Aller au contenu

Sarko m'a tuer

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Sarko m'a tuer
Auteur Gérard Davet et Fabrice Lhomme
Pays Drapeau de la France France
Genre Entretiens
Éditeur Stock
Lieu de parution Paris
Date de parution 2011
Nombre de pages 364
ISBN 978-2234069510

Sarko m'a tuer est un livre écrit par Gérard Davet et Fabrice Lhomme, regroupant le témoignage de 27 personnalités, ces dernières affirmant avoir subi colère ou représailles de la part du président français Nicolas Sarkozy. Le titre est inspiré de la phrase « Omar m'a tuer ».

Dès la parution d’extraits, dans L'Express[1], le livre provoque la polémique[2], ayant un écho jusque dans la presse internationale[3],[4],[5],[6],[7]. Il parait dans la même semaine, le .

Affaire Woerth-Bettencourt

[modifier | modifier le code]
Gérard Davet en dédicace de Sarko m'a tuer au salon du livre de Paris 2012.

Cet entretien est le premier à susciter la controverse et la Une du quotidien Libération[8] (une seconde Une, trois jours plus tard, concerne l'espionnage de Gérard Davet[9]).

La juge Isabelle Prévost-Desprez y indique que ce qui l’a frappée dans le supplément d’information qu’elle a conduit, c’est « la peur des témoins… Ils étaient effrayés de la violence avec laquelle Claire Thibout avait été déstabilisée, ils ne voulaient pas connaître son sort »[10]. La juge affirme en outre que l'infirmière de Liliane Bettencourt avait confié à sa greffière, hors procès-verbal, que Nicolas Sarkozy aurait reçu des sommes d'argent en liquide. Elle est contredite deux jours plus tard par l'infirmière, qui confirme cependant les pressions subies, indiquant notamment avoir été la cible de « menaces de mort »[11]. Pour sa part, la greffière indique n’avoir « aucun souvenir » de confidences faites par l’infirmière[12].

Dans un autre chapitre du livre, l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, affirme avoir subi d'importantes pressions policières pour qu'elle modifie ses dépositions, venant directement du parquet de Nanterre[13].

À la suite de cette parution, le , le président du tribunal de Nanterre annonce qu'il a demandé à Isabelle Prévost-Desprez de se déporter des audiences de l'affaire du Mediator en raison de ses affirmations dans Sarko m'a tuer[14],[15]. Pour les mêmes raisons, elle est également convoquée à « un entretien préalable à l'engagement de poursuites disciplinaires » par le premier président de la Cour d'appel de Versailles[16].

Dans le même temps, Claire Thibout et Isabelle Prévost-Desprez sont auditionnées au tribunal de Nanterre, respectivement le et le [17].

Autres éléments

[modifier | modifier le code]

Les autres témoignages mis en avant par L'Express ou ayant donné lieu à une couverture médiatique :

Le livre comporte également des témoignages à charge sur les pratiques de Nicolas Sarkozy, de la part de personnalités politiques de droite : Patrick Devedjian, Christine Boutin et Dominique de Villepin.

Fabrice Lhomme en signature de Sarko m'a tuer au salon du livre de Paris 2012.

Les réactions à ce livre sont nombreuses et vives : la majorité parle de manœuvre à moins d'un an de l'élection présidentielle française de 2012, tandis que l'opposition réclame l'ouverture d'une enquête[22].

Certains journalistes critiquent le livre ou son traitement médiatique : Sébastien Fol, journaliste au Figaro, déplore la référence du titre à Omar Raddad et « l'inflation du vocabulaire politique et le marketing éditorial »[23]. Alain Duhamel, éditorialiste à RTL, n'attaque pas l'ouvrage en lui-même mais regrette que les médias relaient l'information sans vérification ni enquête préalable[24] ; toujours sur RTL, Jean-Michel Aphatie parle de « faillite du journalisme »[25].

Pour Daniel Schneidermann, le titre est bien choisi et « le contenu est à la hauteur, et surtout exceptionnellement médiatisable », mais se demande si l'on peut « mettre sur le même plan » les vingt-sept différentes personnes[26].

Dans le même article de Marianne où il évoque le démenti de l’infirmière, Maurice Szafran écrit : « Indispensable de lire, à tête reposée et sans a priori […] Sarko m’a tuer. Rigueur de l’enquête, précision de l’écriture, un thriller de la politique »[27].

Les trois premiers jours, 15 000 exemplaires sont vendus, ce qui place le livre en tête du classement des ventes « essais et documents » en France[28]. Au bout de deux semaines, il reste en tête du classement, avec 25 000 exemplaires vendus, ce qui, d'après L'Express, « est exceptionnel dans un marché morose »[29]. Le livre passe en deuxième position en troisième semaine (devancé par La République des mallettes, de Pierre Péan)[30]. Les ventes décroissent ensuite, le livre passant sixième en quatrième semaine[31] puis douzième des ventes en sixième semaine[32].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Bonne feuilles sur lexpress.fr
  2. « Affaire Bettencourt : écoutes, pressions, la polémique enfle », La Dépêche du Midi, 2 septembre 2011.
  3. « Giudice accusa: "Sarkozy prese mazzette" », La Repubblica, 31 août 2011.
  4. Peduzzi di Paola « Sarkozy resta impigliato nel caso Bettencourt, tutt’un affare di donne », Il Foglio, 1er septembre 2011.
  5. Henry Samuel, « Nicolas Sarkozy 'received cash handouts from L'Oreal heiress' », The Telegraph, 1er septembre 2011.
  6. Sylvie Corbet, « Sarkozy denies claims of illegal campaign cash », Associated Press, 31 août 2011.
  7. Stefan Simons, « Altskandal verdirbt Sarkozy die Libyen-Sause », Der Spiegel, 31 août 2011.
  8. « La juge qui accuse Sarkozy », une de Libération du 30 août 2011.
  9. « Menteurs d'État », une de Libération du 2 septembre 2011.
  10. Voir p. 135 du livre.
  11. Laurent Neumann, « L’ex-infirmière de Bettencourt : « Je n'ai pas parlé de Sarkozy » », Marianne,‎ (lire en ligne).
  12. « La greffière d'Isabelle Prévost-Desprez lâche la juge de Nanterre », sur nouvelobs.com (consulté le ).
  13. « « Sarko m'a tuer » : les pressions et la peur des témoins », La Dépêche du Midi, 1er septembre 2011.
  14. « La juge Isabelle Prévost-Desprez dessaisie du dossier Mediator », liberation.fr avec AFP, 13 septembre 2011.
  15. François Koch, « "Prévost-Desprez reprendra ses fonctions dans l'affaire Mediator" », L'Express, 13 septembre 2011.
  16. Pauline Talagrand « Bettencourt: la juge Prévost-Desprez convoquée vendredi par sa hiérarchie », AFP, 27 septembre 2011.
  17. AFP, « Affaire Bettencourt : la juge Prévost-Desprez entendue sur le financement politique », 21 septembre 2011.
  18. Pour Filippetti (PS), l'Elysée a fait fuiter une plainte sur sa vie privée, AFP, 1er septembre 2011.
  19. « L'ex-PDG de la Société générale règle ses comptes avec Sarkozy », Challenges, 31 août 2011.
  20. François Barrère, « "J'ai eu envie de mettre un coup de boule" à Nicolas Sarkozy », Midi libre.
  21. Sylvain Bourmeau, « «Sarko m’a tuer», témoins à charge », sur Liberation.fr, (consulté le ).
  22. Sarko m'a tuer, les réactions.
  23. Sébastien Fol, « "Sarko m'a tuer" : à propos d'un titre »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), blog.lefigaro.fr, (consulté le ).
  24. Emmanuel Schwartzenberg, « Bettencourt/Sarko : Alain Duhamel s'indigne », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  25. « Sarko m'a tuer : "faillite du journalisme" (Aphatie) », Arrêt sur Images, 2 septembre 2011.
  26. Daniel Schneidermann, Sarko m'a tuer : pourquoi ça va marché (sic), Arrêt sur Images, 1er septembre 2011.
  27. Maurice Szafran, « Sarkozy, le journalisme et nous », Marianne, no 750,‎ .
  28. Marianne Payot, « Départ fulgurant pour Carrère et Grangé » (Palmarès L'Express/ Tite-Live du 29 août au 4 septembre), L'Express, 9 septembre 2011.
  29. Emmanuel Hecht, « Le palmarès répond aux questions des Français » (Palmarès L'Express du 4 au 11 septembre), 16 septembre 2011.
  30. Marianne Payot, « Carrère et Vigan, gagnants sur tous les tableaux » (Palmarès l'Express du 11 au 18 septembre), 22 septembre 2011.
  31. « Le palmarès fait revivre la philosophie de Lucien Jerphagnon » (Palmarès l'Express du 19 au 25 septembre), 29 septembre 2011.
  32. « Palmarès: les éditeurs jouent la marque et sauvent la mise » (Palmarès l'Express du 2 au 9 octobre), 14 octobre 2011.