Raymond II de Roquefeuil

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Raymond II de Roquefeuil
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Titres de noblesse
Vicomte de Creyssel
jusqu'en
Successeur
Isabelle de Roquefeuil (d) et Hugues IV de Rodez
Seigneur de Roquefeuil (d)
Prédécesseur
Successeur
Biographie
Naissance
Date inconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Mère
Fratrie
Arnaud Ier de Roquefeuil
Guillaume de Roquefeuil (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Dauphine de Turenne (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Isabelle de Roquefeuil (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Blason

Raimond ou Raymond II de Roquefeuil, ou encore d'Anduze-Roquefeuil, mort après le , est un seigneur du Rouergue, issu de la famille de Roquefeuil-Anduze.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

La date de naissance de Raimond ou Raymond (Raimundo) n'est pas connue en l'état actuel des connaissances. Il est le fils aîné de Raymond Ier († apr. ) et de Guillemette de Montpellier († apr. /12)[1],[2],[3].

Il a deux frères cadets, Arnal/Arnaud I, seigneur, et Guillaume, abbé de Saint-Guilhem du Désert[4].

Il épouse Dauphine, la fille de Boson III, vicomte de Turenne et de Dauphine d'Auvergne[4].

Héritage et possessions[modifier | modifier le code]

En tant que fils aîné, il hérite d'une grande partie des possessions de son père, la baronnie de Roquefeuil et de Meyrueis, ainsi que de la terre de Creyssel[4] (Creissels)[2]. Il est considéré comme un vicomte de Creyssel[4]. La vicomté n'est attestée qu'en 1272[5]. Son frère cadet, Arnaud I, est seigneur de Roquefeuil et dit comtor de Nant, selon Barrau (1853)[4] et Mazel (1913)[6], mais pas par Gaujal (1858-1859)[2].

Pour le remercier de son soutien, le comte de Toulouse lui offre en fief, en 1217 la moitié du château de Brissac et lui « confirme en fief l'autre moitié que les seigneurs de Roquefeuil tenaient déjà de lui »[7],[8].

Il est mentionné avec leur mère, sous la forme Marquise (Marchisia), et son frère Arnaud Ier, dans les testaments de leur tante Marie de Montpellier, reine d'Aragon, en 1209 et 1211[4],[9],[3]. Cette dernière les substitue à la seigneurie de Montpellier, dans l'éventualité ou elle n'aurait pas d'enfants[9].

Il est en possession, en 1225, du château de Roquefeuil, contrôlant également ceux de Pauses (Pausis) et Valleraugue (Valarange), au diocèse de Nîmes ; Blanquefort (Blanchefort), au diocèse de Mende ; et Caylus (Casteleucum), au diocèse de Rodez[3],[10].

Croisade des Albigeois[modifier | modifier le code]

La croisade des albigeois (1209-1229) est une croisade proclamée par l'Église catholique contre le catharisme. L'hérésie était surtout implantée en Languedoc, lequel était dominé par deux familles, la maison de Toulouse et la maison Trencavel. N'ayant pas réussi à s'entendre pour faire front, le comte Raymond VI de Toulouse fait amende honorable et se croise, tandis que Raimond-Roger Trencavel se prépare à se défendre contre la croisade. Raymond II de Roquefeuil fut un des principaux soutiens du Comte de Toulouse[4].

En 1215, il participe à Rome au quatrième concile du Latran pour dénoncer la violence de la croisade et prend la défense de Roger Raymond II, fils de Raimond-Roger Trencavel et prisonnier des croisés de Simon IV de Montfort. Il adressa son plaidoyer directement au pape Innocent III avec ces paroles :

« Seigneur, vrai père, aie merci d'un enfant orphelin d'âge tendre et béni. Aie merci pour le fils de l'honorable comte de Béziers, tué par les croisés et par Simon de Montfort quand on le lui livra. Car de tiers ou de moitié sont déclinées noblesse et courtoisie, depuis que, sans tort et sans péché un tel baron a été martyrisé. Car il n'y a pas dans la Cour, cardinal ou abbé dont la croyance soit plus chrétienne que la sienne. Mais puisqu'il est mort, à son fils déshérité rends sa terre et sauve ainsi ton honneur… Rends lui tout à jour fixe et prochain, sinon je te demanderai tout : la terre, le droit, et l'héritage au jour du jugement dernier, ce jour où tu seras jugé » [...] «Ami!» dit le pape, « justice sera faite[11] ».

Pour cette raison, Raymond II est excommunié et doit se soumettre le 17 des calendes d' (c'est-à-dire le ), à Narbonne, auprès du cardinal-légat du Pape. Il obtient son absolution après avoir remis en gage ses châteaux de Roquefeuil, Valgarnide, Caladon, Blanquefort, Caylus, etc.[10],[4],[3]

Activités seigneuriales[modifier | modifier le code]

Obole Roquefeuil-Anduze (début XIIIe siècle).

En 1229, il accorde une charte de franchises à la communauté de Meyrueis. Parmi les différents droits, il institue un marché.

Comme son père, Raymond II bat monnaie à l'atelier de Sommières[12],[13].

Mécénat[modifier | modifier le code]

Comme son père Raymond Ier et son frère Arnaud Ier, Raymond II est un protecteur des troubadours qu'il accueille volontiers.

L'un d'entre eux, Daude de Pradas, fera référence à ses protecteurs dans une strophe de son poème Ab lo douz temps que renovella (Avec la douce saison qui se renouvelle)[14],[15]:

« Lai on es proeza certana,
Vas Salve t'en vai, e no-t trics,
Chanssos, que-l seigner t'er abrics
Contra la folla gen vilana!
E-ls dos fraires de Rocafuoill,
On fis pretz e jovens s'acuoill,
Sapchas a tos ops retener,
Si vols en bona cort caber. »

« Là où se trouve la véritable prouesse,
Va chanson vers Sauve, et ne tarde pas
Car le seigneur te protégera
Contre la folle gent vilaine;
Et les deux frères Roquefeuil,
Chez qui la vraie valeur et la jeunesse sont bien accueillies,
Sache les gagner,
Si tu veux trouver place en bonne cour. »

Mort et succession[modifier | modifier le code]

Raymond de Roquefeuil teste le . La date de sa mort n'est pas connue.[réf. nécessaire]

Sa fille aînée, Isabeau, lui succède. Son époux, Hugues IV, comte de Rodez, hérite des biens de la famille.

Famille[modifier | modifier le code]

Raymond II épouse, en 1206, Dauphine de Turenne, dont sont issues [4] :

  • Isabelle/Isabeau, ∞ (1230) Hugues IV, comte de Rodez à qui elle apporte la vicomté de Creyssel et la baronnie de Meyrueis[4],[16].
  • Raymonde, ∞ Bernard d'Anduze, baron de Florac en Gévaudan[4].
  • Delphine, abbesse de Mègemont, en Auvergne (non mentionnée par Barrau).
  • Saure, ∞ (probablement) Déodat II de Caylus, seigneur de Séverac, de Combret, de Canillac, de Caylus, de Montlaur (non mentionnée par Barrau).

Ascendance[modifier | modifier le code]

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
16. Bernard III d'Anduze
 
 
 
 
 
 
 
8. Bernard IV d'Anduze
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
17. Sybille
 
 
 
 
 
 
 
4. Bertrand d'Anduze
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
18. Pons de Toulouse
 
 
 
 
 
 
 
9. Garsinde de Toulouse
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
19 Almodis de la Marche
 
 
 
 
 
 
 
2. Raymond Ier de Roquefeuil
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
20. Henri de Roquefeuil
 
 
 
 
 
 
 
10. Geoffroy de Roquefeuil
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
5. Adélaïde de Roquefeuil
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1. Raymond II de Roquefeuil
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
24. Guilhem V de Montpellier
 
 
 
 
 
 
 
12. Guilhem VI de Montpellier
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
25. Ermengarde
 
 
 
 
 
 
 
6. Guilhem VII de Montpellier
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
26. Boniface del Vasto
 
 
 
 
 
 
 
13. Sybille del Vasto
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
27. Agnès de Vermandois
 
 
 
 
 
 
 
3. Guillemette de Montpellier
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
28. Eudes Ier de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
14. Hugues II de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
29. Sybille de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
7. Mathilde de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
30. Gautier de Mayenne
 
 
 
 
 
 
 
15. Mathilde de Mayenne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
31. Aline de Beaugency
 
 
 
 
 
 

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Barrau 1853, p. 676.
  2. a b et c Marc Antoine François Gaujal, Études historiques sur le Rouergue. Tome 4, Paris, P. Dupont, 1858-1859 (lire en ligne), pp. 31-33.
  3. a b c et d (en) Elaine Graham-Leigh, The southern French nobility and the Albigensian Crusade, Boydell Press, (ISBN 978-1-84615-429-4 et 1-84615-429-4, OCLC 666925270, lire en ligne), p. 126-128.
  4. a b c d e f g h i j et k Barrau 1853, p. 677.
  5. Frédéric de Gournay, Le Rouergue au tournant de l'An Mil : de l'ordre carolingien à l'ordre féodal, IXe – XIIe siècle, Toulouse-Rodez, Université de Toulouse Le Mirail-Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, , 512 p. (ISBN 2-912025-16-8, lire en ligne), p. 71-399.
  6. Elie Mazel, Monographie sur Nant d'Aveyron et son ancienne abbaye, depuis son origine jusqu'à la Révolution française1913, Rodez, Carrère, (lire en ligne), p. 116-.
  7. Histoire générale de Languedoc, t. VIII, col. 695 ; corpus 69.(lire en ligne).
  8. Hélène Débax, « Chapitre II. Seigneurs, héritiers et vassaux : la construction des coseigneuries », dans Hélène Débax, La seigneurie collective : Pairs, pariers, paratge : les coseigneurs du XIe – XIIIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 464 p. (ISBN 978-2-7535-6868-6, lire en ligne), p. 79-136.
  9. a et b José-Maria Lacarra, Luis Gonzalez Anton, « Les testaments de la reine Marie de Montpellier », Annales du Midi, vol. 90, no 137,‎ , p. 105-120 (lire en ligne).
  10. a et b Histoire générale de Languedoc, 1879, t. VI, pp. 600-601, XI (lire en ligne).
  11. Guillaume de Tudèle et Anonyme, « CXLVI. », dans La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2, Librairie Renouard, (lire en ligne), p. 1–478.
  12. Faustin Poey d'Avant, Monnaies féodales françaises. t.II, vol. 3, Paris, C. Rollin, 1858-1862, p. 297 et 298.
  13. Mireille Castaing-Sicard, Monnaies féodales et circulation monétaire en Languedoc, Xe – XIIIe siècles, Toulouse, Association Marc Bloch de Toulouse, , 86 p., p. 44.
  14. « Daude de Pradas: Chan 1 », sur www.trobar.org (consulté le ).
  15. Schutz, Poésies de Daude de Pradas (lire en ligne).
  16. Camille Fabre, « Guida de Rodez, baronne de Posquières de Castries et de Montlaur, inspiratrice de la poésie provençale (1212-1266) », Annales du Midi, vol. 24, no 94,‎ , p. 153–184 (DOI 10.3406/anami.1912.7847, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hippolyte de Barrau, Documens historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue dans les temps anciens et modernes, N. Ratery, (lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]