Salomon Biokou
Salomon Biokou | ||
Fonctions | ||
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Grand chancelier de l'ordre national du Bénin | ||
– (4 ans, 4 mois et 22 jours) |
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Président | Mathieu Kérékou Thomas Boni Yayi |
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Prédécesseur | Grégoire-Gilbert Gbénou[1] | |
Successeur | Karim da Silva[2] | |
Deuxième vice-président de l'Assemblée nationale | ||
– (1 an, 10 mois et 28 jours) |
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Élection | 24 janvier 1964 | |
Président | Tahirou Congacou | |
Prédécesseur | Chabi Mama | |
Successeur | Amidou Baba Moussa[3] (indirectement) | |
Premier vice-président de l'Assemblée nationale | ||
– (4 ans, 6 mois et 3 jours) |
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Élection | 25 avril 1959 | |
Réélection | 17 décembre 1960 | |
Président | Valentin Djibodé Aplogan (1960-1963) Justin Ahomadegbé (1959-1960) |
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Prédécesseur | Hubert Maga | |
Successeur | Gilbert Kpakpo | |
Député | ||
– (1 an, 11 mois et 3 jours) |
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Élection | 19 janvier 1964 | |
Circonscription | Sud-Est | |
Président | Tahirou Congacou | |
Groupe politique | PDD | |
– (4 ans, 6 mois et 5 jours) |
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Élection | 23 avril 1959 | |
Réélection | 11 décembre 1960 | |
Circonscription | Sud-Est | |
Président | Valentin Djibodé Aplogan (1960-1963) Justin Ahomadegbé (1959-1960) |
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Groupe politique | PRD PDU |
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Commission | Commission de la politique centrale et législation | |
Conseiller territorial | ||
– (2 ans et 2 jours) |
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Élection | 31 mars 1957 | |
Circonscription | Porto-Novo | |
Président | Sourou Migan Apithy | |
Groupe politique | PRD | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Salomon Sonon Dossou-Egan Biokou[4] | |
Surnom | Fétiche[5] | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Porto-Novo (Dahomey) | |
Date de décès | (à 106 ans) | |
Lieu de décès | Porto-Novo (Bénin) | |
Nationalité | Béninoise Française |
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Parti politique | PRD PDU PDD |
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Diplômé de | École normale William-Ponty | |
Profession | Instituteur Inspecteur de l'enseignement primaire Directeur d'école |
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Distinctions | Voir distinctions | |
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Fichier audio | |
Salomon Biokou parlant en langue gũ (Dakar, 1932). | |
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Salomon Biokou, né le à Porto-Novo au Dahomey (actuel Bénin) et mort le dans la même ville, est un instituteur, inspecteur de l'enseignement primaire, directeur d'école et homme politique béninois.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse, études et début professionnel
[modifier | modifier le code]Salomon Biokou naît le [n 1] à Porto-Novo au Dahomey (actuel Bénin)[4]. Après avoir obtenu son certificat d'études primaires, il réalise ses études secondaires dans sa ville natale, à l'École primaire supérieure Victor-Ballot ; il fait partie de la promotion 1926[6]. Il travaille pendant un an au Trésor public en tant que comptable[7], puis finit par intégrer l'École normale William-Ponty à Gorée, au Sénégal. Il en sort diplômé instituteur en 1933, avec la mention assez bien[8],[9]. Il rentre au Dahomey pour exercer sa profession et obtient son affectation à Porto-Novo en [10].
Par application du décret du [11], stipulant les conditions d'admission à la qualité de citoyen français aux « indigènes de l'AOF », et après publication au Journal officiel de la République française du , Salomon Biokou se voit accorder la nationalité française ce même mois[12].
Le , Salomon Biokou devient le directeur d'un nouvel établissement scolaire à Porto-Novo, l'école publique de Foun-Foun[13].
Carrière professionnelle et politique
[modifier | modifier le code]Lorsque Salomon Biokou s'engage politiquement, il le fait tout d'abord localement, dans sa ville natale. Il devient conseiller municipal et premier adjoint au maire de Porto-Novo de 1957 à 1962[n 2],[4].
Fort de cette expérience, il se porte candidat aux élections territoriales dans la circonscription de Porto-Novo, sous l'étiquette du Parti républicain dahoméen (PRD) et est élu conseiller territorial le [14]. En , il se présente de nouveau aux élections de l'Assemblée devenue législative et à la suite de sa victoire, devient député PRD de la circonscription du Sud-Est[n 3],[14]. Il est élu, par ses pairs, le , au bureau de l'Assemblée législative en tant que premier vice-président[15].
Salomon Biokou est désigné comme conseiller aux affaires politiques d'un nouveau parti politique créé le , le Parti dahoméen de l'unité (PDU). Il est également secrétaire général du parti pour la région de Porto-Novo. En , le Dahomey, devenu indépendant le dernier, prépare ses premières élections législatives en tant qu'État souverain. Représentant le PDU, Salomon Biokou brigue un troisième mandat et parvient à conserver son siège de député[14]. Il est, de plus, maintenu à sa fonction de premier vice-président à l'Assemblée nationale constituante[16]. Il prend la vice-présidence de la commission de la politique centrale et de la législation[14].
Parallèlement à ses activités de député, Salomon Biokou reste dans la fonction publique et est promu, au début des années soixante, inspecteur de l'enseignement primaire[17].
Le , Hubert Maga, le président de la République, dissout les conseils municipaux des communes de Porto-Novo, Cotonou, Ouidah, Abomey et Parakou. Il crée provisoirement des délégations spéciales pour remplacer ces derniers et nomme Salomon Biokou membre de celle de Porto-Novo[18].
Face à un contexte économique et social tendu qui mine le pays, l'armée s'empare du pouvoir le et pousse Hubert Maga à la démission. Le colonel Christophe Soglo prend la tête d'un gouvernement provisoire, dissout les institutions républicaines et suspend la Constitution[19]. Christophe Soglo souhaite une période militaire transitoire de courte durée et un retour rapide à un régime civil, après l'élaboration d'une nouvelle Constitution. Pour cela, il met en place une commission constitutionnelle nationale, constituée « d'experts, de représentants de toutes les régions et de familles spirituelles du Dahomey, de représentants des syndicats, des mouvements de jeunesse » chargée d'étudier l'avant-projet de Constitution arrêté par le gouvernement provisoire. Salomon Biokou est membre de cette commission[20]. La nouvelle Constitution est soumise au référendum le et promulguée le .
De nouvelles élections législatives sont organisées, Salomon Biokou se présente sur la liste du Parti démocratique dahoméen (PDD), seul parti autorisé à participer, et est élu député le . Il est aussi choisi pour occuper le poste de deuxième vice-président[21]. Il reste député jusqu'au , lorsque le général Christophe Soglo[n 4] réalise un nouveau coup d'État et dissout l'Assemblée nationale[22]. Salomon Biokou se retire alors de la vie politique nationale pour se dédier à l'administration municipale de Porto-Novo. Il est d'ailleurs sans tarder sollicité par Christophe Soglo qui le nomme en au conseil urbain de sa circonscription[23].
À la fin des années soixante, retraité de l'administration publique, Salomon Biokou fonde, avec un capital de 450 000 francs CFA, un cours d'enseignement avec internat situé à Porto-Novo, dans le quartier Foun-Foun[24]. Il s'agit du collège d'enseignement moyen général Louis Hunkanrin[n 5] qu'il baptise ainsi en l'honneur d'un homme pour qui il voue un profond respect[4],[25],[26].
Malgré les années passant, les différents chefs d'État qui se succèdent continuent à le consulter pour l'expérience et la sagesse qu'ils lui reconnaissent[7]. Ainsi, en , Hubert Maga, l'invite à rejoindre l'Assemblée consultative nationale, qui a pour mission de faire au gouvernement, toutes propositions utiles en matière politique, économique et social[27]. Il intègre en le conseil consultatif départemental de l'Ouémé[28]. Mathieu Kérékou le nomme en membre du conseil de l'ordre national du Bénin[29] et l'établit grand chancelier de l'ordre national du Bénin par intérim le [1].
Mort et hommages
[modifier | modifier le code]Salomon Biokou meurt le à Porto-Novo à l'âge de 106 ans. Des obsèques nationales lui sont réservées. Il est inhumé dans un mausolée bâti au sein du domaine familial à Houègbokomè à Porto-Novo[7].
Quelques publications
[modifier | modifier le code]Au cours de sa carrière, Salomon Biokou est correspondant pour le journal France-Dahomey pour lequel il écrit régulièrement des articles, notamment sur la vie à Porto-Novo ou au cours de ses voyages hors du Dahomey.
- « Fiançailles », France-Dahomey, no 1336, , p. 2 (lire en ligne).
- « Le fétiche Gbèloko célèbre son anniversaire », France-Dahomey, no 8, , p. 4 (lire en ligne).
- « La Tabaski ou le sacrifice des moutons », France-Dahomey, no 55, , p. 2 (lire en ligne).
- « Le carnaval brésilien à Porto-Novo », France-Dahomey, no 10, , p. 4 (lire en ligne).
- « Les grands travaux de la commune de Porto-Novo », France-Dahomey, no 12, , p. 3 à 4 (lire en ligne).
- « Un dispensaire va être construit à Kétonou », France-Dahomey, no 24, , p. 3 (lire en ligne).
- « Nouvel éclairage des rues de Porto-Novo », France-Dahomey, no 41, , p. 3 (lire en ligne).
- « Inauguration de la pouponnière de Porto-Novo », France-Dahomey, no 35, , p. 4 (lire en ligne).
- « Le culte des morts à Porto-Novo », France-Dahomey, no 44, , p. 4 (lire en ligne).
- « Maholoud », France-Dahomey, no 94, , p. 4 (lire en ligne).
- « Vers Nantes et Saint-Nazaire », France-Dahomey, no 30, , p. 4 (lire en ligne).
Distinctions
[modifier | modifier le code]Officier de l'ordre national du Dahomey (1962)[30].
Commandeur de l'ordre national du Dahomey (1967)[31].
Grand officier de l'ordre national du Dahomey (1972)[n 6],[31].
Grand-croix de l'ordre national du Bénin (2004), en qualité de grand chancelier, élevé d'office à la dignité de grand-croix, selon la loi no 86-010 du portant création de l'ordre national du Bénin.
Liens externes
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Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- ↑ La date de naissance du apparaît également dans différents ouvrages. Sa véritable date de naissance est bien celle du , mais pour l'inscrire à l'école primaire et qu'il puisse accéder à une instruction, l'oncle de Salomon Biokou falsifie son âge de dix ans.
- ↑ Le maire de Porto-Novo est Sourou Migan Apithy, élu en 1956 et futur président de la république du Dahomey.
- ↑ La circonscription du Sud-Est correspond au département d'Ouémé.
- ↑ Selon décret no 5/PR du , le colonel Christophe Soglo est promu au grade de général de brigade.
- ↑ Louis Hunkanrin ou Hounkanrin, les deux orthographes se retrouvent selon les publications.
- ↑ Selon le décret no 88-396 du , Salomon Biokou est reclassé à concordance de dignité dans l'ordre national du Bénin.
Références
[modifier | modifier le code]- « Décret no 2004-326 portant nomination de monsieur Salomon D.E. Biokou, grand chancelier de l'ordre national du Bénin par intérim », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
- ↑ « Décret no 2008-744 portant nomination de monsieur Urbain Karim da Silva en qualité de grand chancelier de l'ordre national du Bénin », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
- ↑ « Assemblée nationale révolutionnaire : Première législature (1980-1984) », sur Assemblée nationale du Bénin (consulté le ).
- Houngnikpo et Decalo 2013, [1], p. 81.
- ↑ Ismaël Kéko, « Décès de Salomon Biokou », sur La Nouvelle Tribune, (consulté le ).
- ↑ Ballot 1992, p. 16.
- Ismaël Kéko, « Obsèques », sur La Nouvelle Tribune, (consulté le ).
- ↑ Taliano-des Garets 2012, p. 13.
- ↑ « École William-Ponty », Bulletin de l'enseignement de l'Afrique occidentale française, no 84, , p. 257 (lire en ligne).
- ↑ « Colonie du Dahomey », Bulletin de l'enseignement de l'Afrique occidentale française, no 84, , p. 278 (lire en ligne).
- ↑ JORF, « Décret du : Conditions dans lesquelles les indigènes de l'AOF peuvent être admis à la qualité de citoyen français » [PDF], sur JORF, (consulté le ), p. 8476.
- ↑ JORF 1939, p. 13850.
- ↑ « L'école publique de Porto-Novo - Foun-Foun », France-Dahomey, no 17, , p. 4 (lire en ligne).
- Annuaire parlementaire 1962, p. 167.
- ↑ PRPB 1983, [2], p. 76.
- ↑ « Assemblée nationale (60 députés) », Monde colonial illustré, Société nouvelle des éditions France Outremer S.A., vol. 40, nos 393 à 404, , p. 102.
- ↑ « Décret no 1962-79 portant intégration dans le corps supérieur des inspecteurs primaires de l'enseignement », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
- ↑ « Décret no 1961-407 portant dissolution de conseils municipaux », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
- ↑ « Ordonnance no 1963-1 portant dissolution d'institutions et formation du gouvernement provisoire », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
- ↑ « Décret no 1963-518 portant formation de la commission constitutionnelle nationale », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
- ↑ « Assemblée nationale (42 députés) », Europe, France outremer, Société nouvelle des Éditions France outremer, nos 417 à 428, , p. 108.
- ↑ Philippe Decraene, « Le général Soglo prend le pouvoir au Dahomey et dissout l'Assemblée nationale », sur Le Monde, (consulté le ).
- ↑ « Décret no 1966-162 portant nomination des membres des conseils urbains », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
- ↑ « La vie des sociétés au Dahomey : Créations », Marchés tropicaux et méditerranéens, vol. 24, nos 393 à 404, , p. 2092.
- ↑ Le Cornec 2000, p. 262.
- ↑ « Décret no 1978-54 portant création d'une commission spéciale d'enquête sur la situation actuelle des établissements d'enseignement moyen général », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
- ↑ « Décret no 1971-184 portant nomination des membres de l'Assemblée consultative nationale », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
- ↑ « Décret no 1972-147 portant nomination des membres des conseils consultatifs départementaux », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
- ↑ « Décret no 1988-337 portant nomination des membres du Conseil de l'ordre nationale du Bénin », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
- ↑ « Décret no 1962-316 portant nomination et promotion dans l'ordre national du Dahomey », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
- « Décret no 1972-193 portant nominations et promotions à titre civil dans l'ordre national du Dahomey », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- JORF, Attribution des droits de citoyen français à Salomon Biokou, Paris, Direction de l'information légale et administrative, (ISSN 0373-0425)
- Annuaire parlementaire des États d'Afrique noire : Députés et conseillers économiques des républiques d'expression française, Annuaire Afrique, , 332 p.
- PRPB, Formation patriotique, idéologique et prémilitaire généralisée, Bénin, Office national d'édition de presse et d'imprimerie, , 232 p.
- Le livre d'or des anciens de Ballot : École primaire supérieure et collège Victor Ballot, Porto-Novo, Cotonou, Éditions du Bénin, coll. « Mémorial du Bénin », , 72 p. (OCLC 36088785)
- Jacques Le Cornec, La calebasse dahoméenne ou les errances du Bénin : du Dahomey au Bénin, t. 2, Paris, Éditions L'Harmattan, , 592 p. (ISBN 9782738489067)
- Françoise Taliano-des Garets, Villes et culture sous l'Occupation : Expériences françaises et perspectives comparées, Armand Colin, , 384 p. (ISBN 978-2-200-28181-6)
- (en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, Historical Dictionary of Benin, Lanham, Toronto, Plymouth, The Scarecrow Press, , 4e éd., 488 p. (ISBN 978-0810871717)
- Personnalité du Dahomey
- Personnalité politique béninoise
- Officier de l'ordre national du Bénin
- Commandeur de l'ordre national du Bénin
- Grand officier de l'ordre national du Bénin
- Grand-croix de l'ordre national du Bénin
- Élève du lycée Béhanzin
- Étudiant de l'École normale William-Ponty
- Naissance en février 1902
- Naissance à Porto-Novo
- Naissance dans la colonie du Dahomey
- Naissance en Afrique-Occidentale française
- Décès en octobre 2008
- Décès à Porto-Novo
- Décès à 106 ans