Sophisme

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Un sophisme est une argumentation à la logique fallacieuse. C'est un raisonnement qui cherche à paraître rigoureux, mais qui n'est en réalité pas valide au sens de la logique (quand bien même sa conclusion serait pourtant la « vraie »). À la différence du paralogisme, qui est une erreur dans un raisonnement, le sophisme est fallacieux : il est prononcé avec l'intention de tromper l'auditoire afin, par exemple, de prendre l'avantage dans une discussion. Souvent, les sophismes prennent l'apparence d'un syllogisme (qui repose sur des prémisses insuffisantes ou non pertinentes ou qui procède par enthymème, etc.). Ils peuvent aussi s'appuyer sur d'autres mécanismes psychologiques jouant par exemple avec l'émotion de l'auditoire, l'ascendant social du locuteur (argument d'autorité) ou des biais cognitifs (comme l'oubli de la fréquence de base).

Dans la Grèce antique, les sophistes, dont le nom est à l'origine du terme sophisme, enseignaient l'éloquence et l'art de la persuasion. Et c'est pour démasquer leur rhétorique parfois fallacieuse que les philosophes ont posé les bases de la logique. Depuis les Réfutations sophistiques d'Aristote, de nombreux philosophes ont ainsi cherché à établir une classification générale des sophismes pour, le plus souvent, s'en prémunir (Bacon, Mill, Bentham). Arthur Schopenhauer dans La Dialectique éristique (1830), montre l'efficacité dialectique du sophisme.

Origines du mot

Le mot sophisme dérive du latin sŏphisma, lui-même issu du grec σόφισμα (sóphisma) : « habileté », « invention ingénieuse », « raisonnement trompeur ». Ce mot grec est formé sur σοφία (sophía) : « sagesse », « savoir », et désigne dès l'Antiquité grecque le type de discours prononcés par les sophistes (littéralement « spécialistes du savoir »), orateurs prestigieux et professeurs d'éloquence (ou plus globalement de rhétorique), dont le but était surtout de persuader l'auditoire (dans les assemblées ou les tribunaux), bien souvent au mépris de la vérité elle-même. Socrate et Platon ont beaucoup débattu avec les sophistes pour essayer de démasquer leurs raisonnements trompeurs et bâtis sur une logique non-rigoureuse[1], mais c'est Aristote surtout qui a inventé la science de la logique pour classer les types de raisonnements (ou de syllogismes) et montrer rigoureusement quelle est la « logique » fallacieuse à l'œuvre dans un sophisme[2].

Distinction entre raisonnement fallacieux et sophisme

Les termes anglais fallacy et sophism (qu’on traduit souvent indifféremment par « raisonnement fallacieux » ou « sophisme » en français) se différencient en anglais par le fait que le second est délibéré alors que le premier ne l'est pas[3] ; en français, « raisonnement fallacieux » est le plus souvent synonyme de « sophisme », et les erreurs involontaires de raisonnement sont appelées des paralogismes.

Platon

Platon est l'un des penseurs les plus reconnus pour s'attaquer aux sophistes qui, selon lui, contreviennent à la vérité en faussant les arguments. La manipulation du langage qu'ils font et leur caractère amoral s'oppose aux valeurs de Platon selon lesquelles la justice prime: cette dite justice provient de la vérité inéluctable. Les sophistes contreviennent à la justice en procurant à l'injustice des armes qui lui permettent de falsifier la vérité. Platon proteste contre les sophistes parce qu'ils sont relativistes et que cette valeur s'oppose à l'idéalisme platonicien mis en place dans la République[4]. Finalement, la corruption des sophistes contrevient à la recherche de vérité de Platon.

En bref, les sophistes sont souvent critiqués par leurs valeurs qui ne tiennent pas en compte la véritable vérité, mais plutôt la vérité qui convient le mieux à leurs besoins. Aussi, leur recherche de profit dérange le concept de démocratisation du savoir qui était courant à l'époque. Le philosophe se doit de partager ses connaissances dans le but d'atteindre une cité plus juste, donc meilleures. Cependant, le sophiste vend son savoir qui semble plus excentrique que les idées propagées par les autres philosophes contemporains, ce qui contrevient à l'égalité des savoirs.

Exemples d'arguments fallacieux

Les arguments fallacieux se construisent à la manière d'une déduction, c'est-à-dire qu'on utilise des observations spécifiques afin d'atteindre une observation générale qui provient de la logique de l'argument même. De ce fait, on obtient une affirmation fausse, bien que proposée comme étant vraie.

Plus il y a d'emmental, plus il y a de trous.
Plus il y a de trous, moins il y a d'emmental.
Donc plus il y a d'emmental, moins il y a d'emmental (figure de sens, syllogisme).
  • Tout ce qui est rare est cher, (exemple : un cheval rare est cher, c'est le cheval qui est rare)
Un cheval bon marché est rare, (équivoque sur le mot « rare », c'est le fait d'être bon marché qui est rare, ce n'est plus le cheval)
Donc un cheval bon marché est cher (figure de sens, syllogisme).
  • Le ridicule ne tue pas,
Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort,
Donc le ridicule nous rend plus fort (figure de sens, syllogisme).
  • « Rat » est composé de trois lettres,
Le rat mange le fromage,
Donc trois lettres mangent le fromage.
  • La phrase suivante est vraie.
La phrase précédente est fausse. (paradoxe)
  • Un problème comporte toujours au moins une solution.
Donc s'il n'y a pas de solution,
il n'y a pas de problème[5] (contexte de duperie argumentaire) (figure de sens, sophisme).

Classification de Mill

John Stuart Mill, dans son ouvrage Système de logique déductive et inductive (1843), étudie les sophismes. Il propose une classification, laquelle est constituée en quatre groupes :

  1. « Des sophismes de simple inspection, ou sophismes a priori »[6]. Il s'agit « des cas où il n'y a pas de conclusion tirée, la proposition étant acceptée, non comme prouvée, mais comme n'ayant pas besoin de preuve, comme vérité évidente en soi, ou du moins comme d'une si grande vraisemblance intrinsèque, que la preuve externe, bien qu'insuffisante par elle-même, suffit comme adjuvant de la présomption antérieure ».
  2. Les « sophismes d'observation ». Ce sont les sophismes qui consistent en un mode vicieux de procéder dans l'opération de la preuve. Et comme une preuve, dans toute son étendue, embrasse un ou plusieurs ou la totalité de trois procédés, l'observation, la généralisation, et la déduction, il faut examiner les erreurs qui peuvent être commises dans ces trois opérations[7]. Un sophisme par observation peut consister en une erreur de « non-observation » (négligence des faits particuliers qu'il fallait remarquer), ou « mal-observation » (« lorsque le fait ou le phénomène, au lieu d'être reconnu pour ce qu'il est en réalité, est pris pour quelque chose autre »).
  3. Les « sophismes de généralisation ». Cette classe est considérée, par Mill, comme la plus étendue de toutes, en embrassant un plus grand nombre et une plus grande variété « d'inférences vicieuses »[8]. Pour qu'une erreur de généralisation soit sophistique, précise Mill, « il faut qu'elle soit la conséquence d'un principe ; elle doit provenir de quelque fausse conception générale du procédé inductif ; le mode légitime de tirer des conclusions de l'observation et des expériences doit être fondamentalement mal compris »[9].
  4. Les « sophismes par confusion ». Cette dernière classification des sophismes de Mill regroupe « tous ceux qui ont leur source, non pas tant dans une fausse appréciation de la valeur d'une preuve, que dans la conception vague, indéterminée et flottante de ce qu'est la preuve »[10]. « En tête de ces sophismes s'offrent ces multitudes de raisonnements vicieux résultant de l'ambiguïté des termes comme lorsqu'une chose est vraie dans le sens particulier d'un mot on argumente comme si elle était vraie dans un autre sens ».

Liste d’arguments fallacieux

Attaques

L'argumentum ad personam (aussi appelé attaque personnelle)
est formulé directement contre la personne qui soutient une thèse, sans aucun rapport avec la thèse elle-même, et relève souvent de l’insulte.
L'argumentum ad hominem
consiste à confondre la thèse et son auteur, en cherchant chez l'auteur des éléments (comme des paroles ou des actes) qui contredisent la thèse. Il se divise en deux catégories :
  • L'argumentum ad hominem circumstantiæ : des actes ou paroles passées sont utilisées contre l'auteur. Exemple : « Jean prétend que l'on peut tuer sous le coup de la colère, mais ce n'est pas possible : il ne perd jamais son sang-froid. », « Monseigneur XXX est mal placé en tant que prêtre pour parler du mariage »
  • L'argumentum ad hominem tu quoque : « Comment Voltaire peut-il prétendre parler de l'égalité des Hommes alors qu'il avait investi dans le commerce des esclaves ? ».
S'acharner sur un défaut de l'adversaire
pointer du doigt une erreur commise involontairement par l'adversaire et s'attarder dessus pour le discréditer totalement.
Exemple : Reprocher à son adversaire d'avoir une faute d'orthographe dans son texte pour faire perdre toute valeur à l'ensemble de ce même texte.
Ce genre d'arguments peut s'apparenter à une attaque personnelle à ceci près que le défaut mis en cause n'est pas forcément chez la personne en elle-même mais peut se situer dans sa façon de procéder ou de s'exprimer à l'oral ou à l'écrit. Dans son ouvrage La dialectique éristique, Arthur Schopenhauer décrit cette méthode sous la Stratégie XXVII.
Empoisonner le puits (ou la « politique de la terre brûlée »)
une personne qui, lorsqu’elle ne peut plus avoir raison, ridiculise et/ou dénigre l’objet du débat.

Sophismes a priori

Référence faisant par définition autorité

Il s’agit, pour soutenir son argument, de prendre une référence extérieure dont l’autorité dans le contexte donné serait par définition établie, mais celle-ci est une apparence et ne repose que sur les biais cognitifs ou une construction sociale (éducation).

  • Argumentum ad verecundiam : (aussi appelé argument d'autorité) : « Le chef a toujours raison », ou encore « Nous sommes seuls dans l’univers. C’est mon beau-frère – il est sociologue – qui le dit » (un sociologue n’a pas de compétence sur la vie extra-terrestre et ne peut donc servir d’autorité sur le sujet)
  • Argument par la foi : « C'est forcément vrai, puisque c'est écrit dans tel ou tel livre sacré. »
  • Argumentum ad baculum (aussi appelé la raison du plus fort)
  • Argumentum ad crumenam (aussi appelé la raison du plus riche) : « Ce n'est pas ce minable même pas assujetti à l'ISF qui va me donner des leçons pour conduire ma vie. » (voir Ésope, Épictète…)
  • Argumentum ad lazarum (aussi appelé la raison du plus pauvre) : « La classe ouvrière se bat avec le réel tous les jours et est seule à connaître la réalité du pays. La dictature du prolétariat est donc l'unique solution. »
  • Argumentum ad populum (aussi appelé la raison de la majorité) : « Dieu doit exister puisque la majorité des humains y croient depuis des millénaires. » Variante : « La France représente moins d'un pour cent de la population mondiale et ne peut donc avoir aucun rôle significatif. » (L'Athènes de Périclès représentait bien moins d'un pour cent de la population de son époque, et son modèle nous influence encore aujourd'hui ; Sparte, tout aussi puissante à l'époque, n'a pas laissé de trace culturelle durable.)
  • Argumentum ad novitatem  : donner raison aux arguments les plus nouveaux ou qui semblent les plus modernes.
  • Argumentum ad antiquitatem  : argument qui prétend que la tradition détient les bonnes réponses.
  • Le sophisme naturaliste : mêle un jugement de fait et un jugement de valeur : prétendre qu'une chose est bonne parce qu'elle est naturelle ou habituelle.
  • La raison des émotions : « Voyez tous ces gens qui s’en émeuvent ! Pensez-vous qu’ils ont tort ? »
Appel aux sentiments
  • Argumentum ad misericordiam (ou appel à la pitié) : « Vous ne pouvez pas me donner cette amende, mes parents vont me tuer ! »
  • Appel à la flatterie : « Un homme comme vous ne peut pas défendre un tel genre de position ! »
  • Argumentum ad odium : le fait de rendre odieux/inacceptable les arguments de l'opposition à travers une présentation à connotation péjorative.
  • Le chiffon rouge : utiliser des associations émotionnelles qui vont déclencher la colère du public et nuire à sa capacité de raisonnement.
  • La raison par la théâtralité : utiliser des grand mots, faire du spectacle pour impressionner
  • Appel au ridicule : ridiculisation des arguments de l'opposant pour les rendre plus facilement réfutables. Exemple : « Si la théorie de l'évolution était vraie, cela voudrait dire que mon grand-père est un gorille »
  • Argumentum ad consequentiam (aussi appelé argument par la conséquence) : Si A est faux, alors B aussi. Mais comme savoir B faux est déplaisant, on accepte A.
    • Appel à la terreur : « Si vous maintenez votre point de vue, il y aura des conséquences… »
  • Deux faux font un vrai (Aussi appelé « sophisme de la double faute » ) : « Et alors ? D'autres personnes font bien pire. »
Argumentum ad ignorantiam (aussi appelé appel à l'ignorance)[11]
« Je ne peux pas expliquer ce que ce témoin a vu dans le ciel, donc cela doit être un vaisseau spatial extraterrestre visitant notre planète. » Variante : « Je ne peux expliquer comment la vie sur terre est apparue, alors c'est sûrement Dieu qui l'a fait. »

Sophismes d’observation

Argumentum a silentio (aussi appelé argument du silence)
S'appuie sur le fait qu'un élément n'est pas mentionné pour démontrer son absence.
Argumentum ad nauseam (aussi appelé avoir « raison par forfait »)
« Avez-vous lu les 38 000 références que je viens de vous citer ? Non ? Eh bien je considère alors que vous n'avez rien à apporter à ce débat. »
Sophisme du vrai Écossais
catégorie de sophismes ainsi dénommée d'après l'ouvrage Thinking about Thinking d'Antony Flew.
  • Argument : « Aucun Écossais ne met de sucre dans son porridge. »
  • Réponse : « Pourtant, mon oncle Angus, qui est Écossais, adore mettre du sucre dans son porridge. »
  • Réfutation : « Oui, mais aucun vrai Écossais ne met de sucre dans son porridge. »[12]
Sophisme de la mauvaise traduction
« Vous n'avez pas lu Mein Kampf (ou Platon, ou le coran, etc.) dans sa langue originale, mais une version traduite, donc tout ce que vous direz sur ce livre est forcément faux. »

Sophisme de généralisation

Généralisations invalides
  • Affirmation du conséquent : il s'agit d'un type de sophisme très fréquemment rencontré avec de nombreux cas de généralisations abusives, basées sur un raisonnement fallacieux destiné à tromper : « Je suis un homme. Je crois en Dieu. Donc (tous) les hommes croient en Dieu. » Ces généralisations sont parfois ridicules pour leurs auteurs (quand leur auditoire a pris attention en mettant en doute le raisonnement), ou seulement amusantes et destinées à divertir et dénoncer ce type de raisonnement : « Puisque je suis un homme, je suis mortel. Mon chat est mortel. Mon chat est donc un homme. », comme aussi sa généralisation en apparence bénigne « Tous les hommes sont mortels. Tous les chats sont mortels. Tous les chats sont donc des hommes. » mais qui affirme elle aussi le conséquent.
  • Échantillon non représentatif : « Depuis mon compartiment de train, j'ai pu constater sur un échantillon de soixante-dix passages à niveau que tous sans exception ont leurs barrières fermées. »
  • Généralisation abusive (aussi appelé « déduction hâtive », et version outrée de la catégorie précédente) : « Les Anglais sont trilingues : oui, j'ai rencontré un Anglais qui parlait trois langues. »
  • Généralisation excessive, également nommée dicto simpliciter.
  • Manipulation statistique : « Ce test de la maladie X est fiable à 99 %, il se révèle positif pour vous, donc vous avez 99 % de chances d'avoir la maladie X. » Voir le biais cognitif Oubli de la fréquence de base ou comme exemple les faux positifs médicaux expliqués par le théorème de Bayes).
Manipulation des probabilités
« Lancez trois pièces : deux sont forcément du même côté, soit pile, soit face. La troisième a une chance sur deux d'être également de ce côté-là ; donc il y a une chance sur deux que les pièces soient toutes les trois du même côté. » (en réalité, 2 puissance 3, soit 8 possibilités de combinaisons : FFF, FFP, FPP, FPF, PFF, PPF, PFP, PPP, donc 2 chances sur 8 (soit 1 chance sur 4) que les trois pièces soient du même côté)
Non sequitur (qui ne suit pas les prémisses)
Le sophiste énonce un raisonnement dans lequel il démontre que A implique B et que B implique C, et dans le résumé de sa démonstration, il affirme avoir démontré que A implique D (manipulation de la conclusion) ou variante que E implique C (manipulation des prémisses).
Argumentum ad temperantiam (aussi appelé « juste milieu »)
Croire que la position intermédiaire entre deux énoncés est la bonne position. Par exemple, la police annonce 80 000 manifestants, les organisateurs 160 000 alors c'est qu'il y a eu 120 000 manifestants.
Pente savonneuse
Prétention qu'un compromis donné doit être refusé car il amorcerait une cascade de conséquences de plus en plus graves, et ce sans démonstration du lien de cause à effet.
« Si vous rétablissez la pêche de cette espèce de poisson, la tendance se généralisera bientôt aux autres variétés protégées, puis aux tortues, et par la suite aux grands mammifères marins, et la biodiversité de nos océans sera en grave danger. »
Non causa pro causa, ou cause discutable.
  • Post hoc, ergo propter hoc (aussi appelé « confondre synchronicité et causalité ») : « J'ai bu une tisane, grâce à cela, mon rhume a disparu le lendemain. »
  • Sophisme de la cause unique : sophisme de cause douteuse qui se produit lorsque l'on suppose qu'il y a une seule cause simple à un événement alors qu'en réalité il peut avoir été causé par un certain nombre de causes suffisantes seulement conjointes.
Syllogisme invalide (voir aussi paradoxes)
Cette famille de sophisme repose sur la différence entre une implication et une équivalence
  • Sophisme de composition : croire que ce qui est vrai pour le tout est vrai pour les parties ou, inversement, que ce qui est vrai pour l'une des parties s'applique aussi aux autres.
La solution parfaite
sophisme consistant à partir du constat selon lequel une partie du problème subsisterait toujours pour rejeter toute tentative de solution. Exemple : « Pourquoi faire des campagnes anti-tabac ? Il y aura toujours des fumeurs. »

Sophisme par confusion

Confusion quant au sens
  • Équivoque (employer des équivoques).
  • Sophismes d'ambiguïté : ce sophisme joue sur les homonymies et sur le fait que la frontière de certains concepts est mal définie.
  • Solécisme : utiliser une ambiguïté grammaticale (un solécisme linguistique) pour réaliser une déduction logiquement erronée.
  • Division : « L'armée américaine est puissante, donc ce soldat américain doit être puissant. »
  • Amphibologie (aussi appelé « amphibolie ») : forme grammaticale rendant possibles deux sens. Exemple : «X ne devrait pas conduire sur la route car c'est dangereux» peut signifier que la route est dangereuse pour x, ou que x la rend dangereuse.
Confusion entre le tout et la partie.
Sophisme par association, déshonneur par association et honneur par association
« Vous êtes végétarien ? Tiens, comme ce salaud de Lormier ! Ce ne doit pas être un hasard. »
Reductio ad Hitlerum (voir « Loi de Godwin »)
sophisme par association, trouver le moyen de comparer les propos d'une personne à ce qui représente le mal absolu suivant les critères de la société (Les nazis pour l'Europe occidentale de la fin du XXe siècle) pour pouvoir le placer dans une position où il sera obligé de réagir et aura beaucoup de mal à se défendre.
Argument circulaire ou raisonnement circulaire
répéter comme prémisse la conclusion qu'on tente de défendre (Dieu existe car la bible le dit. La bible dit vrai car c'est Dieu qui l'a inspirée). Autrement dit, supposer vraie la chose même qu'il s'agit de démontrer.
  • Plurium interrogationum (aussi appelé « multiplier ou compliquer les questions »).
  • Faux dilemme (aussi appelé « blanc ou noir ») : Faire croire que la réponse à une question se restreint à un certain ensemble de choix, usuellement deux. « Les objets de l'espace sont soit des planètes dont la surface est solide, soit des étoiles dont la surface est gazeuse. Jupiter ne possède pas une surface solide, donc Jupiter est une étoile. », « Vous êtes avec moi ou contre moi », « Les énergies marémotrices et géothermiques sont propres, donc écologiquement acceptables ; si elles sont écologiquement acceptables, elles sont donc forcément renouvelables. Si vous contestez cette conclusion, vous êtes un partisan du lobby nucléaire. »
  • Fausse objection pour éviter d'évoquer une vraie raison : « C'est trop cher. Il faut que j'en parle à ma femme. », pour ne pas dire : « Je n'ai que faire de votre camelote et vous commencez sérieusement à m'ennuyer. »
Renverser la charge de la preuve
A affirme que B mais sans donner de preuve, C dit qu'il n'est pas d'accord, C affirme que D. A attaque C en lui demandant de justifier son désaccord et de prouver que D.
« Prouvez-moi que Dieu n'existe pas. ». Mais attention : ce cas de sophisme ne doit pas être confondu avec une invalidation de la technique de la preuve par l’absurde. Ici, pour qu’il ne s’agisse pas d’un sophisme, il faudrait démontrer que la proposition « Dieu n’existe pas » est aberrante. Or, si la personne à qui il est demandé de démontrer que Dieu n’existe pas, n’y parvient pas, on ne démontre rien. Car l’absence de démonstration que Dieu n’existe pas, n’est qu’une condition nécessaire, mais non-suffisante de la preuve par l’absurde. Plus simplement : ne pas pouvoir démontrer que Dieu n’existe pas, n’est pas une démonstration que « Dieu n’existe pas » est une proposition aberrante. Peut-être serait-il possible de supposer que ce raisonnement fallacieux, qu’est le renversement de la charge de la preuve, est la conséquence de la tentation d’aboutir à une preuve par l’absurde, dans l’ignorance de ses conditions de validité.
L'Épouvantail, homme de paille, ou caricature
Déformer l'argumentation d'un opposant pour en faire un argument plus facilement réfutable et éventuellement préparer le terrain à un sophisme de déshonneur par association.
« Vous ne voulez pas mettre au point ce programme de construction de porte-avions, je ne comprends pas pourquoi vous voulez laisser notre pays sans défense. » (La proposition « je suis contre la construction d'un porte-avions » a été détournée en « je suis contre la défense de mon pays », argument beaucoup plus facile à mettre en défaut).
Fausse analogie
Inférence injustifiée entre deux éléments qui ne sont pas comparables dans leur importance, dans leur signification ou leur portée. Généralement ce sophisme consiste à comparer des éléments ayant des propriétés communes puis à introduire une propriété qui est unique à un des éléments, pour conclure que cette propriété est commune à tous les éléments.
Par exemple, Dana Ullman, membre du comité consultatif des instituts de médecine parallèle des écoles de médecine de Harvard et de Columbia, prétend que le corps humain réagit aux médicaments comme la corde d'un piano réagit aux vibrations de la corde d'un piano voisin
Réification (ou hypostase) (transposition d'un concept abstrait comme objet concret)
« Il n'y a pas de démocratie dans ce pays, il faudrait y exporter un peu de la nôtre. »
Vol de concept
utiliser un argument C pour réfuter A alors que, pour que C existe, A devait déjà exister : Par exemple un auteur anglo-saxon qui dirait (en français dans le texte) « je n'ai pas pu plagier l'ouvrage de cet auteur écrit en français, parce que je ne maîtrise pas la langue française. »

À classer

Sophismes dont les prémisses ne sont pas pertinentes à la validité de la conclusion.

Mille-feuille argumentatif
enchaîner un grand nombre d’arguments, même de faible valeur individuellement, mais qui donnent, ensemble une impression de solidité de la thèse soutenue. « Et les crop circles ? Et les nombreux témoignages ? Et les statues d’astronefs précolombiennes ? Et la perfection des pyramides ? Vraiment, les extraterrestres nous rendent visite depuis longtemps. »
Rupture de la corrélation
  • Concentration de l'argumentatoire sur une partie des arguments motivant la prise de position.
  • Refus de la corrélation (attention : une corrélation n'implique pas nécessairement une causalité. Ainsi, les ventes de dentifrice sont corrélées aux ventes de préservatifs ; celles de Coca-Cola à celles de lunettes de soleil ; les ventes de whisky en Écosse y sont corrélées au revenu des pasteurs, et cela ne signifie pas que les pasteurs boivent le produit des quêtes. Cela indique simplement que quand leurs ventes sont bonnes, les Écossais ont les moyens de donner un peu plus à leurs pasteurs.).
  • Supprimer la corrélation.
Ignoratio elenchi (aussi appelé « conclusion excessive »).
Le postulat indémontrable.
La raison de la Nature ou génétique (qui méprend la cause ou l'origine d'une chose pour l'essence ou la chose elle-même)
« L'amour, parce qu'il découle de l'instinct sexuel, n'est autre que le désir de copuler. »
Négation de la preuve

Bibliographie

Sources

Textes anciens

Notes et références

  1. Voir les articles Socrate, Platon, Sophiste, et aussi le Sophiste (dialogue de Platon).
  2. Voir Organon (le corpus des traités logiques d'Aristote) et notamment les Réfutations sophistiques. Voir aussi la Rhétorique d'Aristote.
  3. (en) Dufour, Michel, « On the difference between fallacy and sophism », (consulté le ) : « The translation into French of the English word “fallacy” opens a discussion on the difference between fallacy and sophism in English. The two words are sometimes synonyms, but a difference is sometimes made on the ground that a sophism is deliberate and a fallacy is non-deliberate. »
  4. Platon, La République, France, Flammarion, coll. « GF », , 810 p. (ISBN 978-2-0813-8669-3)
  5. « S'il n'y a pas de solution c'est qu'il n'y a pas de problème. » Célèbre proverbe Shadok.
  6. John Stuart Mill, « Système de Logique. Livre 5. Les sophismes. », dans Système de logique déductive et inductive, Pierre Mardaga éditeur, Bruxelles, 1988, page 308.
  7. John Stuart Mill. Ibid, op. cit. page 341.
  8. John Stuart Mill. Ibid, op. cit. page 356.
  9. John Stuart Mill. Ibid, op. cit. page 357.
  10. John Stuart Mill. Ibid, op. cit. page 386.
  11. (en) « argument to ignorance (argumentum ad ignorantiam) ».
  12. (en) Antony Flew, Thinking about Thinking, Londres, Fontana (1re éd. 1976).

Voir aussi

Articles connexes

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Liens externes