Société industrielle de combustible nucléaire

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Société industrielle de combustible nucléaire
Création 1957
Personnages clés René Julia
Forme juridique société par actions simplifiée à associé unique
Siège social Annecy
Drapeau de la France France
Direction Eric Delaunay (depuis 2021)
Actionnaires Orano
Activité Activités des sociétés holding
Société mère Orano NPS
SIREN 325 720 209

Chiffre d'affaires 624 000 € en 2018
Résultat net -662 000 € en 2018 (perte)[1]

La Société industrielle de combustible nucléaire (SICN), est une entreprise française, filiale de Orano NPS, spécialisée à l'origine dans la fabrication de combustible nucléaire, puis reconvertie dans la fabrication de pièces et munitions en uranium métal.

Histoire[modifier | modifier le code]

Fabrication de combustible nucléaire[modifier | modifier le code]

En 1954, la Société alsacienne de constructions mécaniques (SACM) démarre une usine de barres d'uranium gainées à Annecy. Ces barres doivent alimenter le réacteur nucléaire G1, puis G2 et G3 alors en construction sur le site nucléaire de Marcoule pour produire le plutonium nécessaire au développement de la première bombe atomique française. René Julia, polytechnicien travaillant pour la SACM, est chargé de mettre en place cette activité de fabrication de combustible à Annecy[2].

En 1957, la Société Industrielle de Combustible Nucléaire est fondée avec comme actionnaires la SACM (actionnaire principal, la Société Lyonnaise des Eaux et de l'Éclairage , la Société d'électrochimie, d'électrométallurgie et des aciéries électriques d'Ugine, la Compagnie française des métaux, les Établissements Kuhlmann et les Tréfileries et laminoirs du Havre[3].

Son siège est situé au nord de la ville d'Annecy[4], où le site industriel est connu sous le nom de Radar[5]. La même année est créé un atelier de pastillage à Veurey-Voroize[6]. La société est devient un partenaire d'EDF qui construisait les premiers réacteurs civils de la filière des réacteurs nucléaires UNGG à la centrale nucléaire de Chinon.

L'établissement SICN d'Annecy a produit du combustible nucléaire jusqu'à la fermeture des derniers réacteurs de la filière française uranium naturel graphite gaz (UNGG)[7].

L'établissement de Veurey-Voroize a envisagé de fabriquer les combustibles oxydes de la filière des réacteurs à neutrons rapides (surgénérateur de type Superphénix)[8].

En 1991 la SICN annonce une perte supérieure à 35 millions de francs pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 230 millions. En 1992, la SICN licencie 90 des 445 salariés qu'elle employait dans l'Isère sur ses sites d'Annecy et de Veurey-Voroize[9]. Les activités de fabrication de combustible sont définitivement arrêtées depuis le début des années 2000[10].

Les éléments combustibles de la SICN sont utilisés jusqu'en 1994, date de l'arrêt du dernier réacteur graphite-gaz français à la centrale nucléaire du Bugey. Ensuite, SICN se reconvertit sur les applications de l’uranium appauvri[11].

Reconversion[modifier | modifier le code]

En 1990, la SICN (et la CERCA[12]) usine l'uranium appauvri utilisé pour la guerre du Golfe[13].

En 1995, un nouveau bâtiment est en construction dans le cadre d'un contrat signé avec Giat Industries pour fabriquer en grande série des pénétrateurs à énergie cinétique à l’uranium appauvri pour les chars et les véhicules blindés. 60000 exemplaires seront fabriqués sur le site d'Annecy[14].

La SICN dispose d'équipements de mise en forme de l'uranium métal : laminage, filage, emboutissage, usinage. L’usine d’Annecy dispose même d’une fonderie. Ces technologies permettent à la SICN de fabriquer des pièces en uranium (naturel ou appauvri) pour l'industrie nucléaire ou de défense mais aussi pour l'aéronautique[15].

En 2001, la SICN emploie 180 salariés à Veurey (Isère), 160 à Annecy (Haute-Savoie) et 50 à Codolet près de Marcoule (Gard)[8]. Cette même année, le parti français les Verts a financé un mesurage de la pollution radioactive par le laboratoire d'analyses radioactives de la CRIIRAD qui a conduit à une mesure anormale de la radioactivité de l'usine dans des lichen[13].

En 2002, la SICN met un terme à son activité de métallurgie de l'uranium et filialise ses fabrications de mécanique de précision dans une société baptisée Gemma[16]. En 2004, GEMMA est cédé à la Société Roannaise Mécanique (Soromé), sous-traitant spécialiste du secteur aéronautique[17], appartenant au groupe Hitim. En 2007, Soromé et Gemma fusionnent[18] avant d'être racheté en 2021 par Mecachrome[19].

Démantèlement[modifier | modifier le code]

Au total, Areva a investi environ 60 millions d'euros sur 5 ans et employé 100 personnes sur les chantiers pour démanteler les deux sites de la SICN[20]. Au total, 15 milles tonnes de déchets ont été conditionnés et expédiés vers les sites de stockage[21].

Démantèlement d'Annecy[modifier | modifier le code]

En 2002, l'usine SICN d'Annecy cesse définitivement son activité métallurgique de l'uranium[22].

En 2008, le démantèlement de l'usine d'Annecy est lancé[23]. Pour démanteler les milliers de mètres carrés de ce site, Areva doit débourser environ 20 millions d'euros[24].

En , la commune d'Annecy modernise son réseau de chaleur et inaugure une nouvelle chaufferie bois sur le site inactif de SICN[25].

Démantèlement de Veurey-Voroize[modifier | modifier le code]

De 2000 à 2005, à Veurey, ont lieu des opérations de cessation définitive d’exploitation[26]. L'usine de Veurey arrête sa production en 2002[27].

En 2006, deux installations nucléaires de base (INB) localisées sur son site de Veurey-Voroize sont mises à l'arrêt définitif [28] :

Entre 2006 et 2011, Areva a entrepris le démantèlement nucléaire des équipements puis l'assainissement des bâtiments[29].

Entre 2008 et 2010 à Veurey, Areva assainit et démantèle une dizaine d’hectares, dont 15 000 m² de bâtiments[30].

Le , l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) met en demeure la SICN d’achever les travaux de démantèlement et d’assainissement du site de Veurey-Voroize[31].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « SOCIETE INDUSTRIELLE DE COMBUSTIBLE NUCLEAIRE (ANNECY) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 325720209 », sur societe.com (consulté le ).
  2. Les Deux bombes: Ou comment la guerre du Golfe a commencé le 18 novembre 1975, Pierre Péan - Fayard, 1991
  3. LA SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DE COMBUSTIBLE NUCLÉAIRE S.I.C.N., Le Monde
  4. « SOCIETE INDUSTRIELLE DE COMBUSTIBLE NUCLEAIRE (ANNECY) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 325720209 », sur societe.com (consulté le ).
  5. Uranium à risque à Annecy ? - Ligue savoisienne, 13/03/02
  6. Valorisation des sites nucléaires - Des projets de grande envergure, Areva 2013
  7. SICN - Annecy restructure ses activités et prend un nouvel élan sous le nom de GEMMA, Communiqué de Presse d'Areva, 30 janvier 2002
  8. a et b Audition de MM. Henri STAEGER, Président de la Société Industrielle de Combustibles Nucléaires (SICN) - Assemblée Nationale, 20 mars 2001
  9. La SICN perd son activité combustible nucléaire - Les Echos, 10 juillet 1992
  10. https://archive.wikiwix.com/cache/19981130000000/http://www.asn.fr/index.php/L-ASN-en-region/Division-de-Lyon/Installations-en-demantelement/Usine-de-fabrication-de-combustibles-nucleaires-SICN-Veurey-Voroize.
  11. Inventaire de l’Andra de 1993, fiche RH04
  12. Question écrite n° 30666 de Mme Marie-Claude Beaudeau
  13. a et b Société industrielle des combustibles nucléaires - Thierry billet, 20 décembre 2006
  14. Uranium appauvri. Le débat sur le syndrome du Golfe et des Balkans Les secrets du métal argenté - L'Humanité, 14 février 2001
  15. La production des armes à l'uranium appauvri, Observatoire des armes nucléaires françaises, cahier no 5, octobre 2000
  16. SICN - ANNECY RESTRUCTURE SES ACTIVITÉS ET PREND UN NOUVEL ÉLAN SOUS LE NOM DE GEMMA
  17. Le roannais Soromé reprend Gemma
  18. MECACHROME Roanne
  19. Sarthe. Aéronautique : Mécachrome reprend le groupe Hitim
  20. (en) « Orano / Home », sur orano.group (consulté le ).
  21. [PDF] Le démantèlement des sites nucléaires au sein d’AREVA - Présentation au HCTISN à Paris, par Eric Bürger, le 03 octobre 2013,
  22. L'usine SICN d'Annecy sort du nucléaire, Par L'Usine Nouvelle - Publié le 26 juin 2002
  23. SICN Radiographie d'un démantèlement - Eco des pays de Savoie du 30 mai 2008
  24. 20 millions d'euros pour dépolluer - Dauphiné Libéré du 16 mai 2008
  25. « Transition énergétique : Annecy se chauffe au bois », sur enerzine.com, (consulté le ).
  26. Site SICN de Veurey-Voroize, HCTISN le 22/04/2013
  27. « SICN - Conseil général de l'Isère », sur isere.fr via Wikiwix (consulté le ).
  28. Décret de mise à l’arrêt définitif et de démantèlement du 15.02.2006 (J.O. du 22.02.2006)
  29. Usine de fabrication de combustibles nucléaires - SICN Veurey Voroize (installation déclassée), site de l'autorité de sûreté nucléaire, 2013
  30. 'Démantèlement du site SICN - Reportage sur le site internet de Veurey-Voroize, 13 novembre 2008
  31. Décision n° 2012-DC-0263 de l’ASN du 13 mars 2012

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]