Soussou (peuple)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Soussou (peuple d'Afrique))
Soussou
Description de cette image, également commentée ci-après
Hommes soussou avec des instruments de musique traditionnels en 1935.

Populations importantes par région
Drapeau de la Guinée Guinée 2 582 287
Drapeau de Sierra Leone Sierra Leone 203 779[1]
Drapeau du Sénégal Sénégal 49 000[2]
Drapeau de la Guinée-Bissau Guinée-Bissau 5 600[3]
Population totale 2 885 000[4]
Autres
Langues soussou
Religions islam sunnite, religions traditionnelles, catholicisme
Ethnies liées Dialonké, Soninké, Malinké, Kouranko, Mikhiforé

Les Soussous sont une population d'Afrique de l'Ouest vivant principalement en Guinée, également au nord-ouest de la Sierra Leone et en Guinée-Bissau[4]. Ils sont originaires du Mandé.

Ethnonyme[modifier | modifier le code]

Selon les sources et le contexte, on observe plusieurs variantes : Soosoo, Sosoe, Soso, Sosso, Sousou, Soussous, Susso, Sussu, Susu [5].

Langues[modifier | modifier le code]

Leur langue est le soussou, une langue mandée dont le nombre de locuteurs était supérieur à 1 000 000 au début des années 2000. Parmi les 906 000 dénombrés en 2001 en Guinée, certains parlaient également le français. En Sierra Leone ils étaient 122 000 en 2006, une partie d'entre eux utilisant en outre le krio ou l'anglais[6].

Histoire[modifier | modifier le code]

Les Soussou (en rouge) sur la carte Peuples des rivières du Sud d'Élisée Reclus (XIXe siècle).

A l'époque de l'empire du Ghana, les Soussous ont quitté Mandé pour s'installer au Fouta-Djalon. Là, ils coexistaient avec diverses ethnies, les Nalou, les Bagas, les Coniaguis, les Bassaris, les Peuls et leurs cousins Dialonké.

Du XIII e au XVII e siècles, des Peuls musulmans venus à la fois du Fouta-Toro et du Macina, s'installent au Fouta-Djalon[7] où ils repoussent, par le moyen du djihad, les Soussous refusant de se convertir à l'islam. Parmi les Soussous restés au Fouta-Djalon, beaucoup sont réduits à l'état de servitude par les almamys. Ils deviennent des rimäibe.

Les Soussous trouvent refuge vers le littoral, où ils créent de puissants royaumes, bâtis grâce au commerce du poivre de Guinée, diverses autres épices, l'huile de palme, l'esclavage. Ils commercent avec les Européens, qui établissent plusieurs comptoirs commerciaux. Les États mis en place par les Soussous sont remarquables par leur organisation et l'architecture des habitations. La ville de Sayou, en pays soussou, est souvent citée dans les écrits des différents voyageurs européens comme une ville dynamique et belle.

Organisation sociale[modifier | modifier le code]

Traditionnellement les Soussous ont toujours été de grands agriculteurs. Leur société est très proche de celle des Malinkés, et beaucoup de Djalonke se sont mélangés à eux.

« Danseuses tam-tam des Circoncises, » (phot. Neurdein, vers 1905).

En Guinée les Soussous représentent 25 à 30 % de la population, en Guinée maritime, ils représentent 75 % de la population.

La hiérarchie sociale soussou est la suivante :

  • Au sommet, les horon, la noblesse et l'aristocratie, fournissant les rois, les guerriers, les chasseurs, les commerçants.
  • Les niamakala, les gens de castes : forgerons, cordonniers, tisserands, griots appelés dyali.
  • Les jon, les captifs
  • Les Donso, Les chasseurs

Certains individus, hommes ou femmes, provenant de toutes les castes, deviennent des initiés, des komotigui. Auprès de la population, ils ont le rôle de guérisseurs, prédicateurs, ils sont les tenants de la spiritualité dans la communauté. Ils sont considérés comme les intermédiaires entre le monde des humains et celui des ancêtres et des esprits. Dans chaque village, ils sont présents à chaque grand événement et sont consultés par tous.

Dans la société soussou, le respect des anciens et des valeurs morales est très important, comme dans toutes les sociétés africaines.

Religion[modifier | modifier le code]

Aujourd'hui les Soussous sont musulmans et les marabouts ont beaucoup pris la place des Komotigui.

Patronymes[modifier | modifier le code]

Les patronymes portés par les Soussous sont principalement : Keita, Samoura, Conté, Yansané, Doumbouya, Fofana, Sylla, Kanté, Soumah, Souaré, Bangoura, Fati, Coumbassa (Koumbassa), Kaba (dérivé de Kébé), Oularé, Yattara, Sankhon, Youla, Daffé, Sankoh, Cissé, Camara, Touré, Sakho (Sacko par deformation), Macaulay, Condé, Kourouma...

Personnes notables d'origine soussou[modifier | modifier le code]

Personnalités politiques[modifier | modifier le code]

Musiciens[modifier | modifier le code]

Sportifs[modifier | modifier le code]

Journalistes[modifier | modifier le code]

Écrivains[modifier | modifier le code]

Autre peuple soussou[modifier | modifier le code]

Groupes musicaux[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Les Soussous d'aujourd'hui seraient bien d'origine Sosso, du royaume de Soumaoro Kanté car après la défaite de ce dernier à la Bataille de Kirina en 1235, un certain nombre de ses guerriers (soldats) et leurs familles, par crainte d’être massacrés par les vainqueurs, auraient quitté le royaume pour s'installer dans la région Djallonké d'alors, actuelle Fouta-Djallon. La sagesse de Soundiata Keita a su épargner la vie des vaincus malgré une forte exhortation à la vengeance pour la terreur infligée par Soumaoro Kanté aux populations de la région. Le sanankouya (cousins à plaisanterie) daterait de cette période. Il fut une technique ingénieuse, voire une innovation pour permettre non seulement l’intégration des vaincus de Kirina, mais aussi les mettre en confiance dans la cohabitation avec les vainqueurs.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « sierraleone.unfpa.org/sites/de… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  2. https://joshuaproject.net/people_groups/15141/SG
  3. https://joshuaproject.net/people_groups/15141/PU
  4. a et b (en) James Stuart Olson, « Soso », dans The Peoples of Africa: An Ethnohistorical Dictionary, Greenwood Publishing Group, 1996, p. 533-534 (ISBN 9780313279188)
  5. Source BnF Notice sur data.bnf.fr
  6. (en) Fiche langue[sus]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  7. Djibril Tamsir Niane, « Chapitre X. Le Fouta Djallon du XVIIIe au début du XIXe siècle », dans Histoire des Mandingues de l’Ouest, Karthala, coll. « Hommes et sociétés », , 125–137 p. (ISBN 978-2-86537-236-2, lire en ligne)
  8. « Souleymane Camara, ancien international Sénégalais « Sossè nan na (je suis Soussou) » », sur Guinee360.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) A trap for men and other Susu stories from Rokel, Mambolo, Rotain and Kambia (réunies par Heribert Hinzen, Jim Sorie et E. D. A. Turay, traduites par Sherbora S. Suma et Jim Sorie), People's Educational Association of Sierra Leone, Freetown, 1987?, 67 p.
  • N'Fassory Bangoura et Philippe Geslin, L'oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête : carnets d'un paysan Soussou, Ginkgo, Boulogne-Billancourt, 2011, 140 p. (ISBN 978-2-8467-9098-7)
  • Jacques Binet, Les Soussous de Guinée, 1950
  • Drevon, Contribution à la géographie médicale. Le pays des Soussous, Paris, 1894
  • Hubert Frechou, « Le régime foncier chez les Soussous du Moyen Konkour », Cahiers de l'Institut de Science Économique Appliquée, 1962, Séries 5, no 4
  • Philippe Geslin, La mer, la terre et le palétuvier : ethnologie et transfert de techniques : l'exemple du sel chez les Susu de Guinée, EHESS, Paris, 1997, 2 vol., 610 p. (thèse d'Ethnologie)
  • Pas de soucis chez les Soussou : carnet de voyage, Association Escale Nantes, 2003, 111 p. (ISBN 2-9520204-0-X)
  • Aboubacar Touré, Parlons soso : langue et culture du peuple de la Guinée maritime, L'Harmattan, Paris, etc., 2004, 205 p. (ISBN 2-7475-6764-8)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :