Salle des fêtes (palais de l'Élysée)

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La Salle des fêtes est une des principales salles du palais de l'Élysée.

Description[modifier | modifier le code]

La Salle des fêtes est décorée dans des nuances de ton rouge, elle est ornée de lourds plafonds à caissons peints en 1896 par l'artiste Guillaume Dubufe (qui y représente la République sauvegardant la Paix, encadrée des allégories de l’Art et de la Science), de boiseries surchargées de dorures, de colonnes en stuc (flanquées de lourds doubles rideaux rouges), de nymphes (réalisées par Jean-Baptiste Lavastre, Camille Lefèvre et Édouard Pépin), de sculptures décoratives (de Florian Kulikowski, Hamel et Bouet)[1] et d'une petite scène de théâtre, entourée de coulisses et loges d'artiste de part et d'autre et en sous-sol, aménagée dans le mur ouest (en effet, jusque dans les années 1970, un spectacle était proposé aux invités après le dîner, et Louis de Funès y joua notamment pour Charles de Gaulle). Les murs sont recouverts de six tapisseries des Gobelins du XVIIIe siècle. Il s'agit de quatre pièces de la suite de L'Histoire d'Esther d'après Jean-François de Troy, d'une tapisserie représentant le mois de décembre issue des Mois de Lucas réalisés en 1770 d'après Lucas de Leyde, et d'une tapisserie appartenant à la suite des Nouvelles portières de Diane réalisée entre 1728 et 1734 d'après Pierre-Josse Perrot pour Stanislas Leszczynski beau-père du roi Louis XV.

La Salle des fêtes est le principal lieu de réception et de dîner d'État français, ce dernier étant organisé de concert par les cuisines du palais et la cave à vin du palais[2]. Le palais possède 10 000 pièces d'argenterie, 7 000 verres et carafes en cristal et 9 300 assiettes ; la majorité des pièces sont des porcelaines de Sèvres. Un dîner officiel au palais dure moins d'une heure (il était de 2 h 30 sous le général de Gaulle, qui l'avait auparavant raccourci en faisait passer le nombre de plats de cinq à trois) ; des menus datés disposés près des assiettes sont préparés pour les invités[3]. Le couple présidentiel conserve le dernier mot dans le choix des menus[4],[5].

Histoire[modifier | modifier le code]

Sous la Troisième République[modifier | modifier le code]

Le président de la République Sadi Carnot fait construire la Salle des fêtes par l'architecte Adrien Chancel, sur la base des plans d'Eugène Debressenne. La demande de Carnot provient de sa préoccupation eu égard au lustre de la fonction présidentielle. La construction commence en 1888, et la salle est inaugurée le 25 mai 1889 à l'occasion d'une fête réunissant 8 000 invités, quand bien même sa décoration, inachevée, se poursuit jusqu'en 1950, dans le cadre de l'exposition universelle se tenant cette année-là à Paris.

Salle des fêtes lors des Journées du patrimoine de 2019.

Afin de mettre les invités à l'abri des intempéries et aménager un vestiaire, Sadi Carnot fit également édifier une verrière le long de la façade nord du bâtiment principal, donnant sur la cour d'honneur, baptisée sous la IIIe République la « Cage aux singes », car c'est là que se réalisaient les photographies de famille des gouvernements lors de leur mise en place[6].

En 1889, Cécile Carnot suggère qu'en décembre soit installé un sapin de Noël dans la salle des fêtes pour organiser un « Noël des enfants pauvres ». La salle des fêtes accueille chaque année depuis un grand sapin de Noël[6].

Sous la Quatrième République[modifier | modifier le code]

La cage aux singes est entièrement détruite en 1947 par Vincent Auriol qui à la place fait installer les actuels vestiaires au sous-sol, étant reliés au vestibule par des monte-charge[1].

Sous la Cinquième République[modifier | modifier le code]

Sous la présidence de Charles de Gaulle, la salle des fêtes sert, certains dimanches, de salle de projection de films ; cette utilisation disparaît sous la présidence de Georges Pompidou, qui fait aménager le cinéma du palais de l'Élysée. De Gaulle utilise la salle des fêtes comme salle de réception des journalistes lors de ses conférences de presse[6].

Le président François Mitterrand fait percer dix portes-fenêtres dans les murs Sud et Est donnant sur le parc[7], tandis qu'à l'origine, la salle était cloisonnée sur ses deux longueurs.

François Hollande fait restaurer la pièce afin d'améliorer son étanchéité à la suite d'une averse s'étant infiltrée par les toits de la salle[6].

En 2018, Emmanuel Macron fait retirer les rideaux de couleur rouge de la salle[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  • a et b D. FRÉMY, Quid des présidents de la République… et des candidats, éd. Robert Laffont, Paris, 1987, « Les Résidences du président : palais de l'Élysée », p. 118-127.
  • Patrice Duhamel et Jacques Santamaria, L'Élysée: coulisses et secrets d'un palais, Plon, (ISBN 978-2-259-21606-7)
  • Claire Bommelaer, « Dans les cuisines du pouvoir », in Le Figaro, jeudi 20 septembre 2012, p. 2.
  • Yvonne de Gaulle sélectionnait ainsi des recettes dans la presse féminine, notamment Mode et Travaux, Valéry Giscard d'Estaing prisait la « nouvelle cuisine » et mangeait la « soupe VGE » conçue par Paul Bocuse, Jacques Chirac était friand de choucroute, d'escargot et de bière Corona et Nicolas Sarkozy avait fait supprimer le fromage de plats, sauf lorsqu'il recevait la chancelière allemande Angela Merkel.
  • Hadrien Gonazales, « Bernard Vaussion, le chef du palais », Le Figaro, encart « Culture », 9-10 novembre 2013, p. 37.
  • a b c et d Patrice Duhamel et Jacques Santamaria, L'Élysée: coulisses et secrets d'un palais, Plon, (ISBN 978-2-259-21606-7)
  • François Mitterrand à l’Élysée : La rénovation de la salle des fêtes, par Annabelle Le Barbé, Institut François Mitterrand, avril 2011.
  • Claire Bommelaer, « La salle des fêtes du Palais de l'Élysée va faire peau neuve », lefigaro.fr, 16 septembre 2018.