Tatouage à Auschwitz

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Numéro 140603 tatoué en noir sur la face externe d'un avant-bras masculin.
Tatouage d'Auschwitz.

Le tatouage à Auschwitz concerne les arrivants au camp de concentration d'Auschwitz, à partir du printemps de 1942, pour ceux qui n'ont pas été sélectionnés pour les fours crématoires. Auschwitz est le seul camp de concentration utilisant le tatouage de numéros[1]. D'autres camps de concentration utilisent des numéros pour les détenus mais ces numéros ne sont pas tatoués sur la peau.

Histoire[modifier | modifier le code]

Enfants juifs survivants tatoués à Auschwitz, à bord du navire britannique Mataroa arrivé au port de Haïfa (1945).

À partir du printemps de 1942, les déportés à Auschwitz, qui ne sont pas gazés, après la sélection à leur arrivée au camp de concentration d'Auschwitz, sont tatoués sur l'avant-bras gauche[2],[3].

L'identification mise en place par les Nazis à Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale consista à tatouer, sur leur avant-bras, le numéro matricule des déportés[4],[5]. Le tatouage s'effectuait au début à l'aide d'un sceau sur lequel des numéros pouvaient être ajoutés, enfoncé d'un centimètre dans la chair avec une « violente pression » ; les incisions obtenues étaient ensuite remplies d'encre. Puis, on s'est aidé de « tampons similaires à ceux que l'on utilise pour marquer le bétail », dotés de piques en acier dessinant un chiffre, fourni par le fabricant Aesculap avec un manuel d'emploi, puis trempé « dans de l'encre indélébile avant de les enfoncer dans la chair »[6].

Les Tsiganes, dans ces mêmes camps, étaient tatoués d'un Z, comme Zigeuner, tsigane en allemand[7]. Pour nombre de leurs enfants dont le bras était trop fins, ils étaient tatoués sur la cuisse[8].

Accessoirement, « pour les Juifs, ce marquage de la peau était d'autant plus dur à supporter qu'il contrevenait à leurs principes religieux qui interdisaient toute modification permanente du corps »[9],[8].

Le matricule est à apprendre par coeur en allemand, à la place du véritable nom des prisonniers[6]. Dans ce cadre, le tatouage contraint participait à une entreprise de déshumanisation.

Après la guerre, les survivants des camps eurent des réactions différentes : si la majorité d'entre eux les conservèrent, certains se les firent effacer.

Tatoueurs[modifier | modifier le code]

  • Pepan[10], le premier tatoueur d'Auschwitz, avec qui Lale Sokolov travaille. Il était professeur d'économie à Paris[11]. Il avait été déporté pour son activisme communiste[12].
  • Lale Sokolov, débute avec Pepan et quand ce dernier disparaît, reste seul en charge[8].

IBM[modifier | modifier le code]

Dès 1934 la filiale allemande d'IBM, Dehomag (pour « DEutsche HOllerith MAschinen Gesellschaft ») fournit au régime nazi des machines mécanographiques de poinçonnage de cartes perforées qui servent notamment au décompte de la population juive dans les ghettos et les camps de concentration durant la Seconde Guerre mondiale.

Edwin Black, dans son livre intitulé IBM et l'holocauste, démontre que le système informatique vendu par la corporation IBM (surtout la machine Hollerith) et les cartes perforées imprimées aux États-Unis sont à l'origine de la correspondance, pendant un temps, entre le tatouage inscrit sur le bras des détenus à Auschwitz et le numéro d'identification dans le système mécanographique mis en place par IBM[13]

Tatoués[modifier | modifier le code]

L'épée d'académicienne de Simone Veil porte, gravé, le numéro de matricule qui avait été inscrit sur son bras à Auschwitz (numéro 78 651)[14].

Dans la fiction[modifier | modifier le code]

Le personnage de Magnéto, envoyé a Auschwitz durant son enfance, a le matricule 214 782 tatoué sur le bras.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Tatoos and Numbers: The System of Identifying Prisoners at Auschwitz. During the Holocaust, concentration camp prisoners received tattoos only at one location, the Auschwitz concentration camp complex. The Auschwitz camp complex consisted of Auschwitz I (Main Camp), Auschwitz II (Auschwitz-Birkenau), and Auschwitz III (Monowitz and the subcamps). encyclopedia.ushmm.org.
  2. Erwan Le Gall. Le tatouage des déportés. En Envor.
  3. Joël Chatreau. Auschwitz 70 ans: un numéro sur l'avant-bras, abjecte signature du camp. euronews. 26 mai 205.
  4. Marie Cipriani-Crauste, Le tatouage dans tous ses états : A corps, désaccord, Paris, Éditions L'Harmattan, coll. « Logiques sociales », , 216 p. (ISBN 978-2-296-06258-0 et 2-296-06258-X, OCLC 468201147, lire en ligne), p. 42
  5. (en) Holocaust Memorial Museum, « Tattoos and Numbers: The System of Identifying Prisoners at Auschwitz », sur ushmm.org.
  6. a et b « Israël : une vente d'anciens tampons de tatouage des Juifs à Auschwitz suspendue par la justice », sur Franceinfo, (consulté le ).
  7. (en) Marlene Kadar, Life writing series : Tracing the autobiographical, vol. 27, Wilfrid Laurier Univ. Press, , 276 p. (ISBN 0-88920-476-4 et 978-0889204768, OCLC 265754363), p. 233
  8. a b et c (en) « Il a tatoué des milliers de Juifs à Auschwitz: qui était Lale Sokolov? », sur dossiers.lalibre.be, (consulté le ).
  9. Bible : Deutéronome 14.1, Lévitique chap. 19 verset 28 : « Vous ne ferez point d'incisions dans votre chair pour un mort, et vous n'imprimerez point de figures sur vous. Je suis l'Éternel. »
  10. (en) Lale Sokolov. Obituaries. The Guardian. January 10, 2007.
  11. (es) Amor leva o casal Lale e Gita a sobreviver nos campos de exterminio de Auschwitz-Birkenau. Jornal Opcao. 01/07/2018.
  12. Le tatoueur d'Auschwitz. Heather Morris. 8 août 2018.
  13. (en) IBM and Auschwitz.
  14. « Réception de Mme Simone Veil », sur Académie française, .

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]