Robert Johnson

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Robert Johnson
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Robert Leroy JohnsonVoir et modifier les données sur Wikidata
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Robert Leroy Johnson, né le à Hazlehurst, Mississippi, et mort le à Greenwood, Mississippi, est un guitariste et chanteur de blues américain, l'un des artistes les plus influents de l'histoire de cette musique[1].

Bien qu'il n'ait commencé à enregistrer des disques que deux ans seulement avant sa mort, Robert Johnson est devenu une légende et une grande source d'inspiration pour des artistes comme Jimi Hendrix, Jimmy Page, Bob Dylan, Brian Jones, Keith Richards ou encore Eric Clapton. En 2003, le magazine Rolling Stone l'a classé cinquième meilleur guitariste de tous les temps, et est premier cité dans les 40 artistes de la Musique Noire[2] de 2017.

Biographie[modifier | modifier le code]

Son enfance[modifier | modifier le code]

Rue de Hazlehurst dans le Mississippi.

Robert Leroy Johnson est né dans l'état du Mississippi, dans le village de Hazelhurst de Julia Dodds et de Noah Johnson. Sa date de naissance est estimée au , sans certitude.

Alors qu'il n'est encore qu'un nourrisson, sa mère quitte son père avec lui et Bessie, son autre enfant, et ils vivent sur la route, elle travaillant comme ouvrière agricole pendant plusieurs saisons avant de s'établir à Memphis chez un certain Charles Spencer. Spencer vit alors avec sa femme et sa maîtresse et les enfants de chacune d'entre elles. Bien qu'aucune tension n'ait été relatée entre les deux femmes, la mère de Robert quitte la maison des Spencer sans ses enfants. Robert vit chez Charles Spencer jusqu'en 1918, année pendant laquelle le caractère obstiné de l'enfant le convainc de faire en sorte de le remettre à sa mère.

Robert, à qui on a donné jusque là le nom de Spencer, est donc envoyé à l'âge d'environ 7 ans à Robinsonville, (aujourd'hui Tunica Resorts) une communauté cotonnière du nord du Mississippi au bord du fleuve et à 20 miles au sud de Memphis, rejoindre sa mère qui a épousé un certain Willie « Dusty » Willis en . Il passe la fin de son enfance avec eux. Au début de l'adolescence, il apprend l'identité de son véritable père et commence à étre appelé Johnson ; on continue cependant à utiliser le nom de Spencer jusqu'au milieu des années 1920, notamment à l'école, qu'il quitte rapidement à cause de problèmes de vue. Robert s'intéresse à la musique. Il essaye la guimbarde mais l'abandonne rapidement au profit de l'harmonica, qui devient son instrument de prédilection.

Ses débuts[modifier | modifier le code]

À la fin des années 1920, donc vers l'âge de 18 ans il se met à la guitare et se confectionne un support pour harmonica pour pouvoir jouer des deux instruments simultanément. La chanson de Leroy Carr, How Long-How Long Blues, semble être une de celles sur lesquelles il préfère s'exercer à l'époque. Il fait ses débuts de musicien sur place, à Robinsonville et y reçoit l'aide des bluesmen Willie Brown et de Charley Patton notamment.

Malgré sa passion pour la musique, Robert Leroy Johnson se considère comme un paysan et lorsqu'il épouse, en , Virginia Travis à Penton non loin de Robinsonville, ils s'installent dans une maison avec Bessie, la sœur aînée de Robert, et le mari de celle-ci sur la plantation de Kline à l'est de Robinsonville.

Virginia tombe enceinte durant l'été 1929 mais elle meurt, à 16 ans, avec leur enfant lors de l'accouchement en .

Le pacte avec le diable[modifier | modifier le code]

Robert Leroy Johnson rencontre le guitariste de blues Son House, pour la première fois en 1931 à Robinsonville. Celui-ci se moque de son jeu (« tu ne sais pas jouer de la guitare, tu fais fuir les gens ») et lui conseille d'abandonner la guitare pour se consacrer à l'harmonica. Peu de temps après cet affront, Robert quitte Robinsonville pour revenir à sa ville natale de Hazlehurst, où il espère retrouver la trace de son véritable père.

À Hazlehurst, Robert est pris en main par le bluesman Ike Zimmerman qui devient son mentor. Très beau garçon, Robert ne met pas beaucoup de temps à rencontrer une nouvelle femme, Calletta Callie Craft, de dix ans son aînée, qu'il épouse secrètement en . Callie idolâtre Robert et restant au foyer, s'occupe de leur maisonnée. Robert a tout son temps pour travailler la musique avec Ike. Le samedi soir, il court les tavernes, parfois accompagné de Callie, pour jouer toute la nuit. Il commence alors à obtenir une certaine reconnaissance en tant que musicien et se fait un nom sous les initiales de « R.L. », pour « Robert Lonnie », du nom d'un musicien plus célèbre appelé Lonnie Johnson.

Robert revient finalement à Robinsonville, deux ans après l'avoir quittée. Son House, émerveillé par les progrès réalisés par le guitariste, se dit maintenant dépassé par son talent. À une époque à laquelle le vaudou est encore très vivace dans la communauté noire du Mississippi, le constat de ces progrès stupéfiants va être relié à un possible « pacte avec le diable ».

Robert Johnson en profite pour réunir un soir quelques amis au coin d'un bois et leur raconter ce qui va devenir sa légende : un soir très sombre, alors qu'il se promenait dans les alentours de Clarksdale dans le Mississippi, ayant perdu son chemin, il s'est arrêté à un carrefour (crossroads , « routes en croix » ou « croisée des chemins » en anglais). Comme il commençait à s'endormir, une brise fraîche l'a réveillé. Il a alors vu au-dessus de lui une ombre immense portant un long chapeau. Effrayé et ne pouvant identifier qui était cette apparition, Johnson resta comme paralysé. Sans un mot, l'apparition se pencha sur lui, prit sa guitare, l'accorda, et joua quelques notes divines avant de lui rendre l'instrument et de disparaître dans le vent noir du Sud.

En réalité, cette légende pourrait provenir d'un autre bluesman, Tommy Johnson, qui prétendait avoir « vendu son âme au diable », un soir, à une croisée de chemins (crossroads) contre sa virtuosité à la guitare. Robert Johnson aurait repris cette histoire et se la serait adaptée, à moins que, Tommy et lui portant le même patronyme de Johnson, elle ne lui ait été attribuée à lui aussi.

Dans le vaudou ravivé dans les États du Sud par les esclaves des planteurs de Saint-Domingue qui avaient fui la révolution haïtienne avec eux, il existe un Lwa (esprit) nommé Legba ou Papa Legba (d'origine Fon du Dahomey) dont le nom le plus connu est « Maître carrefour ». Esprit de la destinée, il a été identifié au diable par les missionnaires chrétiens.

Sa carrière de bluesman[modifier | modifier le code]

Robert Johnson : Terraplane Blues, 1936 (Info)

Robinsonville est essentiellement une ville de paysans, et Robert ne souhaite pas travailler dans les champs. Il décide donc de partir sur les routes pour mener sa vie de musicien. Il voyage dans tout ce qu'on appelle en américain le Delta du Mississippi (qui n'est pas le delta de l'embouchure du fleuve mais une région plus au Nord entre le fleuve et la rivière Yazoo) et finit par s'établir (bien que n'arrêtant jamais de voyager) à Helena en Arkansas, chez Estella Coleman, l'une de ses maîtresses. Robert prend sous son aile le fils d'Estella, lui aussi musicien, qui porte le même prénom que lui, Robert Lockwood Jr., et l'aide à améliorer son jeu.

Helena est une ville très riche musicalement. Robert y côtoie Sonny Boy Williamson II, Robert Nighthawk, Elmore James, Howlin' Wolf ou encore Johnny Shines, avec qui il s'associe un moment. Johnny Shines dira, sur cette période : « On était sur la route des jours et des jours, sans argent, et parfois sans nourriture, cherchant un endroit décent pour passer la nuit. On jouait dans des rues poussiéreuses et des bars crasseux, et tandis que j'étais à bout de souffle et me voyais vivre comme un chien, Robert était tout propre, comme s'il sortait d'une église le dimanche ! »

Vers le milieu des années 1930, Robert Johnson est musicien professionnel depuis plusieurs années. Il jouit d'une certaine notoriété dans la région et souhaite enregistrer des disques comme ses maîtres Willie Brown, Son House et Charley Patton. Il auditionne pour H. C. Speir dans le magasin de musique de celui-ci à Jackson. Speir le met en contact avec Ernie Oertle, un vendeur de l'American Record Corporation (ARC), qui le présente à son tour au producteur Don Law lequel produit une première session d'enregistrement à San Antonio, Texas. Cette première session, qui commence le et s'étale sur trois jours (les 23, 26, et ), est produite pour le label Vocalion Records (du groupe ARC) dans une chambre du Gunter Hotel. Seize titres sont enregistrés[3] dont Cross Road Blues, Sweet Home Chicago, et Terraplane Blues, le premier de ses singles qui devient rapidement un succès avec 5 000 exemplaires vendus[4]. Une autre session d'enregistrement de deux jours, les 19 et à Dallas, également réalisée par Don Law, lui permettra d'enregistrer treize titres, dont Me and the Devil Blues, Love in Vain (repris en 1969 par les Rolling Stones) et Traveling Riverside Blues (qui sera repris par Led Zeppelin)[3].

Au total, Johnson enregistre vingt-neuf titres[4], avec plusieurs variantes de chaque morceau.

Le producteur John Hammond projette d'engager Robert Johnson pour le produire aux côtés de Count Basie, Meade Lux Lewis ou Rosetta Tharpe sur la scène du Carnegie Hall à New York, lors de la grande soirée de concert en hommage à Bessie Smith, baptisée From Spirituals to Swing, programmée pour le . Malheureusement, Johnson meurt dans l'intervalle. Big Bill Broonzy et Sonny Terry sont choisis pour représenter le blues à sa place[5].

Sa mort[modifier | modifier le code]

Robert meurt le dans des circonstances mystérieuses. Après un concert dans un bar de Greenwood (Mississippi) se sentant mal, il est emmené chez un ami. Certains pensent qu'il a été empoisonné par un mari jaloux. D'autres qu'il a succombé à la syphilis[6] ou à une pneumonie (pathologie pour laquelle il n'existait aucun traitement à l'époque), voire à l'action combinée des trois. Les versions sont aussi vraisemblables les unes que les autres, compte tenu de ce que l'on sait de la vie de ce bluesman légendaire. Sonny Boy Williamson racontera que Robert Johnson aurait consommé une bouteille de whisky empoisonnée à la strychnine offerte par le tenancier d'un bar jaloux de le voir tourner autour de sa femme. Le bluesman aurait agonisé trois jours avant de mourir. Cette version est contestée, comme de nombreux faits de sa vie. Robert Johnson est le premier du Club des 27, la série d'artistes « maudits » morts à l'âge de 27 ans. Quatre ans plus tard, un cyclone ravagera les lieux de sa mort.[réf. nécessaire]

Sur son certificat de décès, sous « cause de la mort » on trouve la mention « no doctor » (« pas de docteur », sans doute dans le sens de « pas de cause établie »)[7].

Sépulture[modifier | modifier le code]

L'emplacement exact de la tombe de Robert Johnson n'est pas connu officiellement ; trois marqueurs différents sont érigés sur des sites possibles[6], dans des cimetières d'églises situés à l'extérieur de Greenwood.

  • Les recherches menées dans les années 1980 et 1990 suggèrent fortement que Johnson est enterré dans le cimetière de l'église baptiste missionnaire du Mont Zion près de Morgan City, Mississippi, non loin de Greenwood, dans une tombe anonyme. Un cénotaphe en forme de petit obélisque, comportant un portrait, une épitaphe rédigée par Peter Guralnick et la liste des titres de chansons de Johnson, est placé à cet endroit en 1990, financé par Columbia Records et de nombreuses contributions effectuées par le biais du Fonds commémoratif du Mont Zion.
  • En 1990, une petite stèle avec l'épitaphe « Resting in the Blues » est placée dans le cimetière de Payne Chapel, près de Quito, Mississippi, par un groupe de rock d'Atlanta nommé les Tombstones, après avoir vu dans le magazine Living Blues la photographie d'un endroit anonyme mentionné par l'une de ses ex-petites amies comme étant le lieu d'inhumation de Robert Johnson [8].
  • Des recherches plus récentes de Stephen C. LaVere (notamment des déclarations de Rosie Eskridge, l'épouse du fossoyeur supposé, en 2000)[9] indiqueraient que l'emplacement de la tombe se trouve sous un gros pacanier dans le cimetière de la Little Zion Church, au nord de Greenwood, le long de Money Road. Sur cette base, Sony Music a placé un marqueur sur ce site, qui porte les noms de LaVere et de Johnson.

John Hammond, Jr., dans le documentaire The Search for Robert Johnson (1991), suggère qu'en raison de sa pauvreté et du manque de moyens de transport, Johnson a probablement été enterré dans la tombe d'un pauvre (ou une fosse commune) tout près de l'endroit où il est décédé.

Musique[modifier | modifier le code]

Style[modifier | modifier le code]

Le jeu de guitare adroit et véloce de Johnson présente une certaine originalité, comme l'utilisation des cordes basses pour créer un rythme entraînant, comme sur la chanson Sweet Home Chicago, et utilise beaucoup les accords ouverts. Il est le premier guitariste connu pour avoir utilisé la ligne de basse typique du boogie-woogie[1]. Par ailleurs, sa voix était également étonnamment haute.

Les influences de Johnson sont principalement à chercher du côté de Son House, notamment dans son utilisation du bottleneck[1], mais aussi de Skip James ou Lonnie Johnson.

Johnson est fréquemment cité comme « the greatest blues singer of all time »[10] (« le meilleur chanteur de blues de tous les temps »), cependant beaucoup d'auditeurs restent déçus à la première écoute de ses morceaux. Cette réaction peut être due à une relative méconnaissance de l'émotion brute et de la forme épurée du Delta blues ou, tout simplement, à cause de la qualité de l'enregistrement médiocre comparée aux standards de production actuels.

Héritage[modifier | modifier le code]

Durant sa courte carrière, il aura laissé 29 titres enregistrés, trois photographies[11] (après qu'une seule eut été diffusée, Le Figaro Magazine notant : « Longtemps, il n’existait, comme pour Rimbaud, qu’une seule photo de lui, en costume rayé et feutre mou ») et trois tombes[6]. Sa vie, sa musique et sa mort en ont fait une légende pour plusieurs générations de bluesmen et de rockers.

La parution, en 1961, de l'album King of the Delta Blues Singers par Columbia Records, qui a acquis les enregistrements de Johnson lors du rachat d'ARC en 1938, permet à toute une génération de musiciens blancs, dont Johnny Winter, Bob Dylan, Eric Clapton ou les membres des Rolling Stones Brian Jones et Keith Richards, de découvrir sa musique[12].

Robert Johnson laisse à la musique des morceaux emblématiques tels que Sweet Home Chicago (repris par les Blues Brothers), Travelling Riverside Blues (repris par Led Zeppelin), Love in Vain (repris par les Rolling Stones), Walkin' Blues, Malted Milk (repris par Eric Clapton sur l'album Unplugged) ainsi que Come on in My Kitchen (repris par Allman Brothers Band, Eric Clapton sur l'album Me and Mr Johnson, Keb Mo sur l'album Keb' Mo', Bob Brozman sur l'album A Truckload of Blues, Joël Daydé sur l'album Spleen Blues et Johnny Winter en Live), Crossroads (repris par Cream, Lynyrd Skynyrd), They're Red Hot (repris par les Red Hot Chili Peppers et Hugh Laurie sur l'album Let Them talk), Stop Breakin' Down Blues (repris par The White Stripes, les Rolling Stones et Aynsley Lister), Terraplane blues (repris par Foghat sur l'album Fool for the City), etc.

Plusieurs albums lui sont entièrement dédiés. En 1982, Robert Lockwood Jr. publie l'album Robert Lockwood plays Robert & Robert[13], comprenant des reprises de Johnson et des compositions personnelles. L'album Hellhound on My Trail: Songs of Robert Johnson en 2001 réunit différents artistes tels que Taj Mahal, Clarence Gatemouth Brown ou Joe Louis Walker[14].

Eric Clapton lui a aussi consacré deux albums entiers de reprises en 2004 : Me and Mr. Johnson (en référence à la chanson de Johnson Me and the Devil) et Sessions for Robert J. Peter Green a fait de même avec l'album The Robert Johnson Songbook (en) en 1998, tout comme John Hammond avec At the Crossroads: the blues of Robert Johnson (2003), Pyeng Threadgill avec Sweet Home: the Music of Robert Johnson (2004)[15], Rory Block avec The Lady and Mr. Johnson (2006) et Todd Rundgren avec Todd Rundgren's Johnson (2011). En 2008, la réédition « Collector's Edition » de l'album Stars de Simply Red contient en bonus 4 reprises, nommées « Robert Johnson Sessions ».

Le chanteur français Francis Cabrel cite Robert Johnson comme une de ses références musicales dans les chansons Cent ans de plus et Hell Nep Avenue de l'album Hors-saison (1999). En 2010, le groupe Red Cardell nomme Robert Johnson la première chanson de son album Soleil blanc.

Robert Johnson est intronisé au Blues Hall of Fame lors de sa création en 1980[16]. Ses trois albums et six de ses enregistrements sont également nominés dans la catégorie Classic of Blues Recording. En 1986, il fait son entrée au Rock and Roll Hall of Fame dans la catégorie Early influence[17]. En 2003, il est élu cinquième dans le classement des 100 plus grands guitaristes de tous les temps par le magazine américain Rolling Stone[18]. Le double-CD The Complete Recordings reçoit le Grammy Award du « Meilleur album historique » en 1990[19] et les chansons Crossraod Blues et Sweet Home Chicago reçoivent chacune un Grammy Hall of Fame Award, respectivement en 1998 et en 2014[20]. La reprise de Crossroads par Cream est 409e du classement des 500 plus grandes chansons de tous les temps selon le magazine Rolling Stone. Crossroads Blues, Hell Hound on My Trail, Love in Vain et Sweet Home Chicago figurent dans la liste des « 500 chansons qui ont façonné le rock and roll » (500 Songs That Shaped Rock and Roll) du Rock and Roll Hall of Fame[21].

Citation[modifier | modifier le code]

Guitare Gibson de Robert Johnson.

Keith Richards a raconté cette anecdote dans une interview au magazine Rolling Stone[22] : lorsqu'il entend pour la première fois un disque de Robert Johnson, en 1962, chez Brian Jones, il lui demande « Qui est-ce ? » Jones répond que c'est Robert Johnson, un obscur chanteur/guitariste de blues. Richards insiste : « Non, je veux dire, qui est cet autre type qui joue de la guitare avec lui ? » Jones lui dit que c'est Johnson lui-même. Il n'y a pas de second guitariste. Keith, très impressionné, s'exclame : « ce type doit avoir deux cerveaux ! »

Enregistrements[modifier | modifier le code]

Albums[modifier | modifier le code]

  • 2015 : Intégrale[23] restaurée superbement, et remasterisée par DOXY.
  • 1996 : La totalité des enregistrements que l'on a pu récupérer de Robert Johnson, y-compris les inédits, sort sur un double CD : Robert Johnson - The Complete Recordings. Collection Roots N'Blues - CBS (1990) et Sony Music Entertainment (1996)
  • 1961 et 1970, Columbia publie deux compilations contenant 16 titres chacune :

Autres :

  • Robert Johnson: Complete Masters: 100th Birthday Box Set - Columbia / Legacy (2011)
  • Century Of The Blues - Martin Scorsese Presents… Robert Johnson - Sony Music (2004)
  • Robert Johnson: The R.L. Spencer Legacy - Circon Bleu (France, 2001)

Singles[modifier | modifier le code]

Les disques originaux de Robert Johnson sont parus en 78 tours sur Vocalion Records. Les titres notés d'un astérisque ont également fait l'objet d'une édition sur d'autres labels tels que Conqueror, Perfect et Romeo (à seulement quelques dizaines ou centaines d'exemplaires)[24].

Numéro Vocalion Face A Date d'enregistrement Face B Date d'enregistrement Date de parution Notes
03416 * Terraplane Blues 23/11/1936 Kind Hearted Woman Blues 23/11/1936 [25]
03445 32-20 Blues 26/11/1936 Last Fair Deal Gone Down 27/11/1936 [26]
03475 * I Believe I'll Dust My Broom 23/11/1936 Dead Shrimp Blues 27/11/1936 [27]
03519 * Cross Road Blues 27/11/1936 Ramblin' on My Mind 23/11/1936 [28]
03563 Come On in My Kitchen 23/11/1936 They're Red Hot 27/11/1936 [29]
03601 Sweet Home Chicago 23/11/1936 Walkin' Blues 27/11/1936 [30]
03623 * Hell Hound on My Trail 20/06/1937 From Four Until Late 19/06/1937 [31]
03665 * Milkcow's Calf Blues 20/06/1937 Malted Milk 20/06/1937 [32]
03723 Stones in My Passway 19/06/1937 I'm a Steady Rollin' Man 19/06/1937 [33]
04002 Stop Breakin' Down Blues 20/06/1937 Honeymoon Blues 20/06/1937 [34]
04108 Me and the Devil Blues 20/06/1937 Little Queen of Spades 20/06/1937 [35]
04630 Love in Vain Blues 20/06/1937 Preachin' Blues (Up Jumped The Devil) 27/11/1936 [36]

Un pressage de Phonograph Blues est effectué par Columbia à la fin des années 1950[37], mais le single ne sera jamais édité.


Chansons[modifier | modifier le code]

Robert Johnson : Milkcow’s Calf Blues, 1936 (Info)

Robert Johnson a enregistré en tout et pour tout 29 chansons, lors de deux sessions, en et en . Certaines chansons ont été jouées deux fois, ce qui fait un total de quarante-deux enregistrements.

Une légende dit qu'il aurait écrit une 30e chanson, mais que le diable l'a gardée pour lui… Toutefois, ce morceau, Mister Downchild, qu'il n'a pas eu le temps d'enregistrer, a été repris par Sonny Boy Williamson[38].

Robert Johnson dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

  • En 2021, l'écrivain Hervé Gagnon publie chez Hugo et cie un roman intitulé Crossroads. La dernière chanson de Robert Johnson dans lequel il revisite la légende du pacte que Johson aurait conclu avec le diable[39].
  • Une série manga, Me and the Devil Blues, raconte sa vie de manière assez libre (dans l'histoire, il vend véritablement son âme au diable). Un autre manga, 20th Century Boy (en référence à la chanson des années 1970 du groupe britannique T. Rex, le rock étant un thème important dans la série), fait référence à la légende du diable et sa rencontre avec Robert Johnson. Cela sert d'introduction au chapitre 2 du tome 10 français.
  • Crossroads, un film américain de Walter Hill (1986), évoque Robert Johnson à travers un jeune guitariste blanc qui cherche la « légendaire » 30e chanson du bluesman.
  • Beaucoup ont pensé que le personnage de Tommy Johnson, dans le film O'Brother, de Joel et Ethan Coen, se réfère à lui. Il semblerait, cependant, qu'il se réfère au véritable Tommy Johnson.
  • Robert Johnson fut aussi utilisé comme personnage emblématique par les militants antipub du métro de Paris, à l'automne 2003, qui en firent une icône de leur lutte. Ils signaient « Bien à vous, Robert Johnson »[40].
  • Le scénariste de la série Supernatural s'est longuement inspiré de la légende de Robert Johnson et du diable ; le carrefour en question est le sujet central de l'épisode Crossroad Blues (saison 2, épisode 8) où il est question d'un jeune musicien noir cherchant à devenir le meilleur bluesman de sa génération. À plusieurs reprises, au long des épisodes, divers personnages de la série se rendront à cet endroit afin de rencontrer une envoyée de l'Enfer pour passer un pacte.
  • Robert Johnson apparaît et détient un rôle majeur dans Le Cimetière du Diable, le troisième tome de la série Bourbon Kid par un auteur anonyme. Il apparaît brièvement, également, à la fin du quatrième tome, Le Livre de la mort, sous le nom du personnage Jacko. On le retrouve également dans le septième tome, Bourbon Kid, tantôt sous le nom de Jacko, tantôt sous son nom de bluesman, puis dans le huitième tome, Que le diable l'emporte, où il est présenté comme « le meilleur guitariste que la Terre ait connu » et enfin dans le neuvième tome, Santa Mondega, encore une fois sous les traits du personnage de Jacko qui trouve la mort dans ce roman.
  • Robert Johnson, sa guitare et son « pacte avec le diable » sont au point de départ du roman de Sherman Alexie, Indian Blues (1995), dans lequel de jeunes Indiens héritent de la fameuse guitare maudite et où le fantôme ou l'esprit de Robert Johnson finira par se mettre à l'harmonica.
  • Love in Vain, de Mezzo et Jean-Michel Dupont (éditions Glénat), raconte la vie de Robert Johnson en bande dessinée[41].
  • Dans la chanson I Killed Robert Johnson, le groupe The Stone Foxes parle de sa mort en se mettant dans la peau du présumé tueur, le tenancier du bar.
  • Il apparaît dans le sixième épisode Le Roi du blues (The King of the Delta Blues) de la seconde saison de la série télévisée Timeless, où les héros doivent s'assurer que ses enregistrements de se déroulent effectivement. En effet, s'ils étaient empêché, toute la contre-culture américaine disparaîtrait.
  • Dans la bande dessinée Le Rêve de Meteor Slim, de Frantz Duchazeau, Edward Ray Cochran quitte sa femme enceinte, sa maison et son boulot pour partir sur les routes du Mississippi, en 1935, avec sa guitare à la main. Il rencontre la légende du blues, Robert Johnson, qui va l'aider à devenir Meteor Slim, un grand musicien.
  • Il est l'un des personnages du roman Moi et ce diable de blues[42] de Richard Tabbi et Ludovic Lavaissière, publié aux Éditions du Riez en 2012.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) Gérard Herzhaft, Encyclopedia of the Blues, Fayetteville, Arkansas, University of Arkansas Press, (ISBN 1-55728-252-8, lire en ligne), p. 173
  2. « Documentaires Black Music, BAM ! | Gallimard Jeunesse », sur www.gallimard-jeunesse.fr (consulté le )
  3. a et b (en) The Devil Is in the Details of a Bluesman’s Legacy - Thor Christensen, The New York Times, 19 novembre 2011.
  4. a et b (en) Revisionists Sing New Blues History - Ben Sisario, The New York Times, 28 février 2004.
  5. Alex Dutilh, « Jazz au Trésor : From Spirituals to Swing, Carnegie Hall 1938-39 », sur France Musique, (consulté le )
  6. a b et c Nicolas Ungemuth, « Robert Johnson, du nouveau sur le légendaire roi du blues », Le Figaro Magazine,‎ , p. 84-85 (lire en ligne).
  7. (en) Robert Johnson's Death Certificate - Copie du certificat de décès, daté du 18 août 1938 [image] (voir archive).
  8. (en) Steve Cheseborough, Blues Traveling : The Holy Sites of Delta Blues, Jackson, Miss., University Press of Mississippi, , 276 p. (ISBN 978-1-60473-124-8, lire en ligne), p. 145-146
  9. (en) Barry Lee Pearson et Bill McCulloch, Robert Johnson : Lost and Found, University of Illinois Press, , 142 p. (ISBN 978-0-252-02835-9 et 0-252-02835-X), p. 117
  10. « Robert Johnson is still often cited as “the greatest blues singer of all time” », (en) « Top 10: Greatest Blues Guitarists », sur toplst (consulté le )
  11. Une photo inédite de Robert Johnson authentifiée - Thomas Rozec, France Info, 18 décembre 2015.
  12. (en) Edward Komara, Encyclopedia of the Blues, New York, Routledge, , 2e éd. (ISBN 0-415-92699-8, lire en ligne [PDF]), p. 536-538
  13. (en) Stefan Wirz, « Illustrated Robert Lockwood Discography », sur Wirz' American Music (consulté le )
  14. (en) Hal Horowitz, « Hellhound on My Trail: Songs of Robert Johnson - Various Artists - 2001 », sur AllMusic (consulté le )
  15. (en) Thom Jurek, « Sweet Home: Pyeng Threadgill Sings Robert Johnson », sur AllMusic (consulté le )
  16. (en) Jim O’Neal, « Robert Johnson », sur Blues Foundation, (consulté le )
  17. (en) Michael Hill, « Robert Johnson », sur Rock & Roll Hall of Fame (consulté le )
  18. (en) 100 Greatest Guitarists: David Fricke's Picks - Rolling Stone.
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  21. (en) « 500 Songs That Shaped Rock », sur Infoplease (consulté le )
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  32. (en) « 78 RPM - Robert Johnson - Milkcow's Calf Blues / Malted Milk - Vocalion - USA - 03665 », sur 45worlds.com (consulté le )
  33. (en) « 78 RPM - Robert Johnson - Stones In My Passway / I'm A Steady Rollin' Man - Vocalion - USA - 03723 », sur 45worlds.com (consulté le )
  34. (en) « 78 RPM - Robert Johnson - Stop Breakin' Down Blues / Honeymoon Blues - Vocalion - USA - 04002 », sur 45worlds.com (consulté le )
  35. (en) « 78 RPM - Robert Johnson - Me And The Devil Blues / Little Queen of Spades - Vocalion - USA - 04108 », sur 45worlds.com (consulté le )
  36. (en) « 78 RPM - Robert Johnson - Love In Vain Blues / Preachin' Blues (Up Jumped the Devil) - Vocalion - USA - 04630 », sur 45worlds.com (consulté le )
  37. (en) « 78 RPM - Robert Johnson - Phonograph Blues - Columbia - USA », sur 45worlds.com (consulté le )
  38. Herzhaft 1992, p. 462.
  39. Laurent Greusard, « Le Diable se niche dans les détails », sur k-libre.fr, (consulté le )
  40. Rencontre avec un antipub aussi célèbre que mystérieux : Robert Johnson - Politis, 1er avril 2004 (voir archive).
  41. Mezzo / J. M. Dupont, Love in Vain : Robert Johnson, 1911-1938, Grenoble, Éditions Glénat, , 72 p. (ISBN 978-2-344-00339-8).
  42. « Le Havre : sur les pas d'un tueur en », sur www.paris-normandie.fr (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Greil Marcus (trad. Héloise Esquié et Justine Malle), Mystery train : Images de l'Amérique à travers le rock'n'roll [« Mystery train: Images of America in Rock' n' Roll Music »], Paris, Allia, , 424 p. (ISBN 2-8448-5077-4, lire en ligne)
  • Peter Guralnick (trad. Nicolas Guichard), À la recherche de Robert Johnson [« Searching for Robert Johnson: The Life and Legend of the "King of the Delta Blues Singers" »], Le Castor Astral, coll. « Castor Music », , 112 p. (ISBN 978-2-85920-764-9, lire en ligne)
  • Bruce Conforth et Gayle Dean Wardlow (trad. Bruno Blum), Et le Diable a surgi : La vraie vie de Robert Johnson [« Up Jumped the Devil: The Real Life of Robert Johnson »], Le Castor Astral, coll. « Castor Music », , 338 p. (ISBN 979-1-02780-588-4, lire en ligne)
  • Jonathan Gaudet, La ballade de Robert Johnson, Leméac, , 344 p. (ISBN 978-2-76094-807-5, présentation en ligne). Roman québécois.
  • Annye C. Anderson, avec Elijah Wald, Mon frère Robert Johnson, Payot, « Rivages Rouge », 2021. Traduit de l’anglais par Nicolas Guichard.

Liens externes[modifier | modifier le code]