Sophie von Hatzfeldt

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Sophie von Hatzfeldt
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 75 ans)
WiesbadenVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Sophie Josephine Ernestine Friederike Wilhelmine Gräfin von Hatzfeldt-TrachenbergVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Famille
Père
Mère
Gräfin Friederike von der Schulenburg-Kehnert (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Graf Edmund von Hatzfeldt-Wildenburg (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Alfred Hatzfeldt-Wildenburg (d)
Paul von HatzfeldtVoir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Ludwig Schreckenstein (beau-frère)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Parti politique
Plaque commémorative

Sophie von Hatzfeldt, née le à Trachenberg (Basse-Silésie, Royaume de Prusse) et décédée le à Wiesbaden (province de Hesse-Nassau) est une militante socialiste prussienne surnommée la « comtesse rouge ».

Biographie[modifier | modifier le code]

Château de Trachenberg au milieu du XIXe siècle (collection Alexander Duncker).

Famille[modifier | modifier le code]

Sophie von Hatzfeldt est la fille du général prussien Franz Ludwig von Hatzfeldt (1756-1827)[1] et de la comtesse Friederike Karoline von der Schulenburg (1779–1832), fille du ministre prussien à la direction générale Friedrich Wilhelm von der Schulenburg-Kehnert. Sa sœur aînée, la comtesse Luise von Hatzfeldt, épouse le général prussien Ludwig Roth von Schreckenstein, ministre de la Guerre[2]. Sa sœur cadette, Clara von Hatzfeldt, épouse le général August Ludwig von Nostitz. Parmi ses autres frères et sœurs, on compte le prince Hermann Anton von Hatzfeldt et Maximilian von Hatzfeldt-Trachenberg. Elle est la tante du prince Hermann von Hatzfeldt, qui représente le Deutsche Reichspartei au Reichstag par le biais du deuxième mariage du prince Hermann avec la comtesse Marie von Nimptsch. Son enfance est passé au château de Trachenberg et à Berlin[3].

Lutte pour ses droits de femme[modifier | modifier le code]

En 1822, Sophie von Hatzfeldt est forcée d'épouser son cousin, un riche aristocrate de Basse-Rhénanie[4], Edmund Fürst von Hatzfeldt-Wildenburg pour régler des conflits familiaux[5]. Les célébrations ont lieu au château de Kalkum, fief des von Hatzfeldt[3]. Son mari passe la nuit de noce avec une amante[6]. Le mariage n'est pas heureux, son mari, contrôlant les finances et ses mouvements[3],[6]. Ils ont trois enfants (dont Paul von Hatzfeldt, ambassadeur à Londres et Constantinople, ministre des Affaires étrangères et chef de l'Office des Affaires étrangères)[7]. Elle demande au roi de Prusse Frédéric-Guillaume III de servir de médiateur mais cela se solde par un échec[4],[8]. Elle décide donc de demander le divorce pour défendre ses droits de femme indépendante ce qui provoque un scandale dans la société aristocratique de l'époque[4]. Depuis 1833, Edmund et Sophie vivent séparés[3].

En janvier 1846[4], Sophie von Hatzfeldt rencontre à Berlin Ferdinand Lassalle et deux juristes berlinois[4], Félix Oppenheim et Arnold Mendelssohn par l’intermédiaire du comte Otto von Keyserlingk zu Rautenburg[3] alors qu'elle est sans avocat et essaie de récupérer sa fortune[9]. Ému par son sort, celui-ci se porte volontaire pour l'aider bien qu'il n'ait pas la formation requise[9]. Il défie d'abord son mari en duel mais celui-ci l'ignore en raison de son statut social[10]. Il la représente ensuite pendant 8 ans (de 1846 à 1854) devant 36 tribunaux au cours d'un procès long et impitoyable[9],[10]. Lassalle voit dans ce procès une lutte contre l'oppression sociale et le despotisme[3],[8]. En février 1848, Lassalle est emprisonné pendant six mois, accusé d'avoir facilité le vol d'une cassette contenant des documents importants en relation avec la procédure de divorce (Cassettengeschichte, procès de la cassette»)[9],[11]. Les documents incluent en effet la preuve d’un acte de donation de son mari à sa maîtresse, la baronne von Meyendorff. Cette donation aurait pour effet de déshériter son fils Paul von Hatzfeldt[8],[9] qui est détesté par son père car il est resté avec sa mère[9]. Oppenheim dérobe cette cassette mais il est intercepté tandis que Mendelssohn doit fuir à Paris[8]. Impressionné par son éloquence, le jury acquitte Lassalle en août 1848[9]. Cette même année il commence à habiter chez elle[5]. Fin juillet 1851, le divorce est prononcé sans que les aspects financiers ne soient réglés[3]. Elle finit par obtenir le partage de certains biens en 1854 ce qui lui permet de verser à Lassalle une rente annuelle à vie de 5,000 thalers (environ 750 euros)[10]. Elle n'obtient cependant pas la garde de ses enfants[6]. Sophie von Hatzfeld accompagne ensuite Lassalle dans ses voyages en Allemagne et en Italie[3].

Révolution de mars 1848[modifier | modifier le code]

Sa résidence de Düsseldorf au 53 Friedrichstrasse devient un lieu de rencontre important des militants pendant la révolution de mars en 1848[6]. On y compte notamment Karl Marx[6] et Ferdinand Freiligrath[3]. Les militants perçoivent sa procédure de divorce, alors en cours, comme un combat contre l'ancien système féodal[6]. La maison est surveillée et fouillée en raison de son support pour la révolution en cours[6].

En 1859, ils s'installent à Berlin[3] où elle dirige un salon dans lequel elle fume, chose scandaleuse pour l'époque[6]. À ce scandale s’ajoute un autre en ce sens qu'elle, aristocrate, partage le même toit que Lassalle un juif bourgeois de 20 ans plus jeune qu'elle[3],[note 1].

Von Hatzfeldt et Lassalle rencontrent la féministe Mathilde Franziska Anneke à Zurich pendant l'été 1861[12] où ils observent Garibaldi et la révolution italienne[13].

Reprise de l'héritage Lassallien[modifier | modifier le code]

À la mort de Lassalle en août 1864, Sophie von Hatzfeldt tente d'organiser une procession funéraire pour son inhumation mais sa famille s'y oppose et l'enterre rapidement[11]. Elle publie ensuite ses travaux écrits inédits, se considérant comme la responsable de la poursuite de son travail[6]. Elle est active dans l'association, fondée par Lasalle Allgemeiner Deutscher Arbeiterverein (ADAV), en dépit du fait que le droit prussien ne l'autorise pas à en devenir membre. Elle tente alors de reprendre officieusement la présidence de l'ADAV ou de placer ses propres candidats tel que Bernhard Becker (de)[4], sans succès puisque ce dernier devra démissionner[3],[6]. Von Hatzfeld s'oppose également à un rapprochement avec l’Internationale, bien qu'encouragé par Johann Philipp Becker. Elle s’inquiète que cette organisation puisse affaiblir l'héritage Lassallien[4]. En mai 1867[4], elle fonde un groupe dissident d'ADAV, le Lassallescher Allgemeiner Deutscher Arbeiterverein (LADAV)[3] à la suite de la reprise de l'ADAV par Johann-Baptist von Schweitzwer[4],[14]. En 1869, elle prend part à la campagne électorale du Reichstag de la Confédération de l'Allemagne du Nord[3]. Après un manque de succès politique, elle se retire et meurt en 1881.

Bien qu'elle ne réussit pas à mettre en place les idées de Lassalle comme celles guidant le mouvement ouvrier, elle est appréciée par de nombreux travailleurs et laisse sa trace dans ce mouvement[6].

Ses biens, incluant la correspondance nourrie avec Lassalle, sont conservés au château de Sommerberg (de) jusqu'en 1962 puis transférés au château de Schönstein (de)[15].

Famille[modifier | modifier le code]

Sophie et Edmund von Hatzfeldt-Wildenburg se marient le 10 août 1822. Ils divorcent en 1851 et ont trois enfants :

Hommage[modifier | modifier le code]

Une plaque commémorative en son honneur se trouve dans le château de Kalkum tandis qu'un mémorial rappelle Ferdinand Lassalle[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cependant, la véritable nature de leur relation est sujet à débat. Ils sembleraient avoir été amis proches et confidents[3], peut-être ont-ils connu une courte passion lors de leur rencontre[4].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Andrew Roberts, Napoleon: A Life, Penguin, (ISBN 978-0-698-17628-7, lire en ligne), p. 361
  2. (en) Karl Marx, The Political Writings, Verso Books, (ISBN 978-1-78873-688-6, lire en ligne), p. 194
  3. a b c d e f g h i j k l m n o et p (de) « Sophie von Hatzfeldt », sur www.rheinische-geschichte.lvr.de (consulté le )
  4. a b c d e f g h i et j Alain Boyer, « HATZFELD Sophie, Gräfin von - Maitron », sur maitron.fr, (consulté le )
  5. a et b (de) Hentig, Hans Wolfram von, « Hatzfeldt, Sophie Gräfin von - Deutsche Biographie », sur www.deutsche-biographie.de (consulté le )
  6. a b c d e f g h i j et k (de) Gabriele Koch, « Sophie Gräfin von Hatzfeldt », sur www.fembio.org (consulté le )
  7. (en) « Count Paul von Hatzfeldt-Wildenburg - National Portrait Gallery », sur www.npg.org.uk (consulté le )
  8. a b c et d Alain Boyer, « LASSALLE Ferdinand - Maitron », sur maitron.fr, (consulté le )
  9. a b c d e f et g (en) « Edward Bernstein: Ferdinand Lassalle (Chap.2) », sur www.marxists.org (consulté le )
  10. a b et c (en) Dawson, WH, German Socialism and Ferdinand Lassalle, London, Swan Sonnenschein, (lire en ligne), p. 117-119
  11. a et b (en) « Lassalle (Lassal), Ferdinand », sur www.jewishvirtuallibrary.org (consulté le )
  12. (en) « A German-American Feminist and her Female Marriages: Mathilde Franziska Anneke (1817-1884) », sur www.fembio.org (consulté le )
  13. (de) Arnhild Jessen Schumacher, « Gräfin Sophie von Hatzfeldt - Eine Frau zwischen Adel und Arbeiterbewegung », (consulté le )
  14. « SCHWEITZER Johann-Baptist von - Maitron », sur maitron.fr, (consulté le )
  15. (de) Wolfgang Mommsen, Die Nachlässe in den deutschen Archiven: (mit Ergänzungen aus anderen Beständen), Bundesarchiv, , p. 811

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]