Sautter-Harlé

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Sautter-Harlé
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Fondateur
Louis Sautter (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Directeur

Sautter-Harlé était une entreprise française, spécialisée dans la construction électrique et les moteurs, fondée en 1852 par Louis Sautter (1825-1912) et disparue en 1963. La raison sociale de l'entreprise a changé plusieurs fois, et elle est connue sous les noms de « Sautter, Lemonnier et Cie », puis « Sautter, Harlé et Cie », puis « anciens établissements Sautter-Harlé » et enfin « Société Harlé et Cie transformée ».

Activités industrielles[modifier | modifier le code]

Matériel optique pour phare[modifier | modifier le code]

Après la mort en 1827 d'Augustin Fresnel, l'inventeur de la lentille à échelons pour phare, c'est son frère Léonor Fresnel (1790-1869)[1] qui le remplace à la Commission des phares et va continuer l'équipement en phares du littoral français. Son successeur en 1846, l'architecte et ingénieur Léonce Reynaud à la direction du Service des phares et balises va collaborer avec la société de l'ingénieur Louis Sautter, fondée en 1852 à la suite du rachat de l'atelier de Jean-Baptiste Soleil qui construit des optiques pour phares maritimes[2]. Il commence à améliorer les conceptions de lentilles qui avaient été faites précédemment par l'atelier Soleil et introduit de nouvelles méthodes de construction et augmente la quantité et la qualité des lentilles produites.

Dès , Louis Sautter livre sa première optique de Fresnel pour le phare d'Alcatraz, à San Francisco (Californie), commandée par l'American Lighthouse Board, qui va convertir tous ses phares entre 1853 et 1860, avec des lentilles de Fresnel. Louis Sautter va obtenir la moitié des commandes américaines d'optiques pour phares, l'autre moitié va être attribuée à la Société Henry-Lepaute[3].

En 1854, deux ans après son arrivée à la tête de l'entreprise, Louis Sautter dépose son premier brevet relatif à la construction de l'éclairage des phares : « une modification dans la construction de la partie mécanique des dispositifs tournants, pour les phares à lentilles à éclats, et un nouveau système de lampes pour l'éclairage de ces phares ». De nombreux autres brevets industriels vont suivre ce premier dépôt. Selon l'un de ses ingénieurs, Sautter développe également des méthodes de fabrication permettant d'améliorer la taille du verre pouvant être livré par la société Saint-Gobain[3].

Sa société produit les premières lanternes électriques à arc, en 1863 pour les phares de la Hève, dans l'estuaire de la Seine[Note 1], alimentés par les générateurs électriques de marque Alliance d' Henry Wilde (en)[4],[Note 2].

Louis Sautter s'associe à l'ingénieur Gustave Eiffel, le en déposant une demande de brevet (N° 83080) pour « des perfectionnements dans la construction des tours en fer, et spécialement des tours de phare » en interposant des couronnes métalliques solidarisant toute la structure[5]. Cependant, le phare de Valsörarna en Finlande est construit en 1886 avec la structure métallique conçue par Eiffel, mais avec la société Henry-Lepaute, le concurrent de Louis Sautter.

De nombreux phares lenticulaires ont été équipés par l'entreprise de Louis Sautter, en France et dans le monde entier. En 1889, la société avait livré du matériel pour 2 061 phares dont 143 phares de premier ordre (60 km de portée) lire en ligne.

Motorisation[modifier | modifier le code]

L'entreprise diversifiera son activité avant la première guerre mondiale et collaborera avec les ingénieurs André Blondel et Auguste Rateau dans les domaines des moteurs diesel, des moteurs électriques et des turbines à vapeur. Celles-ci seront utilisées dans de nombreuses mines et usines métallurgiques[Note 3],[6].

Constructeur automobile[modifier | modifier le code]

L'entreprise a aussi produit des véhicules dès 1907 sous le nom de Sautter-Harlé. En 1908, un changement de nom a eu lieu en Sautter Harlé et Cie.

Initialement, les modèles 10/12 CV avaient un moteur à deux cylindres et les modèles 16/20 CV avaient un moteur à quatre cylindres. Le moteur était monté à l'avant du véhicule et propulsait l'essieu arrière via un arbre de transmission à cardan. Le capot était similaire à un capot d'un véhicule Renault, cependant, le radiateur était monté sur le moteur.

En 1911, les moteurs à quatre cylindres ont équipé la 12 CV avec une cylindrée de 1944 cm3, la 18 CV avec une cylindrée de 3053 cm3. La 24 CV était équipée d'un moteur à six cylindres de 4580 cm3 de cylindrée.

La production automobile s'est arrêtée en 1912.

Matériels pour l'Armée et la Marine[modifier | modifier le code]

L'entreprise travaille aussi dans le domaine de l'armement. En 1880, la société fabrique des postes photo-électriques ambulants, de différentes tailles, composés de projecteurs à arc (type Mangin), alimentés en courant continu par une machine à vapeur actionnant une dynamo électrique (type Gramme)[7]. Les projecteurs à arc ont été inventés par Adrien Bochet (1863-1922), l'ingénieur en chef de Sautter[8].

En 1891, elle fabrique pour le premier sous-marin le Gymnote (Q1), le premier périscope ayant donné des résultats satisfaisants. Pour le second sous-marin, le Gustave Zédé (Q2), elle réalise en 1892, le premier grand moteur à courant continu d'une puissance de 720 ch[4].

Entre 1906 et 1908, la société produit des moteurs thermiques et électriques pour les six sous-marins de la classe Émeraude. Elle produit aussi des mines sous-marines et des mines pour sous-marins[4],[9].

En 1921, la société produit des moteurs pour véhicule blindé, comme le char d'assaut de type FCM 2C

Dans les années 1930, elle produit des systèmes acoustiques utilisés par l'artillerie antiaérienne comme le télésitémètre Mle 1934 S[Note 4],[10] ainsi que des systèmes électromécaniques et des automatismes divers pour les bâtiments de la Marine nationale, dont des projecteurs asservis, des automatismes de barre.

Dans les années 1930, la société fournira aussi des motorisations Sautter-Harlé-Blondel pour les tourelles quadruples des cuirassés de la classe Dunkerque, équipés du canon de 330 mm/50 modèle 1931.

Motorisation pour la ligne Maginot[modifier | modifier le code]

Cette spécialisation de motoriste de l'armement naval va permettre à l'entreprise d'être retenue pour concevoir et fabriquer les systèmes de motorisation électrique des tourelles de 135 mm modèle 1934 et des tourelles de 75 mm R modèle 1932, de la ligne Maginot. La motorisation sert en particulier à éclipser la tourelle sous terre.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Phares détruits en 1944. Le phare est reconstruit en 1951
  2. La plupart des 150 grands phares français sont construits au XIXe siècle dont la construction est partagée entre trois entreprises dont la société de Louis Sautter
  3. C'est Auguste Rateau l'ingénieur conseil de la société Sautter-Harlé qui déposera le un brevet (N°278293), pour les spécifications d'une turbine à vapeur multicellulaire (turbine Rateau), qui d'abord utilisée sur des navires de la Marine nationale sera utilisée dans les années 1930 sur le paquebot Normandie
  4. Le télésitémètre SH (ou cellule d'écoute Sautter-Harlé) est un système acoustique (amélioration du myriaphone inventé en 1917 par l'ingénieur Jean Perrin) qui permet de visualiser automatiquement la route d'un avion, de donner son gisement et son angle de site

Références[modifier | modifier le code]

  1. Bibliothèque des Phares, « Fresnel, Léonor », sur bibliothequedesphares.fr (consulté le ).
  2. Bibliothèque des Phares, « Sautter, Louis », sur bibliothequedesphares.fr (consulté le ).
  3. a et b (en) Thomas Tag, « The Fresnel Lens Makers : Les fabricants de lentilles de Fresnel », sur uslhs.org (en) (consulté le ).
  4. a b et c Annales des Mines, « Jean-Alexandre Rey (1861-1935) », sur annales.org (consulté le ).
  5. Vincent Guigueno, « Le Phare en pièces détachées, Amédée et les tours métalliques du XIXe siècle », sur journals.openedition.org, (consulté le ).
  6. INPI, « La turbine à vapeur (1898) », sur inpi.fr (consulté le ).
  7. Cédric Vaubourg, « L'électrification dans les fortifications Séré de Rivières et l'usine électrique », sur fortiffsere.fr (consulté le ).
  8. Université Paris-Saclay, « Bochet Adrien (1863-1922) », sur mediatheque.universite-paris-saclay.fr (consulté le ).
  9. (en) NavWeaps, « France, Mines », sur navweaps.com (consulté le ).
  10. Base documentaire artillerie, « Évolution des matériels d’écoute de l’entre-deux guerres », sur artillerie.asso.fr (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Nicolas Lazarevitch, « Ceux qui occupent les usines. La grève Sautter-Harlé (1) », Agone, no 50,‎ , p. 185-190 (lire en ligne).
  • « La société Fives-Lille et la maison Bréguet vont fusionner », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • « Adrien Bochet (1886) De l'électricité à la direction de l’École », Centraliens, no 629,‎ (lire en ligne).
  • Jérôme Blanc, Les Engel : une famille d'industriels et de philanthropes, Paris, Généalogie et Histoire, , 342 p. (ISBN 2-86496-060-5, EAN 978-2-86496-060-7, lire en ligne), p. 129.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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