Record d'ascension

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Record d'ascension
Image illustrative de l’article Record d'ascension
Marc Batard sur l'Everest.
Caractéristiques du record
Discipline Alpinisme, skyrunning
Instance
homologatrice
ISF
Portée Monde

Le record d'ascension d'un relief est la durée minimale ayant été nécessaire à un grimpeur pour atteindre son point le plus élevé à partir d'un point de départ donné. Ce type de record sportif peut être enregistré dans plusieurs disciplines telles que l'alpinisme ou le cyclisme. Dans le premier cas, on mesure le temps nécessaire pour atteindre le sommet d'une montagne, en général en suivant la voie normale.

Histoire[modifier | modifier le code]

En 1975, l'Italien Reinhold Messner et l'Autrichien Peter Habeler effectuent les premiers l'ascension du Gasherbrum I en style alpin. Trois ans plus tard, ils deviennent les premiers hommes à atteindre le sommet de l'Everest sans oxygène et popularisent la pratique du style alpin[1],[2]. Le Suisse Erhard Loretan radicalise l'approche du style alpin. Réduisant le matériel au strict nécessaire, il effectue des courses rapides sans arrêt intermédiaire et établit notamment le record d'aller-retour de l'Everest en 43 h avec son compatriote Jean Troillet[1],[3]. Le , le guide de montagne français Marc Batard réalise la première ascension de l'Everest en moins de 24 heures. Partant depuis le camp de base de la face sud, il tire avantage des équipements laissés par d'autres alpinistes pour n'emporter qu'un minimum d'équipement et pas d'oxygène. Effectuant une ascension presque sans répit, il atteint le sommet en 22 h 29 perdant 8 kg dans son effort. Son record est homologué par le Livre Guinness des records et reste invaincu à ce jour pour une ascension sans oxygène depuis le camp de base[4],[5].

En 1982, Vladimir Balyberdine (ru) devient le premier Soviétique à gravir l'Everest. Son compatriote Anatoli Boukreev se fait quant à lui connaître pour ses ascensions éclair, notamment en atteignant le sommet du pic Lénine en huit heures depuis le camp de base. Vladimir Balyberdine a l'idée d'organiser des concours de vitesse comme épreuves de sélection pour les expéditions soviétiques en Himalaya. Il pousse le concept encore plus loin en organisant une véritable compétition sportive sur l'Elbrouz. En a lieu la première course de l'Elbrouz[6],[7]. Anatoli Boukreev remporte la victoire puis à nouveau l'année suivante en établissant un record depuis le refuge des 11 jusqu'au sommet oriental en h 47[8]. De son côté, l'Italien Marino Giacometti établit un premier record d'ascension sur le mont Rose en 1989 depuis Alagna en h 53. Mélangeant alpinisme et course à pied, il souhaite faire de sa pratique un sport et crée le skyrunning. Il est suivi dans son aventure par plusieurs de ses compatriotes, dont notamment Valerio Bertolglio et Bruno Brunod qui battent à tour de rôle le record d'ascension au Cervin[9].

La recherche de records d'ascension devient alors une véritable pratique sportive et plusieurs alpinistes s'y illustrent. Parmi eux, le Suisse Ueli Steck se fait connaître par sa pratique d'escalade de vitesse pour gravir des sommets et établir des records en utilisant des voies d'escalade jugées peu propices à ce type de record[10]. Il s'illustre en battant à plusieurs reprises le record d'ascension de l'Eiger par la face nord, l'abaissant jusqu'à h 22 min 50 s en 2015[11]. Le , il effectue en solitaire l'aller-retour sur l'Annapurna en 28 h en utilisant une voie inédite sur la face sud[12],[13]. L'Espagnol Kílian Jornet établit quant à lui des records avec un style combinant alpinisme, ski-alpinisme et skyrunning. Le , il bat le record d'aller-retour au mont Blanc en h 57 min 34 s, puis bat le record de Bruno Brunod au Cervin en h 52 quelques semaines après. En juin 2014, il bat le record d'aller-retour au Denali en 11 h 40 en ski de randonnée[6]. Le Suisso-Équatorien Karl Egloff se fait connaître en battant plusieurs des records établis par Kílian Jornet, notamment l'aller-retour au Kilimandjaro en h 42 le ainsi que l'aller-retour à l'Aconcagua en 11 h 52[14]. Le , il bat le record d'aller-retour au Denali en 11 h 44. Mais contrairement à Kílian Jornet qui avait effectué la descente à skis, Karl Egloff redescend en courant, réalisant ainsi ses exploits dans le style du skyrunning[15],[16].

Controverses[modifier | modifier le code]

Certaines ascensions, notamment celles effectuées en solitaire, ne peuvent être prouvées que par leur auteur. Dans certains cas, l'absence de données GPS ou de photos peuvent légitimement poser un doute quant à la vérifiabilité des faits. Le Suisse Ueli Steck refuse notamment d'enregistrer ses ascensions en solitaire, laissant planer le doute sur plusieurs de ses exploits, jugés parfois impossibles à réaliser[10],[17],[18].

Des anciennes ascensions, souvent réalisées sans preuves, font parfois l'objet de remise en question[19]. Plus récemment, l'Espagnol Kílian Jornet, autour d'un double aller-retour à l'Everest a vu son exploit remis en cause malgré les preuves apportées[20],[21].

Liste de records d'ascension en alpinisme[modifier | modifier le code]

Europe[modifier | modifier le code]

Cervin[modifier | modifier le code]

Le , l'Espagnol Kílian Jornet réalise l'aller-retour en h 52 min 2 s depuis Cervinia uniquement en courant. Il réalise au passage l'ascension en h 56 min 15 s[22].

Le , le Suisse Dani Arnold effectue l'ascension de la face nord en h 46 en solitaire[23].

Mont Blanc[modifier | modifier le code]

Le , l'Espagnol Kílian Jornet effectue l'aller-retour en h 57 min 40 s en partant depuis la petite église de Chamonix. Courant aux côtés de Mathéo Jacquemoud avec qui il s'encorde dans les passages sur le glacier des Bossons, il atteint le sommet en h 33. Mathéo Jacquemoud chute dans la descente, laissant Kílian Jornet terminer seul l'aller-retour[24],[25].

Le , l'Espagnol Manuel Merillas effectue l'aller-retour au départ de Courmayeur. Aidé par l'Italien Denis Trento (en) dans les passages sur glacier, il atteint le sommet en h 16, avec trois minutes de retard sur le record de Marco De Gasperi. Manuel Merillas complète la boucle en h 35 min 32 s[26],[27].

Le , Hillary Gerardi effectue l'aller-retour en h 25 min 28 s depuis Chamonix. Encordée avec Valentine Fabre durant les passages dangereux de l'ascension et aidée par la traileuse sud-africaine Meg Mackenzie dans la descente, elle bat de près d'une demi-heure le précédent record féminin établi par Emelie Forsberg en 2018[28].

Mont Rose[modifier | modifier le code]

Le , l'Espagnol Manuel Merillas effectue l'aller-retour au départ de Gressoney-La-Trinité en h 59 min 18 s. Il effectue l'ascension jusqu'à la cabane Reine-Marguerite en h 46 min 20 s au passage[29].

Elbrouz[modifier | modifier le code]

Le , le Suisso-Équatorien Karl Egloff participe au Red Fox Elbrus SkyMarathon qu'il remporte en h 24 min 14 s, réalisant un nouveau record d'ascension au sommet. Sans s'arrêter pour fêter sa victoire, il redescend aussitôt et réalise un nouveau record d'aller-retour depuis les clairières d'Azaou en h 20 min 45 s[30].

Le , le skyrunner et membres des troupes aéroportées de la fédération de Russie Evgeny Markov remporte l'International Elbrus Race en effectuant l'ascension depuis les clairières d'Azaou en h 13 min 14 s[31].

Afrique[modifier | modifier le code]

Mont Kenya[modifier | modifier le code]

La seule marque établie sur le mont Kenya date de 1995 lorsque l'Italien Fabio Meraldi (en) remporte le Mt. Kenya Skymarathon en h 2 min 22 s, effectuant l'aller-retour depuis l'entrée du parc national du Mont Kenya à Sirimon jusqu'au sommet de la pointe Lenana. Aucune autre tentative de record n'avait été effectué avant le où les Kényans Kenneth Kemboi et Susy Chemaimak s'élancent pour un aller-retour depuis l'entrée du parc. Suivant un itinéraire légèrement plus long que le SkyMarathon, Kenneth Kimboi complète l'aller-retour en h 7 min 40 s et Susy Chemaimak en h 50 min 7 s[32],[33].

Kilimandjaro[modifier | modifier le code]

Le , l'Américain Tyler Andrews effectue l'aller-retour en h 37 min 57 s en empruntant la Mweka Route. Il bat de cinq minutes le précédent record de Karl Egloff sur un itinéraire plus long d'un kilomètre[34].

Le , la Française Vanessa Morales effectue l'aller-retour par la Mweka Route en 11 h 33[35].

Amériques[modifier | modifier le code]

Aconcagua[modifier | modifier le code]

Nico Valsesia durant son record d'ascension de l'Aconcagua en duathlon en 2015.
Nico Valsesia durant son record d'ascension de l'Aconcagua en duathlon en 2015.

Le , le Tchèque Martin Zhor effectue l'ascension en h 38 min 29 s en partant depuis le camp de base de Plaza de Mulas[36].

Le , la coureuse d'ultra-trail brésilienne Fernanda Maciel devient la première femme à réaliser l'aller-retour sur l'Aconcagua. Empruntant la voie normale, elle boucle le trajet en 22 h 52[37].

Le , le traileur et marathonien américain Tyler Andrews établit un nouveau record d'aller-retour en 11 h 24, améliorant de 28 minutes le record de Karl Egloff établi en 2015[38].

Denali[modifier | modifier le code]

Le , l'Américain Jack Kuenzle effectue l'aller-retour en 10 h 14 min 57 s, battant le précédent record de Karl Egloff d'une heure et demi. Malgré des conditions météorologiques peu optimales, il effectue l'ascension à pied en h 54 min 40 s avec 14 minutes de retard sur le record de Karl Egloff. Contrairement à ce dernier, il effectue la descente à skis[39].

Asie[modifier | modifier le code]

Annapurna[modifier | modifier le code]

Le , le Suisse Ueli Steck gravit en solitaire la face sud de l'Annapurna I et atteint le sommet en 28 h[40].

Manaslu[modifier | modifier le code]

Le , le Polonais Andrzej Bargiel part depuis le camp de base et atteint le sommet en 14 h 5. Il effectue ensuite la descente à skis pour compléter l'aller-retour en 21 h 14[41].

Lhotse[modifier | modifier le code]

Une semaine après la tragédie de 1996 sur l'Everest, le Kazakh Anatoli Boukreev profite d'un permis de Scott Fischer pour gravir en solitaire le Lhotse. Il atteint le sommet en un temps record de 21 h 16[42].

Everest[modifier | modifier le code]

Le , le guide de montagne français Marc Batard réalise la première ascension de l'Everest en moins de 24 heures. Partant depuis le camp de base de la face sud, il tire avantage des équipements laissés par d'autres alpinistes pour n'emporter qu'un minimum d'équipement et pas d'oxygène. Il atteint le sommet en 22 h 29[4].

Le , l'Autrichien Christian Stangl part depuis le camp de base de la face nord. Montant sans oxygène, il atteint le sommet en 16 h 42[43].

Le , la Hong-Kongaise Tsang Yin-Hung établit un nouveau temps de référence féminin en 25 h 50[44].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jérôme Blanc-Gras, « Sur quel fil évolue le style alpin ? », sur Montagnes Magazine, (consulté le )
  2. (en) « Reinhold Messner and Peter Habeler, 40 years ago Everest without supplementary oxygen », sur PlanetMountain.com, (consulté le )
  3. François Modoux, « La dernière course du puriste des cimes », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  4. a et b « ALPINISME Un record de Marc Batard L'Everest en moins de vingt-quatre heures », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Marc Batard – Alpiniste de l’extrême : L’Everest en 22h29, sans oxygène. Un record jamais égalé. », sur lacombinaison.fr, (consulté le )
  6. a et b (en-US) « History of Going Fast to Mountains », sur mtnath, (consulté le )
  7. (en) Nickolay Shustrov, « "Balyberdin" Elbrus Races (1989-90). The story how the idea of mountain speed ascent contest had occurred in USSR. », sur www.russianclimb.com (consulté le )
  8. (en) « Balyberdin's race of 1990 », sur www.elbrusrace.com (consulté le )
  9. (it) « ALAGNA MONTE ROSA, Mecca dell’alpinsino che vide nascere lo Skyrunning », Outdoor,‎ , p. 18 (lire en ligne)
  10. a et b François Modoux, « Une étoile tourmentée s’est éteinte », Tribune de Genève,‎ (ISSN 1010-2248, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Dougald MacDonald, « Ueli Steck Takes Back Eiger Speed Record », sur Climbing, (consulté le )
  12. (en) Billi Bierling, « Speed climber Steck breaks Annapurna record », sur SWI swissinfo.ch, (consulté le )
  13. (en) Vinicio Stefanello, « Ueli Steck and Annapurna: the interview after his South Face solo », sur PlanetMountain.com, (consulté le )
  14. (en-US) Matt Hart, « Where in the World Did Karl Egloff Come From? », sur Outside Online, (consulté le )
  15. (en-US) Gordy Megroz, « Karl Egloff Just Beat Kilian Jornet's Denali Record », sur Outside Online, (consulté le )
  16. (en) Tracy Ross, « Speed: Will The Future of Alpinism Belong To Runners? », sur Rock and Ice Magazine, (consulté le )
  17. Benoit Pavan, « Ueli Steck, prodige controversé d'un alpinisme dépouillé », sur Le Point, (consulté le )
  18. (en) Óscar Gogorza, « Mountaineering expert Rodolphe Popier: ‘I think Ueli Steck lied’ », sur EL PAÍS English Edition, (consulté le )
  19. Arnaud P, « Tomo Cesen a-t-il vraiment gravi la face sud du Lhotse en avril 1990 ? », sur Altitude News, (consulté le )
  20. Eric T, « Le double Everest de Kilian Jornet dénoncé dans un nouveau livre », sur Altitude News, (consulté le )
  21. (en-US) Nick Heil, « Are Kilian Jornet's Speed Records Too Good to Be True? », sur Outside Online, (consulté le )
  22. Aline Carrupt, « 2h52: Kilian Jornet pulvérise le record du Cervin », sur lenouvelliste.ch, (consulté le )
  23. « Dani Arnold bat le record de l'ascension du Cervin en 1 h 46 », sur arcinfo.ch, (consulté le )
  24. Eliane Patriarca, « Kilian Jornet réalise un aller-retour express sur le Mont-Blanc », sur Libération, (consulté le )
  25. Manu Rivaud, « Record de l'aller-retour au mont Blanc : l'interview de Mathéo Jacquemoud », sur Montagnes Magazine, (consulté le )
  26. Philippe Poulet, « En 6 h 35, l'Espagnol Manuel Merillas bat le record de vitesse d'ascension du mont Blanc, versant italien », sur Montagnes Magazine, (consulté le )
  27. (es) « Manuel Merillas rompe el récord del Mont Blanc desde Courmayeur: 6h35’32” », sur Carreras por montaña, (consulté le )
  28. Thomas Vennin, « Le mont Blanc en 7h25, nouveau temps de référence féminin pour Hillary Gerardi », sur Montagnes Magazine, (consulté le )
  29. (es) « Manu Merillas también destroza el récord del Monte Rosa: 3h59’18” », sur Carreras por montaña, (consulté le )
  30. (de) Andreas Jentzsch, « Neuer Speedrekord am Mount Elbrus, 5642 m », sur www.elbrus.redfox.ru, (consulté le )
  31. (en) « Military personnel of the Russian team of the international competition "Elbrus ring-2020" set a world record for climbing mount Elbrus », sur eng.mil.ru, (consulté le )
  32. (en-US) Martin Fritz Huber, « Behind the Scenes of a Unique FKT Attempt in Kenya », sur Outside Online, (consulté le )
  33. (en-GB) Jan Fox, « A record run on Mount Kenya », sur Wilder Magazine, (consulté le )
  34. (es) « Tyler Andrews suma dos nuevos MTCs en el Kilimanjaro », sur Carreraspormontana.com, (consulté le )
  35. Killian Tanguy, « Vanessa Morales établit un nouveau record au Kilimandjaro », sur Trails Endurance Mag, (consulté le )
  36. Simon Dugué, « Nouveau record d’ascension sur l’Aconcagua, l’un des fameux “7 summits” », sur Outside.fr, (consulté le )
  37. (en) Geoffroy Bresson, « The day Fernanda Maciel ran up and down the 6,692m Aconcagua peak », sur www.redbull.com, (consulté le )
  38. (es) « Tyler Andrews logró una nueva plus marca de velocidad en Aconcagua », sur Cumbres, (consulté le )
  39. (en-US) Frederick Dreier, « Jack Kuenzle’s Speed Record on Denali Was No Cakewalk », sur Outside Online, (consulté le )
  40. (en) Billi Bierling, « Speed climber Steck breaks Annapurna record », sur SWI swissinfo.ch, (consulté le )
  41. (en-US) Chris Cohen, « New Speed Record Set on Manaslu », sur Outside Online, (consulté le )
  42. (en) Anatoli Boukreev et G. Weston DeWalt, The Climb: Tragic Ambitions on Everest, New York, St. Martin's Griffin, , 416 p. (ISBN 978-0312206376), p. 301
  43. (de) « In 16 Stunden auf den Mount Everest », sur Bergsteigen.com, (consulté le )
  44. « Une Hongkongaise bat le record féminin de vitesse d'ascension de l'Everest », sur L'Équipe, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]