Sea-Watch

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Sea-Watch
Le Sea Watch 2 dans le port de Hambourg le 21 mars 2016.
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Forme juridique
Siège
Pays
Organisation
Membres
Fondateur
Harald Höppner (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Chiffre d'affaires
1,6 M ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Le Sea-Watch 2 à Hambourg en 2016.

Sea-Watch est une ONG allemande qui participe au sauvetage des migrants en détresse en Méditerranée, en particulier en affrétant des navires à cet effet. En , le Sea-Watch 3 est le seul navire humanitaire au large de la Libye.

Les navires[modifier | modifier le code]

Le Sea-Watch est un ancien navire de pêche, acquis en 2015, utilisé comme bateau de sauvetage en Méditerranée jusqu'à son transfert à l'association.

Le Sea-Watch 2 est un ancien navire de recherche sur la pêche, utilisé pour des opérations de sauvetage de 14 jours entre la côte libyenne et l'île de Malte dans le sillage du Sea-Watch entre 2016 et 2017, puis vendu à l'association Lifeline.

Le Sea-Watch 3 était auparavant exploité par l’organisation non gouvernementale Médecins sans frontières.

2017[modifier | modifier le code]

Le , les marins du navire arrivent à secourir cinquante-huit personnes au cours d'une opération partiellement empêchée par la marine libyenne, pendant laquelle vingt migrants se noient[1],[2],[3]. Des images vidéo démontrant la responsabilité des gardes-côtes libyens sont utilisées pour une action en justice contre l’Italie auprès de la Cour européenne des droits de l’homme[4].

Le navire reprend la mer en [5],[6],[7], après avoir été bloqué à Malte entre juillet et octobre[8].

2019[modifier | modifier le code]

Début , le Sea-Watch 3 transporte une trentaine de rescapés mais ne peut accoster ni à Malte ni en Italie[9], ni en Espagne[10]. Le , la France, l'Allemagne et les Pays Bas proposent d'accueillir une partie des 49 migrants bloqués au large de Malte « dans le cadre d’un effort collectif de répartition »[10],[8]. Selon Mina Andreeva, porte-parole adjointe de la Commission européenne, il faut « plus de solidarité » et des « solutions prévisibles et durables pour le débarquement et la relocalisation en Méditerranée », citant le commissaire chargé des Migrations, Dimitris Avramopoulos[11].

Deux semaines après le sauvetage, 49 migrants sont toujours bloqués au large de Malte sur le Sea-Watch 3 et le Sea-Eye[12], malgré l'appel du pape François[13]. Le mercredi , ils peuvent enfin débarquer à Malte, après qu'un accord a été trouvé pour les répartir dans huit autres pays européens[14],[15]. Fin janvier, alors que le bateau transporte 47 migrants dont l'Italie refuse le débarquement, le gouvernement italien se retourne contre le gouvernement hollandais[16] et Sea-Watch saisit la Cour européenne des droits de l’homme[17]. Le , l’Italie, l’Allemagne, la France, Malte, le Portugal et la Roumanie et le Luxembourg s'accordent sur la répartition des 47 migrants secourus le par le Sea-Watch 3[18]. Matteo Salvini demande sa mise sous séquestre[18], mais le navire amarré à Catane pour débarquer les réfugiés est bloqué par l'armée italienne en raison d'une « série de non-conformités » ; l'ONG dénonce une pression politique[19]. Le , 62 migrants secourus le par le navire Alan-Kurdi (qui prend le nom du Syrien de trois ans retrouvé noyé sur une plage turque[20]) sont débarqués à Malte, et répartis entre l'Allemagne, la France, le Portugal et le Luxembourg[21],[22]. Le dimanche , la saisie du navire SeaWatch 3 par la police italienne entraîne le débarquement à Lampedusa de 47 migrants recueillis le [23],[24], provoquant la colère de Matteo Salvini qui s'opposait au débarquement[24],[25].

En , le navire est à nouveau bloqué avec 53 migrants à bord, secourus le au large de la Libye[26]. L'Italie n'accepte le débarquement que de 11 personnes particulièrement vulnérables; la situation se tend le 25 lorsque la capitaine du navire menace d'accoster à Lampedusa malgré l'interdiction[27], puis entre dans les eaux territoriales italiennes, selon l'ONG « pas par provocation, mais par nécessité, par responsabilité »[28],[29],[30]. Dans son éditorial, Le Monde estime que la capitaine Carola Rackete ne fait que « rappeler à tous l’existence de conventions internationales [comme celle qui énonce que] le sauvetage en mer s’impose à tous »[31]. Dans une tribune, 700 personnalités prennent la défense des réfugiés, s'opposant à Matteo Salvini[32]. Selon un sondage publié dans le quotidien italien conservateur Il Giornale, 61 % des Italiens sont contre le fait que le Sea Watch accoste au port de Lampedusa[33]. Le navire est placé sous séquestre après avoir accosté dans la nuit du 28 au , et Carola Rackete est arrêtée pour aide à l’immigration clandestine[34] puis libérée par la justice italienne[35],[36] (voir l'article Carola Rackete pour plus de détails). La France propose d'accueillir 10 des réfugiés, et Martine Aubry annonce que Lille est volontaire[37], comme déjà en pour 42 personnes sauvées par l'Aquarius de SOS Méditerranée[38]. Bloqué pendant plus de cinq mois, le navire est relâché le , la justice italienne n'ayant trouvé aucun fondement juridique pouvant justifier sa mise sous séquestre[39].

Le Sea-Watch 3 est à nouveau immobilisé en mars 2021, dans un port sicilien d’Augusta où il avait fait débarquer 363 migrants le 3 mars[40].

2020[modifier | modifier le code]

Le , Médecins sans frontières et Sea-Watch s'allient pour reprendre les sauvetages en Méditerranée, à bord d’un nouveau navire, le Sea-Watch 4, acheté grâce au soutien de United 4 Rescue, une organisation citoyenne protestante allemande[41],[42]. Le navire est bloqué par l'Italie en septembre 2020 alors qu'il s’apprêtait à aller porter secours en mer; la raison invoquée est que le nombre de gilets de sauvetage contenus sur le bateau est insuffisant, ce que l'association interprète comme « une manœuvre systématique pour empêcher les opérations de secours dans la Méditerranée centrale »[43].

2021[modifier | modifier le code]

Les navires Sea-Watch 3 et Sea-Watch 4 sont bloqués en mars par les garde-côtes au port sicilien d’Augusta sous prétexte de problèmes de sécurité, et à Palerme pendant six mois jusqu’en mars, « à l’issue d’une inspection ayant permis de trouver trop de gilets de sauvetage à son bord par rapport à sa taille », respectivement[44].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Autocollants de la Sea-Watch et de sa campagne Defend solidarity.

La maire de Paris Anne Hidalgo propose de remettre la médaille Grand Vermeil, la plus haute distinction de la Ville de Paris, aux deux capitaines du Sea-Watch 3, Carola Rackete et Pia Klemp, pour réaffirmer son « soutien aux femmes et hommes qui œuvrent au sauvetage des migrants au quotidien »[45],[46]. Carola Rackete et Pia Klemp refusent toutes deux cette décoration, dénonçant l'hypocrisie de la situation[47],[48].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

(ca) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en catalan intitulé « Sea Watch » (voir la liste des auteurs).

Références [modifier | modifier le code]

  1. « Des chercheurs retracent le « sauvetage » désastreux de 150 migrants en Méditerranée », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  2. (en-US) Charles Heller, Lorenzo Pezzani, Itamar Mann et Violeta Moreno-Lax, « ‘It’s an Act of Murder’: How Europe Outsources Suffering as Migrants Drown (Opinion) », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  3. « Enquête. Comment l’Europe et la Libye laissent mourir les migrants en mer », sur Courrier international, (consulté le )
  4. « Une vidéo du New York Times montre comment l'Europe laisse les migrants mourir en mer », sur Libération,
  5. « Trois ONG lancent une opération de sauvetage au large de la Libye », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Aquarius : « La non-assistance à personnes en danger est revenue en force en Méditerranée » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Migrants : « Il existe une politique de criminalisation des sauvetages en mer » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. a et b « Les ONG de sauvetage de migrants sont de retour en Méditerranée », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Migrants en Méditerranée : l’appel de la ligue des droits de l’homme Corse », sur France Bleu, (consulté le )
  10. a et b « La France prête à accueillir des migrants bloqués au large de Malte », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « 49 migrants dans l’attente de la bonne volonté européenne », sur Bruxelles2.eu,
  12. « Migrants : les navires Sea-Watch et Sea-Eye toujours bloqués en mer », sur TV5MONDE, (consulté le )
  13. « Migrants bloqués au large de Malte : le pape lance un appel à la solidarité européenne », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  14. « Les cris de joie des réfugiés du Sea-Watch en apprenant qu'ils ont enfin le droit d'accoster à Malte », sur Le Huffington Post, (consulté le )
  15. « Scènes de joie à bord du Sea Watch avant le débarquement à Malte », sur www.voaafrique.com,
  16. « Italy vows to sue NGO over migrant rescue boat », sur www.aljazeera.com (consulté le )
  17. « Migrants : l’ONG Sea-Watch saisit la CEDH contre l’Italie », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. a et b « L’Italie parvient à un accord sur les 47 migrants du Sea-Watch », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. « Le navire Sea-Watch bloqué en Sicile par les gardes-côtes italiens », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. « Pourquoi migrer tue », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. « Quatre pays d’Europe acceptent d’accueillir les migrants bloqués depuis dix jours en mer au large de Malte », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. Le Point magazine, « Les migrants de Sea-Eye arrivent à Malte avant d'être répartis en Europe », sur Le Point, (consulté le )
  23. « Après la saisie d'un bateau de Sea Watch, des migrants débarquent à Lampedusa, malgré l'interdiction de Matteo Salvini », sur Franceinfo, (consulté le )
  24. a et b « Matteo Salvini couronné "prince" des extrêmes-droites européennes voit son autorité bafouée en Italie » [audio], sur France Culture (consulté le )
  25. « Le ministre de l’intérieur italien Salvini furieux de voir des migrants arriver à Lampedusa », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  26. « Réunis à Malte, les pays d’Europe du Sud, dont la France, restent en désaccord sur l’accueil des migrants », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. « La tension monte autour du Sea-Watch, bloqué en mer avec 42 migrants », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. « Treize jours après avoir secouru plus de 50 migrants, le Sea-Watch 3 force le blocus des eaux italiennes », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  29. « Sea-Watch 3, l'honneur de désobéir », sur France Culture (consulté le )
  30. Rouguyata Sall, « Le Sea-Watch 3 toujours bloqué au large de Lampedusa après avoir forcé le blocus italien », sur Mediapart (consulté le )
  31. « Migrants : les leçons à l’Europe de la capitaine du Sea-Watch 3 », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. « Sea-Watch 3 : « C’est maintenant qu’il faut inverser la destruction du droit et de l’humanité » », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  33. (it) Sea Watch a Lampedusa: ma il 61% degli italiani non vuole che attracchi, ilgiornale.it, 27 juin 2019
  34. « Migrants en Méditerranée : le Sea-Watch 3 accoste à Lampedusa malgré le refus du gouvernement, sa capitaine arrêtée », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  35. Jérôme Gautheret, « La capitaine du navire humanitaire Sea-Watch 3 déclarée libre par la justice italienne », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  36. Agence France-Presse, « La justice italienne invalide l'arrestation de la capitaine du Sea-Watch 3 », Courrier international,‎ (lire en ligne)
  37. « INTERVIEW. Des réfugiés du Sea-Watch à Lille ? Martine Aubry s'explique sur son offre d'accueil », sur France 3 Hauts-de-France (consulté le )
  38. « Lille accueille 42 réfugiés de l'Aquarius », sur France 3 Hauts-de-France,
  39. AFP, « La justice italienne ordonne la libération du navire d’aide aux migrants Sea-Watch 3 », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  40. « Le navire humanitaire allemand « Sea-Watch 3 » immobilisé en Italie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  41. « MSF s’allie à l’ONG Sea-Watch pour reprendre les sauvetages en Méditerranée en août », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  42. Johanna Luyssen, « Sauvetage de migrants : le Sea-Watch 4 prend la mer grâce à l'Église protestante allemande », sur Libération.fr, (consulté le )
  43. « Des ONG accusent l’Italie de retarder une opération de secours de migrants en Méditerranée », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  44. « Plus de 1 400 migrants sont arrivés ce week-end sur l’île italienne de Lampedusa », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  45. « Migrants : les capitaines allemandes du Sea Watch, qui ont défié Salvini, bientôt décorées par la Ville de Paris », sur Le Figaro, (consulté le )
  46. « Migrants : deux capitaines du Sea Watch 3 vont être décorées par la Ville de Paris », sur Franceinfo, (consulté le )
  47. Sophie Chevallereau, « Migrants : la navigatrice Pia Klemp refuse la médaille de la Ville de Paris », Le Parisien, (consulté le )
  48. (en) Lucia Riera Bosqued, « Sea-Watch captain Carola Rackete honoured for migrant rescue », sur euronews, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]