Thibaut Ier (roi de Navarre)

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Thibaud Ier
Illustration.
Titre
Roi de Navarre

(19 ans, 3 mois et 7 jours)
Couronnement , en la cathédrale de Pampelune
Prédécesseur Sanche VII
Successeur Thibaud II
Comte de Champagne

(52 ans, 1 mois et 14 jours)
Prédécesseur Thibaud III
Successeur Thibaut V
Biographie
Dynastie Maison de Blois-Champagne
Date de naissance
Lieu de naissance Troyes (Champagne)
Date de décès (à 52 ans)
Lieu de décès Pampelune (Navarre)
Sépulture Cathédrale Sainte-Marie de Pampelune
Père Thibaud III de Champagne
Mère Blanche de Navarre
Conjoint Gertrude de Dabo
(1220-1222)
Agnès de Beaujeu
(1222-1231)
Marguerite de Bourbon
(1232-1253)
Enfants Avec Agnès de Beaujeu
Blanche de Navarre
Avec Marguerite de Bourbon
Éléonore de Navarre
Thibaut II de Navarre
Pierre de Navarre
Béatrice de Navarre
Henri Ier de Navarre
Marguerite de Navarre
Guillaume de Navarre

Thibaut Ier (roi de Navarre)
Monarques de Navarre
Comtes de Champagne

Thibaud Ier de Navarre, aussi connu sous le nom de Thibaud IV de Champagne, puis « Thibaud le Chansonnier »[1], né le à Troyes et mort le à Pampelune, est comte de Champagne de 1201 à 1253 et roi de Navarre de 1234 à 1253. Il est aujourd'hui connu surtout comme l'un des plus grands trouvères de son temps.

Le comte de Champagne[modifier | modifier le code]

Le royaume de France en 1180.

Il était le fils posthume de Thibaud III, comte de Champagne, et de Blanche de Navarre. Son parrain fut Philippe Auguste, roi de France qui l'éduqua à la cour. Il y fut confié aux bons soins de Blanche de Castille, épouse du prince héritier, le futur Louis VIII.

Entre 1216 et 1221, il dut défendre son comté contre les revendications du seigneur Érard de Brienne. L'intervention de Philippe Auguste, du duc Eudes III de Bourgogne et de l'empereur Frédéric II, mit fin à cette guerre de succession.

En 1224, il participa aux campagnes de Louis VIII contre les Anglais, et notamment au siège de La Rochelle. En 1226, alors qu'il participait à la guerre contre les Cathares, il abandonna le roi lors du siège d'Avignon, une fois effectués les quarante jours de service requis, au grand mécontentement du roi.

Après la mort de Louis VIII en 1226, Thibaut rassembla autour de lui quelques barons formant une ligue des grands vassaux opposés au jeune Louis IX et à la régente sa mère Blanche de Castille. Thibaut abandonna néanmoins la ligue en 1227 et se réconcilia avec Blanche. Ses alliés, indignés de cette défection, s'attaquèrent alors directement à Thibaut, le plus puissant soutien de la régente[2]. Des rumeurs injurieuses furent propagées, accusant Blanche d'être la maîtresse de Thibaut[2]. Les coalisés se jetèrent sur le comté de Champagne qu'ils ravagèrent et ils en auraient pris la capitale, Troyes, si l'armée royale n'était venue la secourir. Les rebelles, poursuivis jusqu'à Langres, y furent dispersés[3].

En 1228, il servit de négociateur, avec l'accord du comte de Toulouse, dans l'élaboration du projet de traité de Paris, qui mit fin à la croisade des Albigeois.

Le roi de Navarre[modifier | modifier le code]

À la mort de son oncle Sanche VII en 1234, les Navarrais ne tinrent aucun compte de la volonté du roi, qui avait désigné Jacques Ier d'Aragon comme son successeur ; ils appelèrent Thibaut de Champagne qui, un mois après la mort de son oncle, se présenta à Pampelune, où il jura fidélité aux Fueros du royaume, fournissant ainsi à la couronne de Navarre une dynastie bien installée de puissants vassaux dans le nord du royaume de France[4]. C'est ainsi que fut établie la « Maison de Champagne ».

Des traités furent conclus avec la Castille, l'Aragon et l'Angleterre, permettant au nouveau souverain de consolider sa couronne. Il gouverna avec l'aide de nobles venus de Champagne qui reçurent des charges importantes. Il réduisit l'importance des fiefs non héréditaires, les tenencias, comme divisions territoriales et créa quatre grands districts confiés à des merinos, à qui il attribua des fonctions fiscales et relevant de l'ordre public. Il établit ses lois par écrit, élaborant un Cartulario Magno où elles figuraient toutes, et il commença la compilation des traditions juridiques de la monarchie navarraise connue sous le nom de « Fuero General ».

Pour obtenir l'appui de la Castille, il négocia le mariage de sa fille Blanche avec Alphonse, le futur Alphonse X le Sage. Par ce traité, Ferdinand III le Saint offrait à Thibaud les terres de Guipuscoa à titre viager, mais pas celles d'Alava comme Thibaud l'aurait voulu. Ainsi le royaume de Navarre aurait eu un accès naturel à la mer Cantabrique. Ce traité, qui ne fut pas appliqué, aurait entraîné l'incorporation de la Navarre à la Castille. Il semble que l'année suivante Thibaud ait promis sa fille Blanche au duc de Bretagne. En 1234, il vendit les hommages de Sancerre, mais aussi de Blois, à Louis IX.

En 1239-1240, il dirigea la croisade des barons en Terre sainte. Malgré sa défaite, les querelles entre les musulmans lui permirent de signer la paix et d'obtenir pour les chrétiens Beaufort, Safed et Ascalon[4]. Il revint de la croisade à la fin de 1240 et passa une grande partie de son règne à des voyages continuels entre Navarre et Champagne.

La légende veut qu'il ait rapporté de Damas « dans son heaume », le rosier dit « de Provins », de son nom latin rosa gallica officinalis (ce qui semble peu probable de par l'absence de sources écrites, et du fait que la variété était déjà cultivée par les Romains), il rapporta également un morceau de la Vraie Croix et la tradition veut qu'il en ait rapporté le cépage Chardonnay qui entre dans la composition du champagne.

Il eut d'importants différends avec l'évêque de Pampelune, Pedro Jimenez de Gazólaz, et refusa de répondre devant les tribunaux pontificaux. Un concile provincial tenu en 1250 alla jusqu'à l'excommunier, mais le pape lui accorda un privilège spécial selon lequel, sans mandat du Saint-Siège, personne ne pouvait excommunier le roi.

Il mourut à Pampelune le à l'âge de 52 ans, au retour d'un de ses voyages en Champagne, et fut enterré dans la cathédrale de Pampelune.

Le « Chansonnier »[modifier | modifier le code]

Thibaud le Chansonnier.

Thibaud était connu par le surnom de « Chansonnier » en raison de son talent de poète. Profitant de sa position sur le chemin de Saint-Jacques, la musique, quel que soit son genre, était florissante dans sa cour, reliée à la cour pontificale d'Avignon ainsi qu'à Paris[5]. Il perpétua la tradition de sa grand-mère Marie de France, comtesse de Champagne, qui avait tenu avec son époux une cour brillante et lettrée et protégé de nombreux écrivains comme Chrétien de Troyes.

Au cours de sa vie, il composa de nombreuses chansons et poésies qu'il faisait peindre sur les murs de ses palais de Troyes et de Provins. Il est l'auteur de 71 compositions lyriques variées (dont 37 chansons d'amour) dans lesquelles il fait montre d'une grande virtuosité technique et verbale (il apprécie jeux de mots, pointes, métaphores filées et allégories) ainsi que d'une certaine désinvolture ironique envers la matière courtoise. Thibaud de Champagne est le trouvère le plus célébré de son temps. Au siècle suivant, il est cité à trois reprises par Dante dans son ouvrage De l'éloquence en langue vulgaire[6].

Thibaud est connu comme trouvère non seulement parce qu'il aimait écrire, mais parce que ses poèmes chantés étaient d'un mérite exceptionnel, et avant même la fin de la croisade de 1238-1240, il écrivait encore. Il fut le premier à mettre par écrit les droits et les libertés du royaume dans ce qu'on a appelé le fuero antiguo, et au cours de son règne il les compila tous, les traditionnels comme les nouveaux.

Unions et descendance[modifier | modifier le code]

Confirmation d’une vente de bois à l’abbaye de Saint-Denis par le comte de Champagne et le roi de Navarre Thibaut IV Le Chansonnier. Coulommiers, . Archives nationales de France.

Vers 1220, il épousa Gertrude de Dabo (1204 † v. 1225), fille d'Albert II de Dabo-Moha, comte de Dabo, de Moha et de Metz, et veuve de Thiébaud Ier, duc de Lorraine, en espérant s'approprier le comté de Metz. Après l'échec de cette tentative, il la répudia.

En 1222, il épousa en secondes noces Agnès de Beaujeu († 1231), sœur d'Humbert V de Beaujeu et cousine du futur Saint-Louis, qui fut sa compagne de jeux à la cour de France. Elle mourut en 1231. Elle était fille de Guichard IV, sire de Beaujeu et de Sibylle de Hainaut, sœur de Baudouin VI de Hainaut, empereur de Constantinople. Ils eurent :

En 1232, il épousa en troisièmes noces Marguerite de Bourbon († 1256), fille d'Archambaud VIII de Bourbon, seigneur de Bourbon et d'Alix de Forez qui lui donnera :

Thibaut eut aussi plusieurs enfants nés hors mariage :

  • Alix, mariée en 1242 à Álvar Pérez de Azagra, seigneur d'Albarracín ;
  • Marquise, mariée à Pierre d'Aragon, seigneur de Híjar ;
  • Bérengère, religieuse à Pampelune.

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ou encore « Thibaud le Posthume ».
  2. a et b Jacques Le Goff, Saint Louis, Gallimard, 1996, p. 120-121.
  3. Émile Jolibois, Histoire de la ville de Chaumont.
  4. a et b (es) María Raquel García Arancón, « Teobaldo I », Diccionario Biográfico Español.
  5. Bourligueux, Guy, « Higinio Anglés, Historia de la música medieval en Navarra (Obra póstuma). Présentation de Fernando Remacha », Bulletin hispanique, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 78, no 1,‎ , p. 177–178 (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  6. Dante, De vulgari eloquentia, I, IX, 3 ; II, V, 4 ; II, VI, 6.
  7. Collection CHG 42 de la bibliothèque municipale de Reims.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Éditions[modifier | modifier le code]

  • Les Chansons de Thibaut de Champagne, roi de Navarre, Axel Wallensköld, Paris, Édouard Champion, 1925.
  • Thibaud de Champagne, Les Chansons. Textes et mélodies, édition bilingue établie, traduite, présentée et annotée par Christopher Callahan, Marie-Geneviève Grossel et Daniel E. O'Sullivan, Paris, Honoré Champion, coll. « Champion classiques. Moyen Âge » no 46, 2018 (ISBN 978-2-7453-4800-5).

Études[modifier | modifier le code]

  • Yvonne Bellenger, Danielle Quéruel dir., Thibaut de Champagne, prince et poète au XIIIe siècle, Lyon, La Manufacture, 1989.
  • Claude Taittinger, Thibaut le Chansonnier : Comte de Champagne, Paris, Perrin, , 323 p. (ISBN 978-2-262-00438-5).

Discographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]