Saint Jacques le Majeur et le magicien Hermogène

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 19 décembre 2019 à 10:57 et modifiée en dernier par JBCarpeaux (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Saint Jacques le Majeur et le magicien Hermogène
Artiste
Suiveur de Jérôme Bosch
Date
Années 1560
Type
Matériau
huile sur panneau de bois (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Dimensions (H × L)
62 × 41,5 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
Verso
Un prieuré antonin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mouvement
No d’inventaire
P.46.1.44Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation

Saint Jacques le Majeur et le magicien Hermogène (ou Saint Jacques et le magicien) est un tableau du troisième quart du XVIe siècle attribué à un suiveur de Jérôme Bosch et conservé au musée des beaux-arts de Valenciennes.

Description

Revers du panneau représentant Un Prieuré antonin.

Le panneau, dont les deux côtés sont peints à l'huile, mesure 62 cm de haut sur 41,5 cm de large[1].

L'avers représente deux épisodes d'un passage de la La Légende dorée racontant la confrontation entre saint Jacques le Majeur et le magicien Hermogène. Au premier plan, Hermogène, trônant sous un dais, convoque les démons et leur ordonne de capturer Jacques. Ce dernier est visible au second plan, derrière un ange qui vient de maîtriser les serviteurs démoniaques du magicien.

Le revers montre un prieuré antonin, reconnaissable au tau du blason surmontant son portail. On y voit un moine assis en train de lire ainsi que quatre mendiants. Deux d'entre eux, estropiés, se battent à l'extérieur de l'enclos du prieuré tandis qu'un autre infirme reçoit l'aumône qu'un second moine lui tend par la fenêtre du bâtiment. Au XIXe siècle, Arthur Dinaux a proposé d'identifier le lieu ainsi représenté au prieuré antonin de Havré, près de Mons[2].

Historique

Une analyse dendrochronologique réalisée en 2000-2001 a démontré que le panneau a été réalisé après 1515. Le fait que ses deux côtés soient peints permet d'y voir un volet isolé d'un polyptyque[1]. Probablement exécuté pour un établissement de l'ordre de Saint-Antoine, ce retable a été démembré entre les XVIe et XVIIIe siècles.

Avant la Révolution française, le tableau appartient au duc de Croÿ, qui l'a accroché dans son château de l'Hermitage, à Condé-sur-l'Escaut. Le duc ayant émigré en 1792, le château, son mobilier et ses richesses artistiques sont saisis en 1796. Ces dernières rejoignent alors le musée établi par un décret de la Convention nationale au chef-lieu de district, Valenciennes[1].

Attribution

Divus Iacobus diabolicis praestigiis ante magum sistitur, gravure de Pieter van der Heyden d'après Pieter Brueghel l'Ancien, Anvers, Jérôme Cock, 1565.

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, le panneau double-face de Valenciennes est catalogué comme une œuvre de Pieter Brueghel l'Ancien. Souvent confondu avec une Tentation de saint Antoine[3],[2], le côté représentant la légende de saint Jacques et Hermogène est correctement identifié avant 1882 par François Nicolle, qui y reconnaît des éléments iconographiques d'une gravure réalisée sur ce thème par Pieter van der Heyden d'après Brueghel l'Ancien[4].

En 1852, Louis Clément de Ris est le premier à proposer d'attribuer à Bosch le panneau de Valenciennes. Mise en doute dès 1898 par Hermann Dollmayr, qui estime que l'auteur du tableau appartient aux suiveurs de Bosch[5], puis en 1914 par Paul Lafond, qui y voit la main de Pieter Huys[6], l'hypothèse de Clément de Ris est appuyée par Max J. Friedländer en 1927[7] mais rejetée par Ludwig von Baldass en 1943[8].

Le Maître du panneau double-face de Valenciennes

En 1980, Gerd Unverfehrt suit Charles de Tolnay[9] en avançant que l'auteur du panneau serait un suiveur de Bosch actif à Leyde ou à Haarlem dans les années 1500-1510[10].

En 2004, Frédéric Elsig estime que le « Maître du panneau double-face de Valenciennes » aurait été actif à Anvers durant les années 1560. Il fonde cette hypothèse sur le rapprochement des morphologies caricaturales du tableau avec celles des œuvres de Brueghel l'Ancien et de Van der Heyden, mais aussi sur un détail, déjà repéré par Dinaux[3], qui pourrait représenter une pipe (fumée par le petit démon assis aux pieds du magicien), objet utilisé en Europe à partir des années 1560. Cette datation est compatible avec celle proposée par Jos Koldeweij, qui place la réalisation du panneau entre les années 1550 et 1575[11].

Le même artiste est l'auteur de l'Ecce homo du Philadelphia Museum of Art, réalisé après 1555 (selon une analyse dendrochronologique) et dont une version de moindre qualité est conservée au Musée d'art d'Indianapolis. Outre un style caractérisé notamment par des visages caricaturaux aux regards exorbités, de nombreux détails se retrouvent dans les trois tableaux, tels que la bannière représentant un insecte ou la pointe en bulbe des turbans. Le maître du panneau double-face de Valenciennes semble également avoir réalisé une Flagellation conservée à la Galerie nationale d'Irlande ainsi qu'un Saint Christophe appartenant à une collection particulière madrilène et qui a pu être peint vers 1570[12].

Références

  1. a b et c Notice Joconde (cf. liens externes).
  2. a et b Catalogue du musée de peinture et sculpture de la ville de Valenciennes et du musée Bénezech, Valenciennes, Prignet, 1860, p. 6-7.
  3. a et b Dinaux, p. 191-192.
  4. François Nicolle, Musée de Valenciennes : catalogue des peintures, sculptures, dessins et estampes exposés dans les salles de l'hotel-de-ville (réédition posthume d'un ouvrage de 1882), Anzin, Ricouart-Dugour, 1888, p. 6.
  5. Hermann Dollmayr, « Hieronymus Bosch und die Darstellung der vier letzten Dinge », Jahrbuch der Kunsthistorischen Sammlungen des Allerhöchsten Kaiserhauses, vol. XIX, 1898, p. 297.
  6. Paul Lafond, Hieronymus Bosch : son art, son influence, ses disciples, Bruxelles, Van Oest, 1914, p. 62.
  7. Max J. Friedländer, Geertgen van Haarlem und Hyeronimus Bosch (Die Altniederländische Malerei, t. V), Berlin, 1927, cat. 100, p. 151.
  8. Ludwig von Baldass, Hieronymus Bosch, Vienne-Munich, 1943, p. 96.
  9. Charles De Tolnay, Hieronymus Bosch, Baden-Baden 1965, p. 384-385.
  10. Gerd Unverfehrt, Hieronymus Bosch. Die Rezeption seiner Kunst im frühen 16. Jahrhundert, Berlin, 1980, p. 133-137.
  11. Jos Koldeweij, Paul Vandenbroeck et Bernard Vermet, Jheronimus Bosch. Alle schilderijen en tekeningen, Rotterdam, Musée Boijmans Van Beuningen, 2001, p. 188-189.
  12. Elsig, p. 143-144.

Bibliographie

  • Arthur Dinaux, « Musée de Valenciennes : Tentation de Saint-Antoine », Archives historiques et littéraires du nord de la France et du midi de la Belgique, 1834, p. 189-192.
  • Frédéric Elsig, Jheronimus Bosch : la question de la chronologie, Genève, Droz, 2004, p. 141-145.
  • Édouard Michel, « Un panneau de Jérôme Bosch », Bulletin des musées de France, mars 1930, p. 64-66.

Liens externes