Rolf Dupuy
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Daniel Pierre Alexandre Dupuy |
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Rolf Dupuy, de son vrai nom Daniel Dupuy, né le à Paris et mort le à Nanterre, est un bibliothécaire français, éducateur pour aveugles, militant anarchiste et historien du mouvement anarchiste en France et en Espagne.
Pendant sa jeunesse, Dupuy rejoint le mouvement anarchiste en France et s'oppose à la guerre d'Algérie en particulier en se battant avec des groupes nationalistes ou fascistes demandant le maintien de l'Algérie française. Après un voyage en Europe où il découvre le continent en auto-stop et découvre les milieux beatnik, il revient en France, participe à mai 68 et trouve un emploi comme éducateur de jeunes aveugles. Le militant anarchiste est l'un des fondateurs de l'Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) - par exemple au niveau des relations internationales de l'organisation et par l'activité au sein de plusieurs groupes. Il publie et édite aussi de nombreux textes, en particulier en chinois. Il prend le pseudonyme de Rolf au sein de l'ORA et ce pseudonyme se maintient pour le désigner au sein du mouvement.
Son contrat d'éducateur n'étant pas renouvelé après qu'il a participé à une grève, Dupuy, devient bibliothécaire. Il quitte l'ORA en 1977 après des désaccords sur son orientation pro-autonome et se consacre alors à la recherche historique sur l'anarchisme, tout en continuant à militer à la CNT.
Dans le cadre de ses recherches, il s'associe avec le Centre international de recherches sur l'anarchisme (CIRA) fondé par René Bianco et y verse de nombreux documents, ainsi qu'à l'Institut international d’histoire sociale (IISG).
Dupuy est impliqué dans Le Maitron des anarchistes et surtout dans la fondation du Dictionnaire international des militants anarchistes et de Los de la sierra 1936-1975 : dictionnaire des guerilleros et résistants antifranquistes, qu'il anime ensuite.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse : intégration au sein du mouvement anarchiste et anticolonial en France
[modifier | modifier le code]Daniel Pierre Alexandre Dupuy naît à Paris, le [1]. Il commence à militer pendant sa scolarité au lycée Louis-le-Grand, en 1961, quand il y rejoint le groupe anarchiste[1]. Il s'engage alors décisivement contre la guerre d'Algérie en rejoignant le Front de solidarité à la révolution algérienne (FSRA) et en se battant lors des fréquentes batailles de rue entre antifascistes et nationalistes ou fascistes en faveur du maintien de l'Algérie française[1].
Après ses études, où il obtient un baccalauréat en candidat libre, il parcourt l'Europe en auto-stop et rejoint les milieux beatniks[1],[2]. Il suit aussi des études de langues orientales[2].
Poursuite de ses activités : mai 68, fondation de l'ORA, propagande anarchiste
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Dupuy, revient en France et participe activement à mai 68[1]. Pendant l'occupation de la Sorbonne, à laquelle il participe et doit occuper l'escalier E, il rencontre de nombreux autres compagnons de l'ORA, dont Guy Malouvier[2].
Il se définit alors comme anarcho-communiste et trouve un emploi comme éducateur à l'Institut national des jeunes aveugles après avoir enchaîné plusieurs emplois précaires[1].
Selon l'historien Óscar Freán Hernández, l'influence des anarchistes espagnols est déterminante sur lui ; il rejoint le mouvement à une période où de nombreux réfugiés et vétérans de la guerre d'Espagne sont encore en vie en France, et cette mémoire le marque[3]. Cela est aussi dû à ses lectures, car il peut trouver davantage de textes à leur local rue sainte-Marthe qu'à la librairie de la Fédération anarchiste française (FA)[3].
Rolf Dupuy est l'un des fondateurs de l'Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA)[3] où il prend le pseudonyme de Rolf et intègre son groupe Jules Vallès du 13e arrondissement de Paris[1]. Il s'implique dans cette organisation, en 1971, devient membre de son Collectif national en charge des relations internationales du groupe[1]. Il tient la permanence d'une table de presse de l'organisation entre 1969 et 1972 au campus Censier[1].
Parallèlement, il participe au Cercle Front libertaire « Chiens de garde » avec Michel Cavalier et Ramon Finster qui publie un bulletin dont deux numéros sortent et distribue le journal Front libertaire sur la rue Mouffetard[1].
En raison de sa participation à une grève au sein de l'Institut national des jeunes aveugles, son contrat n'est pas renouvelé et il se retrouve au chômage[1]. En 1973, il soutient quotidiennement le piquet de grève de la poste rue de l’Epée-de-Bois, où la section locale de la CFDT est alors anarchiste[1]. Avec Geneviève Pauly et Gérard Mélinand et d'autres militants de l'ORA, il fonde le groupe Mouffetard de l'ORA, rassemblé autour de la Maison pour tous - où se retrouvent d'anciens maoïstes et des anarchistes et qui publie le journal Le Cri du Vème[1].
Entre 1973 et 1976, il est en charge du groupe anarcho-communiste chinois de l'ORA publiant des bulletins et textes en chinois[1]. En 1974, l'anarchiste obtient un emploi comme bibliothécaire pour la ville de Paris[1]. En 1977, Dupuy quitte l'ORA (renommée en Organisation communiste libertaire) après des désaccords sur sa nouvelle orientation pro-autonome[1].
Historien du mouvement anarchiste
[modifier | modifier le code]Il décide alors de se consacrer à la recherche historique sur l'anarchisme et entreprend des collaborations avec d'autres historiens du mouvement, comme René Bianco et Antonio Tellez[1]. Ce dernier est un ami très proche de Dupuy, et lui envoie des documents et ses recherches jusqu'à la fin de sa vie pour que Dupuy puisse les publier en ligne[4].
Rolf participe aussi activement à préserver l'héritage historique et culturel anarchiste, ce qu'il fait notamment en versant de nombreuses archives dans des structures de sauvegarde - il s'associe au Centre international de recherches sur l'anarchisme (CIRA) fondé par René Bianco[5] et y verse de nombreux documents ainsi qu'à l'Institut international d’histoire sociale (IISG)[1]. Dans ces documents, on trouve les archives de Tellez, les archives concernant les républicains espagnols déportés en URSS ou les archives de Marcel Geslin[1].
Il poursuit par ailleurs son militantisme, cette fois à la CNT, entre 1985 et 2000[1]. En 2007, il atteint la retraite et fonde ensuite le Dictionnaire international des militants anarchistes (DIMA) avec Bianco[1],[6]. Il en est l'animateur principal[7].
Dupuy meurt à Nanterre, le 25 octobre 2025[8],[9].
Postérité
[modifier | modifier le code]Historiographie du mouvement anarchiste
[modifier | modifier le code]Comme initiatives de recherche importantes il rédige et recherche un nombre notable de biographies présentées dans le Maitron des anarchistes[8]. Il est aussi le fondateur des deux dictionnaires encyclopédiques : le Dictionnaire international des militants anarchistes (DIMA) et Los de la sierra 1936-1975 : dictionnaire des guerilleros et résistants antifranquistes[4],[8].
Le Dictionnaire international des militants anarchistes (DIMA) est remarqué par l'historien Diego Celaya comme présentant de nombreuses biographies intéressantes de la résistance anarchiste en France contre le nazisme, en particulier dans les réseaux d'exilés de la CNT en France[6].
L'historien Amado Marcellán étudie la biographie de plusieurs femmes anarchistes à travers les recherches de Dupuy et note entre autres qu'il fait un traitement féministe de certains éléments de la biographie des anarchistes dont il recherche et présente la vie[10].
Références
[modifier | modifier le code]- Hugues Lenoir, « DUPUY Daniel, Pierre, Alexandre [dit Rolf] », sur Dictionnaire des anarchistes - Le Maitron (consulté le )
- « Dossier 68 : Rolf Dupuy et Guy Malouvier : « Chacun de ces mots comptait : organisation ; révolutionnaire ; anarchiste » », sur Union communiste libertaire (francophone) (consulté le )
- Óscar Freán Hernández, « Les exilés anarchistes espagnols en France. Un paradigme de militantisme transnational », Modern & Contemporary France, vol. 24, no 2, , p. 127–142 (ISSN 0963-9489, DOI 10.1080/09639489.2016.1153460, lire en ligne, consulté le )
- « Disparition de Daniel Dupuy, dit Rolf », sur Les Giménologues, (consulté le )
- ↑ « Enckell, Davranche, Dupuy, Lenoir, Lorry, Pennetier, Steiner », sur editionsatelier.com (consulté le )
- (es) Diego Gaspar Celaya, « Límite Pirineos. Una mirada global a la participación de anarquistas españoles en la Resistencia francesa », Cahiers de civilisation espagnole contemporaine. De 1808 au temps présent, no 19, (ISSN 1957-7761, DOI 10.4000/ccec.6724, lire en ligne, consulté le )
- ↑ « De la folie très raisonnable d'un ouvrier syndicaliste bavarois (1) », sur Le Monde Libertaire, (consulté le )
- Claude, « Rolf Dupuy est décédé ! ce site est maintenant orphelin », sur Dictionnaire international des militants anarchistes (consulté le )
- ↑ « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
- ↑ Amado Marcellán, « Mémoires d’archives : le fonds Renée Lamberet », Exils et migrations ibériques aux XXe et XXIe siècles, vol. 910, no 1, , p. 430–448 (ISSN 1245-2300, DOI 10.3917/emi.009.0430, lire en ligne, consulté le )
Liens externes
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- Ressource relative à la vie publique :
- Dictionnaire Maitron des anarchistes : DUPUY Daniel, Pierre, Alexand dit Rolf.
- Mort récente
- Naissance en juin 1946
- Naissance à Paris
- Anarchiste français
- Communiste libertaire français
- Antimilitariste français
- Syndicaliste libertaire français
- Historien français du XXe siècle
- Historien français du XXIe siècle
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- Personnalité de l'extrême gauche française
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- Soixante-huitard
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