Théodore Gudin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Théodore Gudin
Portrait photographique de Gudin par Georges-Mathurin Legé.
Fonction
Peintre officiel de la Marine
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jean Antoine Théodore GudinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Fratrie
Conjoint
Louise-Margaret Gordon Hay (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Elizabeth Théodora Gudin (d)
Chéricle Louis Gudin (d)
Baron Theodore James Gordon Gudin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Maître
Élève
Genre artistique
Distinctions
Commandeur de la Légion d'honneur‎ ()
Ordre Pour le Mérite pour les sciences et arts (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
L'Incendie du Kent (1828) ; Trait de dévouement du capitaine Desse, de Bordeaux, envers le Colombus, navire hollandais (1829) ; Louis-Philippe et sa famille dans la rade de Cherbourg (1834)
signature de Théodore Gudin
Signature de Gudin.

Jean Antoine Théodore Gudin[a], né le à Paris et mort le à Boulogne-Billancourt, est un peintre français.

Avec Louis-Philippe Crépin, il est l'un des deux premiers peintres de la Marine. Ses premières toiles, influencées par l'esprit romantique et l'école anglaise de peinture, sont remarquées. Devenu un peintre proche du pouvoir, il a été placé au même niveau que Vernet[1], avant de sombrer dans l'oubli avant d'être redécouvert par l'historiographie maritime.

Biographie[modifier | modifier le code]

Pêcheurs sur la plage, 1875

Dans ses souvenirs, Gudin n'évoque pas son père, laissant entendre que sa mère était veuve, chargée de son éducation et de celle de son frère aîné Jean-Louis Gudin (1799-1823) dit Louis[2]. Entré à l'École navale, Théodore Gudin abandonne ses études et part pour New York où il retrouve des bonapartistes en exil. Il s'engage dans la marine américaine. Il embarque sur le Manchester-Packet, un brick de 250 tonneaux, le [3].

Au printemps 1822, il revient à Paris et veut devenir peintre, comme son frère aîné Louis qui avait été élève d'Horace Vernet, en rejoignant l'atelier d'Anne-Louis Girodet[4]. Il est ami avec Eugène Sue à qui il apprend le dessin, Sue lui apprenant l'équitation[2]. Il fait ses débuts au Salon de Paris de 1822 avec cinq toiles, dont Brick en détresse et une Vue de l'embouchure de la Seine[5]. La mort de son frère le [6] lors d'un naufrage sur la Seine[7], duquel Théodore réchappe sous les yeux d'Eugène Sue, l'affecte profondément[3].

En 1824, il expose un Sauvetage et une Vue du fort Chaput près de l'île d'Oléron. Il est à cette époque déjà un protégé du duc d'Orléans, futur roi. Il avait exécuté un tableau représentant la Visite par un corsaire de l'America, navire sur lequel le duc avait embarqué pour les États-Unis en 1796. Ce tableau est présenté au Salon de 1827 avec le Bateau à vapeur débarquant ses passagers à Douvres[8]. Charles X lui commande La Mort de l'enseigne de vaisseau Bisson en 1828. Gudin est ami de Dupetit-Thouars et prend part à l'expédition d'Alger, où il dessine de nombreux croquis[9]. Il est nommé peintre de la Marine royale en 1830, à la cour de Louis-Philippe Ier, puis de Napoléon III.

Il fait le tour de l’Italie et de la Suisse en 1832, prenant de nombreuses esquisses dans ses carnets : le , il est à la frontière entre le Piémont et la Suisse ; le , il se trouve à Sion où il croque les collines de Valère et Tourbillon. Le de l'année suivante, il réside à Moudon, et le à Thoune, deux villes où il fait des croquis des sites historiques. Le , il dessine la chapelle de Tell au bord du lac des Quatre-Cantons. Il voyage ensuite en Russie où il réalise des croquis de manœuvres navales russes. Il retourne en France sur La Danaé.

Sous Louis-Philippe, Théodore Gudin est nommé baron. Le roi lui commande 90 tableaux destinés au musée de Versailles et devant commémorer le souvenir des épisodes de l'histoire navale française[b].

Il est promu officier de la Légion d'honneur en 1841[10] et, exposant à Berlin en 1845, il reçoit la croix Pour le Mérite[11].

En 1844, il épouse en secondes noces Louise Margaret Gordon-Hay (1820-1890), fille d'un général anglais, filleule de Louis-Philippe ; le couple a trois enfants. Son anglophilie va de pair avec ses nombreux voyages à Londres ; il y séjourne dès 1821 aux côtés d'Eugène Isabey, les deux hommes y exposent jusque dans les années 1830, prenant connaissance du travail de Turner[12].

Quand la Révolution de 1848 éclate, il partage sa vie entre la France et l'Angleterre et garde de bonnes relations avec tous les pouvoirs politiques. Cependant, lors du coup d'état de 1851, Gudin se range du côté des républicains.

Quelques années plus tard, revenu dans les faveurs des Bonaparte, Gudin accompagne l'empereur Napoléon III en Algérie, et retourne à Tanger sur La reine Hortense. Il est promu commandeur de la Légion d'honneur en 1857[13],[10].

Il est vice-président de la jeune Société centrale de sauvetage des naufragés[14] à la création de laquelle il a œuvré en 1864, hanté par le souvenir de la noyade de son frère Louis[15].

Fin 1870, Gudin part en exil en Angleterre, après la chute de l'Empire.

Théodore Gudin est propriétaire des marais de Kermor (300 hectares), entre Sainte-Marine et l'Île-Tudy, qui ont été transformés en polder en 1853. Gudin confie en 1871 à Eugène de Toulgoët, un armateur de Loctudy, la direction de la Société des pêcheries de Kermor qui se lance dans la pisciculture (élevage de turbots, bars et autres poissons de luxe) dans des bassins créés en arrière de la digue. Mais l'expérience tourne court[16].

Réception critique[modifier | modifier le code]

Balzac le mentionne pour illustrer le raffinement du corsaire qui a enlevé la fille du marquis d'Aiglemont dans La Femme de trente ans : « […] On voyait çà et là des tableaux de petite dimension, mais dus aux meilleurs peintres : un coucher de soleil par Gudin se trouvait près d'un Terburg […][17] »

Dans son Salon de 1846, Charles Baudelaire écrit : « Gudin compromet de plus en plus sa réputation car [il] rentre pour moi dans la classe des gens qui bouchent leurs plaies avec une chair artificielle, des mauvais chanteurs dont on dit qu'ils sont de grands acteurs, et des peintres poétiques ». Durant ce même Salon, une caricature affuble une toile de Gudin de la légende suivante : « Les pigeons de Gudin étaient des galiotes. Mais le petit Gudin en a fait des cocottes[18]. »

Élèves[modifier | modifier le code]

Œuvres[modifier | modifier le code]

Peintures[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Edmond Béraud (éd.), Souvenirs du baron Gudin, peintre de la marine (1820-1870), Paris, Plon-Nourrit, , 243 p., in-16 (lire en ligne sur Gallica).

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Né Jean Antoine Théodore Gudin, dit le baron Gudin.
  2. Selon Maxime du Camp : « Le musée de Versailles l'a tué, condamné aux marines, traînant comme un boulet toutes les gloires navales de la France, il n'a pu suffire à ce travail de galérien, il est mort à la peine. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. Werner Busch, Adolph Menzel : The Quest for Reality, Los Angeles, Getty Publications, , 283 p. (ISBN 978-1-60606-517-4, lire en ligne), p. 91.
  2. a et b Edmond Béraud (éd.), Souvenirs du baron Gudin, peintre de la marine (1820-1870), Paris, Plon-Nourrit, , 243 p., in-16 (lire en ligne sur Gallica), p. 25-6.
  3. a et b Eugène Sue, « Peintres de marine : Th. Gudin. I. Naufrage en Seine. », dans Amédée Gréhan (dir.), La France maritime, t. III, Paris, Postel, (lire en ligne), p. 158-160.
  4. (en) John Denison Champlin et Charles Callahan Perkins, Cyclopedia of Painters and Paintings, C. Scribner's Sons, (OCLC 581177, lire en ligne), p. 183.
  5. Base Salons, Paris, année 1822, musée d'Orsay.
  6. « Un événement affreux… », L'Album : journal des arts, des modes et des théâtres,‎ , p. 43-4 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  7. « Nécrologie », Le Miroir des spectacles, des lettres, des mœurs et des arts, no 771,‎ (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  8. Philippe Le Bas et Augustin François Lemaitre, France : Dictionnaire encyclopédique, Paris, Firmin Didot frères, 1840-1845 (OCLC 13697756), p. 166.
  9. Johann Georg Heck, Iconographic Encyclopedia of the Arts and Sciences, t. 3, (lire en ligne), p. 181.
  10. a et b « Cote LH/1214/30 », base Léonore, ministère français de la Culture.
  11. (de) J. Wagner, Der Orden „Pour le merite“ für Wissenschaft und Künste. Die Mitglieder 1842–1883, Gebr. Mann-Verlag, Berlin, 1975.
  12. Peindre le ciel : de Turner à Monet, exposition du au , Musée-Promenade, Marly-le-Roi/Louveciennes, Éditions L'Inventaire, 1995, p. 27.
  13. Ferdinand Höfer, Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, (OCLC 15471930, lire en ligne), « Gudin (Jean Antoine Théodore », p. 347.
  14. La Société centrale de sauvetage des naufragés (SCSN), a été reconnue d’utilité publique par un décret impérial du .
  15. Émile Bellier de La Chavignerie, Dictionnaire général des artistes de l'École française depuis l'origine des arts du dessin jusqu’à nos jours : architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes, t. 1, Paris, 1882-1885, 3 vol. ; 26 cm (lire en ligne sur Gallica), « Gudin (Théodore) », p. 706.
  16. Serge Duigou, L'Odet, plus belle rivière de France, éditions Palantines, 2010, (ISBN 978-2-35678-026-3).
  17. Françoise Pitt-Rivers, Balzac et l’art, Paris, Sté Nelle des Éditions du Chêne, , 159 p. (ISBN 978-2-85108-799-7, OCLC 263366481), p. 100.
  18. Gérald Schurr et Pierre Cabanne, Les Petits Maîtres de la peinture (1820-1850), Paris, Les éditions de l'Amateur, 2014, p. 486.
  19. Marcel Laurent-Atthalin, Vie du général baron Atthalin : 1784-1856, Alsatia, , 159 p. (lire en ligne), p. 131.
  20. Paul Delsalle (dir.), « Mélanges offerts au professeur Maurice Gresset », Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, (ISBN 978-2-84867-186-4), p. 65, note 65.
  21. Gérard Aubisse, Les Peintres des Charentes, du Poitou et de Vendée : XIXe – XXe siècles : dictionnaire et notices biographiques, G. Aubisse, , 543 p. (ISBN 978-2-95060-793-5, lire en ligne), p. 78.
  22. « Trait de dévouement du capitaine Desse, de Bordeaux, envers le Colombus, navire hollandais », sur Diacritiques
  23. Éric Moinet, Le Temps des passions. Collections romantiques des musées d'Orléans., Orléans, Musée des Beaux-Arts, (ISBN 2-910173-07-0), n°358
  24. Dominique Brême et Mehdi Korchane, Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts, (ISBN 9 788836 651320), n°147
  25. « Tempête sur les côtes de Belle-Ile », sur Collection du Musée des Beaux-Arts de Quimper (consulté le )
  26. Ministère de l'Intérieur, Statistique générale de la Belgique : Exposé de la situation du royaume (période décennale de 1841 à 1850, Bruxelles, Imprimerie de Th. Lesigne, , 283 p. (lire en ligne), p. 193.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Edmond Béraud (éditeur et préfacier), Souvenirs du baron Gudin : Peintre de la marine (1820-1870), Paris, Plon, (lire en ligne sur Gallica).
  • Bénézit, (en) (ISBN 978-0-19977-378-7), (lire en ligne novembre 2011 (ISBN 978-0-19989-991-3)).
  • Jean-Noël Le Marchand, Dictionnaire des peintres français de la mer et de la marine, Paris, Arts et marine, 1997.
  • J. Marie, L. Haffner, « Les peintres de marine français aux XVIIIe et XIXe siècles », La Revue Maritime, no 62, .
  • Trois millénaires d'art et de marine. Catalogue exposition Petit Palais (Paris), 4 mars-2 mai 1965. Paris, Marine Nationale, Ville de Paris, 1965.
  • Jacques Letrosne, « Coup de vent en rade d'Alger en 1831 », Neptunia, no 204, 4e trimestre 1996, p. 37-40.
  • Alain Noslier, « Théodore Jean Antoine Gudin : premier peintre officiel de la Marine en 1830 », Les Cahiers de la vie à Cancale, no 30, 2006 p. 70-79.
  • Stéphanie Debuiche, « Théodore Gudin au Musée national de la Marine », Neptunia, no 260, 4e trimestre 2010, p. 24-32.
  • Stéphanie Debuiche, « Théodore Gudin : de la mer à la cour », Chasse-marée, no 228, , p. 60-65.
  • Alison Mc Queen, « Le legs de l'impératrice Eugénie au musée de la marine », Neptunia, no 232, , p. 57–62.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :