Rue Alfred-de-Vigny (Paris)

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8e, 17e arrts
Rue Alfred-de-Vigny
Voir la photo.
La rue Alfred-de-Vigny en 2019.
Voir la plaque.
Situation
Arrondissements 8e
17e
Quartiers Europe
Début Place du Général-Brocard
Fin Rue de Chazelles
Morphologie
Longueur 195 m
Largeur 10 à 15 m
Historique
Création 1861
Dénomination 1902
Ancien nom Rue de Vigny (1867)
Rue Fournial
Géocodification
Ville de Paris 0202
DGI 0179
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue Alfred-de-Vigny
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La rue Alfred-de-Vigny est une rue des 8e et 17e arrondissements de Paris.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

Elle commence place du Général-Brocard, au carrefour de la rue de Courcelles et de l'avenue Hoche, et se termine au 10, rue de Chazelles.

Le quartier est desservi par la ligne 2 à la station Courcelles.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Alfred de Vigny, par Félix Nadar.

Elle a reçu le nom du poète Alfred de Vigny (1797-1863) qui, s'il a eu plusieurs adresses dans l'actuel 8e arrondissement[1], n'a toutefois jamais habité cette rue, ni même ce quartier.

Historique[modifier | modifier le code]

La partie de cette rue située entre la rue de Courcelles et le boulevard de Courcelles a été ouverte en 1861 par les frères Pereire dans le cadre du lotissement du parc Monceau et a pris son nom actuel le .

La partie située entre le boulevard de Courcelles et la rue de Chazelles, ouverte sous le nom de « rue Fournial », a été absorbée en 1904 par la rue Alfred-de-Vigny.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

  • No 2 : immeuble de 1906 en brique et en pierre de style néo-Louis XIII construit pour M. Favarger, y demeurant, par l’architecte Breffenville[2]. C’est, en 1910, l’hôtel particulier de Mme Bertin-Mention[3].
  • No 5 : immeuble de bureaux construit en 1956 par l’architecte Jean Fayeton[4]. Ancien siège de la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (COFACE : aujourd'hui au 1, place Costes-et-Bellonte à Bois-Colombes). En 2016, l’immeuble est acquis par la SCPI Notapierre[5].
  • No 6 : bel immeuble construit vers 1900 en style Louis XV. Le 6 février 1936, un vol de bijoux d’un montant de 300 000 francs y est commis au premier étage dans l’appartement d’un banquier[6].
  • No 7 : « La haute banque protestante était largement représentée ici avec les Dollfus, les Hottinguer et les Neuflize qu'on rencontrait au 7[7]. »
  • No 8 : hôtel Menier, de style néo-première Renaissance française, construit en 1884[8] par l'architecte Henri Parent pour Henri Menier, fils du fondateur du chocolat Menier[9]. « M. Henri Menier, ingénieur chimiste, avait aménagé une dépendance de sa demeure en laboratoire, ce qui ne manquait pas d'inquiéter quelque peu les autres habitants de la rue[7]. » L'édifice s'organise autour d'une belle cour d'allure médiévale. Il comporte un grand escalier d'honneur, une vaste salle de bal de 12 mètres de hauteur sous plafond, dotée d'un plafond à caissons, de boiseries de chêne et de fenêtres en vitraux. La façade arrière donne sur le parc Monceau. « Un dramaturge, qui fut illustre, eut pendant bien des saisons l'habitude de pousser sa table de travail, lorsque l'été était venu, sur cette terrasse balisée par deux lionceaux en pierre : c'était […] M. François de Curel »[10]. Dans les années 1925, une Société pour l’élevage français du renard argenté établit son siège à cette adresse, publiant dans la presse des encarts invitant les épargnants à placer leur argent dans l’élevage de renards argentés. Il s’avère, quelque temps plus tard, que cette Société est la création d’escrocs notoires qui seront condamnés, pour ces faits, à plusieurs années de prison[11]. En novembre 1940, la direction de la Sûreté nationale s’installe dans les lieux[12]. Hubert de Givenchy établit sa maison de couture au rez-de-chaussée de 1952 à 1958. L'hôtel abrite aujourd'hui le Conservatoire international de musique de Paris fondé en 1925.
  • No 9 : immeuble construit en 1893[2] pour le dramaturge Georges Lieussou ; une réception et un bal sont organisés à l'occasion de la crémaillère le 5 mai 1894[13]. « On a dansé jusqu’au jour. Les invités ont admiré surtout l’escalier de marbre, orné d’une belle verrière et de panneaux de tapisserie représentant les fables de La Fontaine par Oudry, les jolis trumeaux des appartements et le nouvel ascenseur électrique[14]. » La famille du compositeur Reynaldo Hahn[15] s'y installe en 1897 et ce dernier y reçoit Marcel Proust, Catulle Mendès et Sarah Bernhardt. En 1900, l’immeuble abrite également l’ambassade de la République d’Argentine[16]. André Becq de Fouquières, en 1954, apporte la précision suivante : « M. Robert Mirabaud, dont l'hôtel du 9 est maintenant occupé par la direction d'une aciérie[7]. »
  • No 10 : hôtel Pereire, construit entre 1879 et 1881 sur les plans de l’architecte William Bouwens van der Boijen pour Émile II Pereire (1840-1913, fils du financier et homme politique Émile Pereire). « C'est […] la branche catholique de la famille Pereire qui avait élu domicile rue Alfred-de-Vigny. Des fenêtres de la façade qui donne sur le parc Monceau, les propriétaires de l'hôtel du 10 pouvaient apercevoir, par-delà les frondaisons, la demeure des Pereire protestants, qui s'ouvre au 33, boulevard de Courcelles. (Les Pereire restés fidèles à la religion juive avaient, eux, choisi le Faubourg Saint-Honoré)[7]. » La veuve d’Émile II Pereire y meurt à l’âge de 90 ans en 1934[17]. Avant la Seconde Guerre mondiale, un certain baron von Kasper y installa le siège d'une vaste opération d'escroquerie financière. On y trouve aujourd'hui le siège de la Fondation Simone et Cino Del Duca, abritée par l'Institut de France.

Bâtiments détruits[modifier | modifier le code]

  • No 4 : hôtel particulier du comte de La Béraudière (en 1910)[3]. « On a rasé pendant la guerre, écrit Becq de Fouquières, l'hôtel voisin, sur l'avenue Van-Dyck, [du no 5] et qui n'avait pas d'accès sur le parc Monceau. La dernière occupante de cette demeure fut la comtesse de La Béraudière. Il n'est point de piège tendu par le plus roué des antiquaires que ne sache déjouer Mme de La Béraudière, et les experts les plus savants se plaisent à reconnaître le don qu'elle possède de découvrir le chef-d'œuvre inconnu ou ignoré. Le comte Greffulhe tenait pour vérité absolue qu'un tableau ou un meuble sur lequel s'était posé une fois le regard de Mme de La Béraudière avait définitivement livré tout son mystère. C'est chez la comtesse de La Béraudière qu'il m'a été donné de rencontrer, en compagnie de la grande-duchesse Anastasie, le prince Youssoupoff, qui souhaita sauver son empereur en abattant Raspoutine[20]. » Marie-Thérèse Brocheton, comtesse de La Béraudière, séparée de son mari, le comte Jacques de La Béraudière (1864-1949), était la maîtresse du comte Henry Greffulhe[21].

Au cinéma[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Voir notamment « Rue d'Artois », « Rue d'Anjou ».
  2. a b et c Demandes de permis de construire parisiens, volume 6, Archives départementales de Paris.
  3. a et b Rochegude 1910, p. 61.
  4. « 5, rue Alfred-de-Vigny », sur pss-archi.eu.
  5. « Paris 8e : La SCPI Notapierre acquiert le 5 rue Alfred de Vigny », Business Immo, 4 juillet 2016.
  6. « Choisissant le moment où maîtres et domestiques étaient absents les cambrioleurs ont opéré en toute tranquillité rue A. de Vigny », Le Journal, 7 février 1936, sur RetroNews.
  7. a b c d et e Becq de Fouquières 1954, p. 186.
  8. « Demandes en autorisation de bâtir », Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 26 mars 1884, sur Gallica.
  9. Jean-Marie Pérouse de Montclos (dir.), Le Guide du patrimoine. Paris, Paris, Hachette, 1994, p. 94.
  10. Becq de Fouquières 1954, p. 187.
  11. « Les malfaiteurs ont la partie trop belle », Le Petit Bleu de Paris, 9 juillet 1926, sur RetroNews.
  12. « La réorganisation de la police française », La Tribune de l’Aube, 17 novembre 1940, sur RetroNews.
  13. Le Voltaire, 8 mai 1894, sur RetroNews.
  14. Le Figaro, 8 mai 1894, sur RetroNews.
  15. Annuaire de la Société des amis du Louvre, 1907, sur Gallica.
  16. « L’Ambassade de la République d’Argentine auprès de la République Française », Paris-Buenos-Aires : revue illustrée en français et en espagnol, Paris, 1900, sur Gallica.
  17. L’Écho de Paris, 17 juin 1934, sur RetroNews.
  18. « Cabanel », L’Univers illustré, 2 février 1889, sur RetroNews.
  19. « La double arrestation de la rue Alfred-de-Vigny », Le Petit Journal, 27 février 1926, sur RetroNews.
  20. Becq de Fouquières 1954, p. 187-188.
  21. Anne de Cossé-Brissac, La Comtesse Greffulhe, Paris, Perrin, coll. « Terres des femmes », 1991, p. 229.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • André Becq de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens. II. Le quartier Monceau, Paris, Pierre Horay, .
  • Félix de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris. VIIIe arrondissement, Paris, Hachette, .

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

« Rue Alfred-de-Vigny » sur le site de la mairie de Paris, www.v2asp.paris.fr.