Sama' Abdulhadi

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Sama' Abdulhadi
Surnom Sama'
Skywalker
Nom de naissance Sama' Abdulhadi (سما عبد الهادي)
Naissance
Amman, Jordanie
Activité principale DJ
Productrice
Musicienne
Genre musical Musique électronique
Techno
House
Années actives depuis 2010
Labels Awyav

Sama' Abdulhadi (arabe: سماء عبد الهادي), aussi connue sous les noms Sama' et Skywalker, est une musicienne, DJ et productrice de musique électronique palestinienne basée à Paris[1]. Elle est considérée comme la DJ palestinienne la plus connue[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et débuts[modifier | modifier le code]

Sama' Abdulhadi naît en à Amman en Jordanie où ses parents, cisjordaniens, sont exilés depuis 1969. Quand elle a 4 ans, la famille se réinstalle à Ramallah à la suite des accords d'Oslo[3]. Elle y est témoin de la seconde intifada[4]. Elle est amenée à la musique par le piano, qu'elle apprend dès ses quatre ans[5] puis par le rap, participant notamment à des battles. En 2006, elle commence à mixer en amateur du hip-hop puis de la trance. C'est son frère, de retour de Jordanie, qui lui fait entre autres découvrir Tiestö[6]. C'est sa première introduction à la musique électronique, genre très confidentiel en Palestine à l'époque[7].

Elle commence ses études à Beyrouth en 2008[1]. Elle y découvre une scène électronique bien plus développée, assistant entre autres à des sets de Popof, Nicole Moudaber, Stephan Bodzin[7] ou Satoshi Tomiie qui la marque particulièrement[5]. Elle abandonne ses études un an plus tard mais retourne en Palestine avec une culture plus axée techno. Ses parents l'encouragent alors à poursuivre ses études plus vers la musique, c'est ainsi qu'elle part étudier l'ingénierie du son en Jordanie puis à la SAE de Londres en 2011[1]. Parallèlement, elle commence à jouer ses premiers sets dans les bars de Ramallah puis en rejoignant le Jazar Crew, premier Sound system à organiser des fêtes Techno en Palestine. C'est là qu'elle choisit le pseudonyme Skywalker, jeu de mots fondé entre autres sur son prénom, sans rapport avec la série Star Wars qu'elle n'a alors jamais vu[7]. Elle travaille ensuite un temps dans la production sonore pour le cinéma au Caire[8]. Elle s'intéresse alors à la scène underground de la ville et y fonde le label Awyav, qui promeut la scène électronique indépendante arabe[9].

En 2016, il lui est alors offert la possibilité de participer au festival français Palest'In & Out, ce qui l'amène à jouer pour la première fois devant une scène d'un millier de personnes[10]. C'est à ce moment qu'elle change son nom de scène pour simplement reprendre son prénom Sama'[1]. Elle y rencontre Bachar Mar-Khalifé qui lui propose de remixer son morceau El Hilwatu[11]. En 2017, elle est lauréate de la commission Musique de la Cité Internationale des Arts de Paris[12] et y obtient une résidence[6]. Voulant s'installer ensuite à Londres, elle doit renoncer faute de visa[13].

2018-2020 : accès à la notoriété[modifier | modifier le code]

Sa carrière connait une accélération toute particulière en 2018 où elle participe au festival Fusion en Allemagne et au Sziget en Hongrie[8]. Mais c'est surtout la diffusion de son DJ set depuis la Palestine pour Boiler Room qui la fait connaitre[14], vidéo qui dépassait les 6 millions de vues en 2021[15]. Après cet événement, elle devient soudainement une DJ demandée et commence alors à vivre de cette seule activité[3].

Elle fonde en 2019 avec d'autres artistes palestiniens le collectif Electrosteen[16], projet qui reprend la musique folklorique palestinienne et y ajoute une touche techno, hip-hop ou reggae[10]. C'est le seul exemple de réutilisation de musique orientale qu'elle utilise. Elle qualifie d'ordinaire sa musique comme typiquement techno, voire allemande, sans que ses origines ne l'influence[17].

2020 : polémique de Nabi Moussa[modifier | modifier le code]

Le , une polémique éclate après qu'elle donne un concert privé à Nabi Moussa. Dès la sortie des premiers extraits de l'événement sur les réseaux sociaux, de fausses informations et rumeurs commencent à circuler, accusant l'artiste de manquer de respect envers le lieu, tombe présumée du prophète Moïse[18]. La représentation se faisait dans le cadre d'une série de quatre vidéos commandées par Beatport[19]. Selon la famille de Sama' Abdulhadi et la Commission indépendante des droits de l'homme de Cisjordanie, l'événement aurait été approuvée par le ministère du tourisme palestinien[20] et se faisait dans le respect des consignes sanitaires dans le cadre de la pandémie de Covid-19. Le lendemain, elle est arrêtée puis placée en détention pour profanation d'un lieu religieux et non-respect du protocole sanitaire[18]. La nouvelle de son arrestation crée une vague d'indignation dans le monde, une pétition est créée en son soutien[21],[22] et de nombreux DJs s'y rallient[23], notamment par le hashtag #FreeSama[24]. Une commission d'enquête sur l'événement est alors demandée par le premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh[20]. Le , elle est finalement relâchée sous caution[25]. Elle attend actuellement son jugement pour lequel elle encourt une peine de deux ans de prison. Un temps privé de sa liberté de quitter le sol palestinien[26], cette restriction est levée avant l'été 2021, lui permettant de reprendre ses tournées[27].

Discographie[modifier | modifier le code]

Singles & EPs[modifier | modifier le code]

Apparitions[modifier | modifier le code]

  • 2021: Sama' Abdulhadi - Reverie dans Monday Dreamin' (CircoLoco Records)

Remixes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Marthe Rousseau, « Interview avec Sama Abdulhadi, la DJ qui a lancé la techno en Palestine », sur Numéro, (consulté le )
  2. (en) Sanam Shantyaei, « Music: Meet Sama Abdulhadi, the pioneering Palestinian DJ! », sur France 24, (consulté le )
  3. a et b (en) Iain Akerman, « Sama Abdulhadi Is The DJ Keeping Occupied Palestine Moving », sur GQ, (consulté le )
  4. (es) Alfred Davies, « Sama Abdulhadi, la DJ que rompe estereotipos », sur El Espectador, (consulté le )
  5. a et b Sarah Ben Romdane, « Sama est la DJette palestinienne à la conquête du monde », sur Mille, (consulté le )
  6. a et b Théophile Pillault, « Un après-midi avec Sama, la DJ qui a ramené la techno en Palestine », sur Vice, (consulté le )
  7. a b et c Thémis Belkhadra, « Faites place à SkyWalker, la première femme DJ palestinienne », sur Trax Magazine, (consulté le )
  8. a et b (en) « Sama' Abdulhadi · Biography · Artist ⟋ RA », sur Resident Advisor (consulté le )
  9. (en) Tucker McGee, « SAMA': Ramallah's Techno Vigilante », sur scenenoise.com, (consulté le )
  10. a et b (en) Tom Faber, « Sama: Partying in Palestine », sur Crack Magazine, (consulté le )
  11. « Premiere : Bachar Mar-Khalife - El Hilwatu (Sama’ Remix) [Balcoon / Caroline International France] », sur Soundcloud, Trax Magazine, (consulté le )
  12. « Hors les murs - Sama Abdulhadi - Cité internationale des arts », sur Cité internationale des arts (consulté le )
  13. (en) Claire Corkery, « Palestinian techno pioneer Sama Abdulhadi on finding her sound and surviving on just two hours of sleep a day », sur The National, (consulté le )
  14. (en) Jos de Putter, « Sama' Abdulhadi: The Palestinian techno queen blasting around the globe », sur YouTube, 4:3, (consulté le )
  15. (en) « Sama' Abdulhadi | Boiler Room Palestine », sur YouTube, Boiler Room, (consulté le )
  16. Clothilde Mraffko, « De l’oud et des beats : des stars de l’électro palestinienne revisitent leur folklore », sur Middle East Eye, (consulté le )
  17. (en) Aïsha C. Vertus, « Noisey Meets Sama' », sur Vice Magazine, (consulté le )
  18. a et b (en) Tom Faber, « Palestinian techno DJ Sama' Abdulhadi detained by authorities following event near West Bank mosque · News ⟋ RA », sur Resident Advisor, (consulté le )
  19. (en) Beatport, « Sama’ Abdulhadi Released From Jail », sur beatportal.com, (consulté le )
  20. a et b Léonie Ruellan, « La DJ Sama Abdulhadi emprisonnée en Palestine après un set techno », sur Tsugi, (consulté le )
  21. M. Dapoigny, « La DJ techno Sama’ Abdulhadi est détenue en Palestine », sur Mixmag France, (consulté le )
  22. Free Sama, « Call for the immediate release of Sama Abdulhadi », sur Change.org, (consulté le )
  23. Scorch, « Sama Abdulhadi libérée, mais sous enquête pour 'profanation d'un monument sacré' », sur Guettapen, (consulté le )
  24. Service Musiques, « #FreeSama : Des appels à la libération de la DJ palestinienne », sur Les Inrockuptibles, (consulté le )
  25. Lionel Bonaventure, « Palestine : la DJ Sama Abdulhadi libérée sous caution, une semaine après un concert près d’un lieu sacré », sur Le Monde, (consulté le )
  26. (en) Rédaction de Resident Advisor, « Sama' Abdulhadi released on bail after eight days in Jericho jail · News ⟋ RA », sur Resident Advisor, (consulté le )
  27. (en) Sirin Kale, « Sama' Abdulhadi: Palestine's techno champion », sur DJ Mag, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]