Raymond de Biolley (1789-1846)

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Raymond de Biolley
Fonction
Sénateur belge
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 57 ans)
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Famille
Enfant
Emmanuel de Biolley (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Distinctions

Raymond Jean-François Biolley, né le à Verviers où il est mort le , est un industriel et homme politique belge.

Famille[modifier | modifier le code]

Raymond Biolley nait à Verviers en 1789. Il est le fils de François de Sales-Alexis Biolley[1], né à Verviers le [2], et de Marie-Claire Godin, née le , morte le , fille d'Arnoud-Jacques-Joseph, né le , mort le , et de Marie-Anne de Thier[3].

Anoblissement[modifier | modifier le code]

Les Biolley[4] sont originaires de Sallanches (Haute-Savoie), et se sont établis pour une branche à Augsbourg et pour une autre à Verviers vers la fin du XVIIe siècle, où ils firent prospérer leurs affaires textiles.

Quoique certains auteurs[5] affirment que cette famille ait une origine nobiliaire française[6] ou du Saint Empire[7], le nom est inconnu de l'Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie du comte Amédée de Foras, ainsi que des publications des sociétés savantes de Savoie.

La famille, sous l’égide de Raymond Biolley, fit néanmoins l'objet en 1843 en Belgique d'une « reconnaissance de noblesse », avec octroi de la particule et concession du titre de vicomte pour tous les mâles[8] avec comme armoiries : « écartelé : au premier d'azur, à l'étoile d'or à cinq pointes ; au troisième d'argent à la tour crénelée de gueules ; au deuxième et au quatrième d'argent et d'azur, au lion de l'un dans l'autre, armé et lampassé de gueules. L'écu sommé d'une couronne de vicomte, à neuf perles, surmonté d'un heaume d'argent, orné, grillé, couronné d'or et fourré de gueules, aux lambrequins d'or et d'azur. Cimier : l'étoile du premier de l'écu entre deux vols, à dextre, d'azur à deux fasces d'or; à sénestre, d'argent, à deux fasces de gueules. Supports : deux griffons d'or, armés et lampassés de gueules portant bannières d'azur à l'étoile de l'écu ».

Descendance[modifier | modifier le code]

En 1817, Raymond épousa Marie-Isabelle Simonis (1799-1865), la nièce de sa tante Marie Anne Simonis, alors dirigeante de la maison de textiles familiale « Maison François Biolley et fils ». Marie-Isabelle est la fille de Jean-François Dieudonné Simonis (1769-1829), dit Ywan Simonis, considéré comme l’homme le plus riche du pays wallon sous le régime français.

De cette union naquirent 7 enfants :

  1. Iwan de Biolley, Vicomte 1818-1854
  2. Marie-Anne de Biolley 1822-1859
  3. Armande de Biolley 1824-1885
  4. Élisabeth de Biolley 1825-1874
  5. Marie de Biolley 1827-1905
  6. Emmanuel de Biolley (nl), Vicomte 1829-1892
  7. Félix Joseph de Biolley, Vicomte 1836-1885

Philosophie[modifier | modifier le code]

Partisan de la doctrine économique du libre-échange, Raymond Biolley est un industriel qui a tôt fait de se sentir chez lui aux quatre coins du monde. Il se rendit en Angleterre pour y étudier de près les merveilleux rouages de la prospérité matérielle de ce pays et attira à Verviers des ingénieurs et des mécaniciens anglais. Il imprima en même temps une vive impulsion aux exportations transatlantiques, et envoya ses produits aux Indes Orientales et Occidentales, en Chine et au Japon[9]. Le premier Européen qui pénétra à Tombouctou, le célèbre René Caillié, raconte après y avoir séjourné en 1826, que dans cette vaste foire de l’Afrique centrale, il ne trouva qu’un seul produit des pays civilisés. C’était un coupon de drap sur lequel il lut : « Maison François Biolley et fils, à Verviers. »

À toutes difficultés, il trouve ou invente des solutions à son avantage. Quand Napoléon avait imposé le blocus continental et privé les « continentaux » des laines britanniques, Biolley avait lancé un élevage de 4 000 moutons mérinos sur les hauteurs de Verviers[10]. Quand le blocus a été levé et que les coûts de transport ont été très bas, il a commandé ses laines dans l’hémisphère sud. Quand naît le royaume de Belgique, il plaide en faveur d’accords douaniers avec la France pour rouvrir le marché mosan, à la France certes, au monde si possible.

Vue de Verviers (milieu du XIXe siècle)
Aquarelle de Joseph Fussell.

Quoiqu’il s’occupât de toutes les parties de l’industrie lainière, il s’attacha spécialement à produire les draps avec une perfection telle que ni la France ni l’Angleterre ne lui contestaient le premier rang.

Le roi des Pays-Bas, Guillaume Ier, favorisa puissamment le développement de Verviers, dans lequel la maison Biolley était secondée par ses parents et alliés, les Simonis, de Grand-Ry, Godin et autres. Le roi appela l’industriel verviétois à prendre part à divers travaux officiels et le nomma, de 1820 à 1830, membre des États Provinciaux de Liege. Pour ses services, le roi lui décerna la distinction, alors fort enviée, de chevalier de l’Ordre du Lion belgique. Par ailleurs, la grande société commerciale des Pays-Bas, la Nederlandsche Handel-Maatschappij d’Amsterdam, le choisit pour directeur et fit construire en 1827 un grand navire de commerce, le Raymond, pour le service des Indes Orientales.

La révolution de 1830 vint suspendre pour un temps assez long l’essor de la production.

Carrière[modifier | modifier le code]

À la suite du décès de sa tante en 1831, dont il fut le principal, mais non l’unique héritier, Raymond se trouva avec son frère unique, Édouard, à la tête de la manufacture de draps. Il acquit une position prépondérante dans les affaires de l’entreprise familiale.

Principal pourvoyeur de travail dans la vallée de la Vesdre, il fut reconnu par ses pairs comme le principal industriel de l’est wallon : son savoir-faire, sa fortune et ses investissements sans limites font de la Maison de Biolley à la fois une référence, un bailleur de fonds et un moteur d’innovations exceptionnelles. Depuis 1824, il siège au sein de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Verviers; en 1830, il la préside. Dans le nouveau royaume de Belgique, les censitaires attribuent à ce chef d’entreprise le mandat de sénateur dès 1831, fonction qu’il exercera jusqu’à son décès. Il a fortement soutenu le parti catholique naissant, et se distança de la loge franc-maçonne des Philadelphes[11], dont son frère Édouard restera membre[12]

Hôtel de Biolley. Place de Sommeleville à Verviers.

Au milieu de la prostration complète des affaires après l’indépendance de la Belgique, il fut le seul qui continuât à donner du travail à la population ouvrière de Verviers. Extrêmement attentif à tous les progrès[13], il voyageait fréquemment en France et en Angleterre et mettait en pratique les améliorations nouvelles. Aussi la fabrication des draps atteignit bientôt son apogée et le chef de cette maison, à laquelle affluaient les distinctions de tout genre, était reconnu comme le premier industriel du pays et l’un des plus grands manufacturiers du continent européen. De 1842 à 1846, il présida le Comité Industriel de Belgique.

Quoique ne recherchant pas les distinctions, il accepta le titre de vicomte que lui attribue Léopold Ier, en 1843, lorsqu’il inaugure la ligne de chemin de fer qui relie Anvers à Verviers. La famille royale avait d’ailleurs l’habitude de prendre ses quartiers dans l’hôtel de maître que l’industriel s’était fait construire au cœur de la cité lainière.

Avec Marie-Isabelle Simonis, son épouse, ils furent au cœur de bon nombre d'initiatives caritatives a Verviers, Augsbourg et Sallanches: instructions variées, soins religieux et médicaux, hygiène des ateliers, habitations ouvrières isolées pour n'en citer que quelques-unes. Pour beaucoup, les premiers logements ouvriers en Europe, les « maisons des Grandes Rames » sont l'œuvre de Raymond de Biolley. L'industriel n'avait cependant que 18 ans quand on inaugure, au printemps 1808, la première phase de ce projet qui, lorsque termine en 1824, comportera 10 maisons reparties en 2 blocs sur 4 étages accommodant près de 700 habitants. C'est son père Francois de Sales et la famille Simonis qui mènent l'opération, avec le soutien financier de quelques-uns de leurs confreres. Raymond de Biolley sera, quant à lui, partie prenante en 1833 dans l’édification de la cité ouvrière de l’actuelle rue Raymond.

Au moment de sa disparition en 1846, à l’âge de 57 ans, on estime qu’il était à la tête de 2 000 ouvriers, rassemblés dans quatre grosses usines. Propriétaire de biens de prestige, Raymond de Biolley avait en outre investi dans des entreprises en Prusse rhénane et possédait des parts dans deux charbonnages proches de Verviers, investissements motivés par la nécessité de contrôler des sources d’énergie à l’heure du développement de la machine à vapeur.

Plus de dix mille personnes suivent son cortège funéraire qui se rend à l'église Saint-Remacle. Le conseil de fabrique de l'église, dont Raymond et Edouard avaient financé la construction, décide qu’un service de première classe sera célébré à perpétuité en mémoire de son bienfaiteur. Saint-Remacle est, aujourd’hui encore, le miroir des Biolley. La chaire de vérité représente saint Raymond et saint Édouard, présentant à saint Remacle les plans du sanctuaire. Il est aussi une statue de saint Raymond, une autre de sainte Isabelle (Simonis, l’épouse de Raymond) ou encore, dans le chœur, le panneau de Bellemans représentant la communion mystique de saint Raymond.

En 1853, Léopold Ier demanda à sa veuve que la cérémonie de la remise entre les mains de la dynastie de Belgique de l’archiduchesse Marie-Henriette, épouse de son fils le futur roi Léopold II, par les autorités autrichiennes, ait lieu dans l’hôtel Biolley à Verviers.

Fonctions, mandats et décorations honorifiques[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Il ne faut pas le confondre avec Jean François (de) Biolley, selon Charles Poplimont, qui ne donne pas de source, « chevalier par lettres patentes du 5 janvier 1769, épousa N. Pirons » (Dont la descendance masculine, que Poplimont qualifie de « chevalier », est éteinte). (Charles Poplimont, La Belgique héraldique. Recueil historique, chronologique, généalogique et biographique complet de toutes les maisons nobles reconnues de la Belgique, Bruxelles, 1863-1867, t. I, p. 643-644.
  2. François de Sales-Alexis Biolley, est le fils de « Jean François de Biolley, né à Sallanches le 18 novembre 1715, mort à Verviers le 2 novembre 1790, fonda, en 1725, la maison François Biolley et fils, épousa, le 13 mai 1747, à Verviers, Lambertine Françoise Simonis, née le 29 janvier 1721, morte le 18 février 1782, fille de Henri, bourgmestre de Verviers, et de Marie Isabelle Pirons » (Charles Poplimont, op. cit., t. I, p. 643).
  3. Famille de Thier, recueil de l'Office généalogique et héraldique de Belgique.
  4. Charles Poplimont, La Belgique héraldique. Recueil historique, chronologique, généalogique et biographique complet de toutes les maisons nobles reconnues de la Belgique, Bruxelles, 1863-1867, tome I, p. 643 : « Tous les genres d'illustration se réunissent sur la maison de Biolley. Son antiquité, sa noblesse, s'appuient sur les preuves les plus décisives. Elle s'est distinguée dans les armes, dans la magistrature, dans l'église. Plusieurs de ses membres ont laissé leur vie sur les champs de bataille, au service de leurs souverains ; d'autres ont brillé dans les conseils de la couronne et dans les grandes assemblées communales qui ont si puissamment contribué au progrès intellectuel et matériel de la société humaine. Ils ont été élevés à de grandes charges par la volonté royale et, mieux encore, par le choix libre et spontané de leurs concitoyens ».
  5. D'après Charles Poplimont, Biographies nationales. La Noblesse belge, Bruxelles, 1850, II, p. 201-205 : « François de Sales Alexis Biolley, qui vint s'établir à Augsbourg, fut un de ces hardis novateurs sachant rompre courageusement avec des préjugés, et se disant qu'il serait beau pour la noblesse de se montrer active, utile, plutôt que de demeurer oisive et impropre à créer de grandes choses. Il fonda à Augsbourg une maison de banque fort importante. Il est l'auteur de la famille Biolley de Verviers, qu'une patente de chevalier, délivrée en 1769, fait connaître en ces termes : « Famille noble et ancienne dont plusieurs membres laissèrent leur vie sur le champ de bataille au service de leurs souverains, et occupèrent des charges élevées, tant civiles que militaires. » Texte en ligne.
  6. Charles Poplimont, op. cit., retrace la généalogie d'une famille noble française de Biolès, famille éteinte et écrit, p. 638 : « Biolés, Bioulés ou Biolet, dit, en 1786, La Chesnaye des Bois, dans le t. XV, p. 98 de son ouvrage, est une ancienne famille noble originaire de France, établie dans le comtat Venaissin depuis plus de trois cent cinquante ans, et qui a fait branche en Lorraine ».
  7. Une branche éteinte dans les mâles a reçu en 1769 un diplôme de noblesse du comte de Zeyll (Jean-François Houtart, Anciennes familles de Belgique, Bruxelles, Association royale Office Généalogique et héraldique de Belgique, année 2008, page 226 : « Chevalier du Saint-Empire par le comte de Zeyll (pour tous les mâles) en 1769 (éteint) ».
  8. Voir État présent de la noblesse de Belgique.
  9. On fit dans les années 1821-1833 plusieurs expéditions au Moyen-orient et on poussa même jusqu'à Trébizonde sur la Mer Noire. A l'aller, le fils du drapier verviétois de Biolley emporte à Constantinople des marchandises pour Arland et Cie. Le voyage à Constantinople. Sophie Basch, 1997. p.110.
  10. Bergerie-Ferme de Maison-Bois à Ensival.
  11. « Les Philadelphes et le Travail réunis », sur le site mvmm.org.
  12. Freddy Joris, « La Franc-maçonnerie verviétoise et la question sociale au XIXe siècle », sur bestofverviers.be, (consulté le ).
  13. "Nous possédons de plus deux établissements de construction de machines à vapeur et autres, l'un sous la direction de MM F. de Biolley et fils, l'autre sous celle de MM Houguet et Teston." dans Le Courrier des Pays-Bas. du 19 juin 1829.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Stengers, Jean Luc de Paepe, Massia Gruman, Index des éligibles au Sénat (1831-1894), Bruxelles, 1975.
  • P. Gason, « Raymond de Biolley », Biographies verviétoises, no 4, Verviers, 1950, p. 20-21, 26-32.
  • Armand De Hagen, Maçonnerie et politique au XIXe siècle, la loge verviétoise des "Philadelphes, Bruxelles, Éd. de l'Université de Bruxelles, 1986.
  • Jean Fohal, Verviers et son industrie il y a 85 ans, 1843, Verviers, 1928, p. 35-39.
  • Jean-Luc De Paepe et Christiane Raindorf-Gérard, Le Parlement belge, 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996.
  • Oscar Coomans de Brachène, État présent de la noblesse belge, annuaire 1984, Bruxelles, 1984.
  • « Biographie Nationale de Belgique »

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]