Représentation de mot - Représentation de chose

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Représentation de mot (allemand : Wortvorstellung) et représentation de chose (Sachvorstellung ou Dingvorstellung) désignent chez Freud deux types de représentations distinctes.

Distinction métapsychologique des deux notions[modifier | modifier le code]

Sigmund Freud utilisent les termes « Représentation de chose » (Sachvorstellung ou Dingvorstellung) et « représentation de mot » (allemand: Wortvorstellung) « pour distinguer deux types de « représentations » »: la représentation de chose, « qui dérive de la chose », est surtout visuelle et caractérise le système inconscient, tandis que « la liaison de la représentation de chose à la représentation de mot correspondante » est surtout acoustique et caractérise le système préconscient-conscient[1]. Selon Laplanche et Pontalis, cette distinction par Freud des deux notions a donc « une portée métapsychologique »[1] à prendre en considération.

La distinction entre représentation de chose et représentation de mot se manifeste dès les premiers travaux de Freud, au cours des années 1890[1].

La représentation de chose[modifier | modifier le code]

L'idée même de représentation de chose, présente très tôt chez Freud, est voisine du terme de « traces mnésiques »: celles-ci « se déposent dans les différents systèmes mnésiques »[1]. Dans Sur la conception des aphasies. Étude critique (1891), Freud utilise le terme d' Objektvorstellung, et quelques années plus tard, dans L'Interprétation du rêve (1900) celui de Dingvorstellung[1]. Selon Laplanche et Pontalis, l'une des définitions les plus précises de la représentation de chose se trouve toutefois, dans l'essai métapsychologique L'inconscient (1915): « La représentation de chose consiste en un investissement, sinon d'images mnésiques directes de la chose, du moins en celui de traces mnésiques plus éloignées, dérivées de celles-ci »[1]. Les deux auteurs relèvent ainsi qu'à cette étape du texte métapsychologique sur L'inconscient, « la représentation est […] nettement à distinguer de la trace mnésique »: la représentation de chose « n'est pas à comprendre comme un analogue mental de l'ensemble de la chose »[1], déclarent-ils. D'après Alain Gibeault, Freud se réfère dans cette définition de 1915 de la représentation de chose à « ce qu'il a élaboré quant à l'opposition entre perception et mémoire » ainsi qu'à « la succession des systèmes mnésiques »[2].

La représentation de mot[modifier | modifier le code]

Selon Laplanche et Pontalis, les « représentations de mot » sont introduites, « dans une conception qui lie la verbalisation et la prise de conscience » dès le Projet de psychologie scientifique (1895), où il est indiqué que « l'image mnésique peut acquérir l'« indice de qualité » spécifique de la conscience »[1]. La valeur topique de l'association de l'image verbale à l'image mnésique, permettant la prise de conscience, se trouve renforcée dans L'inconscient (Métapsychologie, 1915), soulignent les mêmes auteurs en citant Freud : « La représentation consciente englobe la représentation de chose plus la représentation de mot correspondante, tandis que la représentation inconsciente est la représentation de chose seule »[1].

Cependant, la représentation de mot « n'est pas réductible à une suprématie de l'auditif sur le visuel »[1], estiment Laplanche et Pontalis. Ces derniers rappellent que, comme l'a montré Freud, « dans la schizophrénie, les représentations de mot sont elles-mêmes traitées comme des représentations de chose » selon le processus primaire : de même que dans le rêve, où des phrases prononcées à l'état de veille se trouvent traitées comme des représentations de chose (Freud est cité dans ses Compléments à la doctrine du rêve, 1917)[1].

Représentation de chose, représentation de mot et rapport signifiant/signifié[modifier | modifier le code]

D'après Alain Gibeault, l'appareil psychique ayant une structure spatiale, les représentations « se lient entre elles […] selon des types d'associations distincts »[2]. Gibeault considère que dès lors, « les représentations de chose sont moins significatives individuellement que par le réseau où elles sont codées et s'enchaînent »[2]. Ce qui compte, c'est « l'inscription dans les systèmes psychiques de certains aspects de l'objet relativement à un investissement pulsionnel »[2].

En revenant sur l'étude neurologique de 1891 sur l'aphasie, Gibeault précise que Freud, à l'opposé de ses prédécesseurs, abordait « les différentes formes d'aphasie à partir d'une psychologie des représentations indépendante du système nerveux »[2]. Dans cette étude sur l'aphasie, Freud ici cité déclare que « le mot acquiert sa signification par la liaison avec la « représentation d'objet » et non dans la référence à la chose même »[2]. Pour Gibeault, le lien établi entre une représentation de chose et une représentation de mot serait « le résultat d'une association que l'on pourrait dire arbitraire » : Gibeault se réfère par là à « la théorie du signe, entre l'« image sonore », qui représente de façon spécifique le mot, et l'« image visuelle » de la chose »: il en vient ainsi à se référer « au rapport signifiant / signifié, introduit ultérieurement par Ferdinand de Saussure »[2].

Dans son article sur la « représentation de mot », Alain Gibeault est amené à souligner l'importance de l'enjeu que représente « le statut du langage par rapport à la découverte de l'Inconscient et de la sexualité infantile »[3]. Il pose la question: « doit-on écrire comme Jacques Lacan (1956) que le langage est la condition de l'Inconscient […] ? »[3].

Références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Textes de référence[modifier | modifier le code]

Études[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]