »
  4. a b et c Michael Taylor, De Marco Polo à Alexandra David-Neel, Office du Livre S.A., Fribourg (Suisse), 1985, p. 61.
  5. (en) Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, p. 13 : « The Dzungars appointed a new Tibetan regent, deposed the "false" sixth Dalai Lama installed by Lhabsang, arrested and executed a number of aristocrats and lamas who had been close supporters of Lhabsang Khan, and became the new rulers of Tibet. However, the Mongols soon alienated Tibetans by engaging in looting and by executing some Red Hat lamas. And critically, they failed to bring the new seventh Dalai Lama from Amdo to Tibet, as they had promised ».
  6. (en) Barry Sautman, "All that Glitters is Not Gold: Tibet as a Pseudo-State", Maryland Series in Contemporary Asian Studies, No 3-2009, 86 p., p. 31 : « The Emperor sent Manchu, Mongol and Han troops to Lhasa in 1718 to back Tibetan noble allies of Labszang Khan. The army was defeated and the Zunghars then plundered Lhasa and its monasteries. »
  7. W. W. Rockhill, op. cit., p. 41 : « The column advanced by the Tankar-Ts'aidan road, and reached the Nagchu river in August or September 1719, but in a disorganized and starving condition. Here it was attacked by a large force of Oelöt and Tibetans to whom, after a brief resistance, it had to surrender, when nearly all were massacred, a few stragglers only getting back to China). »
  8. Barry Sautman, "All that Glitters is Not Gold: Tibet as a Pseudo-State"], op. cit., p. 31 : « Another Qing and Mongol vassal army returned in 1720, drove out the Zunghars, occupied Lhasa (whose population welcomed it. »
  9. Ram Rahul, op. cit., p. 42 : « The elimination of Lobzang Khan was most disquieting to Emperor K'ang Hsi (r. 1662-1722), the second emperor of Manchu China and the third son of Emperor Sun Chih. With a remarkable volte-face, K'ang Hsi put himself as the champion of legitimacy. After keeping Kesang Gyatso (1708-57), the rebirth of Dalai Lama Tsangyang Gyatso, under surveillance at the Kumbum Monastery in Amdo for nearly ten years, he recognized him (Kesang Gyatso) as the seventh Dalai Lama. A Manchu detachment, commanded by General Yen Hsi and escorting Kesang Gyatso from Kumbum to Lhasa, entered Lhasa on 24 September 1720 and drove the Zungars out of Tibet. It installed Kesang Gyatso on the throne in the Potala on 16 October 1720 ».
  10. (en) Melvyn C. Goldstein, op. cit., p. 14 : « the emperor saw Tibet as an important buffer for western China (Sichuan, Gansu, and Yunnan) and was unwilling to allow it to remain in the control of his enemy, the Dzungars.[8] Consequently, he ordered a second, larger army into Tibet, sending the young seventh Dalai Lama with them. [...] This time the Dzungars were defeated, and in October 1720 the Qing army entered Lhasa with the new seventh Dalai Lama ».
  11. Patrick French, Tibet, Tibet. Une histoire personnelle d'un pays perdu, traduit de l'anglais par William Olivier Desmond, Albin Michel, 2005, p. 117.
  12. (en) Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit. p. 14 : « Qing troops now controlled Lhasa and Tibet. [...] Now the Qing decided to create a kind of loose protectorate over Tibet to enforce its dynastic interests. The powerful Qing dynasty would protect Tibet from external and internal conflict, leaving Tibetan leaders it approved of to rule Tibet in a manner that was not inimical to Qing interests. »
  13. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 14-15 : « The Qing made a number of important changes in the administration of Tibet. They [...] arrested and executed the main pro-Dzungar officials, including the Tibetan regent the Dzungars had appointed. The Qing solidified their new dominance in Tibet by building a military garrison in Lhasa and staffing it with several thousand troops. They also eliminated the office of regent (initiated by the Qoshot Mongols in 1642), replacing it in 1721 with collective rule by four ministers (kalön), one of whom, Khangchennas, was appointed chairman. All four ministers were important lay Tibetan officials who had supported Lhabsang Khan and opposed the Dzungar's invasion. »
  14. (en)Sam van Schaik, Tibet. A History, Yale University Press, 2011 (paperback edition 2013), 324 p., p. 141 : « The Dalai Lama was not allowed a role in government. »
  15. W. W. Rockhill, op. cit., p. 41-42 : « In the autumn of 1720 […] A mongol garrison of 2,000 men was left in Lhasa, and the walls of the city was demolished. The road between Ta-chien-lu and Lhassa was kept open by detachments of troops stationed at Lit'ang, Bat'ang, Ch'amdo and Larégo, and other measures were adopted by which the garrisson of Lhasa could be promptly supported ».
  16. Françoise Wang-Toutain, Les empereurs mandchous et le Tibet, in Compte rendu de la journée de conférences organisée au Sénat le 3 mars 2012 sur « L'histoire du Tibet du XVIIe au XXIe siècle », Groupe d'information internationale sur le Tibet, p. 25-33.
  17. (en) Tsepon W.D. Shakabpa, Tibet: A Political History, New Haven & London, 1967, p. 141.
  18. Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, 1997, p. 166 : « les anciens protecteurs qoshots se sont rassemblés sur leurs terres du Kokonor. Poussés par l'idée d'une revanche contre les Qing, ils attaquent l'empire l'année même de la mort de Kangxi. Mais le vent de la défaite souffle sur eux, et en 1724, le Kokonor est définitivement intégré à l'empire de Chine. L'ancienne province tibétaine de l'Amdo, qui constituait l'essentiel de leur domaine, devient une province chinoise (Qinghai). L'aire sur laquelle le Dalai Lama a autorité est donc amputée du Nord-Est. »
  19. Sam van Schaik, Tibet. A History, op. cit., p. 282 : « His official tite was Wang, meaning 'King' in Chinese (Petech, 1972:241 ».
  20. a b c d e f et g Jean Dif, Chronologie de l'histoire du Tibet et de ses relations avec le reste du monde (Suite 1).
  21. Sam van Schaik, Tibet. A History, op. cit., p. 143.
  22. Sam Van Schaik, Tibet. A History, op. cit., p. 143-144.
  23. W. W. Rockhill, op. cit., p. 45 : « One of the first acts of his government was the murder of his brother; shortly after this he appealed to the Emperor for the withdrawal of the Chinese residents and the troops stationed in Lhasa, assuring him of his loyalty and of his ability to maintain order. In this appeal he partly succeeded, some 400 soldiers were ordered back to China leaving in Tibet only 500 who were divided between Lhassa and Shigatsé. He then sought the aid of the Oelöt of Ili which, for the last hundred years had never failed Tibet, and a plan was agreed upon for an uprising in Lhasa, where the feeling against the Chinese was intense, to be supported by the simultaneous arrival of a body of Oelöt. The existence of the conspiracy at Lhasa was well known, the lives of the Chinese Residents and of their little escort hung by a thread, and Chinese dominion was once more in dire peril). The Chinese Ambans Fu-Ch'ing and La-Pu-tun, by an act of extraordinary energy, saved the situation. They invited Gyurmed to visit them in a pavilion of their yamen on the 13th of the 10th moon (middle November 1750), when Fuch'ing cut him down and killed, with the assistance of La Pu-tun, four of five of his companions, sacrificing their own lives but breaking up the conspiracy and saving Chinese rule, though most of the Chinese in Lhasa were murdered and the yamen was looted. »
  24. (en) Robert Barnett, Lhasa: Streets with Memories, Columbia University Press, 2010, p. 20 : « The assasination of the two Manchu officials [...] was recorded on six stone tablets embedded in the front wall of the Tromsikhang. »
  25. Wang Jiawei et Nyima Gyaincain, Le statut du Tibet de Chine dans l'histoire, 2003, 367 pages, p. 65.
  26. Melvyn C. Goldstein, The Snow lion and the Dragon, op. cit., p. 18.
  27. Sam Van Schaik, Tibet: A History, op. cit., p. 144-145.
  28. Wang Jiawei et Nyima Gyaincain, Le statut du Tibet de Chine dans l'histoire, op. cit., p. 68-69.
  29. a b et c (Mullin 2004, p. 376)
  30. a et b (Shakabpa 1967, p. 153-154)
  31. Wang Jiawei et Nyima Gyaincain, Le statut du Tibet de Chine dans l'histoire, op. cit., p. 69.
  32. Françoise Wang-Toutain, Les empereurs mandchous et le Tibet, in L'histoire du Tibet du XVIIe au XXIe siècle, Compte rendu de la journée de conférences organisée au Sénat le 3 mars 2012 par le Groupe d'information internationale sur le Tibet, p. 25-33, p. 27 : « En 1781 Qianlong invite le Panchen-Lama à l'occasion de son 60e anniversaire. Mais, victime de la variole, ce dernier meurt quelques mois après son arrivée à Pékin. L'empereur lui rend de grands hommages. »
  33. Ram Rahul, op. cit., p. 46 : « Nepal invaded Tibet in the summer of 1788. The Gorkhas withdrew [the] next year on certain terms ».
  34. Ram Rahul, op. cit., p. 46 : « The Manchu court realized that the defeat of Tibet by the Gorhkas (Chin : Kuo-er-k'ao) might reduce it to the status of a vassal of Nepal ».
  35. Wang Jiawei et Nyima Gyaincain, Le statut du Tibet de Chine dans l'histoire, 2003, 367 pages, p. 73.
  36. (en) Kate Teltscher, The High Road to China: George Bogle, the Panchen Lama, and the First British Expedition to Tibet, Farrar, Straus and Giroux, New York, 2006, (ISBN 978-0-374-21700-6), p. 244-246.
  37. a b et c Alexandra David-Néel, Le vieux Tibet face à la Chine nouvelle, Plon, 1953, chap. I, Coup d'œil d'ensemble sur la situation (réédition de 1999, in Grand Tibet et Vaste Chine, p. 961-1110, (ISBN 2-259-19169-X)), p. 965.
  38. (en) « Chinese Legal Documents Series — A Document from the Xunhua Archives », sur International society for chinese law & history
  39. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 19 : « The inability of the Tibetans to expel the Nepalese forces without an army from China, coupled with charges of poor leadership and organization in the Tibetan government, prompted yet another Qing reorganization of the Tibetan government, this time through a written plan called the "Twenty-Nine Regulations for Better Government in Tibet ».
  40. Anne Chayet, « À propos du Règlement en 29 articles de l'année 1793 », in Cahiers d'Extrême-Asie, année 2005, 15, p. 165-186.
  41. W. W. Rockhill, op. cit., p. 53 : « On the recommendation of Fu K'ang-an, the Imperial Residents in Tibet were empowered to take part in the administration of Tibet, conferring with the Dalai Lama and the Panch'en Rinpoch'e on all matters affecting Tibet and "according to the usages obtaining between officials on a perfect footing of equality". »
  42. W. W. Rockhill, op. cit., p. 53 : « The Dalai and Panch'en were not given the right to memorialize the Throne, they were only authorized to "report to the Ambans and ask their orders". »
  43. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 19 : « It [This reform package] also elevated the ambans to equal political authority with the Dalai Lama for major administrative issues and appointments and mandated that nominations for top positions like council minister be submitted to the emperor for approval. »
  44. W. W. Rockhill, op. cit., p. 53 : « The Ambans were made responsible for the frontier defenses. ».
  45. W. W. Rockhill, op. cit., p. 53 : « All Tibetan lay and clerical officials were commanded to submit all questions of importance to the Ambans' decision, including high appointments, judicial, financial, and other matters. »
  46. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 19 : « The reforms [...] prohibited the relatives of the Dalai and Panchen Lamas from holding public office during the lamas' lifetimes ».
  47. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 19 : « The reforms also included regulations forbidding exploitation of peasants through the misuse of corvee labor. »
  48. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 19 : « This reform package included the selection of top incarnations (hutuktus) like the Dalai and Panchen Lamas through a lottery conducted in a golden urn, the aim being to prevent the selection of incarnations being manipulated to fall in politically powerful lay families. »
  49. (en) Melvyn C. Goldstein et Dawei Sherap, A Tibetan revolutionary the political life and times of Bapa Phüntso Wangye, University of California Press, (ISBN 978-1-4175-4514-8, lire en ligne), pp. 174-175, 194-195..
  50. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 20 : « In fact, the 1792 reforms included the creation of Tibet's first standing army, the emperor's aim being to enable Tibet to defend itself and thus avoid having to send troops again ».
  51. W. W. Rockhill, op. cit., p. 54 : « To put an end to the difficulties which had arisen between the Gorkhas and the Tibetans resulting from the use of debased coins in Tibet, and from the inability they had heretofore shown to regulate exchange, the Imperial Government ordered the establishment of a mint in Lhsa and the coining of two silver coins of the standard weights of 1 mace an 1/2 mace respectively. »
  52. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 19 : « The Qing rationale for these changes was conveyed by Fu Kangan, the general in charge of the expeditionary force, in comments to the Dalai Lama at that time ».
  53. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 19 : « Qing military garrisons staffed with Qing troops, moreover, were now established near the Nepalese border at Shigatse and Dingri ».
  54. M.L. Aimé-Martin, Lettres édifiantes et curieuses concernant l'Asie, l'Afrique et l'Amérique, t. 4, Paris, Société du Panthéon littéraire, (lire en ligne), p. 22 « La province de Ngari comprend le Thibet occidental, petit Thibet ou pays de Ladak. »
  55. a et b Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, 1997, p. 194 et suivantes.
  56. (en) Ram Rahul, op. cit., p. 47 : « The Dogras and the Tibetans concluded peace, which took the form of exchange of letters on 17 September 1842. Those letters reaffirmed the old borders between Ladakh and Tibet, renewed the old trade connection between them and confirmed the authority of Jammu on Ladakh. »
  57. a b et c Jean Dif, Chronologie de l'histoire du Tibet et de ses relations avec le reste du monde (Suite 2).
  58. Jack Lu, Les Deux visages du Tibet.
  59. H.-J. de Dianous, Le Tibet et ses relations avec la Chine, Politique étrangère, vol. 27, année 1962, No 1, p. 38-72, en part. p. 45.
  60. a b et c Christian Deweirdt, Monique Masse, Marc Monniez, Le Tibet, Les guides Peuples du monde, 3e édition, avril 2008, en part. p. 91-96 (« Chronologie des relations tibéto-chinoises »), p. 92.
  61. (en) James Stuart Olson, Robert Shadle, Historical Dictionary of the British Empire, Volume 2, Greenwood Publishing Group, 1996, 1254 pages, p. 1093 (article « Tibet ») : « it suited Whitehall to negotiate the Sikkim-Tibet Convention of 1890 (also called the Calcutta Convention) directly with China, ignoring Lhasa entirely. This action implied British acknowledgement of Chinese suzerainty over Tibet ».
  62. Melvyn C. Goldstein, A History of Modern Tibet, 1913-1951: The Demise of the Lamaist State, op. cit., p. 44-45.
  63. Perceval Landon, À Lhassa, la ville interdite, Préface de Michel Jan, Le Serpent de mer, 2002, 406 p., p. 252 (traduction en français de l'édition originale de 1906).
  64. (en) Melvyn Goldstein, The Snow Lion and the Dragon], op. cit., p. 23-24.
  65. (en) Byron N. Tzou, China and International Law: the Boundary Disputes, Greenwood Publishing Group, 1990, 158 p., p. 95 : « the convention of 1904 between Great Britain and Tibet (participated by an Amban, the Chinese Central governmental representative) ».
  66. (en) Melvyn Golstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 24 : « To secure the withdrawal of the British troops from Lhasa, the Tibetan officials left in charge by the Dalai Lama reluctantly agreed to British terms, which were codified in an agreement known as the Anglo-Tibet Convention of 1904. Signed by only Tibet and the British head of the expeditionary force — the Manchu amban refused to place his signature on it — this agreement accepted Britain's protectorate over Sikkim and gave India (Britain) the right to establish trade marts with British trade officials in three Tibetan towns (Gyantse, Gartok, and Yadong). In a clause that was vague enough to exclude China as well as more obvious countries such as Russia it also forbade any other foreign power to exercise political influence in Tibet. A large indemnity of £562,500 (7.5 million rupees) was levied and British troops were to occupy a part of Tibet contiguous with Sikkim (Yadong's Chumbi Valley) until this was paid. It was also agreed that the British trade agent could visit Lhasa to discuss issues deriving from the treaty. By virtue of these terms, British India virtually converted Tibet into another of its "native-state" protectorates ».
  67. Lung Chang (docteur ès lettres de l'Université de Fribourg (Suisse)), La Chine à l'aube du XXe siècle, Nouvelles éditions latines, Paris, 1962, p. 443.
  68. Origine de la soi-disant "indépendance du Tibet", Centre d'informations Internet de Chine : « Du fait que le ministère des Affaires extérieures du gouvernement des Qing estimait que le traité portait atteinte à la souveraineté du pays et qu'il refusait de le signer, le traité ne put entrer en vigueur ».
  69. (en) Bradley Mayhew et Michael Kohn, Tibet, Lonely Planet, 2005, 360 p., p. 31 : « The missing link in the Anglo-Tibetan accord was a Manchu signature. In effect, the accord implied that Tibet was a sovereign power and therefore had the right to make treaties of its own. The Manchus objected and, in 1906, the British signed a second accord with the Manchus, one that recognized China's suzerainty over Tibet ».
  70. Jean Dif, Chronologie de l'histoire du Tibet et de ses relations avec le reste du monde (suite 2), op. cit., en part. texte de l'accord, article I : « The Government of Great Britain engages not to annex Tibetan territory or to interfere in the administration of Tibet. The Government of China also undertakes not to permit any other foreign State to interfere with the territory or internal administration of Tibet ».
  71. (en) Bai Runsheng, The earliest Tibetan newspaper in Tibet, China Tibet Information Center, 2005-07-01 : « The Qing government sent Zhang Yintang to Tibet in April, 1906. Zhang was appointed as the Deputy Amban and concurrently the Deputy Commander-in-chief in Tibet, and he was to investigate and take charge of Tibetan affairs and bring order out of chaos. One of the first things Zhang yintang did in Tibet was to impeach Amban You Tai and a dozen Manchu and Han officials on charges of corruption and a non-resistance attitude with regard to the British invasion ».
  72. (en) Melvyn Goldstein, A History of Modern Tibet, 1913-1951: The Demise of the Lamaist State, University of California Press, 1989, 898 p., p. 47 : « After spending a year in Amdo, the 13th Dalai Lama received an invitation to visit the emperor in Peking. »
  73. Le vieux Tibet face à la Chine nouvelle (1953), p. 980, in Alexandra David-Néel, Grand Tibet et Vaste Chine, Plon, 1999.
  74. Melvyn Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 27 : « Arguing that the amban did not faithfully transmit his views to Beijing, the Dalai Lama requested permission to petition the throne directly (i.e., to bypass the amban as was done before the 1792 reforms). Beijing, however, was in no mood to loosen its control over the unpredictable and independent-minded thirteenth Dalai Lama and rudely refused, although it agreed to his return to Tibet to rule. The Anglo-Chinese and Anglo-Russian conventions had reaffirmed that Tibet was a part of China ».
  75. Roland Barraux, op. cit., p. 279.
  76. Gilles van Grasdorff, La Nouvelle Histoire du Tibet, 2006, p. 248.
  77. Virginie Larousse Les 13 premiers dalaï-lamas ; 5 siècles sur le toit du monde, Le Monde des religions, 16 octobre 2014.
  78. (en) Fabienne Jagou, The Thirteenth Dalai Lama's Visit to Beijing in 1908: In Search of a New Kind of Chaplain-Donor Relation, in Matthew Kapstein ed., Buddhism Between Tibet and China (Studies in Indian and Tibetan Buddhism), 2009, p. 350 : « On 30 June 1908, the United States' Minister to China, W.W. Rockhill, wrote to President Roosevelt, "The special interest to me is in that I have probably been a witness to the overthrow of the temporal power of the dalai Lama ..." And: "After the Dalai Lama's departure from China's capital, the correspondent of the London Times in Peking ... writes ... [that] the visit has coincided with the end of his temporal power, but he has been treated with the dignity befitting his spiritual office." »
  79. Françoise Wang-Toutain, L’histoire du Tibet du XVIIe au XXIe siècle, in Compte rendu de la journée de conférences organisée au Sénat le 3 mars 2012 sur « L'histoire du Tibet du XVIIe au XXIe siècle », Groupe d’information internationale sur le Tibet, 2012, p. 25-33, p. 33 : « Les liens si étroits établis par les premiers empereurs mandchous avec les maîtres tibétains s’amenuisent inexorablement. Il ne reste qu’un vernis. En 1908, lorsque l’impératrice Cixi et son neveu Guangxu reçoivent le XIIIème Dalaï-lama, la relation chapelain / donateur n’a plus cours. »
  80. (en) Heather Spence, British policy and the 'development' of Tibet 1912-1933, Doctor of Philosophy thesis, Department of History and Politics, Faculty of Arts, University of Wollongong, 1993, p. 7.
  81. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 26 : « The invasion of Tibet and the Lhasa Convention of 1904 dramatically altered Chinese policy toward Tibet. Until then, the Qing dynasty had shown no interest in directly administering or sinicizing Tibet. The British thrusts now suggested to Beijing that unless it took prompt action, its position as overlord in Tibet might be lost, and with Tibet under the British sphere of influence the English would be looking down from the Tibetan plateau on Sichuan, one of China's most important provinces. The Qing dynasty, although enfeebled and on the brink of collapse, responded with surprising vigor. Beijing got the British troops to leave Tibetan soil quickly by paying the indemnity to Britain itself and began to take a more active role in day-to-day Tibetan affairs. Britain's casual invasion of Tibet, therefore, stimulated China to protect its national interests by beginning a program of closer cultural, economic, and political integration of Tibet with the rest of China. »
  82. (en) Heather Spence, British policy and the 'development' of Tibet 1912-1933, Doctor of Philosophy thesis, Department of History and Politics, Faculty of Arts, University of Wollogong, 1993, p. 7 : « During this period three Chinese proposals threatened radically to transform the status of Tibet: the construction of a railroad from Szechuan to Tibet, the enrolment and instruction of Tibetans into the Chinese army, and the transformation of Tibet into a Chinese province. »
  83. (en) Melvyn C. Goldstein, A History of Modern Tibet, 1913-1951: The Demise of the Lamaist State, University of California Press, 1989, 898 p., p. 47 : « The ambans also set out to transform the government in Tibet and to sinicize the elite. Plans were laid to train a large army and secularize the Tibetan government by creating lay governmental boards. Roads and telegraph lines were planned, and resource exploitation was considered; a Chinese school was opened in Lhasa in 1907, and a military college in 1908. »
  84. Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, 1997, p. 251.
  85. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 28 : « A Chinese postal service was established and Tibet's first stamps were produced (in Chinese and Tibetan script). »
  86. (en) Geoffrey Flack, Chinese Imperial : « For approximately two years, five Chinese Post Offices operated in Central Tibet and a Chinese Post Office at Chambo (Eastern Tibet) was open in 1913 and 1914. Initially the Post Office used regular Chinese Imperial stamps, but in 1911 a set of eleven stamps (surcharged in three languages) was introduced for Tibet. »
  87. Bai Rusheng, The earliest Tibetan newspaper in Tibet, China Tibet Information Center, 2005-07-01 : « The "Vernacular Paper in Tiber" was a publication appearing once every ten days, with 300 to 400 copies per issue. »
  88. Bai Runsheng, op. cit. : « But in Tibet the old customs had taken such a deep root that it was difficult to get effective results through administrative reformation. So Lian Yu and Zhang Yintang thought that to publish a newspaper in the vernacular language would get better results than to make speeches in narrow spheres. This was why they founded the "Vernacular Paper in Tibet." Aiming at educating people in patriotism and intelligence. The paper took "Xun Bao", a newspaper of Sichuan, and other government-funded newspaper of other provinces as its models, It was the first modern newspaper in Tibetan areas ».
  89. (en) Heather Spence, British policy and the 'development' of Tibet 1912-1933, Doctor of Philosophy thesis, Department of History and Politics, Faculty of Arts, University of Wollogong, 1993, p. 7 : « This Chinese forward movement disintegrated with he outbreak of the 1911 revolution in China and the subsequent public execution of Chao Ehr-feng in December 1911. »
  90. (en) Hsaio-ting Lin, Tibet and Nationalist China's Frontier: Intrigues and Ethnopolitics, 1928-49, 1971, UBC Press, 2011, 304 p., pp. 9-10 : « With hindsight, the series of reforms launched by Zhao Erfeng in the final days of the Qing can be regarded as modern China's first state-building attempt in its southwest border regions. This effort was suspended as a result of the collapse of the Qing court. »
  91. (en) Max Oidtmann, Playing the Lottery with Sincere Thoughts: the Manchus and the selection of incarnate lamas during the last days of the Qing, sur le site Academia.edu, p. 1.
  92. Melvyn Goldstein, A History of Modern Tibet, 1913-1951: The Demise of the Lamaist State, op. cit., p. 52 : « On 25 February, the Chinese responded to the dalai Lama's flight to India by again deposing him. This time they deprived him not only of his temporal position but also of his status as an incarnation. The abusive and demeaning disposition order was posted publicly in Lhasa. »
  93. a et b Melvyn Goldstein, A History of Modern Tibet, 1913-1951: The Demise of the Lamaist State, op. cit., p. 58-59.
  94. Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, op. cit., p. 264.
  95. Melvyn Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 30.
  96. (en) Dundul Namgyal Tsarong, In the Service of His Country: The Biography of Dasang Damdul Tsarong, Commander General of Tibet, Snow Lion Publications, 2000, 149 pages, p. 36-37.
  97. (en) Peter Bishop, The myth of Shangri-La: Tibet, travel writing, and the western creation of sacred landscape, University of California Press, 1980, 308 p., page 281 : « Independence from China was not universally accepted or desired in Tibet. For example, Tengye-ling monastery supported Chinese rule and so was destroyed by the Dalai Lama pro-independence forces. This is mentioned in Chapman, p. 139. »
  98. (en) Sanderson Beck, Tibet, Nepal, and Ceylon 1800-1950.
  99. Laurent Deshayes, op. cit., p. 264.
  100. Laurent Deshayes, op. cit., p. 265.
  101. (en) Dundul Namgyal Tsarong, op. cit., p. 38-39 : « Meanwhile, a serious situation had developed among the Tibetan leaders. [...] Although Shapé Tsarong was a man trusted by the Dalai Lama who had participated in the signing of the Trade Regulation Agreement between Great Britan, China, and Tibet in 1908 at Calcutta, the current situation had brought him overwhelming criticism. [...] while participating at a high-level meeting at the Potala Palace, he was arrested and dragged down the long stone steps. He was beheaded there at the foot of the Potala. As arranged previously, his son was also arrested and was brought to see his father's head before being executed on the same spot. Others executed [...] were Karung Tsashagpa, Secretary to the Cabinet Ministers; Phunrabpa, Secretary General; Mondhong, the Treasurer, and a few other officials. »
  102. Joëlle Désiré-Marchand, Alexandra David-Néel: De Paris à Lhassa, de l'aventure à la sagesse, Arthaud, 1997, (ISBN 2700311434 et 9782700311433), p. 181
  103. Melvyn Goldstein, A History of Modern Tibet, 1913-1951: The Demise of the Lamaist State, op. cit., p. 59 : « By April 1912, the Tibetans had prevailed: about three thousand Chinese troops and officers surrendered and were permitted to leave Tibet via India. »
  104. Laurent Deshayes, op. cit., p. 267.
  105. Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, 1997, page 267 : « L'épuration commence. [...] Les compagnes tibétaines des soldats chinois ont été laissées pour compte : celles qui ont pu fuir échouent lamentablement à Calcutta, celles qui restent sont lapidées ou mutilées. »
  106. (en) Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, with a new epilogue by the author. Translated from the German by Richard Graves. With an introduction by Peter Fleming, First Tarcher/Putnam Hardcover Edition, 1997 (ISBN 0-87477-888-3) : « The penalties for political offenses are very strict. People still speak of the monks of Tengyeling, who forty years ago sought to come to terms with the Chinese. Their monastery was demolished and their names blotted out ».
  107. (en) Sanderson Beck, Tibet, Nepal, and Ceylon 1800-1950 : « The Tengyeling monastery was disendowed; traitors were banished, and the rest of the monks were distributed to other monasteries ».
  108. (en) Melvyn Goldstein, A History of Modern Tibet, volume I: 1913-1951, The Demise of the Lamaist State, University of California Press, 1989, pp. 60-61 (transcription en anglais de la proclamation).
  109. Anne Marie, Blondeau, Katia Buffetrille, Le Tibet est-il chinois ?, p. 77.
  110. Barraux 2002[réf. incomplète].
  111. (en) Barry Sautman, “All that Glitters is Not Gold”: Tibet as a Pseudo-State, in Maryland Series in Contemporary Asian Studies, no 3, 2009 : « A US international law scholar who studied Tibet’s “declarations of independence” found they were not political-legal declarations at all, but merely the 13th Dalai Lama’s affirmations that the mchod-yon (priest-patron) relationship between Dalai Lamas and Chinese emperors had been extinguished due to the end of the empire. [Note :] Alfred P. Rubin, “Tibet’s Declarations of Independence,” AJIL 60 (1966):812-814 and Rubin, “A Matter of Fact,” AJIL 60 (1966):586. »
  112. Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, 1997, p. 267.
  113. (en) Ma Rong, Population and Society in Tibet, Hong Kong University Press, 2010, 350 pages, p. 155 : « That was the mission of its two commissioners (Ambans) and troops in Lhassa in the early 18th century, although at times they reached 10,000 to 15,000 during the war against the Gurkhas (Grunfeld, 1996:45-46) in 1791. »
  114. Matthew Kapstein, Les Tibétains, p. 257 : « Vers le milieu du siècle, en particulier dans le sillage de la guerre de l'opium (1839-1842), les Qing, alors en butte à des conflits en Chine proprement dite, s'avèrent incapables de maintenir plus avant une présence militaire effective au Tibet central ».
  115. Françoise Wang-Toutain, Les empereurs Mandchous et le Tibet, in Compte rendu de la journée de conférences organisée au Sénat le 3 mars 2012 sur « L'histoire du Tibet du XVIIe au XXIe siècle », Groupe d'information internationale sur le Tibet, p. 25-33, p. 29 : « On peut également mentionner la Cour en charge des provinces extérieures (Li fan yuan) [...]. Cette institution, qui avait été créée dès 1638, et qui était présidée statutairement par un Mandchou ou un Mongol, fut classée parmi les 'huit yamen ', c'est-à-dire parmi les organes majeurs du gouvernement central. »
  116. Françoise Wang-Toutain, Les empereurs Mandchous et le Tibet, in Compte rendu de la journée de conférences organisée au Sénat le 3 mars 2012 sur « L'histoire du Tibet du XVIIe au XXIe siècle », Groupe d'information internationale sur le Tibet, p. 29 : « On peut également mentionner la Cour en charge des provinces extérieures (Li fan yuan) qui fut la première institution de l'histoire de l'empire chinois qui prit en compte et géra les populations non chinoises des périphéries, non pas dans le cadre de la politique étrangère, mais en les intégrant au sein d'un système de rituels impériaux visant à donner le statut de 'sujets de l'empire' à des personnes ethniquement et culturellement étrangères à la Chine. En cela, elle rompait avec l'attitude traditionnelle sinocentrique de l'empire chinois. »
  117. (en) Ma Rong, Population and Society in Tibet, Hong Kong University Press, 2010, 350 pages, p. 155 : « The main goal of the Qing Dynasty with respect to Tibet was to maintain the subordination of Tibet, keep Tibet peaceful and defend Tibet from foreign invasions. That was the mission of its two commissioners (Ambans) and troops in Lhassa in the early 18th century ».
  118. Le juriste Barry Sautman décrit ainsi l'action du Lǐfàn Yuàn au Tibet : « Through its Lifan Yuan (Office of Border Affairs; after 1861, Zongli Yamen), the Chinese government handled Tibet's foreign and many of its domestic affairs. During the Qing, Tibet hosted imperial troops and border patrols, and the imperial court appointed Tibetan officials. The Lifan Yuan managed lama and nomad affairs, defined borders, ran a postal system, presided over meetings and ceremonies and supervised trade. It ratified the Dalai and Panchen Lamas, created joint rule by aristocrats and high lamas and elevated the Dalai Lama above the nobles.54 From 1728, the imperial representative in Tibet or amban handled Tibet's foreign and military affairs. From 1793, the amban had the right to identity the Dalai Lama and Panchen Lama, examine their incomes and expenses, supervise immigration, coinage, corvee labour, taxes and the penal system, as well as to appoint and pay the military. The amban certified monks and had to be present at key religious events, such as consecrations of reincarnated lamas (tulku). Monastic finances were under imperial control, but the emperor privileged monks over aristocrats in Tibet, so most monks were loyal to the Qing. Central-western Tibet was thus an administered territory of China under the Qing. In 1724, eastern Tibet was incorporated into existing Chinese provinces ». ((en) Barry Sautman, Tibet’s Putative Statehood and International Law, in Chinese Journal of International Law, Vol. 9, Issue 1, 2010, p. 127-142.
  119. (en) Rong Ma, Population and Society in Tibet, Hong Kong University Press, 2010, (ISBN 9622092020 et 9789622092020), 350 pages, p. 155.
  120. (en) Emily T. Yeh, Living together in Lhasa: Ethnic Relations, Coercive Amity and Subaltern Cosmopolitanism, in The Other Global City, Shail Mnyaram ed., Routledge, 2009, 258 p., p. 54-85 (The Chinese of Lubu).
  121. (en) Emily T. Yeh, Taming Tibet: Landscape Transformation and the Gift of Chinese Development, Cornell University Press, 2013, 343 p., p. 283, Note 3.
  122. Guillaume Pauthier et Louis Bazin, 1853, p. 3 : « Par ses possessions de l'Asie centrale, la Chine, située à l'extrémité du continent asiatique, où elle a vieilli isolée depuis plus de quatre mille ans, comme dans un monde à part, touche à l'empire de Russie, né d'hier et qui déjà pourrait l'envahir ; par sa suzeraineté sur le Thibet, elle touche aux possessions de l'empire Britannique : deux voisinages plus dangereux pour elle, nation industrieuse et riche, que toutes les hordes tartares contre lesquelles elle éleva jadis ce fameux rempart de cinq cents lieues de longueur, qui deviendrait impuissant contre l'avidité civilisée de ses nouveaux voisins. »
  123. Véniukoff M., « Map of the province of Canton, by Rev. J.-G. Lœrcher, 1879 [note bibliographique] », Le Globe, revue genevoise de géographie, vol. 18, no 1,‎ , p. 99-100 (lire en ligne) : « En même temps, quelques explorateurs ont pénétré dans l'intérieur des pays vassaux du Fils du ciel et y ont fait des levées et des observations astronomiques. Ainsi les cartes de la Mongolie, de la Dzoungarie et, en partie, de la Mandchourie, du Turkestan oriental et du Thibet, ont été presque totalement transformées. Mais celle de la Chine proprement dite, de l'Empire du Milieu, était restée à peu près telle qu'elle a été dressée par les jésuites. »
  124. Louis Grégoire, Gallica.bnf.fr : Page No 806, livre Neuvième, du livre Géographie générale, physique, politique et économique, édition Garnier Frères, France, 1876, chap. IX Pays qui dépendent de l'Empire chinois - 5. Tibet ou Thibet - Géographie physique. - Divisions principales ; villes - Livre Neuvième - p. 806.
  125. (en) G. Ts. Tsybikoff, Lhasa in Central Tibet, Smithsonian (Washington D.C. National Museum) Report for 1903, Government Printing Office, Washington, 1904, p. 727-746, p. 740 : « Passing now to the government of Central Tibet, the dependence upon China is made evident by the Peking Court appointment of a Manchu resident to manage the higher government. At the head of the local self-government stands the Dalai Lama as the spiritual and secular head of Central Tibet. »
  126. Anne-Marie Blondeau, Le Tibet est-il chinois ?, (ISBN 2226205942), p. 87.
  127. (en) Luciano Petech, China and Tibet in the Early XVIIIth Century: History of the Establishment of Chinese Protectorate in Tibet, 1972, p. 260 : « In 1751 the organization of the protectorate took its final shape, which it maintained, except for some modifications in 1792, till its end in 1912. The ambans were given rights of control and supervision and since 1792 also a direct participation in the Tibetan government. »
  128. (en) Michael van Walt van Praag, History of Tibet before the Chinese Invasion of 1949, Cultural Survival Quarterly, Vol. 12, 1988, Number 1.
  129. Laurent Deshayes, Les Chinois au Tibet : « Mais, en réalité, jamais Pékin n'exerça d'autorité à la hauteur de ses prétentions. Les réformes imposées, qui touchaient les rites funéraires comme la sélection des grands religieux réincarnés, ne furent jamais vraiment appliquées, soit par incompétence de l'Empire et de ses agents, soit parce que les Tibétains s'y refusaient, et ce n'est pas faire une caricature que de dire que le seul élément tangible de la protection chinoise fut l'octroi de titres nobiliaires honorifiques aux grandes familles tibétaines. Sous une formulation qui se voulait plus concrète, le rapport traditionnel de « religieux-protecteur » restait inchangé dans les faits, une fois passés les armées chinoises et le vent réformateur. Au milieu du XIXe siècle d'ailleurs, le gouvernement de Pékin ne considérait toujours pas le Tibet comme une province, encore moins comme une dépendance, mais au contraire, comme un pays à part entière dans lequel, pour le bien-être de la population, il entendait exercer une sorte de droit de regard de manière à sécuriser ses propres frontières. » « Ils ne parlaient pas tibétain et leur nomination était pour eux une sorte d'exil pouvant leur permettre de revenir dans les bonnes grâces de Pékin. L'exception est connue des historiens de l'Asie : il s'agit de Qishan qui tenta de vaines négociations avec la Grande-Bretagne lors de la première guerre de l'Opium dont l'aboutissement fut, on le sait, l'ouverture forcée de la Chine au commerce occidental lors du traité de Nankin de 1842. En 1844, il fut envoyé au Tibet autant pour le punir de n'avoir pas su empêcher les manœuvres britanniques, que pour lui offrir une chance de se racheter aux yeux de Pékin. Ce fut Qishan qui ordonna l'expulsion du Tibet des Lazaristes français Huc et Gabet en 1846, dont le voyage en Mongolie et au Tibet reste l'un des plus célèbres. Qishan intervint aussi directement dans les affaires politiques en obtenant du Panchen Lama, l'un des plus importants chefs religieux du haut plateau, qu'il accepte temporairement d'être régent à l'heure ou le Tibet connaissait de sérieux troubles intérieurs. »
  130. (en) Fabienne Jagou, The Thirteenth Dalai Lama's Visit to Beijing in 1908: In Search of a New Kind of Chaplain-Donor Relation, in Matthew Kapstein ed., Buddhism Between Tibet and China (Studies in Indian and Tibetan Buddhism), 2009, p. 350 : « The Manchus exercised a de facto protectorate in Tibet from 1721 to 1793, and established an administrative office in Lhasa to serve as an intermediary between the Dalai Lama and the Manchu Emperor in the imperial capital at Beijing. »
  131. (zh) « GB/T 3304-1991 中国各民族名称的罗马字母拼写法和代码 »
  132. Fabienne Jagou Le contrôle des marches sino-tibétaines de la Chine républicaine
  133. Vers une nouvelle définition de la frontière sino-tibétaine : la Conférence de Simla (1913-1914) et le projet de création de la province chinoise du Xikang, Extrême-Orient, Extrême-Occident, numéro 28 - 2006.
  134. L'île Sakhaline, dans l'Empire chinois sur cette carte, a été saisie par l'Empire russe lors du traité d'Aigun (1858) ou la convention de Pékin (1860), mais l'auteur est postérieur à ces traités inégaux.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]