Sensitivity reader
Un sensitivity reader (litt. « lecteur en sensibilité »[1]) ou démineur éditorial[2],[3], est une personne qui lit une œuvre littéraire à la recherche de contenus pouvant être perçus comme offensant, portant des stéréotypes et ayant des biais, et qui rédige un rapport pour un auteur ou une maison d'édition avec des suggestions de réécriture[4].
Positions des partisans[modifier | modifier le code]
Les partisans de ces modifications d'œuvres littéraires estiment que « la qualité littéraire d'une œuvre est notablement améliorée" quand elle est revue et corrigée par d'autres personnes issues "d'une Nation spécifique ou d'une autre communauté que celle de l'auteur de la dite œuvre ».
Helen Wicks, directrice des publications jeunesse chez Bonnier, défend cette pratique ainsi : « nous croyons que les sensitivity readers peuvent jouer un rôle important dans les publications avant-gardistes et inclusives »[5].
Position des opposants[modifier | modifier le code]
Les opposants à ces travaux de relecture accusent les sensitivity readers d'être "de nouveaux gatekeeping" et d'appliquer le filtre de la Cancel culture à un livre[6],[7].
Exemples et réaction dans le monde[modifier | modifier le code]
L'usage des sensitivity readers a fait apparaitre une controverse chez des auteurs et parmi le public. Anthony Horowitz et Kate Clanchy (en) ont tous les deux critiqués l'impact des sensitivity readers sur leurs livres[5].
En février 2023, les éditions anglaises des œuvres de Roald Dahl ont décidé d'utiliser les services de sensitivity readers pour modifier le contenu de œuvres de l'auteur. Les éditions françaises de l'auteur se sont refusées à faire de même.
La directrice de la maison d'édition PEN America (en) Suzanne Nossel (en) s'est déclarée "alarmée" par ces méthodes qu'elle perçoit comme "un prétendu effort pour nettoyer les livres de ce qui pourrait offenser quelqu'un".
Salman Rushdie, quant à lui, y voit une "censure absurde"[8].
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Références[modifier | modifier le code]
- MATHILDE RAMADIER, « Sensitivy reader : le nouveau job qui permet d'éviter les propos sexistes, racistes ou homophobes »
- Commission d’enrichissement de la langue française, « démineur, -euse éditorial, -e », sur FranceTerme, ministère de la Culture (consulté le ).
- Dorian Grelier et Aliénor Vinçotte, « Qu’est-ce qu’un «sensitivity reader» en français? », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ).
- (en) « Writing, Editing, and Publishing Indigenous Stories » [archive du ], Edmonton, Alberta, Canada, University of Alberta, (consulté le )
- (en) « Publishers defend sensitivity readers as vital tool following author criticism », The Stage Media Company, London, England, (ISSN 0006-7539, lire en ligne [archive du ]
, consulté le )
- (en) Zoe Dubno, « The rise of the ‘sensitivity reader’ », Press Holdings, London, England, (ISSN 0038-6952, OCLC 1766325, lire en ligne [archive du ]
, consulté le )
- (en) Kat Rosenfield, « Sensitivity Readers Are the New Literary Gatekeepers », Reason Foundation, Los Angeles, California, USA, no August/September 2022, (OCLC 818916200, lire en ligne [archive du ], consulté le )
- (en) Jennifer Hassan, « Salman Rushdie calls revisions to Roald Dahl books ‘absurd censorship’ », The Washington Post, London, England, Nash Holdings, (ISSN 0190-8286, OCLC 2269358, lire en ligne [archive du ], consulté le )