Sanche II (roi de Portugal)
Sanche II | |
![]() Le roi Sanche II, enluminure issue de la Généalogie des rois du Portugal (XVIe siècle). | |
Titre | |
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Roi de Portugal | |
– (23 ans, 9 mois et 6 jours) |
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Prédécesseur | Alphonse II de Portugal |
Successeur | Alphonse III de Portugal |
Biographie | |
Dynastie | Capétien Maison de Bourgogne |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Coimbra |
Date de décès | (à 38 ans) |
Lieu de décès | Tolède |
Père | Alphonse II de Portugal |
Mère | Urraque de Castille |
Conjoint | Mécia Lopes de Haro |
Enfants | Pas de descendance légitime |
Héritier | Alphonse III de Portugal son frère cadet |
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Rois de Portugal | |
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Sanche II de Portugal, dit le Pieux (, Coimbra - , Tolède) est le quatrième roi de Portugal. Il monte sur le trône en 1223 et son frère, le futur roi Alphonse III de Portugal, lui succède officiellement après sa mort, en exil à Tolède, le [1].
Jeunesse
[modifier | modifier le code]Il est le fils du roi Alphonse II de Portugal et de la reine Urraque de Castille [2].
Il grandit, durant les premières années du règne d'Alphonse II, sous la tutelle de deux de ses vassaux, Martim Fernandes de Riba de Vizela et Estevainha Soares da Silva. Le premier a été officier du roi Sanche Ier jusqu'à sa mort avant d'être élevé au rang d'intendant par Alphonse II [3].
Une crise pour la succession au trône portugais éclate à partir du 27 mars 1211 [4]. Certaines factions favorisent l'infant Pierre de Portugal, probablement en raison d'allégations selon lesquelles Alphonse II souffre de la lèpre [5]. Bien qu'Alphonse II obtienne le trône, des tensions subsistent, certains nobles rejoignant Alphonse IX de León dans les conflits frontaliers et d'autres soutiennent les sœurs du roi dans des conflits concernant le testament de leur père [5].
Dès l'été 1222, le roi Alphonse II ne signe plus les décrets de sa main et le prince Sanche est encore trop jeune pour gouverner. Cela rend l'avenir du royaume incertain [6].
Règne
[modifier | modifier le code]Début de règne et Reconquista
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À la mort d'Alphonse II le 25 mars 1223 [5], le nouveau roi Sanche II n'a que 13 ans et est initialement guidé par l'archevêque de Braga [5].
Le pays traverse une profonde crise économique depuis le règne de son grand-père, Sanche Ier, qui s'explique par des mauvaises récoltes successives, l'inflation, des famines et des pillages en territoires ennemis [7].
Le roi poursuit la Reconquista portugaise contre les Maures en leur reprenant plusieurs villes de l'Alentejo et de l'Algarve avec l'aide des Ordres Militaires, dont l'Ordre de Santiago, qui reçoivent en échange des terres et châteaux dans plusieurs localités comme Aljustrel, Sesimbra, Aljafar de Pena, Mértola, Ayamonte ainsi que Tavira [8].
Au printemps 1226, Sanche II assiège Elvas pendant que les Léonais attaquent la ville voisine de Badajoz [9]. En 1234, les Portugais conquièrent Aljustrel et Alvito [10],[11]. En 1235, la ville d'Arronches est capturée et le roi Sanche II fait don du château au monastère de Santa Cruz à Coimbra [12],[13]. Le château de Sesimbra est offert à l'Ordre de Santiago en 1236 [14]. En 1238, Sanche II prend la ville portuaire d'Ayamonte et Paio Peres Correia conquiert Mértola, qui donne accès à la rive gauche du fleuve Guadiana [15], puis s'empare de Tavira en 1242 [16],[17].
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Le royaume du Portugal de 1224 à 1230.
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Le royaume du Portugal de 1230 à 1240.
Conflit avec l'Église et fin de règne
[modifier | modifier le code]Le légat pontifical Jean Halgren d'Abbeville tente d'apaiser des tensions persistantes entre la noblesse portugaise et l'Église, pendant que Sanche II préfère se concentrer sur ses campagnes militaires plutôt que sur les hostilités internes croissantes [18]. En 1237, Sanche II est en conflit avec les évêques de Lisbonne, Guarda et Braga [18],[19].
Le roi de Portugal décide d'épouser Mencia Lopez de Haro, une noble castillane. Cette union est documentée par la bulle pontificale Sua nobis du pape Innocent IV [20],[21],[22]. La date et le lieu du mariage sont incertains. Il n'apparaît pas dans l'ouvrage de Rodrigue de Tolède, achevé en mars 1243, mais la bulle papale le mentionne en 1245, suggérant qu'il doit être situé entre ces dates [23].
Le clergé portugais se soulève contre le mariage, non pas tant par opposition directe que par désir indirect d'embarrasser le roi afin de hâter sa chute [20]. Leur mépris pour le roi provient de diverses injustices perçues, comme la révocation d'une concession au monastère de Bouço faite par Alphonse Ier de Portugal et confirmée par Alphonse II [20],[24].
L'archevêque de Porto se plaint formellement au pape Innocent IV qui adresse une bulle à Alphonse de Portugal, frère du roi, dans laquelle il lui demande de lever des troupes à Boulogne pour aider l'Église. Il semble qu'il s'agisse d'un prétexte pour permettre à Alphonse de faire venir des hommes armés à Lisbonne [20].
Le comte de Boulogne est l'héritier du trône portugais en l'absence d'enfant entre Sanche II et la reine Mencia Lopez de Haro. Alphonse porte l'affaire d'une consanguinité du couple royal au pape, qui publie une bulle dénonçant l'état du royaume de Portugal et, appuyé par les plaintes des évêques portugais, menace de prendre des « mesures appropriées » si Sanche II refuse de répudier sa femme [20],[25].
En février 1245, le pape Innocent IV, encouragé par Alphonse, comte de Boulogne, déclare nul le mariage de Sanche II de Portugal avec Mencia Lopez de Haro et, un mois plus tard, publie la bulle « Inter alia desiderabilia ». Le 24 juillet de la même année, la bulle « Grandi non immerito » déclare Sanche II « rex inutilis » (roi inutile) [19],[26] et transfère l'administration du Portugal au comte Alphonse de Boulogne, ce qui conduit à la guerre civile [27].
Début janvier 1246 [28], suite à son débarquement au Portugal, le comte Alphonse de Boulogne assiège Coimbra et capture la reine Mencia Lopez de Haro à l'été 1246, qu'il emprisonne dans la forteresse d'Ourém [28],[29]. Cependant, la capitale du royaume résiste et Alphonse décide d'attaquer Leiria, le 2 avril 1246, qui est prise malgré une résistance des défenseurs [28],[30].
Le 13 janvier 1247, Sanche II de Portugal, accompagné de forces castillanes commandées par l'Infant Alphonse de Castille et Diego López de Haro [31], tente de contre-attaquer à Leiria [32],[33]. Ses troupes causent plus de deux cents morts parmi les forces du comte de Boulogne [32] mais ne parviennent pas à reprendre la ville [33].
Après leur défaite à Leiria, les forces de Sanche II et d'Alphonse de Castille entament leur retraite vers le royaume de León. Sur le chemin du retour, elles s'approchent du château de Trancoso, où nombre de leurs adversaires sont emprisonnés [31].

Trouvant toute résistance impossible, l'Infant Alphonse de Castille quitte le Portugal, et Sanche II s'enfuit en exil à Tolède, en Castille, où il meurt le [27],[34],[31].
Martim de Freitas, gouverneur de Coimbra, conserve le contrôle de la capitale portugaise au nom du roi Sanche II et n'accepte de capituler qu'après s'être rendu à Tolède pour vérifier le corps de son maître dans le cercueil [35].
Jusqu'au décès de Sanche II, son frère utilise le titre de Visitador, Curador e Defensor do Reino (Gardien, Conservateur et Défenseur du Royaume) avant de lui succéder officiellement sur le trône portugais sous le nom d'Alphonse III [36].
Union
[modifier | modifier le code]Sanche II épouse Mencia Lopez de Haro, une noble de Castille fille de Lopez de Haro et de Dona Urraca, elle-même fille illégitime du roi Alphonse IX de León, mais le couple n'a pas d'enfants légitimes [37].
Titre complet
[modifier | modifier le code]Roi de Portugal par la grâce de Dieu
Ascendance
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ H. Salvador Martínez, Alfonso X, le savant : une biographie, BRILL, , 380 p. (ISBN 978 -90-04-19342-0, lire en ligne)
- ↑ Martínez Díez 2007, p. 49.
- ↑ Ibidem, p. 36.
- ↑ (pt) Antonio Caetano de Souza, Historia Genealógica de la Real Casa Portuguesa, vol. I, Lisbonne, Lisboa Occidental, na oficina de Joseph Antonio da Sylva, , 132–134 p. (ISBN 978-84-8109-908-9, lire en ligne)
- Mattoso 1984, p. 11.
- ↑ Ibidem, p. 50.
- ↑ Hermenegildo Fernandes, D. Sancho II: Tragédia, Círculo de Leitores, 2006, pp. 27-28.
- ↑ António Brandão de PINHO, A Cruz da Ordem de Malta nos Brasões Autárquicos Portugueses, Lisboa, Chiado Editora, (lire en ligne), p. 426
- ↑ (pt-BR) Fernando Branco Correia, Elvas au Moyen Âge, Publicações do Cidehus (lire en ligne), p. 134
- ↑ Site Autárquico de Aljustrel (lire en ligne)
- ↑ "Síntese Histórica" dans cm-alvito.pt.
- ↑ Porto Editora – Arronches dans Infopédia [en ligne]. Porto : Porto Éditeur. [consulter. 2024-10-10 19:36:12]. Disponible sur https://www.infopedia.pt/$arronches
- ↑ (pt-BR) Luísa Trindade, Urbanisme dans la composition de Portugal, Coimbra, Imprensa da Universidade de Coimbra / Coimbra University Press (lire en ligne), p. 230
- ↑ Miguel Gomes Martins : L'art de « La guerre au Portugal : 1245 à 1367 », Presses universitaires de Coimbra, 2014, p. 174.
- ↑ António Castro Henriques: Conquista do Algarve - 1189-1249 - O Segundo Reino, Tribuna da História, 2003, pp. 57-83.
- ↑ Joaquim Romero Magalhães: O Algarve na Época Moderna: Esmiunças 2, p. 21.
- ↑ A conquista de Tavira por Paio Peres Correia, Hoje o héroi é Tavira (Extrato de Programa), por José Hermano Saraiva, RTP/ Videofono, 2006
- Mattoso 1984, p. 12.
- Medina 2013, p. 621.
- LA FIGANIÈRE, Frederico Francisco de, Memorias das rainhas de Portugal, p. 85 a 98, Typographia universal, 1859
- ↑ Moines d'Alcobaça, Chronicon Alcobacense, sec. XIV
- ↑ SERRÃO, Joaquim Veríssimo, História de Portugal, t. I, 3e éd., Editorial Verbo
- ↑ SERRÃO, Joaquim Veríssimo, História de Portugal, t. I, 3ª ed., Editorial Verbo
- ↑ Brito, Crónicas de Cister, L. 5, c. 6
- ↑ Alexander Herculano, História de Portugal, p. 389
- ↑ Martins 2014, p. 537.
- Mattoso 1984, p. 13.
- Medina 2013, p. 622.
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- ↑ Ventura 1993, p. 166.
- Livermore 1947, p. 132.
- Medina 2013, p. 627.
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- ↑ (en) Bernard F. Reilly, The Medieval Spains, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-39741-4, lire en ligne), p. 171
- ↑ Livermore 1947, p. 132–133.
- ↑ Joaquín Lumbreras, Les libertés de l'Église espagnole justifiées contre le discours du bienheureux Père Grégoire XVI au consistoire secret du 1er mars de cette année, Imprimerie de la veuve Calero, (lire en ligne)
- ↑ Real Academia de Historia, Colección Salazar y Castro, Ref. M-8, fº 63v-64 (lire en ligne [archive du ])