Sami Tchak
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Sami Tchak, nom de plume de Sadamba Tcha-Koura, est un écrivain africain né au Togo en 1960. Vivant à Paris depuis 1986, il a publié plusieurs essais et une douzaine de romans qui ont été salués par la critique.
Biographie[modifier | modifier le code]
Sadamba Tcha-Koura est né dans un village du Togo, où son père était forgeron. Après une licence de philosophie obtenue à l’université de Lomé, capitale de son pays, en 1983, il enseigne au lycée de Sokodé pendant trois ans. Il arrive en France en 1986 pour des études en sociologie. Il obtient son doctorat à la Sorbonne (Paris V) en cette matière en 1993[1].
Dans le cadre de ses activités de sociologue, il se rend à Cuba en 1996 pour sept mois de recherches sur la prostitution à Cuba. Il écrit La Prostitution à Cuba, préfacé par l’écrivain cubain Eduardo Manet). Participant au festival littéraire de Mantoue (Italie) en 2008, Sami Tchak avait déclaré lui-même que la découverte de Cuba et du Mexique à la fin des années 1990, puis de la Colombie plus tard dans les années 2000, ont influencé ses choix littéraires. Ces pays, mais aussi et surtout les grands écrivains de toute l'Amérique latine, lui ont ouvert de nouveaux horizons, notamment La Ville et les chiens de Vargas Llosa[2],[3].
Après un premier premier roman, Femme infidèle, édité à Lomé en 1988, l'auteur fait une longue pause afin de réinventer son écriture. Son deuxième roman, Place des Fêtes, parait en 2001. Alain Mabanckou juge que ce roman est « le plus iconoclaste de la littérature subsaharienne contemporaine »[4]. Questionné sur la place de la sexualité dans ce roman et son côté sulfureux, l'auteur répond : « Dans Place des fêtes, l’élément sexuel n’est pas nécessairement une chose essentielle, bien qu’il soit présent à chaque page : il permet surtout au narrateur de déconstruire les valeurs qu’on lui a inculquées, en ajoutant une dose d’humour à des sujets sérieux[2]. » Ainsi, le désir féminin, que la bienséance réduit à son aspect sentimental, est ici affirmé sans ambage, au même titre que celui de l'homme.
Dans Hermina (2003), il propose une intrigue romanesque « brassant les obsessions érotiques et les troubles identitaires d'une pléiade de personnages exilés entre le Mexique, Cuba, Haïti, Paris ou Miami », tout en faisant « un pied de nez à la bonne conscience de l'homme blanc et à tous ceux qui se rendent "coupables d'un racisme à l'envers" »[5]. Comme il le reconnaît à propos de ce roman, « j’ai décidé d’étaler, d’exposer avec une certaine vanité une partie de ma bibliothèque[2]. »
Entre 2004 et 2008, il publie trois romans — La fête des masques, 2004 (éditions Gallimard), Le paradis des chiots, 2006, et Filles de Mexico, 2008 (Mercure de France) — qui évoquent Cuba, le Mexique et la Colombie.
À partir de 2011, l'auteur se tourne vers son continent d'origine, l'Afrique, avec ses romans Al Capone le Malien (dont les intrigues se déroulent au Cameroun, en Guinée et au Mali) et L'Ethnologue et le sage (qui se passe dans un petit village du Togo), puis, à partir de 2014, a publié des textes plus personnels (La couleur de l'écrivain, 2014, réédité en 2022 aux éditions Continents, Ainsi parlait mon père, 2018, Les fables du moineau, 2020...)
Dans Le Continent du tout et du presque rien (2021), il se met dans la peau d'un anthropologue français qui revient, au terme de sa carrière, sur la façon dont on a pensé l'Afrique : « le romancier parvient à convoquer, dans cet ébouriffant exercice d’érudition, nombre de penseurs actuels des sphères académique, politique, économique ou artistique, de Célestin Monga à Achille Mbembe en passant par Aminata Traoré, Felwine Sarr, Romuald Fonkoua et bien d’autres. Invité à un véritable périple intellectuel, le lecteur doit quant à lui démêler le vrai du faux et se faire sa propre opinion[6]. » Selon l'écrivain tunisien Yamen Manai, « Sami Tchak montre bien le regard vertical de l’Occidental sur les Africains, ce fameux regard de surplomb qui biaise nécessairement les choses[7]. »
En 2004, il a obtenu le grand prix littéraire d'Afrique noire pour son roman La fête des masques[8].
Nombre de ses livres ont été traduits en italien, espagnol et allemand.
Publications[modifier | modifier le code]
Signé Sami Tchak[modifier | modifier le code]
- Romans et textes inclassables
- Place des Fêtes[9], 2001, Paris, Éditions Gallimard (traduit en allemand et en espagnol)
- Hermina[10], 2003, Paris, Éditions Gallimard
- La Fête des masques[11], 2004, Paris, Éditions Gallimard (traduit en italien et en Espagnol)
- Le Paradis des chiots[12], 2006, Paris, Mercure de France
- Filles de Mexico[13], 2008, Mercure de France
- Al Capone le Malien[14], 2011, Mercure de France
- L'ethnologue et le sage[15], 2013, éditions ODEM, Libreville, Gabon
- La Couleur de l'écrivain[16], 2014 et 2017, Ciboure, La Cheminante (réédition, 2022, éditions Continents, au Togo)
- Ainsi parlait mon père[17], 2018, Paris, éditions Jean-Claude Lattès, 272 pages (ISBN 978-2-7096-6182-9)
- Les Fables du moineau[18], 2020, Gallimard[19],[20] - Prix La-Renaissance-française de l’Académie des sciences d'outre-mer.
- Le duo de l’Étoile et de la Luciole[21], 2020, Hadassa, Abidjan
- Le Continent du Tout et du presque Rien, 2021, éditions Jean-Claude Lattès, Prix Ivoire 2022 (ISBN 978-2709662635)[4],[22],[23]
- Essais
- La Sexualité féminine en Afrique[24], 1999, Paris, L’Harmattan
- La Prostitution à Cuba[25], 1999, Paris, L’Harmattan
- L’Afrique à l’épreuve du sida[26], 2000, Paris, L’Harmattan
Signé Sadamba Tcha-Koura[modifier | modifier le code]
- Femme infidèle[27], roman, 1988, Lomé, Nouvelles Éditions africaines
- Formation d’une élite paysanne au Burkina Faso, essai, 1995, Paris, L’Harmattan
Contributions à un ouvrage collectif[modifier | modifier le code]
- Africana. Raccontare il continente al di là degli stereotipi, édité par Chiara Piaggio, Feltrinelli, 2021[28].
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Annick Cojean, "L'exil, c'est une mort symbolique", Le Monde, 14 mars 2013.
- Sami Tchak, « Entretien avec Sami Tchak (07/05/2016) », Fabula / Les colloques, Afriques transversales, lire en ligne.
- Sami Tchak, Babelio.
- Tirthankar Chanda, « Chemins d’écriture : Interrogations sur la pensée ethnologique, avec Sami Tchak », RFI,
- Jean-Luc Douin, "Errances, Eros", Le Monde, 27 février 2003.
- Kidi Bebey, « Le Continent du Tout et du presque Rien », les tribulations intellectuelles de Sami Tchak », Le Monde, 26 décembre 2021.
- Kidi Bebey, « Quatre livres qui m’ont marqué »… par l’écrivain tunisien Yamen Manai, Le Monde, 14 août 2022.
- Grand prix littéraire de l'Afrique noire. Liste des lauréats, [lire en ligne], consulté le 14 avril 2016
- Sami Tchak, Place des Fêtes : roman, Gallimard, (ISBN 2-07-076011-1 et 978-2-07-076011-4, OCLC 46419436, lire en ligne)
- Sami Tchak, Hermina : roman, Gallimard, (ISBN 2-07-076847-3 et 978-2-07-076847-9, OCLC 51860999, lire en ligne)
- Sami Tchak, La fête des masques : roman, Gallimard, (ISBN 2-07-077038-9 et 978-2-07-077038-0, OCLC 54773327, lire en ligne)
- Sami Tchak, Le paradis des chiots : roman, Mercure de France, (ISBN 2-7152-2626-8 et 978-2-7152-2626-5, OCLC 71335947, lire en ligne)
- Sami Tchak, Filles de Mexico : roman, Mercure de France, (ISBN 978-2-7152-2784-2 et 2-7152-2784-1, OCLC 214304585, lire en ligne)
- Sami Tchak, Al Capone le Malien : roman, Mercure de France, (ISBN 978-2-7152-3178-8 et 2-7152-3178-4, OCLC 703208727, lire en ligne)
- Sami Tchak, L'ethnologue et le sage : roman, (ISBN 978-2-919487-67-7 et 2-919487-67-1, OCLC 875526425, lire en ligne)
- Sami Tchak, La couleur de l'écrivain : comédie littéraire, (ISBN 978-2-917598-86-3 et 2-917598-86-7, OCLC 905723390, lire en ligne)
- Sami Tchak, Ainsi parlait mon père, (ISBN 978-2-7096-6182-9 et 2-7096-6182-9, OCLC 1031904113, lire en ligne)
- Ananda Devi, Les fables du moineau, (ISBN 978-2-07-285745-4 et 2-07-285745-7, OCLC 1135385505, lire en ligne)
- Annie Ferret, « Nouveau roman de Sami Tchak : Il y a longtemps… les fables du moineau… », sur Africultures, (consulté le )
- « Les fables du moineau - Continents Noirs - GALLIMARD - Site Gallimard », sur www.gallimard.fr (consulté le )
- Sami Tchak, Le duo de l'étoile et de la luciole, Abidjan, Hadassa, , 93 p. (ISBN 978-2-490-14206-4)
- Kidi Bebey, « « Le Continent du Tout et du presque Rien », les tribulations intellectuelles de Sami Tchak », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- Valérie Marin la Meslée, « Littérature : Sami Tchak, ou l’art de penser en noir et blanc », sur Le Point,
- Sami Tchak, La sexualité féminine en Afrique : domination masculine et libération féminine, Harmattan, (ISBN 2-7384-8132-9 et 978-2-7384-8132-0, OCLC 45556298, lire en ligne)
- Sami Tchak, La prostitution à Cuba : communisme, ruses et débrouille, L'Harmattan, (ISBN 2-7384-8185-X et 978-2-7384-8185-6, OCLC 45087110, lire en ligne)
- Sami Tchak, L'Afrique à l'épreuve du SIDA, Harmattan, (ISBN 2-7384-8800-5 et 978-2-7384-8800-8, OCLC 47741666, lire en ligne)
- Sami Tchak, Femme infidèle, Lomé, GRAINES DE PENSÉES, , 200 p. (ISBN 979-10-361-0049-9)
- « Vaincre l’ouragan avec un éventail », sur Alliance Sud, (consulté le )
Articles connexes[modifier | modifier le code]
Liens externes[modifier | modifier le code]
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