Signe du vagin

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Le signe ou geste du vagin, formant un triangle avec les mains.

Le signe du vagin, ou geste du vagin, est un geste féministe symbolisant le sexe féminin. Un cerf-volant (au sens géométrique) ou un triangle équilatéral est formé en joignant l'extrémité des index et des pouces. Il est réalisé en particulier lors des manifestations appelant à légaliser l'avortement.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le signe du vagin est présenté en couverture du journal « menstruel » Le torchon brûle no 3, édité par le Mouvement de libération des femmes (MLF) vers 1972. Sur cette image graphique, deux mains colorisées en violet forment un cerf-volant au centre d'un symbole féminin « ♀ » rouge sur fond blanc. La couverture est explicité en dernière page par un article anonyme dont le titre est « Chanson de Gestes ». Le signe du poing levé, dressé notamment lors du chant de L'Internationale, y est analysé comme un symbole phallique, et l'article propose en miroir de faire le signe du vagin pour chanter L'Hymne des femmes, écrit par le MLF et présenté en page 2 du journal[1].

En mai 1972, lors d'une convention sur les crimes contre les femmes à la Maison de la Mutualité, à Paris, l'actrice et féministe italienne Giovanna Pala réalise ce geste sur scène, inspirée par la couverture du Torchon brûle, et le fait connaître. Il n'existe alors pas de symbole pour représenter le sexe féminin, « ni de nom ni de surnom, pas de caractère ni de littérature » (Carla Lonzi), et il est presque obscène d'en parler[2]. Giovanna Pala est prise en photo et fait la une de l'hebdomadaire italien de gauche L'Espresso[3]. En , le geste est réalisé lors du procès de Bobigny, où des femmes sont venues soutenir Marie-Claire Chevalier, âgée de 16 ans et jugée pour avoir avorté à la suite d'un viol. La défense est assurée par l'avocate Gisèle Halimi, et contribue à l'évolution vers la dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en France[4]. Le geste est ensuite utilisé dans des manifestations appelant à légaliser l'IVG, en France et en Italie.

En 2015, la comédienne Emmanuelle Laborit indique sur Arte que le triangle avec les mains signifie « féminisme » en langue des signes française[5]. Le geste réapparait en 2018 en Italie lors de manifestations contre les projets réactionnaires de la coalition dirigée par Matteo Salvini et Luigi Di Maio[2]. En France, le geste est à l'affiche d'une exposition temporaire du Musée Carnavalet, « Parisiennes citoyennes », du au [6],[7],[8]. Le , la député EELV Sandrine Rousseau se lève et effectue un triangle avec les mains lors d'un séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, au cours d'une séquence portant sur la question des violences conjugales[9],[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Le Torchon Brûle (1970-1973) » Accès libre [PDF], sur archivesautonomies.org (consulté le ).
  2. a et b Giuliana Martini, « Sous le signe du vagin », Révolution permanente (consulté le ).
  3. (it) Simonetta Fiori, « Quel gesto spudorato con cui le donne cambiarono la storia », La Repubblica, .
  4. Barbara Neyman, « Connaissez-vous ces symboles féministes ? », Elle, (consulté le ).
  5. Naya Ali, « Comment représente-t-on le féminisme en langue des signes ? », sur Madmoizelle, (consulté le ).
  6. « Parisiennes citoyennes ! », sur carnavalet.paris.fr, Musée Carnavalet (consulté le ).
  7. Christine Bard (dir.), Catherine Tambrun (dir.) et Juliette Tanré-Szewczyk (dir.) (ill. Lisa Mandel), Parisiennes citoyennes ! : Engagements pour l'émancipation des femmes, 1789-2000 (catalogue de l'exposition au Musée Carnavalet, -), Paris, Paris Musées, , 459 p. (ISBN 978-2-7596-0531-6).
  8. Maëlle Le Corre, « Sandrine Rousseau fait un geste féministe à l’Assemblée nationale, mais au fait, que signifie-t-il ? », sur Madmoizelle, (consulté le ).
  9. V. G., « Sandrine Rousseau brandit le symbole du sexe féminin en pleine Assemblée », La Dépêche du Midi, (consulté le ).
  10. Mariama Darame et Jérémie Lamothe, « A l’Assemblée nationale, débats électriques entre le gouvernement et la Nupes sur leurs scandales médiatiques et judiciaires », Le Monde, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marie Dedieu (dir.), « Chanson de geste », Le Torchon brûle, no 3,‎ vers 1972, p. 24 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  • (it) Ilaria Bussoni (dir.) et Raffaella Perna (dir.), Il gesto femminista. : La rivolta delle donne: nel corpo, nel lavoro, nell’arte, Rome, DeriveApprodi, , 168 p. (ISBN 978-88-6548-089-2, présentation en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]