Théâtre de l'Odéon

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Théâtre de l'Odéon
Description de cette image, également commentée ci-après
Façade du théâtre
Type Théâtre
Lieu Paris, France
Inauguration 1782
Capacité 800
Anciens noms Théâtre-Français du faubourg Saint-Germain (1782-1789)
Théâtre de la Nation (1789-1793)
Théâtre de l'Égalité (1794-1796)
Théâtre de l'Impératrice et Reine (1808-1818)
Second Théâtre-Français (1819-)
Statut juridique Théâtre national
Direction Olivier Py (mars 2009)
Site web www.theatre-odeon.eu

Carte

Le théâtre de l'Odéon – également appelé Odéon–Théâtre de l'Europe – est un théâtre de style néoclassique situé 2, rue Corneille dans le VIe arrondissement de Paris et inauguré en 1782 pour accueillir la troupe du Théâtre-Français.

Depuis septembre 1971, l'Odéon est l'un des six théâtres nationaux. Olivier Py en est depuis mars 2007 le directeur[1].

Histoire

La première salle (1782-1799)

Façade du premier théâtre de l'Odéon

À partir de 1767, à la demande du marquis de Marigny, directeur des Bâtiments du Roi, Marie-Joseph Peyre et Charles de Wailly travaillent au projet d'une nouvelle salle pour le Théâtre-Français[2]. Le 26 mars 1770, un arrêt du Conseil ordonne l'exécution du chantier sur le terrain du jardin de l'hôtel du prince de Condé, dont il souhaite se défaire afin de s'installer au Palais-Bourbon.

Malgré la concurrence des projets des architectes des Menus-Plaisirs du roi, Denis-Claude Liégeon et Jean Damun, soutenus par la troupe des Comédiens-Français, et de l'architecte de la ville de Paris, Pierre-Louis Moreau-Desproux, le duo finit par l'emporter définitivement à l'automne 1778, grâce à la protection de Monsieur, frère du roi et du comte d'Angiviller, directeur général des Bâtiments du Roi.

L'emplacement du théâtre est très légèrement modifié par rapport au projet initial, de manière à le rapprocher du Palais du Luxembourg, demeure de Monsieur, frère du Roi, pour qu'il fût « un nouvel agrément pour leur habitation ». Devant l'opposition des Comédiens-Français, la Chambre leur signifie « qu'on leur retirerait leurs privilèges et pensions et qu'on formerait une autre troupe, s'ils persistaient dans leur opposition ».

Les travaux débutent en mai 1779. Peyre est principalement responsable des extérieurs et de Wailly des intérieurs. L'extérieur est d'une sobriété qui confine à l'austérité. Inspirée de Palladio, la façade originale est flanquée de pavillons reliés par une arche, comme à la villa Pisani. De plan demi-circulaire, la salle du théâtre est la première salle « à l'italienne » pourvue d'un parterre (aujourd'hui appelé orchestre) avec des bancs alors que le public assistait jusqu'à lors à la représentation debout. Cette innovation, qui répond aux théories nouvelles concernant l'architecture des théâtres, fut vivement critiquée à l'époque.

L'édifice est conçu également comme point focal d'un nouveau quartier, aménagé sur les plans de Peyre et de Wailly vers 1794 : un faisceau de cinq rues (les rues Racine, Casimir-Delavigne, de l'Odéon, Crébillon et Regnard) convergent vers le portique d'entrée du théâtre et aboutissent sur une vaste place semi-circulaire, la place de l'Odéon, qui dessert et met en valeur le bâtiment. Ce quartier offre des facilités de circulation et de stationnement remarquables pour l'époque.

Le 16 février 1782, les Comédiens-Français sont installés dans leurs nouveaux murs. La salle est inaugurée par la reine Marie-Antoinette le 9 avril 1782 sous le nom de Théâtre-Français du faubourg Saint-Germain. Le 27 avril 1784, Le Mariage de Figaro de Beaumarchais est créé par Dazincourt, toujours devant la reine et la cour.

Le futur célèbre comédien Talma y débute le 21 novembre 1787. Le Comité de salut public rebaptise la salle Théâtre de la Nation par un arrêté de juillet 1789. En novembre, l'interdiction par Louis XVI de la pièce de Marie-Joseph Chénier Charles IX, crée une scission entre les comédiens fidèles au roi et ceux favorables à la république, qui conduira en 1791 au départ de ces derniers, menés par Talma, pour la nouvelle salle au Palais-Royal.

Arrêtés durant la Terreur, les comédiens restés à la Nation rouvrent le théâtre le 27 juin 1794 sous le nom de Théâtre de l'Égalité, avant qu'il ne devienne le 13 juillet 1796, sous la direction de MM. Poupart et Dorfeuille l'Odéon, en référence aux édifices de la Grèce antique.

À la suite de l'incendie survenu le 18 mars 1799, la troupe fusionne à nouveau avec celle de Talma et la Comédie-Française ainsi reconstituée s'installe définitivement salle Richelieu.

La deuxième salle (1808-1818)

L'incendie de l'Odéon en 1818

Le théâtre de l'Odéon, cédé par Napoléon au Sénat et restauré à l'identique par l'architecte Chalgrin, rouvre en juin 1808 sous le nom de Théâtre de Sa Majesté l'Impératrice et Reine. Le privilège est concédé à Alexandre Duval. Louis-Benoit Picard lui succède en 1815 mais la salle est à nouveau détruite par un incendie le 20 mars 1818.

La troisième salle (1819 à nos jours)

Affiche d'Eugène Grasset pour le Théâtre national de l'Odéon, 1890

Reconstruit par l'architecte Pierre Thomas Baraguay, adjoint de Chalgrin et architecte du Palais du Luxembourg voisin, la nouvelle salle est inaugurée en septembre 1819 et placée par Louis XVIII sous la tutelle de la Comédie-Française, en tant que Second Théâtre-Français. Picard la dirige jusqu'en 1821.

Direction :

Après le passage mémorable à la direction de Jean-Louis Barrault (jusqu'en 1968), l'Odéon devient « Théâtre National » en septembre 1971 mais ce n'est que le 1er juin 1990, qu'il prendra véritablement son indépendance vis-à-vis de la Comédie-Française en devenant par décret l'Odéon–Théâtre de l'Europe, en hommage au travail au projet développé par Giorgio Strehler à partir de juin 1983.

D'importants travaux de rénovation et de modernisation sont entrepris en 1906, 1921, 1930 et de 2002 à 2006. La décoration intérieure du bâtiment est elle entièrement renouvelée en 1837 et 1845 sous la direction de l'architecte Alphonse de Gisors : les peintures sont confiées notamment aux peintres Léon Feuchère et Charles Séchan. Un musée est aménagé dans le foyer. En 1995 est également inaugurée la médiathèque Jean-Louis Barrault, spécialisée dans le théâtre.

Statut

L'Odéon est un établissement public national régi par le décret n° 68–905 du 21 octobre 1968 modifié en dernier lieu par le décret n° 2002–108 du 24 janvier 2002.

Quelques événements marquants

Ateliers Berthier

Depuis 2003, l'Odéon bénéficie d'une deuxième salle de 500 places, installée dans d'anciens entrepôt de décors de l'Opéra Garnier, boulevard Berthier (XVIIe arrondissement de Paris) et conçue par l'architecte Jean-Loup Roubert. La salle a été inaugurée en janvier 2003 avec Phèdre de Jean Racine, mis en scène par Patrice Chéreau.

Accès

Le théâtre de l'Odéon est desservi à proximité par les lignes (M)(4)(10) à la station Odéon ainsi que par la ligne de bus RATP 58848789.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Christian Genty, Histoire du Théâtre national de l'Odéon : Journal de bord, 1782-1982, Paris : Fischbacher, 1982, 320 p.  (+ 40 pl.) (ISBN 2-7179-0002-0)
  • Jean-Claude Daufresne, Le Théâtre de l'Odéon - Architectures, Décors, Musée, Liège : Mardaga Editions, Collection : Architecture + recherche, 2004, 297 P. (ISBN 2-87009-873-1)
  • Daniel Rabreau, Le Théâtre de l'Odéon : Du monument de la Nation au théâtre de l'Europe, Naissance du monument de loisir urbain au XVIIIe siècle, Paris : Belin, 2007, 183 P. (ISBN 978-2-7011-3304-1)
  • Antoine de Baecque, L'Odéon, un théâtre dans l'Histoire, Paris : Gallimard, 2010, 309 P. (ISBN 978-2-07-013043-6)

Liens externes

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Notes et références

  1. « Nomination surprise d'Olivier Py à l’Odéon », Le Monde daté du 9 décembre 2006 [lire en ligne]
  2. De Wailly était le protégé de Marigny, Peyre l'architecte du prince de Condé et l'ami de de Wailly depuis leur séjour commun à Rome.