Redoute des Hautes-Bruyères

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Redoute des Hautes-Bruyères
Présentation
Type
Construction
Fermeture
août 2016
Patrimonialité
Recensé à l'inventaire généralVoir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Commune
Coordonnées
Carte

La redoute des Hautes-Bruyères est un ouvrage militaire désaffecté, qui se situe sur le territoire de la commune de Villejuif, dans le Val-de-Marne.


Historique[modifier | modifier le code]

Carte postale allemande antérieure à la guerre de 1914-18, montrant l'ensemble du système défensif du camp retranché de Paris

Au cours de la première moitié du XIXe siècle, Paris se dote d'une ceinture de forts[1] afin de se défendre, dont le fort de Montrouge, le fort d'Ivry et le fort de Bicêtre.

À la suite de l'augmentation de la portée des canons, et dans le contexte de la guerre franco-allemande de 1870, la création de la redoute des Hautes-Bruyères fut ordonnée pour protéger le fort de Bicêtre et compléter ainsi la défense de Paris. Sa construction débute en [2].

Elle est occupée par les communards et sert à protéger le fort de Bicêtre, à bombarder la plaine alentour, notamment les villages d'Arcueil-Cachan et de l'Haÿ et à contrôler la route d'Orléans[3]. C'est également là qu'est fusillé Émile Thibaut — événement dénoncé par Maxime Du Camp comme une injustice inique : on met à mort un pauvre garçon afin d'expliquer par une prétendue trahison les échecs militaires de la Commune[4]. La redoute est reprise par les républicains le , et le fort de Bicêtre le surlendemain[3].

Des casemates y sont construites en 1874[2].

À partir de 1946, cet ouvrage est utilisé comme centre technique par la Société d'études pour la propulsion par réaction[5], qui appose son sigle SEPR sur l'un des bâtiments (hangar côté nord). Lors de la construction de l'autoroute A6b, le rempart délimitant le fossé à l'ouest est en partie détruit[2]. La redoute est ensuite transformée en centre d'entraînement des CRS, avant d'être désaffectée en [6],[7].

Situation[modifier | modifier le code]

Située sur le plateau de Longboyeau, à 1,5 km au sud du fort de Bicêtre, la redoute est bordée à l'ouest par l'autoroute A6b, au nord par l'institut Gustave-Roussy, et par le parc départemental des Hautes-Bruyères (carrières reconverties en 1995[8]) à l'est et au sud. La surface totale de la redoute est de 3,7 ha environ[6]. À 122 m d'altitude, la redoute est placée sur le point culminant du Val-de-Marne[6]

Projets[modifier | modifier le code]

L'emplacement et la superficie de l'ancienne redoute en font un terrain hautement convoité.

Accès fermé de la redoute des Hautes bruyères (automne 2021)

Depuis , le site est désaffecté et attend une reconversion, qui aurait pu être faite en lien avec la partie universitaire de l'institut Gustave-Roussy[6] et avec la future station « Villejuif - Gustave Roussy » du Grand Paris Express.

Le , le projet pour le Pôle universitaire interdisciplinaire de santé (PUIS) est définitivement abandonné, l'État propriétaire précise vouloir installer un pôle destiné aux entreprises délégataires[9]. Fin 2019, il annonce souhaiter y implanter des fonctions « support » du ministère de l'Intérieur (direction des Systèmes d'information du ministère de l'Intérieur, division du soutien logistique...), jusqu'alors locataires dans un immeuble de bureaux parisien. Ce projet ne fait pas l'objet d'un accord des collectivités territoriales concernées[10],[11].

En attendant, l'accès est bloqué car réservé au chantier du Grand Paris Express.

À partir du printemps 2020, la redoute est occupée par une population moldave puis rom qui y installe un bidonville, regroupant d'abord trente familles puis, dès l'automne, plus de deux cent cinquante, avec plusieurs communautés en conflit entre elles et des « chefs de clans » qui vendent les emplacements[12]. Une décharge sauvage de plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes, comportant des produits dangereux, toxiques et polluants est également créée, à proximité directe du squat et du parc des Hautes-Bruyères[12]. Les riverains excédés s'étonnent que des centaines de personnes aient pu construire des habitations de fortune et des milliers de camions décharger des déchets en passant sur une unique route facile à contrôler et fermée sans que les autorités n'interviennent[12],[13].

Selon Marlène Schiappa en , « plusieurs procédures diligentées sur la base du code de l'Environnement ont conduit aux auditions ou aux gardes à vue de douze personnes et la saisie de quatre véhicules. Deux gérants de société qui s'étaient débarrassés de leurs déchets en faisant appel aux occupants ont fait l'objet d'une ordonnance pénale et un ressortissant roumain impliqué a été déféré » et « une ordonnance de référé a été rendue le par le tribunal de Créteil pour l'expulsion des occupants du site »[14].

Le site est finalement vidé de ses occupants en juin 2021. En septembre 2022, un appel d'offres européen est lancé pour le dépolluer[15].

Annexes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « 1870, la Marine embarque au fort de Bicêtre (1/2) », L'histoire du fort de Bicêtre, Fortification et Mémoire, (consulté le ).
  2. a b et c Présentation de la ville de Villejuif
  3. a et b Rémi Mathis, « Villejuif et la Commune de Paris (1871) », sur Histoire(s) de Villejuif, (consulté le )
  4. Maxime Du Camp, Les convulsions de Paris. La Commune à l'Hôtel de ville / Maxime Du Camp, (lire en ligne)
  5. Site de l'Amicale de la SEP
  6. a b c et d Présentation du site en vue de sa reconversion (Métropole du Grand Paris)
  7. Lucile Métout, « Villejuif : la police a quitté les Hautes-Bruyères sans faire le ménage : La Redoute des Hautes-Bruyères a servi de centre de formation et d'entraînement à la police nationale jusqu'en août 2016. Des documents sensibles ont été oubliés pendant le déménagement. Plutôt embarrassant », Le Parisien, édition du Val-de-Marne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Parc des Hautes-Bruyères
  9. Lucile Métout, « Villejuif : le campus universitaire en sursis à la Redoute des Hautes-Bruyères : L'Etat n'est plus certain de vouloir vendre l'ancien fort. À la place de ce projet envisagé depuis 2015, il pourrait accueillir une « administration centrale », Le Parisien, édition du Val-de-Marne,‎ (lire en ligne, consulté le ) « La transformation universitaire de La Redoute était pourtant tracée depuis le contrat de plan Etat-Région 2015-2020. Une volonté confirmée par le ministère de la Santé et le préfet de région qui, en signant le Contrat d'intérêt national de juillet 2016, entérinaient la « mobilisation du foncier de l'Etat » au profit de « l'extension de la faculté de médecine de Bicêtre ».
  10. Lucile Métout, « Villejuif : un « regroupement de ministères » à la Redoute des Hautes-Bruyères : Exit le campus universitaire : l'Etat envisage désormais 40 000 m2 de bureaux interministériels à la place de l'ancien fort. Une « réunion immobilier » aura lieu ce vendredi », Le Parisien, édition du Val-de-Marne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Lucile Métout (avec A.V.), « Villejuif : La Redoute des Hautes-Bruyères, future annexe du ministère de l'Intérieur ? : Locataire du coûteux immeuble Lumière, dans le XIIe arrondissement de Paris, l'Etat entend regrouper certaines de ses « fonctions supports » sur un terrain dont il est propriétaire. », Le Parisien, édition du Val-de-Marne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. a b et c Lucile Métout et Agnès Vives, « Squat et décharge clandestine à Villejuif : la Redoute des Hautes-Bruyères, « une priorité » pour le préfet », sur leparisien.fr, (consulté le )
  13. « Décharge industrielle sauvage : Villejuif en appelle à Darmanin », sur 94 Citoyens, (consulté le )
  14. « Val-de-Marne. Bidonville du fort de la Redoute à Villejuif : Etat et commune dos à dos », sur actu.fr (consulté le )
  15. Bascoul, « Villejuif : la préfecture s'attaque à la dépollution du Fort de la Redoute », sur 94Citoyens.com, (consulté le )