Film contenant un film

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Un film contenant un film est un film de fiction dans lequel apparaissent d'autres films réels ou fictifs. Pour désigner le film intégré, notamment ceux qui sont inventés, on utilise souvent l'expression « film dans le film ».

Généralités[modifier | modifier le code]

Divers procédés permettent d'inclure un film dans un film. Que ce soit par l'inclusion d'extraits à l'intérieur du montage, par une scène de projection au cinéma ou de diffusion télévisuelle, ou par la mise en scène d'un tournage de film. Ces procédés peuvent servir à une contextualisation du récit, à une citation permettant de faire référence à un autre film, à une mise en abyme du scénario...

Il faut distinguer deux types de films inclus dans des films : les films réels et des films fictifs. Il n'est pas rare qu'un réalisateur choisisse de faire référence à d'autres films pour contextualiser une scène ou pour rendre hommage à un autre réalisateur. Les films fictifs eux aussi permettent parfois de contextualiser une scène, souvent par le biais d'un faux documentaire ou d'une fausse publicité. Ces films fictifs se présentent parfois comme des parodies permettant un discours amusé sur le cinéma.

Les films fictifs peuvent être aussi l'occasion d'interroger les notions de réalité et de fiction, ou ils peuvent être l'occasion d'avoir un discours sur le cinéma et constituent des méta-films où le cinéma se retrouve scruté par l'œil d'une caméra. Ainsi les scénarios basés sur le tournage de films fictifs ou réels sont l'occasion de proposer une critique de ses moyens de production. On retrouvera ainsi souvent une opposition entre les productions hollywoodiennes où l'argent finit par corrompre la pureté du cinéma opposés aux films indépendants d'auteurs, réalisés avec plus de sincérité.

Les films contenant des films offrent ainsi un langage cinématographique riche et souvent subtile, et proposent des possibilités scénaristiques originales. Les films se contenant eux-mêmes étant sans doute l'illustration la plus insolite.

Films contenant des films fictifs[modifier | modifier le code]

Films contenant des extraits de films fictifs[modifier | modifier le code]

Films mettant en scène le tournage de films fictifs[modifier | modifier le code]

Ces films proposent généralement la diffusion des rushes du film fictif ou des extraits inclus dans le montage du film.

Films contenant des films documentaires fictifs[modifier | modifier le code]

Films contenant des téléfilms ou séries télévisées fictifs[modifier | modifier le code]

  • Pleasantville (1998) contient une fausse série télévisée en noir et blanc (dont le titre donne son nom au film) dans laquelle les deux héros du film sont transportés.
  • The Truman Show (1998) de Peter Weir relate l'histoire d'un personnage, héros à son insu d'une émission de télé-réalité.
  • Mes amis (1999) de Michel Hazanavicius qui est centré autour d'une sitcom.
  • Toy Story 2 (2000) a pour fil conducteur une série télévisée de marionnettes, Western Woody, dans lequel Woody était le héros.
  • Les Poupées russes (2005) de Cédric Klapisch contient un extrait d'un téléfilm à succès dont Xavier, le personnage principal, est censé écrire la suite. Le film montre aussi par moments des extraits du téléfilm dont Xavier essaie d'écrire le scénario (notons toutefois qu'il ne s'agit que de séquences imaginées par Xavier donc a priori non tournées par les producteurs).
  • Kiss Kiss Bang Bang (2005) de Shane Black présente un extrait de Protocop, une série dont découlent des produits dérivés comme le jouet Protocop que le héros doit voler au début du film.
  • Brigsby Bear (2017) réalisé par Dave McCary, ou l'on peut voir plusieurs extraits de la série fictive Les Aventures de Brigsby Bear.
  • Tel Aviv on Fire (2018) où un Palestinien, stagiaire de loin sur le tournage d'une série arabe extrêmement populaire, se voit obligé, après s'en être fait passer pour le scénariste auprès du commandant d'un check-point israélien par lequel il passe quotidiennement pour aller travailler, d'amener, avec tact, la production à accepter les aménagements scénaristiques puis les changements au niveau du casting que ce commandant lui suggère.

Films citant des films réels[modifier | modifier le code]

Films compris dans le montage d'un autre film[modifier | modifier le code]

Films cités dans une projection cinéma[modifier | modifier le code]

Films cités dans une diffusion télévisée[modifier | modifier le code]

Films se contenant eux-mêmes[modifier | modifier le code]

Les films se contenant eux-mêmes sont des films dont le scénario propose la situation paradoxale d'évoquer des extraits antérieur de ce même scénario.

  • L'Homme à la caméra (1929) de Dziga Vertov montre à la fois la vie quotidienne à Odessa et le film en train d'être tourné, puis monté et enfin projeté dans une salle de cinéma.
  • Liliom (1934) de Fritz Lang. Liliom, qui vient de décéder, arrive dans une salle où lui est projeté, sur écran, un extrait antérieur du film. Ce flash-back est donc présenté au personnage dans une forme cinématographique (personnage dans la salle, écran, projection, ralentis)[11].
  • L'amour chante et danse (1942) les producteurs d'Hollywood souhaitent adapter l’histoire du film au cinéma, les décors sont d’ailleurs les mêmes.
  • Chantons sous la pluie (1952) est montré en affiche lui-même à la fin du film.
  • Le Voyou (1970) de Claude Lelouch montre Jean-Louis Trintignant essayant d'échapper à la police en entrant dans un cinéma qui passe Le Voyou[1].
  • What a Flash! (1972) de Jean-Michel Barjol.
  • Esclave de l'amour (1976) de Nikita Mikhalkov, la séquence initiale montrant une arrestation à la sortie d'une salle de cinéma est ensuite montrée à nouveau, en noir et blanc, lors d'une projection, par un personnage du film qui l'a tournée.
  • La Dernière Folie de Mel Brooks (1976) de Mel Brooks est un film muet, qui raconte les tribulations d'un cinéaste essayant de convaincre les studios de produire un film muet, en l'occurrence celui réalisé par Mel Brooks.
  • La Folle Histoire de l'espace (1987) de Mel Brooks dans lequel l'abominable Casque Noir regarde à un moment La Folle Histoire de l'espace, et tombe sur le moment qu'il est en train de vivre, créant ainsi une mise en abyme[1].
  • Epidemic (1987) de Lars von Trier 2 scénaristes écrivent le scénario du film Epidemic, et on voit ce film durant le film.
  • Vidéodrome (1989) de David Cronenberg met en scène le dirigeant d'une chaîne de télévision, Max Renn. Le film s'achève sur Max Renn observant son propre suicide dans une télévision, qui explose au moment de la mort du Renn fictif. Les dernières images montrent Renn reproduire les gestes et paroles diffusés peu auparavant.
  • The Player (1992) de Robert Altman commence par le lancement et le clap du plan séquence d'ouverture du film mettant dès le départ une notion de mise en abîme. La fin du film se termine par la proposition d'un scénario à Griffin Mill de The Player qui est exactement l'histoire qui vient de nous être racontée dans le film.
  • L'Antre de la folie (1994) de John Carpenter[1] dans lequel le personnage de Sam Neill se rend compte qu'il est un personnage du roman L'Antre de la folie de l'écrivain Sutter Cane. Il assiste à la projection de l'adaptation cinématographique de ce roman, c'est-à-dire au film que le spectateur est lui-même en train de regarder.
  • Funny Games (1997) ainsi que son remake américain (2007) de Michael Haneke dans lequel l'un des acteurs fait partie de la réalité, il s'adresse directement au spectateur. Dans le même film, un des acteurs dit avoir vu un film où l'un des acteurs est ancré dans la réalité. Il s'agit en réalité du même film, raconté dans ce propre film.
  • Les Clefs de bagnole de Laurent Baffie (2003), où l'acteur-réalisateur essaie la métafiction, se moquant ouvertement du synopsis du film et des astuces du cinéma.
  • Le Courage d'aimer (2005) de Claude Lelouch où Claude Lelouch est vu à la fois filmant une partie du film et à la projection de celui-ci. Il est aussi acteur car comme dans le cas précédent, il y a interaction entre le réalisateur et les acteurs de l'histoire "réelle" qu'il filme. Il pousse le procédé assez loin, car on voit aussi l'enregistrement d'une des musiques du film où chante l'une des actrices.
  • Modern Love (2008) conte plusieurs histoires d'amour croisées, dont l'une est à l'affiche sous le titre Modern Love.
  • Réalité (2014) de Quentin Dupieux se déroule notamment lors du tournage et de la projection test d'un film, dont certaines images sont celles du film Réalité.
  • Vive la crise (2017) de Jean-François Davy, dans lequel l'auteur de l'histoire, Luigi Pirandello (en référence à Luigi Pirandello, auteur de la pièce Six personnages en quête d'auteur, elle-même étant une mise en abyme), incarné par Venantino Venantini écrit le film et interagit ponctuellement avec les personnages, lesquels sont pleinement conscients de jouer leur propre rôle dans le film. Il s'agit en quelque sorte, d'une double mise en abime. Non seulement le film se contient lui-même, mais le film contient tout alentour, y compris l'auteur, la société de production et les personnages.

Films reconstituant le tournage de films réels[modifier | modifier le code]

Il s'agit dans ce cas de films qui ne se contentent pas de montrer des extraits de films réels, mais qui les « re-tournent », avec d'autres acteurs que ceux de l'œuvre originale. (Il ne s'agit en aucun cas de lister des exemples de making of). On trouve notamment ce cas de figure dans les films biographiques liés au cinéma : acteurs, réalisateurs, producteurs…

Films fictifs et programmes télévisuels fictifs dans une œuvre télévisuelle[modifier | modifier le code]

  • Tom et Jerry, dans l'épisode Tom fait du cinéma (Smarty Cat, 1955) Tom joue dans un film, Tom the Terrific Cat, où il humilie le chien Spike.
  • Les Simpson (1989-) met en scène de manière récurrente la série ultra-violente Itchy et Scratchy, parodie de Tom et Jerry et à l'occasion les films de Radioactive Man parodie des héros de comics.
  • Twin Peaks (1990-1991) les habitants de Twin Peaks suivent régulièrement à la télévision le soap opera Invitation to love.
  • Ren et Stimpy (1991-1996), dans lequel Stimpy adore regarder Muddy Mudskipper à la télévision. Dans l'épisode "Un beau dessin animé", Stimpy réalise le dessin animé "J'aime la rose" produit par son ami Ren afin de le présenter à son idole Wilbur Cobb.
  • Sliders : Les Mondes parallèles (1995-2000) : dans le dernier épisode de la série (un monde de fans), les glisseurs arrivent sur une Terre où ils sont accueillis comme des héros. Un médium est parvenu à suivre leurs aventures et en fait une série télévisée.
  • Daria (1997-2002) série animée de Susie Lewis Lynn : les héroïnes Daria et Jane regardent très régulièrement l'émission fictive Triste monde tragique (Sick sad world en anglais), une parodie poussée à l'extrême du sensationnalisme moderne et du voyeurisme dans ce qu'il a de pire.
  • South Park (1997-), dans lequel les 4 protagonistes principaux adorent regarder la série mettant en scène deux pétomanes à l'humour scatologique un peu douteux : Terrance et Philippe.
  • Futurama (1999-2003), série animée de Matt Groening, inclut régulièrement la parodie de telenovelas, Par tout mes circuits (All My Circuits), entièrement interprétée par des robots, dont son héros Calculon ainsi que la série Hypnotoad et son héros éponyme.
  • Le dernier épisode de la mini-série De la Terre à la Lune (1998), intitulé Le Voyage Dans La Lune, reconstitue le tournage de Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès.
  • Les Griffin (1999-) Dans le triple épisode L'Incroyable histoire de Stewie Griffin - Le Bébé maléfique se met à nu (2005), par Seth MacFarlane, les Griffin sont invités dans un festival de cinéma pour présenter leur film. Durant l'émission, une caméra cachée s'introduit dans la salle de cinéma et enregistre le film. C'est à ce moment que le film commence. Il y a aussi un entracte durant lequel on entend les personnages parler dans la salle, et, une fois le film réellement fini, l'émission de télévision qui projetait le film continue quelques minutes et filme la fête qui suit la projection.
  • X-Files : l'épisode 19 de la saison 7, Hollywood (2000), nous montre un faux film basé sur Mulder et Scully.
  • Stargate SG-1 dans l'épisode Wormhole X-Treme (2001) présente le tournage d'un film qui présente une version fictive de la série.
  • Lost : Les Disparus (2004) inclut des films d'entreprise fictifs pour le Projet Dharma et de multiples captations télévisuelles fictives montrant le groupe Drive Shaft ou encore Hugo lors de son gain au loto.
  • La Fin absolue du monde (Cigarette Burns) (2005) de John Carpenter est au sujet d'un film expérimental et maudit appelé en version originale La Fin absolue du monde.
  • Dix pour cent (depuis 2015) : Cette série décrit le quotidien d'une agence artistique d'acteurs de cinéma et est l'occasion de montrer différents tournages de films fictifs où les acteurs jouent leur propre rôles.
  • Buzz l'Éclair (2022) : L'intertitre initial explique qu'il s'agit d'un film sorti en l'année 1995 de l'univers Pixar.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah ai aj ak al am an ao ap aq ar as at au av aw ax ay az ba bb bc bd be bf bg bh bi bj bk bl bm bn bo bp bq br et bs 100 citations de films au cinéma, dans Blow up sur Arte (, 26 minutes minutes) Consulté le .
  2. Eli Roth’s PRIDE OF THE NATION poster…, 26 janvier 2009
  3. Test blu-ray Inglourious Basterds, HDnumerique.com, 20 janvier 2010
  4. « Les 400 coups et autres aventures d'Antoine Doinel », Krinein magazine
  5. « Barbara ou ma plus belle histoire d'amour », sur Philharmonie de Paris (consulté le )
  6. « Barbara 1978 », sur francois.faurant.free.fr (consulté le )
  7. Philippe Pillard, Autour de Peter Sellers, livret dans le DVD Trois comédies so british ! éd. Tamasa
  8. Martin Scorsese et Michael Henry Wilson, Voyage de Martin Scorsese à travers le cinéma américain, éd. Cahiers du Cinéma, 1997, p. 132
  9. Sylvie Robic, « La princesse de Clèves, héroïne Nouvelle vague : à propos de La Belle Personne de Christophe Honoré », in Christophe Martin (dir.), « Raconter d'autres partages », Mélange offert à Nicole Jacques-Lefèvre, ENS éditions, collection Signes, Lyon, 2017.
  10. Jean-Luc Wachthausen, « Cinéma : « Les Feuilles mortes », la belle romance d’Aki Kaurismäki », sur Le Point, (consulté le )
  11. Catherine Gheselle, « Liliom de Fritz Lang », sur cgheselle.over-blog.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Nicolas Schmidt, « Les usages du procédé de film dans le film », CinémAction, no 124,‎ , p. 102 (lire en ligne, consulté le )
  • Nicolas Schmidt, « La Nouvelle Vague et l’utopie du film dans le film », CinémAction, no 115,‎ , p. 202 (lire en ligne, consulté le )
  • Dominique Blüher, Le Cinéma dans le cinéma : Film(s) dans le film et mise en abyme, Paris, (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]