Sébastien Lifshitz

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Sébastien Lifshitz
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Sébastien Lifshitz en 2020.
Naissance (56 ans)
Paris
Nationalité Drapeau de la France Française
Profession Réalisateur, scénariste
Films notables Wild Side
Les Invisibles
Adolescentes

Sébastien Lifshitz est un réalisateur et scénariste français, né le à Paris. Il réalise autant des documentaires que des films de fiction.

Biographie[modifier | modifier le code]

Études et débuts[modifier | modifier le code]

Après des études d'histoire de l'art à l'École du Louvre et à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Sébastien Lifshitz travaille dès 1990 dans le milieu de l’art contemporain en tant qu'assistant auprès du conservateur Bernard Blistène au Centre Georges-Pompidou ou de la photographe plasticienne Suzanne Lafont. En 1994, il se tourne vers le cinéma et réalise son premier court métrage, Il faut que je l’aime.

Suivront, en 1995, un documentaire sur la réalisatrice Claire Denis et, en 1998, le moyen métrage Les Corps ouverts[1]. Ce film révèle son style intimiste et sa manière singulière de filmer les corps. Portrait d’un jeune homme de seize ans à la recherche de son identité sexuelle incarné par Yasmine Belmadi, il lui vaut d'être salué dans de nombreux festivals internationaux dont Cannes et Clermont-Ferrand. Il obtient également le prix Jean-Vigo et le prix Kodak du meilleur court métrage.

Réalisateur et collectionneur[modifier | modifier le code]

Toujours ouvert aux genres et aux différents formats de récit, en 1999, il dirige à nouveau Yasmine Belmadi dans Les Terres froides, téléfilm qui entremêle lutte des classes et sexualité, tourné pour la collection « Gauche-Droite » de la chaîne Arte. Le film est sélectionné à la Mostra de Venise. En 2000, Presque rien, son premier long métrage de fiction interprété par Stéphane Rideau et Jérémie Elkaïm, explore à nouveau ses thèmes de prédilection : l’intimité, la quête intérieure et l’homosexualité. En 2001, pour le road-movie documentaire La Traversée, il parcourt les États-Unis en compagnie de son complice et scénariste attitré, Stéphane Bouquet, à la recherche du père inconnu de ce dernier. Le film est présenté pour la première fois à la Quinzaine des réalisateurs.

En 2004, il se lance dans la réalisation de Wild Side[2], une plongée dans la vie d’une femme transgenre, d’un émigré russe et d’un prostitué maghrébin entre Paris et le nord de la France. Un trio de solitudes réunies dans un amour cru, campé par Stéphanie Michelini, Edouard Nikitine et de nouveau Yasmine Belmadi. Le film est sélectionné dans de nombreux festivals internationaux et remporte, entre autres récompenses, le Teddy Award du meilleur film au festival de Berlin[2].

En 2006, Lifshitz réalise trois portraits documentaires pour la lutte contre le sida dans le cadre d'une campagne de l'INPES. Les Témoins raconte l'histoire de Christophe, Jonathan et Frédéric, trois hommes qui témoignent de leur sexualité à risque et de leur contamination.

En 2008, il entreprend le tournage de Plein sud, histoire d'un trentenaire traumatisé par son passé et qui prend en stop trois jeunes, direction le sud, le soleil et les choix à faire. Nouvelle réflexion sur l’identité, ce road-movie initiatique réunit Léa Seydoux, Yannick Renier, Pierre Perrier, Théo Frilet, Nicole Garcia et Micheline Presle. Le film est présenté au festival de Berlin en 2010.

Trois ans plus tard, il revient au documentaire avec Les Invisibles, présenté en sélection officielle (hors compétition) au 65e festival de Cannes. Il y recueille les témoignages d’hommes et de femmes nés dans l’entre-deux-guerres qui évoquent leur parcours de vie et assument leur homosexualité dans une France marquée par la morale, l’éducation religieuse et les pressions sociales. Le film poignant remporte le César du meilleur documentaire.

Peu après, il filme Marie-Pierre Pruvot dans Bambi[3], portrait intimiste sur l’une des premières femmes ouvertement transgenres françaises qui marqua les planches du cabaret parisien, le Carrousel de Paris, avant d’enseigner le français pendant plus de trente ans dans un collège de banlieue dans le plus grand anonymat. Le visage, la silhouette, les images d’archives et la parole de cette femme touchent les spectateurs, et Sébastien Lifshitz remporte en 2013, à Berlin, le Teddy Award du meilleur documentaire. Le film sort en .

Sébastien Lifshitz est fait l’année suivante chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres[4] et reçoit, en , le prix Pierre-Guénin contre l'homophobie et pour l’égalité des droits.

Suit, en 2016, le documentaire Les Vies de Thérèse où il retrouve Thérèse Clerc, un des témoins des Invisibles, qui vient vivre devant la caméra ses dernières instants, se sachant condamnée par la maladie. Avec ce témoignage, Thérèse Clerc invente un dernier geste politique pour venir braver la mort et offrir une image combative de la fin de vie. Le film est acclamé à Cannes à la Quinzaine des réalisateurs, puis diffusé sur Canal+.

La même année, il est le commissaire de l’exposition « Mauvais Genre » aux Rencontres de la photographie d'Arles. À partir de sa collection de photographies amateur, il présente les différentes pratiques du travestissement depuis les années 1880 jusqu'aux années 1980. L’exposition est ensuite montrée à la galerie du Jour agnès b à Paris, puis en 2018 à la Photographer's Gallery de Londres, en 2021 à la Ryerson Gallery Center de Toronto et en 2022 à la fondation C/O de Berlin. Un livre est publié à cette occasion aux éditions Textuel.

Toujours en 2016 sort aux éditions Steidl un coffret de quatre livres sous le titre Amateur, entièrement réalisé à partir des photographies amateur de la collection de Lifshitz. Chinées aux quatre coins du monde, des puces aux vide-greniers, d’internet aux galeries, les photographies qui composent ce coffret sont rassemblées selon quatre thèmes : l’étrange, les lieux désertés, le flou et la plage. Chaque livre crée un récit formel autour d’un de ces motifs, jouant sur les variations de cadre, de lumière, de mouvement et de sujet jusqu’à former un immense collage poétique.

En 2018, le cinéaste collabore avec le plasticien Edouard Taufenbach qui élabore la série Spéculaire, suite de collages basée sur une sélection de photographies de la collection du cinéaste. Une exposition se tiendra à la galerie Binone et un livre, intitulé L’Image dans le miroir, sera publié à cette occasion aux éditions de l’Artière.

En 2019, le Centre Pompidou organise une rétrospective des films de Sébastien Lifshitz, accompagnée d’une exposition de photographies vernaculaires, L’Inventaire infini. Un livre est publié à cette occasion aux éditions Xavier Barral. Un court métrage, Avenue de Lamballe, est réalisé également à l'occasion de cette rétrospective et rejoint la collection de films du musée « Où en êtes-vous ? ».

En 2020 sort le documentaire Adolescentes, tourné sur une durée de plus de 5 ans[5]. Sélectionné au festival international du film de Locarno 2019, le film y reçoit le prix de la Semaine de la critique. La même année, Adolescentes reçoit également le prix Louis-Delluc. En mars 2021, lors de la cérémonie des Césars, le film remporte trois Césars (meilleur documentaire, meilleur montage et meilleur son).

Le réalisateur tourne en parallèle Petite Fille, un documentaire pour la chaîne Arte sur la dysphorie de genre ; il suit pendant une année la vie de Sasha, une enfant de 7 ans, assignée garçon à la naissance. Le film est d'abord présenté au festival de Berlin 2020 puis est diffusé en France sur Arte, où il obtient un record d’audience avec plus de 3 millions de téléspectateurs.

En 2021, le cinéaste revient sur le montage initial de son documentaire Bambi. Avec le soutien de la chaine Canal +, il décide de faire une version longue de 90 minutes, version qu’il avait toujours rêvé de faire mais qui en 2013 avait été rendue impossible pour des raisons de production. Cette nouvelle version, véritable director’s cut, sera diffusée sur Canal + en juin 2021 sous le titre Bambi, Une nouvelle Femme et deviendra la version de référence du film. Un coffret dvd et blu-ray du film est édité par The Jokers accompagné d’un livret de photographies commentées par Bambi.

Dans le cadre des Rencontres d’Arles en 2021, Sébastien Lifshitz participe à l’exposition Masculinité, la libération par la photographie pour laquelle il réalise Garçons Sensibles. Uniquement composé d’images d’archives, le film retrace la représentation de l’homosexualité à la télévision française depuis ses origines jusqu’aux années 80.

En 2022, Sébastien Lifshitz termine Casa Susanna, un documentaire sur une communauté clandestine de travestis aux États-Unis dans les années 1950-1960. Coproduit par ARTE, PBS et BBC, le film est sélectionné à La Mostra de Venise où il sera présenté pour la première fois au Giornate degli Autori. À cette occasion, Sébastien Lifshitz reçoit le Queer Lion Award for Career Achievement qui vient récompenser l’ensemble de sa carrière. Le film sera par la suite présenté au festival de Toronto, Londres et Fipadoc 2023, et obtiendra le Grand Jury Prize Award au festival de DOC New-York.

En 2023, Sébastien Lifshitz participe à l’exposition Flou, Une Histoire photographique[6] conçue par la conservatrice Pauline Martin pour Photo Élysée (Lausanne, Suisse). Le catalogue de l'exposition[7] est publié aux Éditions Delpire.

En 2024, après une tournée dans les festivals d’automne, Madame Hofmann, le nouveau documentaire de Sébastien Lifshitz sort sur les écrans le 10 avril. Le film est la chronique d’une année dans la vie de Sylvie Hofmann, une infirmière cadre de l’hôpital nord de Marseille. Le documentaire la suit dans son travail comme dans sa vie privée et fait le portrait saisissant d’une femme d’aujourd’hui dont la vie a été entièrement consacré aux autres.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Sébastien Lifshitz lors de la présentation des Invisibles au festival Chéries-Chéris en 2012.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Décoration[modifier | modifier le code]

Nominations et sélections[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Les Terres froides, 00h00 éditions, 1999
  • Les Invisibles, éditions Hoëbeke, 2013
  • The Invisibles, Vintage portraits of love and pride, Éditions Rizzoli, 2014
  • Mauvais genre, éditions Textuel, 2016
  • Amateur, éditions Steidl, 2016
  • L'Inventaire infini, éditions Xavier Barral, 2019

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Les Corps ouverts », sur centrepompidou.fr (consulté le ).
  2. a b c d e et f « Identities 2017 | Queer Film Festival », sur identities.at (consulté le ).
  3. « Bambi », sur Premiere.fr (consulté le ).
  4. a et b Remis par la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti ; voir sur culture.gouv.fr.
  5. « "Adolescentes" : pour réaliser cet extraordinaire documentaire, Sébastien Lifshitz a filmé Emma et Anaïs pendant cinq ans, entre 13 et 18 ans », sur Franceinfo, (consulté le ).
  6. « Flou - Photo Elysée », sur elysee.ch (consulté le )
  7. « "Flou, Une histoire photographique" à Photo Elysee », sur delpire & co, (consulté le )
  8. a et b « Les Corps ouverts », sur Quinzaine des Réalisateurs (consulté le ).
  9. « Édouard Louis et Sébastien Lifshitz lauréats du prix Pierre Guénin 2014 », article site Yagg.com, du .
  10. Le communiqué de l'association SOS homophobie mentionne : « Le travail de Sébastien Lifshitz rend visible non seulement la population LGBT mais surtout ses catégories les plus oubliées. ».
  11. « Cannes 2016 : la Queer Palm décernée au documentaire "Les Vies de Thérèse" de Sébastien Lifshitz », sur LCI (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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