Tatoï

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Tatoï
Le palais de Tatoï en 1900.
Présentation
Type
Palais royal, lieu de sépulture (d), domaineVoir et modifier les données sur Wikidata
Architecte
Sávvas Emmanouíl Boúkis (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Localisation
dème d'Acharnés (d)
 Grèce
Coordonnées
Carte

Tatoï (grec moderne : Τατόι, Tatói) est un domaine de trois mille hectares, appartenant à l'État grec, qui abrite les palais d'été et la nécropole de la famille royale de Grèce. Il est situé à quinze kilomètres au nord d'Athènes, dans une zone très boisée sur la face sud-est du mont Parnès.

Histoire[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Le domaine de Tatoï est acheté par Georges Ier de Grèce en au phanariote Skarlatos Soutsos. Il n'y a alors qu'une petite maison de cinq pièces, un moulin et quelques masures. Un premier bâtiment est construit entre 1872 et 1874 par Ernst Ziller pour loger les invités de la famille royale. En 1880, un architecte grec, Savvas Boukis, est envoyé à Saint-Pétersbourg copier un des pavillons du complexe du palais de Peterhof. Ces plans servent de base à la construction de la résidence royale. Les travaux se déroulèrent de 1884 à 1886 et l'aménagement intérieur s'étend jusqu'en 1889. Alors seulement, le souverain et sa famille peuvent s'y installer[1].

Tatoï tire son nom du village albanais qui se trouvait là. L'idée du roi est alors de créer une exploitation agricole prouvant qu'avec une bonne gestion de l'eau et des techniques modernes, il est possible de rendre fertile n'importe quel endroit de Grèce. Il y réussit et son domaine produit des fruits et du vin réputé[2].

Résidence royale[modifier | modifier le code]

Le palais de Tatoï sur une carte postale de 1915.

Le palais sert surtout de résidence d'été des années 1890 à 1948. Le souverain y reçoit ses hôtes étrangers et les membres du gouvernement. Nationalisé après la chute de la monarchie en 1923, il est rendu à la famille royale en 1936 qui l'utilise jusqu'au , quand la résidence est abandonnée en hâte par la famille royale qui fuit le pays après le contre-coup d'État manqué de Constantin II contre la dictature des colonels[1].

Confiscation[modifier | modifier le code]

De 1967 à 1973, la résidence ne reçoit pas assez de financement pour être maintenue en l'état et elle commence à se dégrader. Les crédits sont définitivement coupés à la chute de la dictature. Les animaux ne sont même plus nourris et meurent de faim. En parallèle, une loi est votée, autorisant l'État grec à confisquer les biens de la famille royale. Le domaine de Tatoï est saisi et est alors utilisé pour stocker l'intégralité des objets des différentes résidences royales en Grèce (comme Mon Repos par exemple)[1].

Des négociations entre l'État et la famille royale se déroulent de 1984 à 1992. Les autorités finissent par reconnaître que celle-ci possède bien un domaine de 4 000 hectares à Tatoï, en échange d'une indemnité de 343 millions de drachmes payée à l'État grec. En 1993, l'ancien souverain Constantin est donc autorisé à emporter du domaine royal ce qu'il désire. Neuf containers quittent alors la Grèce, jusqu'au moment où l'opinion publique s'émeut de ce déménagement et fait mettre un terme à l'exportation. Une partie des objets sont vendus aux enchères chez Christie's en 2007[1].

Dès 1994, l'État grec décide une nouvelle expropriation de Tatoï, mais ce n'est qu'en 2002 que la propriété lui est officiellement reconnue, à la suite d'une longue procédure, d'une décision de la Cour européenne de justice et de l'indemnisation de l'ancien roi Constantin pour un montant de 13,2 millions d'euros. Le domaine passe définitivement à l'État le [3],[1].

Le domaine aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Le palais vu des jardins, en 2008.

S'il existe un inventaire complet de Tatoï, datant de 1973, il est impossible de savoir ce qui depuis a été volé, emporté par l'ancien souverain ou simplement détruit par les ravages du temps et surtout de l'humidité. Un nouveau travail d'inventaire a commencé en 2004 et s'est achevé en 2012. En tout, 17 000 objets (antiquités, meubles, vêtements, poupées, livres, magazines, bouteilles de vin, photographies, tableaux, etc.) ont été recensés et sont conservés. Ils constituent un instantané du mode de vie de la haute société grecque en . D'autres objets, considérés moins « importants » (appareils électroménagers, carrosses, automobiles) ont été laissés sur place à Tatoï où ils continuent à subir les assauts du temps[1].

Le , le gouvernement grec débloque 800 000 euros pour la restauration du palais ainsi que pour le mobilier laissé par ses anciens propriétaires, constitué principalement de tableaux, tapis, vêtements et manuscrits. La visite du site devrait aussi être facilitée[3].

En 2015, la société des amis de Tatoï considère que la restauration du domaine coûterait autour de 100 millions d'euros. Il reçoit alors quelque 150 000 visiteurs par an[1].

Le domaine de Tatoï est touché par les feux de forêt de 2021 en Grèce : en particulier, deux dépendances sont détruites et le parc est sévèrement endommagé[4]. Le palais en lui-même est épargné de justesse par les flammes[4],[5].

Résidences[modifier | modifier le code]

Les principaux édifices du domaine sont l'« Ancien château », résidence d'été du diadoque Constantin de Grèce, à l'est et le « Nouveau château », résidence royale, construit pour la reine Olga sur le modèle du cottage impérial de Peterhof. En outre le domaine abrite des écuries, des communs, une laiterie et un poste de gendarmerie[2]. Autrefois, un musée archéologique et d'histoire naturelle était installé dans une dépendance.

Le palais de Tatoï est aussi le lieu de naissance des rois Georges II et Paul Ier de Grèce.

Nécropole royale[modifier | modifier le code]

Située dans une zone boisée au sud du domaine, elle abrite les tombes de 22 membres de la famille royale de Grèce, dont six rois et trois reines.

  1. Georges Ier de Grèce, roi des Hellènes ( - ) (fils de Christian IX de Danemark)
  2. Olga Constantinovna de Russie, reine des Hellènes, régente de Grèce ( - ) (épouse de Georges Ier de Grèce)
  3. Georges de Grèce, prince de Grèce et de Danemark ( - ) (fils de Georges Ier de Grèce)
  4. Marie Bonaparte, princesse de Grèce et de Danemark ( - ) (épouse de Georges de Grèce)
  5. Alexandra de Grèce, grande-duchesse de Russie ( - ) (fille de Georges Ier de Grèce, première épouse de Paul Alexandrovitch de Russie). Inhumée le dans la cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg, elle est transférée dans la nécropole royale de Tatoï en 1940.
  6. Nicolas de Grèce, prince de Grèce et de Danemark ( - ) (fils de Georges Ier de Grèce)
  7. Hélène Vladimirovna de Russie, princesse de Grèce et de Danemark ( - ) (épouse de Nicolas de Grèce)
  8. Marie de Grèce, grande-duchesse de Russie ( - ) (fille de Georges Ier de Grèce)
  9. Periklís Ioannídis, amiral, gouverneur du Dodécanèse ( - ) (second époux de Marie de Grèce)
  10. Olga de Grèce, princesse de Grèce et de Danemark ( - ) (fille de Georges Ier de Grèce)
  11. André de Grèce, prince de Grèce et de Danemark ( - ) (fils de Georges Ier de Grèce)
  12. Christophe de Grèce, prince de Grèce et de Danemark ( - ) (fils de Georges Ier de Grèce)
  13. Françoise d'Orléans, princesse de Grèce et de Danemark ( - ) (seconde épouse de Christophe de Grèce)
  14. Constantin Ier de Grèce, roi des Hellènes ( - ) (fils de Georges Ier de Grèce)
  15. Sophie de Prusse, reine des Hellènes ( - ) (épouse de Constantin Ier de Grèce)
  16. Catherine de Grèce, princesse de Grèce et de Danemark, lady Brandram ( - ) (fille de Constantin Ier de Grèce)
  17. Alexandre Ier de Grèce, roi des Hellènes ( - ) (fils de Constantin Ier de Grèce)
  18. Aspasia Manos, princesse de Grèce et de Danemark ( - ) (épouse d'Alexandre Ier de Grèce)
  19. Georges II de Grèce, roi des Hellènes ( - ) (fils de Constantin Ier de Grèce)
  20. Paul Ier de Grèce, roi des Hellènes ( - ) (fils de Constantin Ier de Grèce)
  21. Frederika de Hanovre, reine des Hellènes ( - ) (épouse de Paul Ier de Grèce)
  22. Constantin II de Grèce, roi des Hellènes ( - ) (fils de Paul Ier de Grèce)[6]

Personne transférée dans un autre lieu d'inhumation[modifier | modifier le code]

  1. Alexandra de Grèce, reine de Yougoslavie ( - ) (fille d'Alexandre Ier de Grèce et d'Aspasia Manos, épouse de Pierre II de Yougoslavie). Elle est réinhumée le dans la crypte royale du mausolée royal d'Oplenac en Serbie, et son tombeau est désormais vide.

Galerie d'images[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Ouvrages consacrés au palais[modifier | modifier le code]

  • (en) Ove Mogensen, « Tatoi and its Royal Burial Ground », Royalty Digest Quarterly, no 4,‎ (ISSN 1653-5219).
  • (el) Kώστας M. Σταματόπουλος, Το Χρονικό του Τατοΐου, Athènes, εκδ. Καπόν,‎ (ISBN 960-7037-61-8).
  • (el) Kóstas M. Stamatópoulos, Τατόι : Περιήγηση στον χρόνο και τον χώρο [« Tatóï : voyage dans le temps et l'espace »], Athènes, Éditions Kapón,‎ , 256 p. (ISBN 978-960-6878-48-0)

Autre ouvrage évoquant largement le palais[modifier | modifier le code]

  • (es) Ricardo Mateos Sainz de Medrano, La Familia de la Reina Sofía : La Dinastía griega, la Casa de Hannover y los reales primos de Europa, Madrid, La Esfera de los Libros, , 573 p. (ISBN 84-9734-195-3), p. 120 et 128-129

Articles de presse[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g e-Kathemerini The Treasures of the Tatoï Estate 16 décembre 2015
  2. a et b Guide Joanne, 1911, p. 193-194.
  3. a et b e-Kathemerini 29/11/2008
  4. a et b (el) Sákis Ioannídis, « Φωτιές στην Αττική: Το Τατόι επλήγη σοβαρά, αλλά όχι θανάσιμα » [« Incendies en Attique : Tatóï sévèrement, mais pas mortellement, touché »], sur kathimerini.gr, I Kathimeriní,‎ (consulté le ).
  5. « Le palais de Tatoï, épargné de justesse par les flammes », sur Point de Vue, (consulté le ).
  6. (el) « Ενταφιάστηκε στο Τατόι ο τέως βασιλιάς Κωνσταντίνος » [« Inhumation de l'ancien roi Constantin à Tatóï »], sur kathimerini.gr, I Kathimeriní,‎ (consulté le ).