Theatrum Statuum Sabaudiæ

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Theatrum Statuum Sabaudiæ
Langue
Genre
Date de parution
Theatrum statuum regiæ celsitudinis Sabavdiæ ducis, Pedemontii principis, Amsterdam, J. Blaeu, 1682.

Le Theatrum statuum Regiae Celsitudinis Sabaudiæ Ducis ou encore Theatrum Statuum Sabaudiæ, couramment abrégé en Theatrum Sabaudiæ[1], est une représentation iconographique et cartographique des États de la maison de Savoie au temps de Charles-Emmanuel II, duc de Savoie, prince de Piémont et roi de Chypre, réalisé au cours du XVIIe siècle.

L'ouvrage Theatrum Statuum Regiae Celsitudinis Sabaudiæ Ducis Pedemontii Principis Cypri Regis (trad. Théâtre des États de Son Altesse Royale le Duc de Savoie, prince de Piémont, Roy de Chypre) a été publié à Amsterdam en 1682 chez le cartographe et éditeur néerlandais Joan Blaeu.

Le travail a débuté en 1657[2]. Il est publié en 1682 sous la régence de la duchesse Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie, seconde épouse du duc, décédé en 1675[3]. Par ailleurs, l'éditeur néerlandais Blaeu décède lui aussi avant la publication, en 1673.

Contexte[modifier | modifier le code]

La réalisation des Theatrum Sabaudiæ est considérée comme un manifeste politique par la maison de Savoie afin de démontrer sa puissance auprès des autres maisons princières d'Europe[4],[5].

Le travail de représentation des États de la maison de Savoie débute sous la régence de Christine de France, épouse du duc de Savoie Victor-Amédée Ier de Savoie et fille d'Henri IV roi de France, avec la commande d'une cartographie des villes de la principauté en 1657[2]. Ce travail est poursuivi et amélioré par son fils, le duc Charles-Emmanuel II, en 1661[2],[6]. Le travail se poursuit entre 1672 jusqu'à la publication[6].

Description[modifier | modifier le code]

L'ouvrage Theatrum Statuum Sabaudiæ permet sous forme de cartes ou de gravures de faire un état des lieux, une description tant historique que géographique, mais aussi économique, culturel, social et religieux des territoires placés sous la domination de la maison de Savoie, les États de Savoie, au XVIe siècle[4]. L'historien Étienne Bourdon résume le « Theatrum Sabaudiæ [comme] une vision idéalisée de la réalité »[7].

L'ouvrage, en deux volumes in-folio, est rédigé en latin[4]. 50 éditions ont d'abord été tirées pour la maison de Savoie[4] dont 4 exemplaires ont été colorisés à l'époque pour le prince lui même, l'un d'entre eux est exposé à Turin. Les 46 exemplaires restant ont été offerts pour promouvoir la grandeur de la maison de Savoie auprès des diplomaties étrangères. Onze ans plus tard, des ouvrages en langue néerlandaise ont été édités, puis à nouveau en 1697, puis 1725[8]. Des éditions en langue française ont été publiées en 1700 sous le titre de « Théâtre des États de S. A. R. le duc de Savoye, prince de Piémont » et 1725[8],[1].

Le Theatrum Sabaudiæ est composé de 145 vues cavalières commentées, dont les dessins originaux ont été coordonnés et parfois réalisés par l'ingénieur Giovanni Tommaso Borgonio[Note 1],[9],[10] puis réalisés par le graveur Johannes de Ram[11]. Borgonio magnifie le duché avec la réalisation de trois cartes et de cinquante-deux planches d'ornement[7]. Quinze vues ont été réalisées par Borgonio lors du printemps 1674[10]. Les douze villes du duché représentées avec une perspective cavalière sont : Chambéry, Montmélian, Moûtiers, Annecy, Saint-Jean-de-Maurienne, Thonon, Rumilly, Aix et l'Arc Romain, Sallanches avec en arrière-fond un panorama du mont Blanc[12], Bonneville, Évian, La Roche. Les trois cartes représentent le Piémont, la Savoie et le Chablais avec le lac Léman[13].

Les textes accompagnant les vues sont rédigés par le jésuite et écrivain Emanuele Tesauro (1592–1675) ou l'historiographe Pierre Gioffredo (1629-1692)[14].

Les différentes représentations comportent un certain nombre d'erreurs[15].

Premier volume[modifier | modifier le code]

Le premier volume permet de présenter les dessins et des textes descriptifs de la capitale du duché de Savoie, Turin, mais aussi de l'ancienne capitale Chambéry, ainsi que ces principaux bâtiments (civils, religieux et militaires). Il présente aussi les différentes places fortes et châteaux de la principauté ainsi que les principaux édifices religieux (abbayes) du duché.

Second volume[modifier | modifier le code]

Le second volume se consacre à la présentation du territoire avec des vues des principales villes et paysages du duché, ainsi que ceux du marquisat de Montferrat et de la région de Verceil.

Éditions[modifier | modifier le code]

  • Theatrum statuum regiae celsitudinis sabaudiæ ducis, pedemontii principis, cypri regis, Amsterdam chez Joan Blaeu, édition latine 1682, 2 Vol. in folio. Éditions néerlandaises en 1693, 1697 et 1725, éditions françaises en 1700 et 1725, nouvelle édition latine en 1726[8].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Giovanni Tomaso Borgonio (fr. Jean-Thomas Borgonio) (vers 1620-1683), est un héraldiste de la maison de Savoie en 1675, puis topographe et cartographe officiel en 1676 au service des ducs de Savoie, Charles-Emmanuel II puis de Victor-Amédée II.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Bourdon 2009, p. note n°2.
  2. a b et c Bernard Demotz et François Loridon, 1000 ans d'histoire de la Savoie : La Maurienne, vol. 2, Cléopas, , 845 p. (ISBN 978-2-9522459-7-5), p. 629.
  3. (en) Clarissa Campbell Orr, Queenship in Europe 1660-1815 : The Role of the Consort, Cambridge University Press, , 419 p. (ISBN 978-0-521-81422-5, lire en ligne), p. 29.
  4. a b c et d Dossier « Le Theatrum Sabaudiae » Dossier « Le Theatrum Sabaudiæ », p. 1, Introduction.
  5. Bourdon 2009, p. « le Theatrum Sabaudiæ exprime la politique de prestige des ducs de Savoie ».
  6. a et b Pollak 2003, p. 88.
  7. a et b Bourdon 2009, p. paragraphe 24.
  8. a b et c Dossier « Le Theatrum Sabaudiæ », p. Bibliographie.
  9. Bourdon 2009, p. 27.
  10. a et b Serge Tomamichel, Le Collège d'Annecy au XVIe siècle : Une école de la Réforme catholique ?, Éditions Don Bosco, , 239 p., p. 68, note de bas de page n°1.
  11. (it) Micaela Viglino Davico et Claudia Bonardi Tomesani, Fortezze "alla moderna" e ingegneri militari del ducato sabaudo, CELID, , 605 p., p. 445, note n°6.
  12. Bourdon 2009, p. Figure 3. Sallanches, Theatrum Sabaudiae.
  13. (it) Isabella Massabò Ricci, Guido Gentile et Blythe Alice Raviola, Il teatro delle terre : cartografia sabauda tra Alpi e pianura, Archivio di Stato di Torino, , 345 p., ii.
  14. Pietro Gioffredo et Hervé Barelli (trad. de l'italien), Histoire des Alpes maritimes : une histoire de Nice et des Alpes du sud des origines au 17e siècle (Partie 1), Nice, Éditions Nice Musées, (ISBN 978-2-913548-91-6), p. 53-54
  15. Johannès Pallière, De la Savoie au Comté de Nice en 1760 : les secrets de la nouvelle frontière, La Fontaine de Siloé, coll. « Les savoisiennes », , 187 p. (ISBN 978-2-84206-138-8, lire en ligne), p. 128.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Étienne Bourdon, « Les relations entre voyage, construction du savoir et connaissance des territoires à travers l’œuvre de Giovanni Tomaso Borgonio », Rives méditerranéennes, no 34,‎ , p. 27-43 (lire en ligne).
  • (en) Martha Pollak, « Theatrum Statuum Sabaudiæ (1682) as Military Historical Atlas (p.88) », Atlas militaires manuscrits européens : (XVIe – XVIIIe siècles) : forme, contenu, contexte de réalisation et vocations (Actes des 4e journées d'étude du Musée des Plans-reliefs, 18 - 19 avril 2002,‎ , p. 277.
  • Anne Weigel, « Le Theatrum Sabaudiæ. Regards sur la Savoie du XVIIe siècle », in Mémoires et documents, Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, tome CII, 2000, 167 pages.
  • Anne Weigel, « La représentation de la montagne dans le Theatrum Sabaudiæ (1682) » (pp. 287-303) in La Montagne et ses images, Congrès national des sociétés savantes, Section d'archéologie et d'histoire de l'art, Comité des travaux historiques et scientifiques, n°116, 1991.
  • Georges Grandchamp, « Jean-Thomas Borgonio et l’édition du Theatrum Sabaudiæ », in Revue savoisienne, Académie florimontane, nº 80, 1962, p. 111-117.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]