René Gaultier de Varennes

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

René Gaultier de Varennes
Fonctions
Gouverneur de Trois-Rivières

(21 ans)
Monarque Louis XIV
Prédécesseur Michel Leneuf du Hérisson
(Intérim)
Successeur Claude de Ramezay
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Chinon (Royaume de France)
Date de décès (à 54 ans)
Lieu de décès Trois-Rivières (Nouvelle-France)
Nationalité Française
Conjoint Marie Boucher
Enfants 11, dont Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye
Profession Administrateur colonial
Gouverneurs de Trois-Rivières

René Gaultier de Varennes, né en 1636 (baptisé le [1]) à Chinon, en Indre-et-Loire, paroisse Saint-Louans[2], et décédé à Trois-Rivières le à l'âge de 53 ans. Il fut lieutenant dans le régiment de Carignan-Salières (1665-1666), gouverneur des Trois-Rivières (1667-1689), et seigneur (1672-1689). Il est aussi le père de Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye (1685).

Il n'existe pas de portrait de René Gaultier de Varennes.

Biographie[modifier | modifier le code]

En France (1636-1665)[modifier | modifier le code]

Les membres de la famille Gaultier étaient des aristocrates venant d'Anjou en France. Selon Suzanne Galaise, «Il est à peu près certain que cette famille n'ait aucune ascendance noble. Cependant, quelques-uns de ses membres occupaient des fonctions dites anoblissantes.»[3]

Né en 1636, René Gaultier de Varennes est le fils d'Adam-Pierre Gaultier, sieur de la Varandière, et de Bertrande Gourdreau. Il habite à Chinon puis à partir de vers 1651 à La-Chapelle-de-Montrelais, aujourd'hui La-Chapelle-Saint-Sauveur. À l'âge de 17 ans, le , il agit comme parrain en l'église de La-Chapelle-de-Montrelais[3].

Généalogie de René Gaultier de Varennes[4] :

  • Parents : Adam-Pierre Gaultier (décédé en 1670 au lieu-dit La-cour-du-Tremblay, en banlieue d'Angers), sieur de la Varandière, fils de Pierre Gaultier, sieur de Laveranderie, et Renée Jarry, et Bertrande Gourdreau.
  • Grands-parents : Pierre Gaultier (1576-1619), sieur de La Veranderie, greffier civil au siège d'Angers, et Renée Jarry, mariés vers 1600.
  • Arrière-grands-parents : René Gaultier et Perrine Froger, mariés vers 1569.

Selon Suzanne Galaise, le nom Varennes «est porté par la famille depuis plusieurs générations. Elle trouverait son origine à quelques kilomètres à l'ouest de Chinon, au confluent de la Vienne et de la Loire, où se trouve un village du nom de Varennes-sur-Loire

Quant au nom de La Vérendrye, Antonio Champagne rapporte qu'il vient du grand-père de René Gaultier de Varennes. La première trace dans les documents connus (en 1958 lors de la rédaction de l'article par Champagne) remonte à 1597. Suzanne Galaise ajoute que « tout à côté de Bourgueil, ville voisine de Varennes-sur-Loire, il existe un lieu-dit la Varanterie. »

En Nouvelle-France (1665-1689)[modifier | modifier le code]

Il s'embarque à bord du bateau Le Saint-Sébastien le , et arrive à Québec le , en qualité de lieutenant au régiment de Carignan-Salières, compagnie de Laubias, commandé par le capitaine Arnault de Tarey, sieur de Laubias. Le à Québec, René Gaultier de Varennes reçoit le scapulaire du Mont-Carmel. La compagnie de Laubias est cantonnée à Trois-Rivières durant trois ans, de 1665 à 1668[5].

Le , en l'église Immaculée-Conception de Trois-Rivières, René Gaultier de Varennes se marie avec Marie Boucher, fille de Pierre Boucher, gouverneur de Trois-Rivières, et de Jeanne Crevier. René Gaultier a 31 ans et Marie Boucher n'a que 12 ans[6]. Le contrat de mariage avait été passé quelques jours plus tôt, le 22, devant le notaire Sévérin Ameau.

Une partie du contrat de mariage rapporte une demande au gouverneur de la Nouvelle-France, Daniel de Rémy de Courcelles, pour qu'il retienne la position et les privilèges de son beau-père lorsqu'il se retirera.

Avec Marie Boucher, il aura onze enfants entre vers 1671 et 1688 (Marie Boucher aura entre 16 et 33 ans), tous nés à Trois-Rivières sauf Marie-Marguerite qui est née à Boucherville. Leurs enfants : René (vers 1671), Louis (1673), Madeleine (1674), Jacques-René[7] (1676), Jean-Baptiste (1677), Marie-Marguerite (1680), Marie-Renée[8] (1682), Anne-Marguerite (1684), Pierre (1685), Philippe (1687) et Jean-Baptiste (1688).

Gouverneur des Trois-Rivières[modifier | modifier le code]

René Gaultier succéda à son beau-père au titre de gouverneur des Trois-Rivières probablement dès 1667. La première mention en tant que gouverneur date du . Mais le suivant, Michel Le Neuf du Hérisson fait un acte comme gouverneur. À partir de , jusqu'à son décès en 1689, Gauthier est mentionné comme gouverneur. La plus ancienne nomination le concernant date de 1672. Peut-être alors Gaultier fut-il gouverneur par intérim entre 1667 et 1669[9].

René Gaultier de Varennes habita la «Place du gouverneur» jusqu'en 1677 ou 1679. C'est là qu'habitait son beau-père depuis 1655. Elle était située au coin des actuelles rues des Casernes et des Ursulines. C'est l'actuelle place Pierre-Boucher.

Ensuite il fit construire une nouvelle maison, dite aujourd'hui la «Maison de Varennes». Construite entre 1677 et 1679, la maison de Varennes[10] a été démolie en 1714 ou juste après[11]. Elle fut la résidence des gouverneurs René Gaultier de Varennes de 1677/79 à 1689, puis Claude de Ramezay de 1690 à 1693. Elle était située à l’arrière de l’actuelle église anglicane. C’était une maison en bois à un étage. Le parc de La Vérendrye, qui occupe aujourd'hui le site de cette maison, fait partie du site archéologique CcFd-20. Cette partie du site CcFd-20 a été l’objet de six opérations archéologiques : en 1983 (Cardinal et McGain 1984[12]), en 2003 (Archéotec 2004[13]), en (Gilbert 2010[14]), en (Gilbert 2011[15]), en (Gilbert 2012[16]) et en (Gilbert, à paraître en 2013[17]).

Le gouvernement des Trois-Rivières est le plus petit des trois gouvernements de la Nouvelle-France. Quand de Varennes devient gouverneur en 1667, le gouvernement compte quelque 450 habitants (455 au recensement de 1666). Et à la fin de son mandat en 1689, la population en compte un millier de plus (1406 habitants en 1688)[18]. En 1667, le gouvernement des Trois-Rivières s'étendait de Batiscan/Gentilly à l'est, jusqu'à Yamachiche/Godefroy, à l'ouest. C'est à l'époque de René Gaultier de Varennes que le gouvernement a pris ses limites définitives en 1672, fixée à Sainte-Anne-de-la-Pérade, à l'est, et à Maskinongé, à l'ouest, lorsque, à la suite des concessions des dernières seigneuries, le territoire du gouvernement trifluvien a rejoint celui du gouvernement de Québec et celui du gouvernement de Montréal.

La fonction de gouverneur lui donne des revenus de 1200 livres par année, puis à partir de 1685, 3000 livres. Sur ces revenus, il doit entretenir à ses frais l’officier et les sept soldats de la garnison de Trois-Rivières.

Il est gouverneur lorsqu'il prend part du 2 au à l’expédition du gouverneur Daniel de Rémy de Courcelles au lac Ontario. Le gouverneur de Montréal, François-Marie Perrot, est aussi présent. Cette courte expédition compte donc sur la présence des trois gouverneurs de la colonie[19].

À la fin de 1671, Gaultier de Varennes retourne en France pour y traiter des affaires, probablement familiale puisque son père est décédé en . Il reviendra en 1672. En 1689, il obtient la permission de repasser en France pour y vaquer aux affaires de la succession de sa tante Claude Gaultier, avec ordre de revenir en 1690, mais la mort l'emportera avant qu'il ne réalise ce projet.

Le , en tant que gouverneur de Trois-Rivières, De Varennes participe à la réunion convoquée au Collège des Jésuites, à Québec, par le nouveau gouverneur de Québec, Joseph-Antoine Le Febvre de La Barre, pour se renseigner sur l’état de la colonie et le danger iroquois. Cette réunion conclura à la nécessité d’une nouvelle guerre contre les Iroquois[20].

À la tête d'un petit gouvernement, comparativement aux gouvernements de Québec et de Montréal, Gaultier de Varennes ne bénéficie pas des revenus de ses homologues de Québec et de Montréal. Sans doute pour les augmenter, il reçoit trois seigneuries : les seigneuries de Varennes et de Du Tremblay en 1672[21], et la seigneurie de La Vérenderie, dite aussi La Gabelle, en 1673. Mais même encore en 1681, ces trois seigneuries rapportent peu, étant peu ou pas peuplées. En 1681, René Gaultier de Varennes fait aussi la traite des fourrures avec cinq canots et dix hommes de traite qu'il embauche avec son beau-père. Il fait aussi de la traite clandestine, qui lui vaut en 1685 les plaintes de l’intendant de Meulles et l'avis du Roi en 1686 de ne plus recommencer. Malgré cela, selon Albert Tessier, «M. de Denonville devait recommander le renouvellement de la commission de Gaultier de Varennes en soulignant : "c’est un très-bon gentilhomme qui n’a de vice que la pauvreté". Celui-ci vît donc sa commission renouvelée tous les trois ans jusqu’à sa mort.»[22]

Âgé dans la cinquantaine, la santé de René Gaultier périclita. Il était atteint de la goutte, ce qui l'empêchait fréquemment de marcher[23].

Au décès de Gaultier de Varennes, Louis-François de Galifet fut nommé commandant. Il paraît avoir agi comme gouverneur par intérim jusqu'à la nomination de Claude de Ramezay comme gouverneur de Trois-Rivières.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. René Gaultier de Varennes, sur fichierorigine.com.
  2. Information trouvée par Jacques Amirault et publiée dans la revue de l'AGCF. Source: Mémoires Société généalogique canadienne-française, volume 49, numéro 4 (hiver 1998), page 270.
  3. a et b Suzanne Galaise, «Le premier seigneur du Tremblay : René Gaultier de Varenne», 17 septembre 2000, [en ligne] http://www.colba.net/~vallee/ReneGaultier.html (Page consultée le 14 septembre 2012)
  4. Antonio Champagne, «Les Gaultier de la Veranderie en France et au Canada et leurs relations par delà l'océan», Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 12, n° 2, 1958, p. 262-277. [en ligne] http://www.erudit.org/revue/haf/1958/v12/n2/301905ar.pdf (Page consultée le 14 septembre 2012)
  5. Sur les membres de la compagnie Laubias et leurs activités, voir : Bernard Quillivic et annotations de Gérald Ménard, avec la participation de Marguerite Marcil Lafontaine et Jocelyne Nicol Quillivic, Compagnies et soldats du Régiment Carignan-Salière, [en ligne] http://www.migrations.fr/compagniescarignan/compagnielaubias.htm (Page consultée le 14 septembre 2012).
  6. Baptisée le 8 mars 1655 en l'église Immaculée-Conception de Trois-Rivières.
  7. Selon Pierre-Georges Roy, «Il y aurait un roman à écrire de Marie-Marguerite-Renée Robineau de Bécancour et du jeune officier Jacques-René Gaultier de Varennes, fils de feu René Gaultier de Varennes et de Marie Boucher de Boucherville. Contentons-nous de noter qu'il y a eu procès par-dessus procès entre les deux familles [...].» Pierre-Georges Roy, «Le second baron de Portneuf», Les Cahiers des Dix, volume 15, 1950, page 142. Pour le résumé de cette histoire, voir la biographie de Jacques-René dans le Dictionnaire biographique du Canada : http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=1367
  8. Mère de sainte Marguerite d'Youville.
  9. Il faut donc poursuivre les receherches dans les archives. Sur Le Neuf du Hérisson, voir : Armour Landry, Brides d’histoire, Bien Public, 1933, page 47 (Pages trifluviennes, série A, numéro 1).
  10. Voir : «Bourg des Trois-Rivières en 1685», dans Le Sabord, http://www.lesabord.qc.ca/bourg/ (Page consultée le ). La maison que Le Sabord intitule «Grande habitation» est la maison du gouverneur, comme l'atteste le plan de Trois-Rivières de 1685, disponible aux Archives nationales d'outre-mer : <http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/sdx/ulysse/pix2web?id=FR CAOM 03DFC459C>.
  11. Louis Gilbert, Chantier-école du Collège Laflèche (2011); Intervention archéologique sur le site CcFd-20 (Opérations 7 et 8), Corporation de développement culturel de Trois-Rivières et MCCCF, rapport inédit, 2012, pages 8-9.
  12. Pierre Cardinal et Alison McGain, Inventaire archéologique de Trois-Rivières 1983 : Platon, place d'Armes, parc de La Vérendrye, terrasse Turcotte, Ville de Trois-Rivières et MCCCF, rapport inédit, 1984, 263 pages
  13. Archéotec, Vieux Trois-Rivières, secteur des Ursulines. Enfouissement des réseaux aériens, Inventaire et supervision archéologiques 2003-2004, Hydro-Québec et MCCCF, rapport inédit, 2004
  14. Louis Gilbert, Chantier-école du Collège Laflèche (2009); Interventions archéologiques sur les sites CcFd-22 (Opération 3) et CcFd-20 (Opérations 3, 4 et 5), Corporation de développement culturel de Trois-Rivières et MCCCF, rapport inédit, 2010, pages.
  15. Louis Gilbert, Chantier-école du Collège Laflèche (2010); Intervention archéologique sur le site CcFd-20 (Opération 6), Corporation de développement culturel de Trois-Rivières et MCCCF, rapport inédit, 2011, 136 pages.
  16. Louis Gilbert, Chantier-école du Collège Laflèche (2011); Intervention archéologique sur le site CcFd-20 (Opérations 7 et 8), Corporation de développement culturel de Trois-Rivières et MCCCF, rapport inédit, 2012, 97 pages.
  17. Ce rapport des fouilles réalisées en septembre 2012 devrait paraître vers janvier 2013.
  18. En 1666, le gouvernement de Québec compte 2135 habitants et celui de Montréal en compte 625. En 1688, le gouvernement de Québec compte 6223 habitants et celui de Montréal en compte 2674. Source : Hubert Charbonneau, Vie et mort de nos ancêtres, Étude démographique, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1975, page 40.
  19. Jean Marmier, «Le Récit de M. de Courcelles au lac Ontario (1671), et Dollier de Casson», Revue d'histoire de l'Amérique française, volume 32, numéro 2, 1978, pages 239-250, [en ligne] http://www.erudit.org/revue/haf/1978/v32/n2/303692ar.pdf (Page consultée le 14 septembre 2012. Voir aussi : Édouard-Zotique Massicotte, «Contributions à la petite histoire», Les Cahiers des Dix, numéro 9, 1944, pages 248-249.
  20. Raymond Douville, « Un grand serviteur de la France en Canada : François Provost », Les Cahiers des Dix, numéro 36, 1971, page 82. Sur cette expédition de Monsieur de la Barre, voir : Léo-Paul Desrosiers, « L’expédition de M. de la Barre », Les Cahiers des Dix, numéro 22, pages 105-135
  21. Une plaque commémorative de la concession de la seigneurie de Varennes a été érigée près de l'église. Voir : Inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France Photo en ligne | Texte de la plaque : « La seigneurie de Varennes fut concédée à René Gaultier de Varennes le 29 octobre 1672 »
  22. Albert Tessier, « René Gaultier de Varennes » dans Dictionnaire biographique du Canada, Université Laval/Université de Toronto, 2003–.
  23. Bernard Quillivic et annotations de Gérald Ménard, avec la participation de Marguerite Marcil Lafontaine et Jocelyne Nicol Quillivic, Compagnies et soldats du Régiment Carignan-Salière, [en ligne] http://www.migrations.fr/compagniescarignan/compagnielaubias.htm (Page consultée le 14 septembre 2012).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Michel Pratt (sous la direction de), « Gauthier de Varennes, René (1636-1689) », dans Longueuil sous le régime français 1657-1763, Société historique et culturelle du Marigot, 2006, lire en ligne (Page consultée le )
  • René Gaultier de Varennes sur Fichier Origine