Symphonie no 8 de Schubert

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La « Symphonie inachevée » :
Symphonie n° 8 en si mineur
D. 759
Symphonie inachevée
Image illustrative de l’article Symphonie no 8 de Schubert
L'inachevée, 3e mouvement, fac-similé, 1885, dans la biographie de J. R. von Herbeck

Genre Symphonie
Musique Franz Schubert
Durée approximative env. 25 minutes
Dates de composition 1822
Création
Vienne
Interprètes Johann von Herbeck (dir.)
Fichiers audio
I. Allegro moderato
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II. Andante con moto
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La symphonie en si mineur, D. 759, de Franz Schubert, fut composée en 1822 mais ne fut découverte que plusieurs années après la mort du compositeur, contribuant à sa renommée. On lui attribue habituellement le no 8 (mais elle porte parfois le no 7).

Parce qu'elle ne comporte que deux mouvements, elle reste connue sous le nom de « Symphonie inachevée » (allemand : Die Unvollendete).

Mouvements[modifier | modifier le code]

Les deux mouvements sont :

  1. Allegro moderato en si mineur
  2. Andante con moto en mi majeur

Le troisième mouvement, un scherzo, a été ébauché par Schubert. Il comporte 120 mesures à l'état d'esquisses pour piano, dont les vingt premières en partie orchestrées[1].

Inachèvement[modifier | modifier le code]

Schubert n’a apparemment pu composer d'autres mouvements afin de compléter une symphonie si solidement amorcée. À cette question, plusieurs hypothèses ont été avancées, comme la découverte par Schubert de sa syphilis[2].

D'autres considèrent que c'est parce qu'il a été trop occupé par de nouvelles œuvres commandées. Il est possible qu'il n'ait par la suite plus eu l'envie de revenir sur cette symphonie liée à une phase dépressive de sa vie[3].

Lithographie de Johann Baptist Jenger, Anselm Hüttenbrenner et Franz Schubert, par Josef Eduard Teltscher.

En tout état de cause, Schubert offrit vraisemblablement son manuscrit à Josef Hüttenbrenner qui le remettra à son frère Anselm Hüttenbrenner, possiblement en remerciement de son admission en tant que membre honoraire de la Société musicale de Styrie (de)[4]. C'est finalement en 1865, bien après la mort de Schubert, que la première de cette symphonie inachevée eut lieu, à Vienne, dirigée par Johann von Herbeck (il fit suivre les deux mouvements par le finale de la troisième symphonie). Elle sera publiée peu après et contribuera grandement à la renommée du compositeur, devenant même, selon le musicologue Michel Parouty, « l'une des pages les plus illustres de l'histoire de la musique »[5].

Tentatives pour terminer la symphonie[modifier | modifier le code]

En 1928, à l'occasion du centième anniversaire de la mort de Schubert, la Columbia Gramophone Company lance un concours pour terminer la symphonie. Le pianiste Frank Merrick le remporte. Son Scherzo et son Final sont joués à l'époque et depuis oubliés ; cependant ils sont diffusés à la fin des années 1980 dans les Boeing 747 de la compagnie Swissair entre Zurich et Hong-Kong. Plus récemment, le musicologue britannique Brian Newbould établit une autre complétion de la symphonie, dans laquelle il intègre les propres esquisses du Scherzo de Schubert (le trio devait être généralisé) et réutilise la musique de l'intermède de la pièce Rosamunde en guise de quatrième mouvement. Une complétion plus récente est celle de Stefan Gottfried, enregistrée pour Aparté avec le Concentus Musicus de Vienne en 2018[6],[7].

Le premier entracte de Rosamunde est considéré par quelques musicologues comme le véritable Final de la symphonie. Il est aussi en si mineur, l'instrumentation est la même que dans l'original et l'ambiance musicale est similaire à celle des deux premiers mouvements. Le cas échéant, ce serait alors Schubert qui l'en aurait extrait pour s'en servir dans Rosamunde.

En 2019, le constructeur chinois de téléphone Huawei a créé une suite à l'œuvre inachevée grâce à la technologie de son nouveau smartphone et l'intervention de Lucas Cantor, compositeur contemporain. Le résultat est peu convaincant et ne ressemble pas au style de Schubert[8], mais plutôt à « une bande-son de blockbuster »[9].

Références dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

  • La symphonie est utilisée dans la musique et dans l’histoire de Un merveilleux dimanche, film de Akira Kurosawa sorti en 1947 (un couple d’amoureux échoue à acheter des billets pour écouter à nouveau cette œuvre en concert mais réussit à l’entendre jouée par un orchestre invisible).
  • Des extraits de la symphonie sont joués dans le film Minority Report de Steven Spielberg (2002).
  • Le début du premier mouvement est utilisé dans Les Schtroumpfs comme leitmotiv du méchant Gargamel.
  • La symphonie est jouée dans un épisode de la série de dessins animés télévisée Les Simpson lorsque l'orchestre de l'école de Lisa la joue.
  • Un épisode de la série de dessins animés Casper le gentil fantôme est entièrement centré sur les deux pages pour piano de cette symphonie. Dans cet épisode, le fantôme de Schubert essaie de la compléter mais est constamment interrompu par les bruits de la rue.
  • La symphonie est partiellement jouée dans L'Âge d'or, un film de Luis Buñuel datant de 1930 (scène de la réception des "marquis de X.").
  • Yoshiki Hayashi, du groupe X Japan, cite des motifs mélodiques de cette symphonie dans Art of Life.
  • Le premier mouvement a été utilisé par Agnès Varda au début de son film Les Plages d'Agnès.
  • Le début du premier mouvement figure dans les génériques de début des Aigles foudroyés , documentaire de Frédéric Mitterrand en sept épisodes.
  • Un extrait du premier mouvement est entendu dans le film Assurance sur la mort (Double Indemnity, 1944) de Billy Wilder.
  • Le début du premier mouvement est utilisé dans l'épisode "Unfinished" de la série How I Met Your Mother (épisode 3, saison 6).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Diapason no 608 de décembre 2012, p. 37
  2. « L'histoire de la Symphonie n°8 Inachevée de Franz Schubert », sur France Musique (consulté le ).
  3. Brigitte Massin, Franz Schubert, Fayard, , p. 969
  4. Brigitte Massin, Franz Schubert, Fayard, Paris, 1993. Première partie : 1822.
  5. François-René Tranchefort, Guide de la musique symphonique, Fayard, , 896 p. (ISBN 978-2-213-64075-4, lire en ligne)
  6. Rémy Louis, « Après Harnoncourt », Diapason,‎ .
  7. « Schubert : Symphony No. 7 'Unfinished' - Label Aparté », sur Label Aparté (consulté le ).
  8. (en) Goetz Richter, « Composers are under no threat from AI, if Huawei's finished Schubert symphony is a guide », sur The Conversation (consulté le )
  9. Benjamin Puech, « La Symphonie n°8 de Schubert achevée à coups d'intelligence artificielle », sur Le Figaro.fr, (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]