Rue du Vieux-Seigle

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Rue du Vieux-Seigle
Image illustrative de l’article Rue du Vieux-Seigle
La rue du Vieux-Seigle, à la hauteur du no 5.
Situation
Coordonnées 48° 34′ 55″ nord, 7° 44′ 49″ est
Pays Drapeau de la France France
Subdivision administrative Grand Est
Ville Strasbourg
Début rue des Francs-Bourgeois
Fin rue du Vieux-Marché-aux-Grains

Carte

La rue du Vieux-Seigle (en alsacien : Firnkorngässel) est une voie de Strasbourg rattachée administrativement au quartier Gare - Kléber.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

Située dans le prolongement de la rue de la Demi-Lune, elle va du no 15 de la rue des Francs-Bourgeois à la rue du Vieux-Marché-aux-Grains[1]. La rue de la Lanterne y débouche dans son tronçon central[2].

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Plaque bilingue, en français et en alsacien.

Historique[modifier | modifier le code]

Attestée depuis le XIIIe siècle, la rue a été amputée d'une grande partie de sa longueur par l'ouverture de la rue des Francs-Bourgeois au moment de la Grande-Percée[3].

La rue a connu différentes dénominations, en allemand ou en français. La plus ancienne, attestée en 1266, est Virnekorngasse. Elle tient son nom d'une famille patricienne, les Virnekorn[1], qui, au XIIIe siècle, se faisait remarquer parmi les ministériaux de l'évêque et les sénateurs de la ville de Strasbourg[4]. Selon Roland Recht, c'est une traduction littérale qui l'a transformé en nom commun, Virn signifiant « suranné, ancien » et devenant alors Alte, tandis que Korn désigne le blé ou le seigle. Alte Korngasse est ensuite traduit en « rue du Vieux-Seigle[3] ». L'appellation suivante, Under Kürsenern (du XIIIe au XVe siècle), fait référence au quartier des pelletiers[1].
Se succèdent ensuite Hinter der Herrenstube (1735, 1786), Derrière la Lanterne (XVIIIe siècle), Firnkorngasse (1872, 1940), rue de la Jeunesse (1794), rue du Vieux-Marché-aux-Blés (1817), rue du Vieux-Seigle (1858, 1918, 1945), Alte Korngasse (1872, 1940[5],[1]).

Des plaques de rues bilingues, à la fois en français et en alsacien, ont été mises en place par la municipalité à partir de 1995[6]. C'est le cas du Firnkorngässel.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

Le cinéma Vox, à l'angle de la rue du Vieux-Seigle (à gauche) et de la rue des Francs-Bourgeois.

C'est du côté de la nouvelle artère — et des nos 1 à 4 de la rue du vieux-Seigle — que les transformations sont les plus importantes.

  • no 2 : Lorsqu'en 1756 le baron Jean de Dietrich faisait l'acquisition de ce bâtiment et des nos 1-3 de l'ancienne rue des Fribourgeois, ils abritaient, avant leur transfert, d'anciens ateliers monétaires[7].
    Au XXe siècle l'emplacement accueille le cinéma Vox, à l'angle du no 17 de la nouvelle rue des Francs-Bourgeois. C'est un exemple typique de l’architecture cinématographique des années trente, mais, si les plans de Vladimir Scob et Adolphe Wolff datent de 1939, la réalisation, retardée par la guerre, ne s'achève qu'en 1947[8].
  • no 3 : En face du cinéma, à l'angle des nos 9, 11, 13 et 15 de la rue des Francs-Bourgeois, plusieurs maisons sont démolies à la fin des années 1960 pour céder la place à un nouvel immeuble destiné à une compagnie d'assurances[9].
Fontaine Renaissance[10]
  • no 5 : Dans cette maison, la porte, trois fenêtres dans une pièce du premier étage et une fontaine murale Renaissance ont fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques en 1965[11], car l'aile sur cour était vouée à la démolition. L'architecte Albert Sensfelder a intégré les montants de fenêtre et la fontaine à sa propriété, au no 44, rue du Général-Offenstein[12].
Rue du Vieux-Seigle (Élise Gérold, vers 1880).
  • no 6 : La tour à pignon crénelé de cet édifice médiéval est la seule qui subsiste encore à Strasbourg[1].
    Son usage reste incertain. À la fin du XIXe siècle, Adolphe Seyboth restait perplexe : « Nous n'avons rien trouvé qui pût nous éclairer sur l'origine ou la destination de cette tour. Malgré ses dimensions presque monumentales, elle semble n'avoir jamais servi qu'à renfermer un escalier[13]. »
    Un archéologue contemporain, Maxime Werlé, s'interroge aussi, mais tente d'aller plus loin : « Si la destination fonctionnelle de la tour reste d'interprétation difficile (tour d'escalier ?), sa valeur symbolique de référence explicite à un modèle castral paraît plus assurée. ». Néanmoins ses investigations archéologiques, à la fin des années 1990, permettent de définir trois phases de construction. Les deux premières, d'une part le dernier tiers du XIIe siècle/premier tiers du XIIIe, d'autre part la première moitié du XIIIe siècle, sont fondées sur des comparaisons avec d'autres maçonneries du même type. La troisième est datée vers 1300 par dendrochronologie[14].
Baie géminée cintrée du no 2 de la rue de la Lanterne, donnant sur la rue du Vieux-Seigle.

L'ensemble est remanié à cette date, comme en témoignent les baies romanes et gothiques, ainsi que les pignons à redents. Le bâtiment est à nouveau transformé à la Renaissance, puis au XVIIIe siècle. Un troisième étage, à pans de bois crépi, est ajouté au XIXe siècle[15].
L'édifice est décrit comme un grand bâtiment de plan quadrangulaire auquel est accolée une tour, également quadrangulaire, d'une hauteur de 22 m, placée hors œuvre, à l'extrémité du mur gouttereau nord[14].
Frédéric Piton, lorsqu'il décrit l'introduction, au XVIIe siècle, des cafés en France — et notamment à Strasbourg —, en donne pour exemple celui qui se trouvait à l'angle de la rue du Vieux-Seigle et de celle de la Lanterne, le Café de la Victoire, l'un des premiers cafés établis dans la ville[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Maurice Moszberger (dir.), « Vieux-Seigle (rue du) », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 107 (ISBN 9782845741393).
  2. Moszberger, op. cit., p. 100.
  3. a et b Roland Recht, Jean-Pierre Klein et Georges Foessel (dir.), « Rue du Vieux-Seigle », in Connaître Strasbourg : cathédrales, musées, églises, monuments, palais et maisons, places et rues, Alsatia, 1998 (nouvelle édition remaniée), p. 134 (ISBN 2-7032-0207-5)
  4. Jean-Daniel Schoepflin, L'Alsace illustrée ou son histoire sous les empereurs d'Allemagne et depuis sa réunion à la France, V, Villes impériales-généalogies, vol. 5, François Perrin, 1852, p. 721.
  5. (de) Adolphe Seyboth, « Alte Korngasse. Rue du Vieux-Seigle », in Das alte Strassburg, vom 13. Jahrhundert bis zum Jahre 1870 ; geschichtliche Topographie nach den Urkunden und Chroniken, Strasbourg, 1890, p. 74, [lire en ligne].
  6. « L'alsacien a droit de rue à Strasbourg », Libération, 31 mars 1995, [lire en ligne].
  7. Adolphe Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque, op. cit., p. 411.
  8. Shahram Hosseinabadi, « “ELDORADO” À la française ou à l'allemande ? Une étude comparée des cinémas de Strasbourg », Revista de Arquitectura, 2015, 17(1), p. 42, [lire en ligne].
  9. « 15, rue des Francs-Bourgeois », Maisons de Strasbourg. Étude historique sur les maisons de Strasbourg entre le XVIe et le XXe siècle [1]
  10. (Albert Koerttgé, 1894). page 400
  11. « Maison au 5, rue du Vieux Seigle à Strasbourg », notice no PA00085178, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  12. Dominique Toursel-Harster, Jean-Pierre Beck, Guy Bronner, Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, éd. de la Nuée Bleue, 1995, p. 589.
  13. Adolphe Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu'en 1870, L'Imprimerie alsacienne, 1894, p. 411.
  14. a et b Maxime Werlé, « 6, rue du Vieux-Seigle », Archéologie médiévale, tome XXVIII, 1999, p. 207-208, [lire en ligne].
  15. Jean-Marie Pérouse de Montclos et Brigitte Parent, Alsace : Le Dictionnaire du patrimoine, Éditions Place des Victoires, Paris, 2011, p. 275-276 (ISBN 978-2809901870).
  16. Frédéric Piton, Strasbourg illustré, ou panorama pittoresque, historique et statistique de Strasbourg et de ses environs, Volume 1, Silbermann, 1855, p. 8

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Maurice Moszberger (dir.), « Vieux-Seigle (rue du) », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 107 (ISBN 9782845741393)
  • Jean-Marie Pérouse de Montclos et Brigitte Parent, Alsace : Le Dictionnaire du patrimoine, Éditions Place des Victoires, Paris, 2011, p. 275-276 (ISBN 978-2809901870)
  • Roland Recht, Jean-Pierre Klein et Georges Foessel (dir.), « Rue du Vieux-Seigle », in Connaître Strasbourg : cathédrales, musées, églises, monuments, palais et maisons, places et rues, Alsatia, 1998 (nouvelle édition remaniée), p. 134 (ISBN 2-7032-0207-5)
  • (de) Adolphe Seyboth, « Alte Korngasse. Rue du Vieux-Seigle », in Das alte Strassburg, vom 13. Jahrhundert bis zum Jahre 1870 ; geschichtliche Topographie nach den Urkunden und Chroniken, Strasbourg, 1890, p. 74, [lire en ligne]
  • Adolphe Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu'en 1870, L'Imprimerie alsacienne, 1894, p. 405, 409, 410, 411

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]