Sous-secrétaire d'État

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Le titre de sous-secrétaire d'État est employé en Italie, aux États-Unis et au Royaume-Uni, et l'a été également en France, pour désigner certaines fonctions gouvernementales.

États-Unis[modifier | modifier le code]

Le « sous-secrétaire d'État » s'appelle en fait le « secrétaire d'État adjoint » (Deputy Secretary of State) depuis 1972. C'est le deuxième plus haut personnage du département d'État, après le secrétaire d'État lui-même.

Le poste correspondant s'est appelé Chief Clerk jusqu'en 1853, puis Assistant Secretary of States jusqu'en 1913, puis Under secretary of States jusqu'en 1972, pour s'appeler donc maintenant Deputy Secretary of States.

France[modifier | modifier le code]

La fonction de sous-secrétaire d'État a été créée en France pendant les Cent-Jours avec les deux premiers sous-secrétaires d'État nommés aux Affaires étrangères dans le gouvernement des Cent-Jours. L'institution est généralisée par l'ordonnance du qui prévoit qu'un sous-secrétaire d'État (éventuellement plusieurs) pourra être adjoint si nécessaire à un ministre, chaque ministre ayant le titre de ministre secrétaire d'État (p. ex. ministre secrétaire d'État à l'Intérieur). La mission du sous-secrétaire d'État porte alors sur l'ensemble de l'administration du ministère, par délégation du ministre.

Sauf le Second Empire, les régimes suivants, jusqu'à la Quatrième République incluse, conservent le principe des sous-secrétaires d'État, mais il n'y en a pas dans tous les gouvernements, et leur nombre peut varier considérablement d'un gouvernement à l'autre.

Cent-Jours[modifier | modifier le code]

Pendant les Cent-Jours, Napoléon Ier crée les premiers sous-secrétaires d'État[1] : par décret du , il en nomme deux — Édouard Bignon et Louis-Guillaume Otto — auprès d'Armand de Caulaincourt[2],[3].

Seconde Restauration[modifier | modifier le code]

Sous la Seconde Restauration, Louis XVIII, par une ordonnance du , crée l'institution des sous-secrétaires d'État[4].

Monarchie de Juillet[modifier | modifier le code]

Sous la monarchie de Juillet, Louis-Philippe Ier maintient les sous-secrétaires d'État. Alors que, sous la Seconde Restauration, leur rôle était surtout administratif, il devient politique[4].

Le nombre des sous-secrétaires d'État reste faible : ils sont au plus trois, sous le gouvernement Soult (3), pour neuf ministres ; deux sous le gouvernement Lafitte, le gouvernement Adolphe Thiers (2) et le gouvernement François-Pierre Guizot ; un seul sous les gouvernements Broglie, Molé (1), Molé (2), Soult (2). Les autres gouvernements s'en passent, et il n'y a pas eu de sous-secrétaire d'État de à .

IIe République[modifier | modifier le code]

Sous la Deuxième République, la Constituante, par un décret du confirmé par une loi du , interdit de prendre les sous-secrétaires d'État parmi les représentants, c'est-à-dire parmi ses membres puis ceux de l'Assemblée nationale législative[4]. Ainsi privés de leur utilité, les secrétaires d'État disparaissent assez rapidement[4].

IId Empire[modifier | modifier le code]

Sous le Second Empire, Napoléon III s'abstient de rétablir les sous-secrétaires d'État[4].

IIIe République[modifier | modifier le code]

Sous la Troisième République, les premiers sous-secrétaires d'État apparaissent en , sous le gouvernement De Broglie[5]. Les lois constitutionnelles des , et les ignorent[6]. Mais la Constituante en admet l'existence par la loi organique du , sur l'élection des députés[6].

Les sous-secrétaires d'États sont plus nombreux, étant présents dans la plupart des gouvernements, et souvent en grand nombre.

À partir de 1893, certains sous-secrétaires d'État se voient confier des responsabilités sur un domaine précis et des sous-secrétariats d'État sont créés autour de ces sujets.

De 1896 à 1913, hors quelques interruptions, il a existé un sous-secrétariat d'État des Postes et Télégraphes.

C'est en tant que sous-secrétaires d'État qu'en , trois femmes sont nommées, pour la première fois, membres d'un gouvernement[7] : Cécile Brunschvicg, Irène Joliot-Curie et Suzanne Lacore, respectivement à l'Éducation nationale, à la Recherche et à la Protection de l'enfance[8],[9].

Certains champs de l'action ministérielle ont d'abord été confiés à un sous-secrétariat d'État, comme l'enseignement technique (1920) ou, en 1936, la jeunesse et la recherche scientifique.

Du 6 au , le général de Gaulle est sous-secrétaire d'État à la Défense nationale et à la Guerre dans le cabinet Paul Reynaud.

Les sous-secrétaires d'État sont nommés par décret du président de la République[10].

Au contraire des ministres, ils ne sont pas membres de plein droit du conseil des ministres. Mais ils ont presque toujours entrée au conseil de Cabinet[11]. Selon le gouvernement, ils ont entrée au conseil des ministres[11].

Ils ont entrée dans l'une et l'autre des deux Chambres, alors mêmes qu'ils n'en seraient pas membres[12]. Ils bénéficient de la même priorité de parole que les ministres[12].

Ils n'ont pas le contreseing des actes du président de la République[11].

Le traitement des sous-secrétaires d'État n'est pas fixé par une loi permanente[13]. Il l'est, chaque année, par la loi de finances[13]. Avant la Première Guerre mondiale, il varie de 20 000 à 30 000 francs par an[13]. Lorsque le sous-secrétaire d'État est membre du Parlement, le montant non cumulable de son indemnité parlementaire est déduit de ce montant[13].

IVe République[modifier | modifier le code]

Sous la Quatrième République, certains gouvernements ont à la fois des secrétaires d'État et des sous-secrétaires d'État.

C'est en tant que sous-secrétaire d'État qu'en , une femme est nommée, pour la première fois sous la Quatrième République, membres d'un gouvernement : Andrée Viénot, à la Jeunesse et aux Sports[14],[9].

Ve République[modifier | modifier le code]

Sous la Cinquième République, le titre de secrétaire d'État remplace définitivement celui de sous-secrétaire d'État.

Italie[modifier | modifier le code]

En Italie, comme en France, un sous-secrétaire d'État (sottosegretario di stato) est chargé d'aider un ministre. La fonction a été créée par la loi du . Ce type de fonction existe toujours mais la bonne traduction moderne est secrétaire d'État, leurs homologues en français.

Royaume-Uni[modifier | modifier le code]

Au Royaume-Uni, un sous-secrétaire d'État parlementaire (Parliamentary undersecretary of State) est un député chargé d'aider un secrétaire d'État ou un ministre d'État. Il ne participe pas aux réunions du Cabinet.

Il existe aussi des sous-secrétaires permanents (Permanent undersecretary) qui sont de hauts fonctionnaires.

Dans la fiction[modifier | modifier le code]

Dans le monde de Harry Potter, Dolores Ombrage est sous-secrétaire d'État au ministère de la Magie, fonction qu'elle cumule avec celles qu'elle exerce à Poudlard.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Moreau 1921, no 397, p. 397.
  2. Lentz et al. 2008.
  3. D. 1815, art. unique.
  4. a b c d et e Pierre 1924, no 109, p. 126.
  5. Esmein 1914, p. 798.
  6. a et b Esmein 1914, p. 795.
  7. Sineau 2010, p. 85.
  8. Bard 2007, p. 2.
  9. a et b Bard 2007, p. 21.
  10. Tirard 1907, no 7, p. 547, col. 1.
  11. a b et c Tirard 1907, no 9, p. 547, col. 2.
  12. a et b Tirard 1907, no 8, p. 547, col. 2.
  13. a b c et d Tirard 1907, no 15, p. 549, col. 1.
  14. Bard 2007, p. 4.

Bibliographie[modifier | modifier le code]