Rempart gaulois des Châteliers

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Rempart gaulois des Châteliers
Présentation
Type
Propriétaire
Ville d'Amboise (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Patrimonialité
Localisation
Adresse
Les ChateliersVoir et modifier les données sur Wikidata
Amboise, Indre-et-Loire
 France
Coordonnées
Carte

Le rempart gaulois des Châteliers est une fortification en terre située sur le plateau des Châteliers, sur la commune française d'Amboise, dans le département d'Indre-et-Loire.

Le rempart, rectiligne et long de 800 m, est élevé en plusieurs étapes pendant toute la durée de La Tène. Il limite à l'est l'oppidum des Châteliers dont la superficie dépasse alors 50 ha et qui pourrait constituer la capitale du peuple gaulois des Turones. Il est partiellement arasé au Moyen Âge pour être mis en culture, comme le reste du plateau.

Les remparts et fossés sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du . Le site qui les héberge est un site inscrit.

Localisation[modifier | modifier le code]

L'oppidum laténien des Châteliers.

L'oppidum des Châteliers occupe le site d'un éperon formé par le confluent de la Loire et de l'Amasse[1]. Ce plateau, qui repose sur le calcaire turonien se situe à une altitude moyenne de 100 m et domine la vallée d'une cinquantaine de mètres[2],[3]. Ce site géographique stratégique est occupé par l'Homme de manière permanente depuis le Néolithique. À La Tène finale, il est barré à l'est d'un rempart de terre situé à 900 m à l'est de la pointe de l'éperon[4].

L'oppidum ainsi constitué, d'une cinquantaine d'hectares, témoigne à cette époque d'une importante activité artisanale, cultuelle, domestique et peut-être politique : il est très probable qu'il constitue la capitale du peuple gaulois des Turones[L 1].

Mentions bibliographiques, études et fouilles[modifier | modifier le code]

Extrait en noir et blanc d'une carte ancienne.
Le plateau des Châteliers sur la carte de Siette (1619).
Le nord est à droite.

Les cartes d'Amboise établies par René Siette en 1619 ou Dubuisson-Aubenay en 1635 localisent parfaitement les anomalies topographiques du plateau, dont le rempart. Ce dernier auteur rapporte qu'une tradition locale, dont l'exactitude se vérifiera partiellement plus tard, situe la ville primitive d'Amboise sur le plateau[L 2].

Les principales connaissances sont acquises à partir de 1978, lorsque le percement d'une rue coupe le rempart dans sa moitié sud. Cette coupe est protégée par un grillage plaqué qui prévient les éboulements et évite les vandalismes. Un abri la protège des intempéries[5].

Les remparts et fossés sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du [6]. Le site qui les héberge est un site inscrit[6].

Chronologie et description[modifier | modifier le code]

Coupe du rempart sous son auvent protecteur. Les stratifications successives du rempart se devinent.
Fossé à l'est du rempart, vu vers le nord. Le talus qui coupe le fossé au premier plan est moderne.

Sensiblement orienté nord-sud, Le rempart, à son plus grand développement, est rectiligne, long de 800 m et barre presque totalement le plateau[7] du nord au sud. Il est précédé à l'est d'un fossé à fond plat large de 40 m[8] qui, vers le nord du dispositif, assure la continuité du vallon sec naturel de Malvau[9]. La fossé en lui-même n'ayant fait l'objet d'aucune étude archéologique, sa largeur reste une estimation visuelle[10].

L'examen précis de la coupe du rempart réalisée en 1978 permet de distinguer trois phases principales dans la construction du rempart : l'édification d'un noyau primitif a lieu sous la Tène ancienne même si ce dispositif, dont la fonction réelle reste à déterminer, ne s'étend peut-être pas sous la totalité du rempart postérieur ; des recharges et rehaussements successifs dans un but clairement défensif sont effectués sous la Tène finale ; au Moyen-Âge, le rempart, abandonné, est partiellement arasé et mis en culture[L 3],[11] ; la présence de vignes est attestée au XVIe siècle[12].

Analyse stratigraphique de la coupe du rempart[L 4].


Noyau primitif[modifier | modifier le code]

Noyau argileux primitif du rempart.

Le rempart est constitué d'un premier talus en argile, large d'environ 10 m à sa base, avec des inclusions de charbon de bois et présentant peut-être une armature en bois dans sa partie orientale (côté extérieur de l'oppidum)[13],[14]. Ce talus primitif, qui semble avoir été édifié sous La Tène A ou B1 (, +/- 70[Note 1]), repose sur un sol en terre battue qui scelle une fosse de l'âge du bronze[15], seule structure de cette époque attestée dans cette partie de l'oppidum. Il est impossible de préciser si ce talus primitif s'étend sous toute la longueur du rempart et même s'il s'agit vraiment d'une structure défensive ou bien d'un autre type de construction : d'autres sondages effectués ailleurs sous le rempart donne des résultats contradictoires[L 5].

Surélévation[modifier | modifier le code]

Terre et galets d'une recharge du rempart.

Le rempart est surélevé de manière significative sous La Tène D par des recharges successives[16] dont le nombre reste à déterminer[10]. Il peut alors mesurer 10 m de haut pour 25 à 30 m de large. Dans cette configuration, sa vocation défensive est clairement établie. Les recharges se font à plusieurs reprises, avec des matériaux différents à chaque fois, et leur stratigraphie est encore lisible dans la partie du rempart encore en place[L 3].

La coupe faite en 1978 pour permettre le passage d'une route n'a pas permis de mettre en évidence d'éléments de parement, ce qui le différencie du murus gallicus proprement dit[17]. Il semble s'apparenter aux remparts « de type Fécamp » dont la vocation défensive est clairement établie[18],[19]. Cette modification de la structure du rempart se rencontre sur d'autres sites français que les Châteliers[10].

Les aménagements qui permettaient de franchir le rempart pour accéder à l'oppidum sont à découvrir[20] ; l'un d'eux pourrait se situer à l'extrémité sud du rempart, ce passage étant emprunté par plusieurs chemins anciens[L 5].

Arasement en mise en culture[modifier | modifier le code]

Rempart partiellement arasé vu de l'ouest.

Probablement dès le Moyen Âge, l'ensemble du plateau est livré aux activités agricoles. Le rempart semble être progressivement arasé et ses terres rejetées sur les côtés, ce qui est bien visible sur la coupe où se retrouvent côté ouest, mais bouleversées, les différentes strates de sa construction. Un apport de terre, peut-être à l'époque médiévale, a lieu sur l'ensemble du site (y compris le rempart) et sur une épaisseur de 30 à 80 cm, probablement pour aider à sa mise en culture ou pour compenser partiellement les irrégularités de relief sur les bords du plateau. Il scelle les strates archéologiques du rempart[21]. Le phénomène d'arasement se poursuit au XVIIe siècle[22].

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Publications exclusivement consacrées à l'oppidum des Châteliers[modifier | modifier le code]

  • André Peyrard et Anne Debal, Amboise, ville gauloise et gallo-romaine, de la préhistoire à l'histoire : catalogue d'exposition, Ville d'Amboise et Cercle Ambacia, , 62 p..
  • Jean-Marie Laruaz, « Le plateau des Châteliers à Amboise », Les Dossiers d'archéologie, no 326,‎ , p. 60-66.
  • Jean-Marie Laruaz, Amboise et la cité des Turons de la fin de l’âge du Fer jusqu’au Haut-Empire (IIe s. av. n .è. – IIe s. de n.è.) : thèse de doctorat, sous la direction de Stephan Fichtl, vol. 1 à 4, Tours, Université François-Rabelais, , 323, 94, 176 p et 108
  • Jean-Marie Laruaz (dir.), Archéologie à Amboise. Aux origines de la ville et du château, Chemillé-sur-Dême, Archéa, , 32 p. (ISBN 978-2-912610-20-1)
  • Jean-Marie Laruaz (dir.), Ambacia, la Gauloise - 100 objets racontent la ville antique d'Amboise, Chemillé-sur-Dême, Archéa, , 136 p. (ISBN 978-2-912610-22-5). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • André Peyrard, « L'oppidum des Chatelliers à Amboise. État des recherches en 1983. Étude préliminaire », bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. XL,‎ , p. 839-853 (ISSN 1153-2521, lire en ligne).

Publications consacrées à l'archéologie et à l'histoire en Touraine ou aux oppida celtiques[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cette datation est obtenue par analyse au carbone 14 des inclusions de charbon de bois mêlées à l'argile[L 5].

Références[modifier | modifier le code]

  • Ambacia, la Gauloise - 100 objets racontent la ville antique d'Amboise, Archéa, 2017 :
  • Autres références :
  1. Stéphane Gendron, L'origine des noms de lieux de l'Indre-et-Loire : communes et anciennes paroisses, Chemillé-sur-Indrois, Hugues de Chivré, , 303 p. (ISBN 978-2-916043-45-6), p. 33.
  2. « Carte géologique de la France au 1/50 000 - Amboise » [PDF], sur le site Ficheinfoterre du BRGM (consulté le ).
  3. Couderc 1987, p. 108.
  4. Jacques Dubois, Archéologie aérienne : patrimoine de Touraine, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, , 190 p. (ISBN 2-84253-935-4), p. 52.
  5. Dominique de Gorter, « Compte-rendu des visites et excursions - patrimoine 2016 », bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. LXII,‎ , p. 298 (ISSN 1153-2521).
  6. a et b « Remparts et fossés gaulois », notice no PA00097522, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  7. Laruaz 2015, p. 12.
  8. Provost 1988, p. 70.
  9. Gérard Cordier, « Le site chasséen du plateau des Châtelliers à Amboise (Indre-et-Loire). Découverte et fouilles André et Suzanne Högström (1954-1957) », Revue archéologique du Centre de la France, t. XXXIV,‎ , p. 112 (DOI 10.3406/racf.1995.2725).
  10. a b et c Laruaz 2003, p. 50.
  11. Étienne Cartier, « Monnaies gauloises », Revue numismatique,‎ , p. 421 (lire en ligne [PDF]).
  12. Bosseboeuf 1897, p. 12.
  13. Peyrard 1980, p. 348.
  14. Laruaz 2003, p. 49.
  15. Peyrard et Debal 1985, p. 26.
  16. Peyrard 1980, p. 350.
  17. * Georges Duby (dir.), Histoire de la France urbaine, vol. 1 : La ville antique, des origines au 9e siècle, Paris, le Seuil, coll. « L’univers historique », , 601 p. (ISBN 2-02-005590-2), p. 210-213.
  18. Robert Bedon, Pierre Pinon et Raymond Chevallier, Architecture et urbanisme en Gaule romaine, vol. 1 : L'architecture et la ville, Paris, Errance, coll. « les Hespérides », , 440 p. (ISBN 2-903442-79-7), p. 81.
  19. Couderc 1987, p. 107.
  20. Jean-Marié Laruaz, « Les agglomérations à la fin de l'âge du Fer, 200 à 25 av. n.-è », dans Élizabeth Zadora-Rio (dir.), Atlas archéologique de Touraine : 53e Supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France, Tours, FERACF, (lire en ligne).
  21. Jean-Marie Laruaz, « Recherches sur les oppida turons : naissance de l'urbanisation en Loire moyenne à la fin de l'Âge du Fer », bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. LI,‎ , p. 38 (ISSN 1153-2521, lire en ligne).
  22. Laruaz 2003, p. 17.