Rue de Paris, temps de pluie

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Rue de Paris, temps de pluie
Artiste
Date
Type
Technique
Huile sur toile
Point de vue
Dimensions (H × L)
212 × 276 cm
Mouvements
Collection
No d’inventaire
1964.336
Localisation

Rue de Paris, temps de pluie est une peinture à l'huile sur châssis entoilé du peintre français Gustave Caillebotte (1848-1894), réalisée en 1877. Elle est conservée à l'Art Institute of Chicago, aux États-Unis.

Historique[modifier | modifier le code]

Ce tableau fut réalisé par Gustave Caillebotte, alors âgé de vingt-neuf ans, pour la troisième exposition impressionniste organisée par la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs à Paris au 6 rue Le Peletier en , au cours de laquelle il présenta six œuvres dont cette toile. Elle est montrée ensuite après la mort de l'artiste (survenue le ) à la rétrospective de son œuvre organisée chez Durand-Ruel[1] en . Plus tard, la première grande rétrospective moderne de l'œuvre de Caillebotte est organisée en 1951 à Paris la galerie Beaux-Arts[2], et la Rue de Paris, temps de pluie en est un des clous[3]. Le tableau est installé par son frère Martial Caillebotte au château de Montglat [4] vers 1900.

Comme la majorité des œuvres de Caillebotte, ce tableau demeure dans la famille de Mme Albert Chardeau, née Geneviève Caillebotte (nièce de l'artiste), jusqu'au milieu du XXe siècle. La toile est achetée en 1955 par Walter P. Chrysler Jr. (en) (1909-1988), fils du fondateur de Chrysler) qui la revend en 1964 à la galerie Wildenstein laquelle la vend aussitôt à l'Institut d'art de Chicago[5]. Une esquisse à l'huile de ce tableau a été donnée par Caillebotte à Claude Monet ; elle se trouve aujourd'hui au musée Marmottan de Paris. Diverses études préparatoires sont dispersées dans des collections particulières.

Cette œuvre majeure de Caillebotte a été exposée dans neuf villes[6] des États-Unis en 1956 et 1957 (dans le cadre de la collection Chrysler) ; puis en 1960 à Dayton ; en 1969 de nouveau à Minneapolis ; en 1976/1977 à Houston[7], pour la grande rétrospective Caillebotte ; à Washington, puis à Chicago en 1986 ; et entre et à Paris à l'exposition Caillebotte du Grand Palais, ce qui fut une révélation pour le public francophone. Elle a été montrée ensuite à Fort Worth en 2008 ; à Essen en 2011 ; à Paris au musée d'Orsay en 2012/2013[8], puis de nouveau à Washington en juin- à la National Gallery of Art, pour l'exposition « Gustave Caillebotte: The Painter’s Eye »[9] ; enfin, de nouveau à Fort Worth (Texas) au Kimbell Art Museum du au [10].

Description[modifier | modifier le code]

Cette toile se caractérise par ses tons sobres, des teintes discrètes et le soin particulier apporté aux détails. Il s'agit d'une peinture très réaliste, notamment grâce aux reflets de la pluie sur le trottoir et les pavés. Sur la partie gauche du tableau, le regard du spectateur se porte au loin, sur les immeubles du fond, alors qu'à droite et au premier plan, le regard est attiré par les personnages dont les visages et les tenues sont extrêmement bien soignés.

Ce tableau de Gustave Caillebotte représente la déambulation, par temps de pluie, de bourgeois et de personnes aisées vêtus de couleurs foncés (hommes et femmes confondus) tenant des parapluies noirs dans les rues pavées de Paris juste après les grands travaux entrepris par le baron Haussmann. Il met en avant un couple au premier plan ( à droite) devant un lampadaire ; ce style diffère de celui des artistes de son époque qui préfèrent généralement avoir une symétrie et représenter les personnages en entier. Son point de vue se trouve sur l'actuelle place de Dublin avec en perspective la rue de Moscou (à gauche), la rue Clapeyron (au centre), et la rue de Turin (à droite) ; la rue de Saint-Pétersbourg n'étant pas visible (à l'extrême-droite) mais suggérée[11].

Réception de l'œuvre[modifier | modifier le code]

Émile Zola qui avait jusque-là émis des critiques très sévères sur le travail de Caillebotte, écrivit à propos de ce tableau :

« Enfin, je nommerai M. Caillebotte, un jeune peintre du plus beau courage et qui ne recule pas devant les sujets modernes grandeur nature. Sa Rue de Paris par un temps de pluie montre des passants, surtout un monsieur et une dame au premier plan qui sont d'une belle vérité. Lorsque son talent se sera un peu assoupli encore, M. Caillebotte sera certainement un des plus hardis du groupe. »

— Émile Zola, Notes parisiennes du 19 avril 1877

Illustrations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Cat. 47
  2. Cat. 13
  3. Marie Berhaut, Galerie Beaux-Arts, « Rétrospective Gustave Caillebotte », au profit du Musée des beaux-arts de Rennes, catalogue (Galerie Beaux-Arts, 1951), cat. 1
  4. sur le territoire de la commune de Cerneux.
  5. (en) Paris Street; Rainy Day1877, Google Art Project
  6. Portland (Oregon); musée d'art de Seattle; San Francisco (California Palace of the Legion of Honor); Los Angeles (County Museum of Art); Minneapolis Institute of Arts; musée d'art de Saint-Louis; à la William Rockhill Nelson Gallery de Kansas City; à l'Institut des arts de Detroit; et enfin au Museum of Fine Arts de Boston.
  7. Museum of Fine Arts
  8. Dans le cadre de l'exposition « L'Impressionnisme et la Mode »
  9. Cat. 4 (ill.)
  10. (en) Historique sur le site de l'Art Institute of Chicago
  11. Les coordonnées du point de vue du spectateur/peintre sont 48° 52′ 50″ N, 2° 19′ 30″ E, dans la rue de Turin.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie sélective[modifier | modifier le code]

Par ordre chronologique :

  • Gloria Groom, L’Impressionnisme et la Mode, cat. exp., Musée d'Orsay/Skira Flammarion, 2012, p. 298, cat. 35.
  • Éric Darragon, « Gustave Caillebotte, une nouvelle peinture », in Serge Lemoine et al., Dans l’intimité des frères Caillebotte: Peintre et photographe, cat. exp., éd. Flammarion/Culturspaces/Musée National des Beaux-Arts du Québec/Musée Jacquemart-André, Institut de France, 2011, pp. 36, fig. 1; 37; 64.
  • Marie Berhaut, Gustave Caillebotte. Catalogue raisonné des peintures et des pastels, Paris, éd. Bibliothèque des arts, 1994
  • Éric Darragon, Caillebotte, coll. Tout l’art, éd. Flammarion, 1994, pp. 59, 60–61 (ill.), 62, 131, 147.
  • Jérôme Coignard, « Caillebotte: Le blues des grands boulevards », in Beaux-arts, no 126, , couverture (détail); pp. 3 (ill.), 58–59 (détail), 64, 68.
  • (en) Kirk T. Varnedoe et Thomas P. Lee, Gustave Caillebotte: A Retrospective Exhibition, avec des contributions de Kirk T. Varnedoe, Marie Berhaut, Peter Galassi, et Hilarie Faberman, cat. exp. Museum of Fine Arts, Houston, 1976, pp. 23, cat. 25 (ill.); 74; 106; 108; 110–13, cat. 25 (ill.); 116; 119; 122; 129; 133; 210–11; 212–13; 214–16
  • René Huyghe, La Relève du réel: La peinture française au XIXe siècle ; Impressionnisme, symbolisme, éd. Flammarion, 1974, p. 154, no 133 (ill.).
  • (en) John Maxon, « Some Recent Acquisitions », in Apollo 84, no 55 (), couverture (détail); pp. 171, 216.
  • Henri Perruchot, « Scandale au Luxembourg », in L'Œil, no 9 (), pp. 16–17 (ill.).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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