Outarde canepetière

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Tetrax tetrax

L’Outarde canepetière (Tetrax tetrax) est la seule espèce du genre Tetrax. C'est un des oiseaux les plus menacés des plaines cultivées de France.

Mâle adulte.
Mâle en captivité à la Ménagerie du Jardin des plantes.
Œufs d'Outarde canepetière conservés au MHNT.
Zone de répartition de l'Outarde canepetière.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Cet oiseau mesure 40 à 45 cm de longueur pour une envergure de 80 à 90 cm et une masse de 700 à 1 000 g[1].

Nourriture[modifier | modifier le code]

Cette espèce se nourrit de feuilles et de jeunes pousses, principalement de légumineuses et de brassicacées. Elle fait aussi une forte consommation d'insectes lors de la saison de reproduction. Elle habite les terrains ouverts qui lui offrent une vue étendue sur les environs. Hormis les steppes à graminées hautes, elle fréquente les pâtures à moutons ou les champs de luzerne, de trèfle, de colza et de céréales. Elle montre une grande intolérance au dérangement et reste à distance des bâtiments. Si elle n'est dérangée que de manière irrégulière, elle peut s’installer sur des aérodromes et terrains d’entraînement militaire[2].

Reproduction[modifier | modifier le code]

La reproduction fonctionne sous forme de lek. Au printemps, le mâle en plumage nuptial hérisse les plumes du cou et lance à intervalle régulier un "prêt" sec. Un saut avec les ailes ouvertes produisant un sifflement caractéristique en même temps que le chant est émis est fréquent. Les femelles sont très discrètes durant cette période. Les femelles s'occupent seules de l'élevage des jeunes poussins.

Nidification[modifier | modifier le code]

Le nid est creux au sol, dissimulé dans la végétation. Une ponte annuelle d'avril à juin donne de 3 à 5 œufs.

Voix[modifier | modifier le code]

Au printemps, le mâle lance à intervalle régulier un "pet" sec. En vol, les ailes produisent un sifflement.

Statut de conservation[modifier | modifier le code]

Cette espèce a longtemps fait l'objet d'une chasse intensive, qui a contribué à en réduire la diversité génétique[3].

Mais ce sont surtout les modifications des pratiques culturales (remembrements, intensification des cultures et l'utilisation des pesticides et insecticides) qui ont concouru au déclin rapide de l'espèce : chute de 70 % des effectifs dans les trente dernières années, avec aggravation récente du phénomène (de 2000 à 2008, l'effectif d'outardes a chuté de 40 %, sur les sites suivis considérés comme accueillant 60 % de la population migratrice de toutes les plaines céréalières françaises[4], malgré l'instauration d'une zone de protection spéciale (ZPS) sous l'égide de l'Europe sur les huit sites les plus importants (142 655 ha) de l'ancienne région Poitou-Charentes[4].

France[modifier | modifier le code]

Cette espèce est menacée :

Europe[modifier | modifier le code]

Cette espèce est menacée :

Protection[modifier | modifier le code]

L'Outarde canepetière bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du relatif aux oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire. Elle est inscrite à l'annexe I de la directive Oiseaux de l'Union européenne[8]. Il est donc interdit de la détruire, la mutiler, la capturer ou l'enlever, de la perturber intentionnellement ou de la naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'elle soit vivante ou morte, il est aussi interdit de la transporter, de la colporter, de l'utiliser, de la détenir, de la vendre ou de l'acheter.

Plan de restauration[modifier | modifier le code]

De nombreux travaux sont entrepris pour tenter de sauver l'espèce en France, en particulier dans les régions de l'Ouest et du Centre (population d'oiseaux migrateurs, passant l'hiver en Espagne), et dans le Midi, où l'on trouve la plus grosse population en Crau (entre Arles et Marseille).

En 2004, avec deux cent quatre mâles chanteurs d'Outarde, les ornithologues estimaient à 21 % le risque d'extinction avant 2030 des populations de l'Ouest de la France. Un projet Life finance un confortement de population à partir d'élevage conservatoire (oiseaux élevés en captivité). Dans le département de la Charente sur deux zones Natura 2000 (celles de Villefagnan sur 9 531 ha et de la plaine de Barbezières à Gourville sur 8 108 ha), une importante action de préservation de l'Outarde canepetière a été entreprise.

  • Des conventions sont passées avec les agriculteurs pour modifier des dates de fauches et faucher de l'intérieur du champ vers l'extérieur pour permettre aux oiseaux de s'échapper.
  • Depuis 2005, un programme Life Nature pour la sauvegarde de l'espèce est en cours sur les zones de protection spéciale de Charente mais aussi de Charente Maritime et de Vienne.
  • En Deux-Sèvres, la zone de protection spéciale de Niort Sud-Est bénéficie d'un programme de recherche sur les oiseaux de plaine en général et sur les outardes en particulier depuis 1996.
  • Le programme LIFE + initié par le Parc Naturel Régional des Alpilles (2013-2018) vise la préservation de treize espèces d'oiseaux, notamment l'outarde canepetière.

Le département du Gard accueille plus de six cents oiseaux. On y constate un fort dynamisme de la population, attribué à plusieurs facteurs essentiels :

  1. la disponibilité en insectes, notamment les Ephippigères, de grosses sauterelles sans ailes, du fait de l'abandon de nombreuses parcelles agricoles, recréant donc des zones exemptes de pesticides,
  2. la mise en place d'une réserve de chasse à l'Est de Nîmes : de 1998 à 2005, le nombre d'hivernants est passé de trois oiseaux à plus de trois-cents.

Sensibilisation[modifier | modifier le code]

Un film intitulé « Le chant des plaines » de Laurent Joffrion[9], montre comment le remembrement et l'intensification de l'agriculture ont dégradé les conditions de vie de certaines espèces dont celles des oiseaux de plaine (50 % des espèces d'oiseaux d’Europe) et tout particulièrement de la dernière population d'outarde canepetière en France (Poitou-Charentes) dont le nombre s'est effondré[10].


Le , le journal Le Monde publie un article[11] justifiant la défense des espèces parapluie en se basant sur l'exemple de l'Outarde canepetière.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « BTO BirdFacts | Little Bustard », sur blx1.bto.org (consulté le )
  2. « Tetrax tetrax (Linnaeus, 1758) - Outarde canepetière », sur Inventaire National du Patrimoine Naturel (consulté le ).
  3. En février 1876, George Sand écrit dans son Agenda : " Nous avons mangé une outarde de la grande espèce. C'était une bête magnifique, plus haute sur pied et plus large d'envergure qu'un dindon. La chair en est bonne, grasse et tendre".
  4. a et b Programme LIFE Nature FR000091 (Renforcement des populations migratrices d'Outarde canepetière en France)
  5. Liste Rouge des Oiseaux de France métropolitaine (UICN Fr)
  6. Liste Rouge des Oiseaux de France métropolitaine 2016 (UICN Fr)
  7. European Red List of Birds 2015 (UICN EU)
  8. Le statut juridique des oiseaux sauvages en France, Ligue pour la protection des oiseaux
  9. Film « Le chant des plaines », réalisé par Laurent Joffrion,construit sur une idée originale de Vincent Bretagnolle et Sylvie Houte ; 49 min, GEDEON Programmes - CNRS Images - 2007
  10. Présentation du film « Le chant des plaines » par France 5
  11. Joséfa Lopez, « Plan B : Pourquoi il faut sauver les « espèces parapluie » », journal,‎ , p. 1 (lire en ligne)

Annexes[modifier | modifier le code]

Références taxonomiques[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christophe Jolivet, Vincent Bretagnolle, Daniel Bizet et Axel Wolff, « Statut de l'outarde canepetière Tetrax tetrax en France en 2004 et mesures de conservation », Ornithos, Rochefort, Ligue pour la protection des oiseaux, vol. 14-2,‎ , p. 80-94 (ISSN 1254-2962)