Soudan du Sud

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République du Soudan du Sud

(en) Republic of South Sudan

Drapeau
Drapeau du Soudan du Sud
Blason
Armoiries du Soudan du Sud
Devise Justice, liberty, prosperity (Justice, Liberté, Prospérité)
Hymne South Sudan Oyee!
Description de l'image South Sudan hd (orthographic projection).svg.
Description de l'image South-sudan-political-map.jpg.
Administration
Forme de l'État République fédérale
Président de la République Salva Kiir
Vice-président de la République Taban Deng Gai
James Wani Igga
Langues officielles Anglais et arabe
Capitale Djouba

4° 51′ N, 31° 36′ E

Géographie
Plus grande ville Djouba
Superficie totale 619 745 km2
(classé 42e)
Fuseau horaire UTC +3
Histoire
Entité précédente
Indépendance du Soudan
Date 9 juillet 2011
Démographie
Gentilé Sud-Soudanais
Population totale (juillet 2016 est.) 12 530 717[1] hab.
(classé 92e)
Densité 20,2 hab./km2
Économie
PIB nominal (2016) en diminution 3 milliards de $[2]
Taux de chômage (2019) 12,7 % de la pop. active
+0,09 %
Monnaie livre sud-soudanaise (SSP)
Développement
IDH (2017) en diminution 0,388[3] (faible ; 187)
Divers
Code ISO 3166-1 SSD, SS
Domaine Internet .ss[4]
Indicatif téléphonique +211
Organisations internationales BAD
CIRGL

Le Soudan du Sud[Note 1], en forme longue république du Soudan du Sud[5],[6] (en anglais : Republic of South Sudan), est un pays d'Afrique orientale[7] dont la capitale est Djouba.

À la suite du référendum d'autodétermination organisé du 9 au , le Soudan du Sud a fait sécession de la république du Soudan le [8] ; mais malgré la reconnaissance immédiate de l'État par la communauté internationale, des litiges subsistent quant au tracé définitif de la frontière[9].

Dès 2013, la republique du Soudan du Sud sombre dans une guerre civile particulièrement sanglante entre partisans du président Salva Kiir et ceux du vice-président Riek Machar[10].

Toponymie

Le gouvernement sud-soudanais a publié l'ébauche d'une constitution provisoire[11], dans laquelle le nom de l'État est Republic of South Sudan. Cette dénomination a été choisie pour des raisons de facilité d'usage parmi plusieurs autres propositions, comme « Azanie », « Nouveau Soudan », « République du Nil », « Équatorie » (en référence à l'ancienne Équatoria), « Koush » (en référence à l'antique royaume de Koush) ou « Djouwama » (Juwama), ce dernier nom étant construit à partir des premières syllabes des trois capitales régionales, Djouba, Wau et Malakal. L'anglais est seule langue officielle selon l'article 6 de la constitution[12].

En français, le nom officiel est « Soudan du Sud » (en accord avec les règles grammaticales habituelles du français). Il est cependant fréquent de voir dans la presse[13] l’anglicisme « le Sud Soudan » et « le Sud-Soudan » (dérivés du nom anglais South Sudan).

Géographie physique

Les pays limitrophes du Soudan du Sud sont le Soudan au nord, l'Éthiopie à l'est, le Kenya à l'est-sud-est, l'Ouganda au sud-est, la République démocratique du Congo au sud-sud-ouest et la République centrafricaine à l'ouest. L'appartenance des États fédérés soudanais situés au voisinage du Soudan du Sud comme le Nil-Bleu, le Kordofan du Sud et l'Abyei n'a pas encore été tranchée : pour l'instant, ils demeurent sous l'autorité de Khartoum.

Le Soudan du Sud est un pays particulièrement bien arrosé par de nombreux cours d'eau. Les principaux sont le Nil blanc et son affluent le Bahr el-Ghazal, qui contribuent à la fertilisation des régions qu'ils traversent.

Avec ses 3 187 mètres, le mont Kinyeti est le point culminant du pays. Il est situé dans les monts Imatong, non loin de la frontière avec l'Ouganda.

Subdivisions administratives

Le Soudan du Sud est un État fédéral divisé en 28 États fédérés, eux-mêmes subdivisés en quatre-vingt-six comtés.

Subdivisions de 2011 à 2015

Les dix États du Soudan du Sud (jusqu'en 2015) et les trois régions historiques du Soudan.

Jusqu'en 2015, le Soudan du Sud était divisé en dix États correspondant aux trois régions historiques du Soudan :

Subdivisions depuis 2015

La carte des 28 nouveaux États (depuis 2015).

Depuis le 24 décembre 2015, le Soudan du Sud est divisé en 28 États[14] :

10 dans le Bahr el Ghazal
État Comtés Capitale
Aweil Aweil South, Aweil Centre Aweil
Aweil Est Aweil Est Wanyjok
Gogrial Gogrial Est et Gogrial Ouest Kuajok
Gok Cueibet Cueibet
Lac Occidental Rumbek Est, Rumbek Nord Rumbek Centre, et Wulu Rumbek
Lac Oriental Yirol Ouest, Yirol Est et Awerial Yirol
Lol Aweil West, Aweil North et Raga Raga
Tonj Tonj Nord, Tonj Est et Tonj Sud Tonj
Twic Twic Mayen Abun
Wau Bagari et Jur River Wau
8 dans l'Équatoria
État Comtés Capitale
Amadi Mundri West, Mundri Est et Mvolo Mundri
Gbudwe Anzara, Yambio, Ezo, Tambura, Nagero Yambio
Imatong Torit, Ikotos, Lopa et Magwi Torit
Jubek Djouba Djouba
Maridi Maridi et Ibba Maridi
Namorunyang Kapoeta South, Kapoeta North, Kapoeta East, et Budi Kapoeta
Rivière Yei Yei, Kajo-keji, Morobo et Lainya Yei
Terekeka Terekeka, Jemeza, Tali, Tigor et Gwor Terekeka
10 dans le Nil Supérieur
État Comtés Capitale
Bieh Occidental Fangak et Ayod Ayod
Bieh Oriental Akobo, Nyirol, Urol Akobo
Boma Pibor et Pochalla Pibor
Jonglei Bor, Duk et Twic East Bor
Latjoor Nasir, Ulang, Maiwut et Longuchuk Nasir
Liech du Nord Rubkona, Guit, Koch, et Mayom Bentiu
Liech du Sud Leer, Mayendit, et Panyijar Leer
Nil Occidental Panyikang, Kodok, et Manyo Kodok (anc. Fachoda)
Nil Oriental Malakal, Renk, Maban, Melut, Baliet, Akoka, Pigi et Koma Malakal
Ruweng Panrieng, Abiemnom Panriang

En effet, le , le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a déposé un décret instituant une Fédération à 28 États. Il a justifié ce passage de 10 à 28 États fédérés pour permettre la décentralisation du pouvoir. Selon son porte-parole, cette modification de la carte administrative du pays a pour but d'améliorer les services postaux et de donner plus de pouvoir au peuple. L’ancien vice-président sud-soudanais, Riek Machar, a protesté contre ce décret présidentiel qui met selon lui en péril l'accord de paix signé entre le gouvernement et les rebelles le qui était basé sur 10 États. Cet accord prévoyait en effet le partage des postes exécutifs locaux des 10 États entre les deux parties. Les rebelles bénéficiaient, dans le cadre de cet accord, des postes de gouverneurs des trois États d’Unité, du Haut-Nil et du Jonglei situés dans le nord du pays, riche en hydrocarbures. Ce partage du pouvoir est donc remis en cause par la création de ces 28 États.

Avant d’être adopté, le décret présidentiel doit encore être approuvé au Parlement, majoritairement acquis à Salva Kiir. D’après le porte-parole du président, Ateny Wek Ateny, la procédure devrait se terminer d'ici la mi-novembre[15],[16],[17].

Histoire

Conflits pour l'autonomie

Les dissensions entre le nord du Soudan, à majorité musulmane, et le sud à majorité chrétienne et animiste, sont apparues au lendemain de l'indépendance du Soudan anglo-égyptien proclamée en 1956. En effet, le gouvernement central de Khartoum revint sur les promesses d'autonomie au sein d'un État fédéral qu'il avait faites aux populations de la région. Une mutinerie d'officiers sudistes déclencha la première guerre civile soudanaise qui dura 17 ans, de 1955 à 1972. Ce premier conflit prit fin à la suite des accords signés à Addis-Abeba en Éthiopie, qui accordèrent finalement au Soudan du Sud un certain degré d'autonomie.

Mais en 1983, le colonel Gaafar Nimeiry au pouvoir à Khartoum depuis son coup d'État de 1969, décide unilatéralement d'étendre au droit pénal, le domaine du droit musulman qui était cantonné depuis la colonisation au droit personnel[18]. Ce fut l'élément déclencheur de la seconde guerre civile qui embrasa le pays pendant vingt-deux ans. La rébellion était menée depuis le début par l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS) dirigé par John Garang, un vétéran de la première guerre civile. Elle était largement soutenue par les États-Unis. Malgré la scission de son mouvement en 1991, Garang maintint la lutte contre le régime de Khartoum qui, après le coup d'État du général Omar al-Bashir en 1989, s'orienta de plus en plus vers l'idéologie islamiste.

Après un conflit sanglant (deux millions de morts recensés) qui provoqua également le déplacement de quatre millions de civils et désorganisa la production vivrière au point de déclencher une terrible famine en 1998 (en), un cessez-le-feu fut signé entre les protagonistes en 2002, consolidé trois ans plus tard, le , par un accord de paix signé à Naivasha, au Kenya.

Sur la voie de l'indépendance

Salva Kiir, président de la République du Soudan du Sud.

L'accord de paix signé à Naivasha (Kenya), le , accorde au Soudan du Sud une large autonomie pendant six ans, période au bout de laquelle les habitants de la région doivent être conviés à un référendum d'autodétermination. John Garang devient vice-président de la République du Soudan mais meurt six mois plus tard dans un accident d'hélicoptère. Il est remplacé dans l'ensemble de ses fonctions par Salva Kiir.

L'indépendance du Sud, souhaitée par la majorité de la population de cette région, est soutenue notamment par les États-Unis. Le travail de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a notamment consisté à créer une banque centrale à Rumbek, ville principale de la région, qui est réorganisée avec un statut d'État-nation.

Ce référendum sur l'indépendance s'est tenu du au [19]. Près de trois millions de personnes se sont inscrites sur les listes électorales pour cet évènement[20]. En prévision de celui-ci, plus de 50 000 Soudanais du Sud installés jusqu'ici au Nord sont définitivement retournés dans leurs villages d'origine[21]. Face aux suffrages qui approuvent massivement l'option « sécessionniste », le président soudanais Bechir a annoncé plusieurs fois qu'il s'inclinerait devant le verdict des urnes[22].

Lors de la clôture du scrutin, le taux de participation était évalué à plus de 80 % des électeurs inscrits[23], alors qu'un taux de 60 % avait été préalablement fixé pour valider les résultats du vote. Les résultats définitifs validés par la Commission référendaire chargée d'organiser le scrutin donnent le « oui » gagnant par 98,83 % parmi les 3 837 406 votes valides, dont seulement 44 888, soit 1,17 %, étaient en faveur du maintien de l'unité avec le Nord[24].

Entre la publication des résultats du référendum et la date de l'indépendance, les autorités du Soudan et du Soudan du Sud doivent se mettre d'accord sur des dossiers sensibles tels la délimitation des frontières, le statut de la région contestée d'Abyei, le statut des populations de chaque futur État vivant sur le territoire de l'autre.

Indépendance et reconnaissance mondiale

Avant même son indépendance officielle le 9 juillet 2011, le nouvel État est reconnu dès le 8 juillet 2011 par l'Allemagne et le Soudan[25].

Une semaine après son indépendance, le 14 juillet 2011, Joseph Deiss, président de l'Assemblée des Nations unies déclare, après un vote par acclamation, que la République du Soudan du Sud est officiellement le 193e État membre de l'ONU[26],[6].

Le , le Soudan du Sud devient le 54e pays membre de l'Union africaine[27].

Le , le Soudan du Sud devient le 188e pays membre du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale[28].

Un État en construction

Le , le gouvernement sud-soudanais annonce le maintien d'un projet de création d'une nouvelle capitale qui coûtera dix milliards de dollars. La dépense sera étalée sur vingt ans[29].

Le , le président Salva Kiir limoge son vice-président Riek Machar avec tout son gouvernement [30], après avoir fait état de son ambition de briguer le poste de président de la République lors des élections prévues en 2015 (des élections finalement repoussées)[31]. .

La guerre civile reprend, avec de nombreuses victimes civiles[32], des charniers et des déplacements de population[33].

L'Union africaine tente de trouver une solution et fait pression sur les belligérants. Une nouvelle tentative de réconciliation est tentée en avril 2016. Riek Machar revient s'installer dans la capitale, Djouba, accompagné d'un contingent d’hommes armés. Mais en juillet, cette tentative de réconciliation prend fin brutalement, dégénérant en combats entre les troupes gouvernementales et celles de Riek Machar, au cœur de la capitale[34]. Riek Machar lui-même sauve sa peau, de peu, en prenant la fuite et en se réfugiant en République démocratique du Congo, puis au Soudan[35].

Le , une autre tentative s'amorce pour tenter de mettre fin à la guerre civile, avec un accord de cessez-le-feu permanent entre les belligérants, et des modalités pour rétablir progressivement une union nationale[36]. Le , un accord signé à Khartoum prévoit la nomination pour trois ans de Riek Machar comme vice-président, et de quatre autres vice-présidents, la formation d'un gouvernement de transition de 35 membres, dont 20 de Kiir, 9 de Machar, ainsi que l'élargissement du parlement à 550 membres, dont 332 loyaux à Kiir et 128 à Machar[37]. Le , l'accord de paix est signé à Addis-Abeba[38]. La concrétisation de ces accords avancent ensuite pas à pas. Le 22 février 2020, après deux reports successifs, Riek Machar est intronisé officiellement vice-président, en présence de Salva Kiir, avec quatre autres vice-présidents, dont Rebecca Garang, veuve de John Garang, leader historique de la lutte des Sud-Soudanais pour l'indépendance, décédé en 2005[39].

Démographie

Distribution de nourriture aux réfugiés en Ouganda.

En 2016, la population du Soudan du Sud est estimée à environ 12,5 millions d'habitants[40].

La région a été durement touchée par les deux guerres civiles poursuivies durant quarante ans, à l'exception de dix ans de calme entre 1972 et 1983. Il en résulte un manque de développement des infrastructures, des destructions et des déplacements de populations : plus de deux millions de morts, et plus de quatre millions de personnes déplacées ou réfugiées du fait de ces évènements et de ses conséquences. La population est principalement rurale ; la vie y est liée à une économie de subsistance.

Les Dinkas constituent la plus grande des nombreuses communautés du Soudan du Sud. Avec les Nuer et les Shilluks, ils comptent parmi les peuples nilotiques. Les Zandés et les Jur Chols sont des communautés localisées dans l'ouest, et les Acholis et les Lotukos vivent dans l'extrême sud, et jusqu'en Ouganda. Toute l'agitation entre les deux peuples a pour simple but de protéger sa propre ethnie. Les Dinka (ethnie du président) contre les Nuer (ethnie de Rier Machar). Chaque ethnie protège son homme politique.

Les États du Haut-Nil et d'Unité dans le nord du pays ne sont plus qu'un champ de bataille. Près de 500 000 Soudanais du Sud ont passé les frontières avec un État voisin et on ignore l'immense proportion d'habitants errants d'un point à l'autre dans le pays[41].

Culture

Langues

Selon l'article 6 de la constitution de 2011[12], l'anglais, ancienne langue coloniale, est en théorie la seule langue officielle du pays. Toutefois, il n'est parlé que par 3 à 5 % de la population[réf. nécessaire], et surtout en milieu urbain (ces chiffres incluent les locuteurs dits « partiels »). L'anglais est surtout présent chez les réfugiés du Soudan du Sud ayant vécu dans les pays anglophones limitrophes, et qui rentrent au pays avec l'indépendance. En réalité, c'est l'arabe de Djouba, langue véhiculaire dérivée de l'arabe soudanais, qui est la langue la plus largement répandue et la langue véhiculaire du Soudan du Sud.

On trouve également de nombreuses langues vernaculaires, reconnues comme « langues nationales » par le même article de la constitution. Il s'agit surtout de langues nilo-sahariennes ou nilotiques appartenant au groupe Chari-Nil (au moins deux millions de locuteurs), dont la plus importante est le nuer-dinka (comprenant plusieurs variétés dialectales) qui compte plus de 1,3 million de locuteurs. Cependant, en règle générale, les langues nilotiques tel que le bari, le toposa et les langues moro-madi (en), comptent peu de locuteurs, soit moins de cinq mille, souvent moins de mille. Le zandé, une langue nigéro-congolaise, est parlée dans le sud-ouest.

Le faible usage des langues véhiculaires par la population résulte d'une scolarisation très faible, conséquence de la pauvreté de la majorité des habitants, de la longue guerre civile d'indépendance, et de l'isolement de cette région du monde pendant plusieurs décennies. La scolarisation n'étant toujours pas obligatoire, la grande majorité des enfants est encore appelée à travailler à la campagne, dans ce qui est toujours une économie de subsistance. Les métiers dits alimentaires priment sur les autres, étant donné le dénuement des populations locales, et la vie active commence très tôt, renforçant ainsi l'usage quotidien des langues vernaculaires. L'une des priorités du gouvernement du Soudan du Sud est d'utiliser les ressources tirées des hydrocarbures pour financer un vaste programme de scolarisation. Le nouvel État recherche des anglophones pour son administration car tous les documents administratifs sont traduits en anglais. Par ailleurs, l'enseignement de cette langue est appelé à se développer durant les prochaines années, elle qui n'est aujourd'hui que la langue des élites et des affaires.

Pour le moment, le Soudan du Sud n'est pas un pays favorable au tourisme, étant enfoncé dans une guerre civile. Les visiteurs étrangers sont donc extrêmement rares, et pour communiquer avec la population locale, hors des grandes villes (qui sont le plus souvent de gros bourgs), où l'usage de l'anglais est très limité, le visiteur doit être accompagné d'un guide, qui souvent parle plusieurs dialectes avec l'arabe de Djouba.

À cause de la guerre civile, beaucoup de jeunes (notamment ceux qui ont des connaissances en anglais) partent à l'étranger, faute de meilleures perspectives. On les retrouve souvent comme migrants aux frontières marocaines, en Libye, ou au Moyen-Orient, où ils tentent de passer en Europe, plus particulièrement pour aller en Grande-Bretagne, ou en Allemagne.

Religions

Église de Yirol, administrée par les comboniens.

La majorité des habitants (60,5 %) de ce pays sont de confession chrétienne, les animistes représentent 32,9 % et les musulmans 6,2 %[42].

L'animisme du Soudan du Sud est fortement imprégné par le christianisme. Jésus-Christ y est la principale figure religieuse, mais les plantes et les animaux y ont également un caractère sacré[43],[44],[45].

Éducation

Politique

En attendant des élections, des sièges à l'Assemblée législative et au gouvernement du Soudan du Sud doivent être répartis dans les proportions suivantes entre le Mouvement populaire de libération du Soudan (70 %), le Congrès national (l'ancien Front islamique national (en)) (15 %), et d'« autres forces politiques du Sud » (15 %). Avant sa mort, le 30 juillet 2005, le chef des rebelles John Garang était le président du Soudan du Sud. Garang a été remplacé par Salva Kiir qui a également prêté serment comme vice-président de la République du Soudan le . Il a été remplacé au poste de vice-président du Soudan du Sud par Riek Machar.
Le , le Parlement sud-soudanais a ratifié une constitution intérimaire qui selon le centre de recherche Carter (un observatoire mis en place par l'ex-président américain Jimmy Carter), contient un certain nombre de dispositions qui concentrent le pouvoir entre les mains du gouvernement. La ratification solennelle de cette constitution par le président Kiir a été effectuée le 9 juillet, jour de la proclamation d'indépendance du pays[46].

Relations internationales

À la suite de sa création, de nombreux litiges frontaliers avec le Soudan et le Kenya se font jour.

La République du Soudan du Sud n'est pas immédiatement reconnue par l'Éthiopie, État voisin, qui redoutait des mouvements sécessionnistes et indépendantistes dans sa région du Sud-Ouest, dite des « nations, nationalités et peuples du Sud », région frontalière avec le Soudan du Sud, où vivent des ethnies communes, animistes et chrétiennes (surtout protestantes). Courant 2012, l'Éthiopie reconnaît finalement le nouvel État, mais à la condition expresse que ce dernier ne vende pas d'armes aux ethnies du Sud de l'Éthiopie, et que la frontière entre les deux pays soit strictement contrôlée.

De plus, le fait que les deux pays soient aux origines des sources du Nil risque de compliquer l'avenir des relations avec l'Égypte et le Soudan. L'Éthiopie a donc finalement tout intérêt à ménager son voisin, et à avoir de bonnes relations avec lui.

Les relations avec l'Afrique du Sud — principal pays africain à avoir soutenu la cause des rebelles du Soudan du Sud après l'apartheid — sont très importantes, tout particulièrement pour obtenir l'adhésion à l'Union africaine. Aussi, l'Afrique du Sud pourrait envoyer des enseignants pour aider à la construction, ou à la « reconstruction » du système éducatif du nouvel État. L'Afrique du Sud est également en bonne position pour plaider, et être le porte-parole de cet État pour avoir des aides au FMI, ou d'autres pays donateurs, par le biais de l'Union africaine.

Litiges frontaliers

Au Nord

L'appartenance des États fédérés soudanais situés au voisinage de la frontière soudano-sud-soudanaise, comme le Nil-Bleu, le Kordofan du Sud et la région d'Abiyé n'a pas encore été tranchée : pour l'instant, ils demeurent sous l'autorité de Khartoum.

Toutefois, un référendum d'autodétermination devait avoir lieu dans la région d'Abiyé en octobre 2013[47]. Abiyé a tenu sa propre consultation les 27, 28 et 29 octobre 2013, organisée par la communauté Ngok Dinka sans la participation de la communauté Misseriya. Le Soudan, le Soudan du Sud et l'Union africaine n'accordent aucun crédit à ce référendum annonçant 99,9% en faveur d'un rattachement au Soudan du Sud [48],[49].

Au Sud

Le Triangle d'Ilemi, actuellement administré par le Kenya, est revendiqué par le Soudan du Sud ; les cartes kényanes reconnaissent sa souveraineté sur environ la moitié de ce territoire, au nord de la « ligne rouge » (ou « ligne Glenday », tracée en 1930-1938).

Forces armées

La région dispose de sa propre armée, l'armée populaire de libération du Soudan dont l'effectif est, en 2011, de 40 150 hommes. En 2009, elle acquiert au moins trente-trois T-72 ukrainiens[50]. Le , elle achète 4 hélicoptères Mi-17 à la Russie.

Économie

Carte des concessions et infrastructures pétrolières et gazières des deux Soudan.

La présence du Nil Blanc et de ses nombreux affluents, ainsi que le climat tropical, permettent une agriculture abondante produisant du coton, des arachides, du sorgho, du millet, du blé, du maïs, de la gomme arabique, de la canne à sucre, du manioc (tapioca), des mangues, des papayes, des bananes, des patates douces et du sésame.

Le Nil Blanc et ses affluents permettent aussi la production d'hydroélectricité.

Le sous-sol du Soudan du Sud est également très riche : on y trouve du pétrole, du minerai de fer, du cuivre, du chrome, du zinc, du tungstène, du mica, de l'argent et de l'or.

L'or serait depuis 2014 la nouvelle manne (espérée)[51],[52].

Industrie pétrolière

Avant l'indépendance, le Soudan du Sud assurait environ 85 % de la production des 470 000 barils de pétrole par jour de l'ensemble du Soudan. Toutefois, les équipements et l'industrie pétrolière se trouvent essentiellement dans le Nord[53]. Les oléoducs en provenance du sud mènent au nord, vers Port-Soudan, sur les bords de la mer Rouge. La principale raffinerie se trouve à 70 kilomètres au nord de la capitale du Soudan, Khartoum.

Afin de renforcer son indépendance à l'égard du Soudan, le Soudan du Sud envisage un projet d'oléoduc le reliant au Kenya, notamment vers la raffinerie de Lamu à 240 kilomètres au nord du port de Mombassa[54].

Monnaie

À partir du , le Soudan du Sud met en circulation sa propre monnaie, la livre sud-soudanaise, se substituant ainsi à la livre soudanaise. Le parité de change est de 1 pour 1 à l'époque[55],[56]. Le cours a ensuite dévissé au début de l'année 2016[57].

Fêtes

Fêtes légales
Date Nom Indication
1er janvier Jour de l'an Premier jour de l'année du calendrier grégorien
1er mai Fête du Travail Jour férié
9 juillet Fête de l’Indépendance Proclamée le samedi 9 juillet 2011
30 juillet Jour des martyrs Jour férié
25 décembre Noël Naissance de Jésus-Christ

Notes et références

Notes

  1. Il est possible d'écrire « Soudan-du-Sud », néanmoins le nouvel État a été admis aux Nations unies sous la forme française sans traits d'union (on suit en cela l'usage retenu avec d'autres noms de pays sans traits d'union, comme l'Afrique du Sud).

Références

  1. (en) CIA World Factbook, consulté le 18 mars 2016.
  2. PIB nominal, d'après la Banque mondiale.
  3. http://hdr.undp.org/sites/default/files/2016_human_development_report.pdf
  4. (en) « South Sudan gets own 'ss' domain » - itworld.com - 10 aout 2011.
  5. (fr) « Présentation du Soudan du Sud », France Diplomatie (consulté le ).
  6. a et b Assemblée générale des nations Unies, L'Assemblée générale fait de la République du Soudan du Sud le 193e État membre des Nations Unies., New York, (lire en ligne).
  7. selon la classification de l'ONU : Composition des régions macrogéographiques (continentales), composantes géographiques des régions et composition de groupements sélectionnés économiques et d'autres groupements.
  8. « Les Sud-Soudanais ont voté en faveur de leur indépendance », Euronews, 8 février 2011.
  9. « Le Soudan reconnaît la République du Sud-Soudan », Romandie News (avec AFP), 8 juillet 2011.
  10. « Soudan du Sud : une guerre civile sans fin ? », TV5MONDE, {{Article}} : paramètre « date » manquant (lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) The Transitional Constitution of The Republic of South Sudan, 2011 : « South Sudan is a sovereign and independent Republic, and it shall be known as “The Republic of South Sudan.” »
  12. a et b (en) Constitution transitoire de la République du Soudan du Sud (art. 6).
  13. En mai 2013, par exemple sur Le Point, Les Échos, Le Figaro (article utilisant les deux), RFI, Amnesty International Suisse, Jeune Afrique, Le Huffington Post, etc.
  14. (en) « South Sudan Leader's Creation of 28 New States Threatens Peace Pact ».
  15. http://www.bbc.com/afrique/region/2015/10/151003_soudan_modification.
  16. AFP, « Le Soudan du Sud veut tripler son nombre d’États, fragilisant encore l’accord de paix », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne).
  17. Bruno Meyerfeld, « Soudan du Sud : après l’indépendance, un pays ravagé par la guerre civile », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  18. Hervé Bleuchot, « L'étude du droit musulman : jalons pour une convergence (entre l'islamologie juridique et l'anthropologie juridique) », Droit et Société, no 15, 1990, p. 193-205 (en particulier p. 200).
  19. « Soudan : fin des opérations de vote du référendum d’autodétermination » site du ministère français des Affaires étrangères et européennes, 17 janvier 2011.
  20. « Soudan-Sud/référendum : fin de l'inscription, près de 3 millions d'inscrits », AFP, 8 décembre 2010.
  21. « À quelques jours du référendum, des milliers de Sud-Soudanais quittent le Nord », France 24, 23 décembre 2010.
  22. « Béchir promet d'aider le Sud-Soudan à bâtir un pays « frère », « sûr et stable » », AFP, 28 décembre 2010.
  23. « Référendum au Sud-Soudan. Plus de 80 % des électeurs ont voté », Radio-Canada, 15 janvier 2011.
  24. « Sud-Soudan : 98,83 % pour la sécession », AFP, 7 février 2011.
  25. « Le Soudan reconnaît la République du Soudan du Sud », Romandie News (avec AFP), 8 juillet 2011.
  26. « Le Sud-Soudan devient le 193e État membre de l'ONU », Romandie News, 14 juillet 2011.
  27. « L'Union africaine accueille le Sud-Soudan en tant que 54e État membre de l'Union », Union africaine, 27/07/2011.
  28. « FMI : le Soudan du Sud devient membre », Le Figaro, 18 avril 2012.
  29. « Sud Soudan : projet de nouvelle capitale », Le Figaro, 31 août 2012.
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  40. (en)CIA World Factbook - South Sudan.
  41. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées LeFigaro26/07/2015
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