Stanley William Hayter

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Stanley William Hayter
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Stanley William Hayter, né le dans le borough londonien de Hackney et mort le à Paris, est un peintre et graveur britannique.

Artiste rattaché à la nouvelle école de Paris, son œuvre d'abord figuratif, puis abstrait, a été à partir de 1932 essentiel dans le renouveau de la gravure moderne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Le père de Stanley William Hayter est peintre et l'un de ses ancêtres, au XVIIIe siècle, a écrit plusieurs traités sur le dessin. Hayter commence lui-même en 1913 à peindre des toiles de style impressionniste.

Ses études de chimie organique l'amènent de 1922 à 1925 à travailler dans le golfe Persique, à Abadan, pour l'Anglo-Iran Oil Company. Il visite alors la Perse et l'Arabie puis, sur le chemin du retour, l'Égypte. Durant ces années, il réalise de nombreux dessins et des peintures d'inspiration cubiste qu'il expose aussitôt rentré à Londres.

À Paris[modifier | modifier le code]

En , Hayter s'établit à Paris, il fréquente l'académie Julian durant trois mois et étudie la gravure auprès de l'artiste polonais Joseph Hecht. Ce dernier aida Hayter à tirer ses premiers burins. Attiré par la peinture de Giorgio De Chirico, Max Ernst et Hans Arp, il rencontre bientôt Alexander Calder puis André Masson et participe au mouvement surréaliste, se liant en 1933 avec Paul Éluard qui écrit quelques années plus tard un poème inspiré par ses gravures (Facile proie[1], Paris, éditions Guy Lévis Mano, 1938).

Hecht fut un des seuls graveurs à soutenir Hayter dans la fondation de son atelier de gravure. Il lui trouva sa première presse et suivit attentivement Hayter lorsqu'il démarra son premier atelier rue du Moulin Vert[2].

Dès 1927, Stanley William Hayter, que ses proches appellent « Bill », installe un atelier de gravure qu'il déménage à Montparnasse en 1932 au 17, rue Campagne-Première, d'où le nom d'Atelier 17 qui deviendra célèbre dans le monde entier et que garderont ses ateliers ultérieurs. Au long des décennies le fréquenteront notamment Pablo Picasso, Salvador Dalí, Marc Chagall, Joan Miró, Max Ernst, Alberto Giacometti, Ferdinand Springer, Raoul Ubac, Maria Elena Vieira da Silva, John Olsen, Yo Marchand et un très grand nombre d'autres peintres venus de tous les horizons, non pas seulement pour apprendre des techniques traditionnelles mais pour chercher auprès de Hayter de nouvelles façons d'ouvrir la gravure, moyen d'expression autonome, aux nouveautés du langage de l'art moderne. Hayter, multipliant les recherches de matière, y met en particulier au point de nouveaux procédés d'impression de plusieurs couleurs en une seule opération.

Ses peintures suivent une évolution plastique parallèle à celle de ses gravures. S'il continue de peindre portraits, natures mortes et paysages jusqu'en 1929, Hayter s'éloigne ensuite de la figuration et réalise des constructions où ficelles ou cordes, suggérant parfois les contours de corps, sont collées en méandres sur la surface plane de la toile, et produit des dessins automatiques. Puis se renforcera dans ses œuvres la présence de silhouettes allusives, superposées et mêlées, de personnages ou d'animaux.

Durant cette période, Hayter effectue des voyages au Venezuela, en Italie, en Grèce, et plusieurs séjours en Espagne, le dernier en tant qu'invité du gouvernement de la République espagnole. Il participe ainsi en 1938 au recueil Solidarité, publié au profit des combattants républicains, qui réunit un poème d'Éluard et des gravures de sept artistes, dont Picasso, Miró, Masson et Yves Tanguy.

À Londres et New York[modifier | modifier le code]

En 1939, Hayter quitte Paris pour Londres, où il collabore avec Roland Penrose sur du camouflage militaire. En 1940 il épouse avec la sculptrice Helen Phillips qui avait été son élève et part en 1940 aux États-Unis, où il demeurera dix ans. Sa réputation le conduit dès son arrivée à enseigner à l'Academy of Art University de San Francisco. Dès la fin de l'année, il recrée à New York un nouvel Atelier 17, donnant à travers le pays des cours de peinture et de dessin, ainsi que des conférences.

En 1944, l'exposition itinérante sur l'Atelier 17 qu'organise le musée d'art moderne de New York marque un tournant important qui assure à Hayter une renommée internationale. Dans son atelier, il reçoit non seulement Tanguy, Calder ou Masson, mais aussi les artistes nord-américains, Jackson Pollock, Mark Rothko, Roberto Matta, Robert Motherwell, Willem de Kooning et Jean-Paul Riopelle. Durant cette période, son œuvre peint et gravé, à la limite de l'abstraction, développe les réseaux d'un graphisme marqué autour d'entrelacs de formes féminines épurées, réduites à l'arabesque.

Retour en France[modifier | modifier le code]

Entrée de la maison de Hayter et Helen Phillips à Alba-la-Romaine.

Rentré en 1950 à Paris, Hayter, qui rend encore dans les années suivantes de brèves visites à son atelier américain, rouvre, non loin de son installation première, l'Atelier 17 où ses amis peintres recommencent de réaliser leurs gravures, côtoyant de plus jeunes artistes comme Corneille, George Ball ou Pierre Alechinsky. Dès 1950, il travaille durant l'été à Alba-la-Romaine, en Ardèche où se retrouvent de nombreux artistes de toutes nationalités, notamment Jean Le Moal, Theodore Appleby, Honorio García Condoy, Roger Weiss ou Eudaldo. Les toiles que peint Hayter, malgré leurs titres dont plusieurs évoquent l'Escoutay, la rivière qui traverse le village, s'affranchissent de toute allusion directe à la réalité visible.

« Les séjours à Alba ont exercé quelque influence sur Hayter, et d'abord physique : l'air et les divers parfums des arbres et des fleurs le ravivent après la vie citadine au long de laquelle il a respiré, avec ardeur d'ailleurs, l'odeur des acides et des encres […]. L'Escoutay exerce sur lui un irrésistible attrait : les sauts de l'eau, la profondeur mystérieuse des trous, les tourbillons sur les cuves claires et sombres », observe Georges Limbour[3] en parlant de sa peinture. Mais c'est seulement à l'aide de ses couleurs, montées en intensité, des rythmes gestuels de ses tracés obliques ou enchevêtrés, que sa peinture, désormais non figurative, recrée le sentiment de la réalité élémentaire, terre et eau, minéral et végétal, sous la lumière variable des saisons.

Hayter représente le Royaume-Uni à la Biennale de Venise de 1958 avec ses peintures. Il reçoit en 1960 le grand prix international de gravure de Tokyo, en 1972 le grand prix de la ville de Paris. Ses œuvres, tant ses peintures que ses gravures[4], ne cesseront d'évoluer vers toujours plus de spontanéité dans la projection dynamique de la couleur, distribuée par la suite selon d'amples réseaux de courbes se déployant parallèlement comme ondes, se croisant ou se superposant. Il expérimente au sein de l'Atelier 17 plusieurs techniques et met au point l'impression par viscosité.

Dans les années 1980, leurs compositions éclatées en plus larges surfaces, fortement contrastées dans les rouges, les verts et les jaunes, sont de nouveau fréquemment traversées par le souple graphisme, sombre ou lumineux, qui, sous des formes distinctes au long de son itinéraire, demeure caractéristique de l'art d'Hayter.

Mort[modifier | modifier le code]

Stanley William Hayter meurt à Paris le .

L'année de sa mort, le British Museum de Londres acquiert la totalité de son abondant œuvre gravé. L’Oxford Dictionary of Art and Artists juge en 1997 qu'aucun graveur britannique n'aura eu une telle influence internationale[réf. souhaitée].

Le , George Ball écrit en hommage à Hayter, son maître, ami et père spirituel : « Il m'est difficile, voire douloureux de parler de mon ami et maître « Bill » Hayter qui vient de nous quitter subitement le soir du . Sa mort laisse déjà un grand vide dans le cœur de tous ceux qui le connaissaient bien, ou même très peu. […] C'est à lui que je dois toute la connaissance que j'ai acquise de la technique de la gravure en taille-douce, burin et eau forte. Pourtant, tout ce que Hayter m'avait apporté comme il l'avait fait aux milliers d'artistes du monde entier depuis qu'il avait fondé à Paris, en 1926, son célèbre « Atelier 17 », dépassait de loin un simple enseignement technique. Par son esprit toujours jeune jusqu'à la fin de sa longue vie de créateur et de maître inégalable, il nous avait surtout ouvert des portes jusqu'alors insoupçonnées. Il avait toujours essayé de nous ouvrir les yeux et de chercher toujours plus loin ce qui me semble être la chose la plus importante dans l'aventure de la création : la force expressive. Hayter n'a jamais cessé de donner à tous les artistes, jeunes et moins jeunes, expérimentés ou débutants, ignorants comme j'étais moi même en 1958, toute sa propre expérience de grand graveur : il n'en cachait rien. Tout ce qu'il savait, il le partageait avec ses collègues de l'Atelier 17. Ceci me semble la marque d'un très grand professeur[5]. »

Illustrations[modifier | modifier le code]

  • Georges Hugnet, Ombres portées, avec cinq gravures de Stanley William Hayter, Paris, Éditions de la Montagne, 1932.
  • Poétique de la danse, d'Euripide à Lorca, choix et commentaire de Jean-Clarence Lambert, illustrations de Stanley-William Hayter, éditions Falaize, 1955.

Artistes ayant fréquenté l'Atelier 17[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Paul Éluard, Œuvres complètes, I, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1968, pp. 843-853, avec la reproduction des œuvres de Hayter.
  2. Dominique Tonneau-Ryckelynk et Roland Plumart, Joseph Hecht Catalogue raisonné de l'Oeuvre Gravé, Editions du Musée de Gravelines,
  3. Georges Limbour, Hayter, Paris, Le Musée de Poche, Georges Fall éditeur, 1962, p. 44.
  4. « Hayter, Stanley William », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  5. « Art et métiers du livre : revue internationale de la bibliophilie », sur bibliothequekandinsky.centrepompidou.fr,

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) S. W. Hayter, New ways of gravure, London Oxford University Press, 1947 ; réédition, 1966.
  • (en) S. W. Hayter, About prints, London, Moyer Bell, 1962.
  • Georges Limbour, Hayter, Le Musée de Poche, Paris, Georges Fall éditeur, 1962. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Stanley William Hayter, 40 ans de gravure, Genève, Musée d'art et d'histoire, 1966.
  • Cimaise, no 113-114, Paris, septembre-décembre 1973 [Le numéro contient des articles sur plusieurs des graveurs les plus importants des décennies précédentes, Marcel Fiorini, Krasno, Pierre Courtin, James Guitet, Arthur-Luiz Piza, Bertrand Dorny, Pierre Soulages, Henri Goetz, Stanley William Hayter, Johnny Friedlaender].
  • André Pieyre de Mandiargues, S.W. Hayter, peinture pure, Galerie de Seine, 1976.
  • Graham Reynolds, Hayter et l'Atelier 17, Galerie de Seine, 1981.
  • Georges Limbour, « Stanley Hayter à Montparnasse » in Dans le secret des ateliers, Paris, L'élocoquent, 1986. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) P M S Hacker, The Renaissance of the Gravure : The Art of S. W. Hayter, Oxford, Clarendon Press, 1988.
  • (it) Carla Esposito, Hayter e l'Atelier 17, Milan, Electa, 1990.
  • (en) Peter Black et Desirée Hayter, The Prints of S. W. Hayter, A Complete Catalogue, New York, Moyer Bell et Londres, Phaidon Press, 1992.
  • Lydia Harambourg, Stanley Hayter, dans L'École de Paris 1945-1965, Dictionnaire des peintres, Ides et Calendes, Neuchâtel, 1993, pp. 233-234 (ISBN 2-8258-0014-7) ; nouvelle édition, 2010, pp. 508-511 (ISBN 978-2-8258-0241-0). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Pierre-François Albert et François Albert, Hayter Le Peintre - The Paintings, éditions Gourcuff Gradenigo, 2011 (ISBN 978-2-35340-110-9).
  • Cédric Pannevel (dir.), Pierre-François Albert et Justine Canu, Stanley William Hayter : [expositions], Musée des beaux-arts, Bernay... Espace culturel des Tanneries, La-Ferrière-sur-Risle... [17 juin-17 septembre 2017], Rouen, Point de vues, musée des beaux-arts de Bernay et communauté de communes du Pays de Conches, , 96 p. (ISBN 978-2-37195-019-1).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]