Rafael Eitan (homme politique)

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Rafael Eitan
Illustration.
Rafael Eitan en 2006.
Fonctions
Parlementaire à la Knesset

(2 ans, 10 mois et 7 jours)
Élection 28 mars 2006
Législature 17e
Ministre des Retraités

(2 ans, 10 mois et 27 jours)
Premier ministre Ehud Olmert
Gouvernement Olmert
Successeur Benyamin Netanyahou
Biographie
Nom de naissance Rafael Eitan
Date de naissance
Lieu de naissance Eïn-Harod (Palestine mandataire)
Date de décès (à 92 ans)
Lieu de décès Tel Aviv (Israël)
Nationalité Israélienne
Parti politique Gil
Religion Judaïsme

Rafael Eitan (en hébreu : רפי איתן), dit Rafi Eitan, né le à Eïn-Harod (Palestine mandataire) et mort le [1] à Tel Aviv (Israël)[2], est le leader du parti politique Gil (parti des retraités en Israël, qui a fait un résultat inattendu aux élections législatives israéliennes de 2006).

Il est ministre des Retraités entre le et le .

Agent au sein du Mossad, son fait de gloire est d'avoir en 1960 dirigé la mission qui captura à Buenos Aires le nazi Adolf Eichmann afin de l'amener en Israël, en vue de son procès.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Rafael Eitan est né le dans le kibboutz d'Eïn-Harod en Palestine alors sous mandat britannique. Ses parents étaient des pionniers sionistes venus de Russie en 1923. Son père Noach Hantman était un poète et sa mère Miriam Lutzansky était femme au foyer. Ils eurent trois enfants, Rafi, Oded et Rina, et vivaient à Ramat Ha-Sharon, qui n'était alors qu'une petite colonie de 100 familles. Rafael Eitan finit son lycée en 1940 et étudia à la London School of Economics.

Services secrets[modifier | modifier le code]

Durant la guerre israélo-arabe de 1948, Rafael Eitan faisait partie des services de renseignements militaires de Tsahal. Il intégra le Mossad après sa création en 1951 et atteint le poste de sous-directeur des opérations. C'est à ce poste qu'il mène la chasse d'anciens nazis. Il repère dans la capitale de l'Argentine, les criminels de guerre Adolf Eichmann et Josef Mengele. Priorité est donnée alors pour le rapt d'Adolf Eichmann. Rafael Eitan forma alors une équipe et se rendit en Argentine où il captura Adolf Eichmann alors qu'il rentrait de son travail le rue Garibaldi à Buenos Aires ; Eichmann fut emprisonné dans un appartement de la capitale argentine puis amené à Tel-Aviv sur un vol d'El Al vêtu d'un uniforme de la compagnie nationale, au grand dam des autorités argentines. Quelques semaines après cette spectaculaire opération, Josef Mengele quitte Buenos Aires et part se réfugier au Paraguay. Préoccupé par un risque croissant du guerre avec les pays arabes, le Mossad renonce[1] alors à la capture de Mengele.

Chasseur de nazis, Rafael Eitan n’hésita pas cependant dans le cadre de l’opération Damoclès à travailler avec un ancien nazi célèbre, Otto Skorzeny, lequel exécuta sur ses ordres[3] le savant allemand Heinz Krug, qui travaillait en Égypte à concevoir des fusées ayant comme charge des déchets radioactifs que le président égyptien Nasser destinait à être tirées vers Israël .

Rafael Eitan a également joué un rôle dans l'affaire Ben Barka, disparition mystérieuse en 1965 à Paris, du célèbre opposant au roi marocain Hassan II. Selon son témoignage[1], il aurait suggéré au général Dlimi, le chef des services de sécurité marocains qui lui questionnait sur la façon de se débarrasser du corps, de dissoudre le cadavre dans la soude caustique. Une technique utilisée à l'époque pour éliminer les charognes de chevaux dans les kibboutz.

Rafael Eitan rejoignit dans les années 1970 le Shabak dont il était responsable des opérations. Rafael Eitan fut aussi impliqué en 1981 dans la préparation de l'opération Opéra : la destruction du réacteur nucléaire Osirak en Irak.

Sa carrière d'espion prend fin en 1985, à la suite du scandale de l'affaire Jonathan Pollard. Rafi Eitan était en effet l'agent traitant de ce juif américain, employé comme conseiller de la marine américaine, devenu un espion à la solde de l’État hébreu. Mais les Américains démasquent le traître et le condamnent à 30 ans d'emprisonnement. Le scandale provoque une crise diplomatique entre les États-Unis et Israël. Rafi Eitan avait été accusé[1] d'avoir ordonné à l'ambassade d'Israël à Washington de refuser de donner l'asile à Pollard lorsque celui-ci avait tenté de s'y réfugier, l'abandonnant ainsi sciemment aux Américains.

Activités civiles[modifier | modifier le code]

Rafael Eitan continua son travail dans les services secrets jusqu'en 1972 où il quitta ses fonctions pour le secteur privé. Il s'occupa alors de sociétés liées à l'agriculture. Mais en 1978, le gouvernement de Menahem Begin, alors Premier ministre d'Israël, le rappela pour être son conseiller dans l'anti-terrorisme, car Rafael Eitan était reconnu comme l'un des meilleurs spécialistes du sujet. En 1981, il fut nommé à la tête d'un département dépendant du ministère de la Défense (le Lakam, le renseignement scientifique israélien) où il continua à travailler sur le terrorisme, mais en 1984 son bureau fut éclaboussé par l'affaire Jonathan Pollard et dissout. Rafael Eitan reçut le poste de gérant de la société publique israélienne de chimie qu'il quitta en 1993 à l'âge de 67 ans.

Politique[modifier | modifier le code]

Rafael Eitan fut appelé pour mener le parti Gil des retraités aux élections législatives israéliennes de 2006. Le parti remporta 7 sièges alors que les sondages ne lui en promettaient pas plus de 2 ou 3. Lors de la réunion du du groupe AfD au Parlement allemand, Rafi Eitan apporte son soutien à l'AfD et appelle l'Europe à arrêter « l'immigration musulmane de masse vers l'Europe »[4].

Source d'inspiration[modifier | modifier le code]

Le romancier John le Carré s'est servi du maître-espion Rafael Eitan comme modèle et source d'inspiration pour créer le personnage de Martin Kurz[5] dans son roman La Petite Fille au tambour (1983), récit qui narre la traque et les représailles par un espion du Mossad d’un Palestinien, auteur d’attentats contre des cibles juives en Allemagne.

Il est par ailleurs la source d'inspiration du personnage de Yossi, directeur de l'unité 238, dans le film d'Éric Rochant, Les Patriotes (1994), qui traite tout à la fois des prémices à l'opération Opéra puis de l'utilisation de Jonathan Pollard par les services israéliens.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Thierry Oberlé, « Israël salue la mort de l'espion qui avait capturé le nazi Adolf Eichman », sur lefigaro.fr, Le Figaro,
  2. (en) Ofer Aderet, « Rafi Eitan, Spymaster Who Led Eichmann's Capture and Ran Pollard, Dies at 92 », sur Haaretz, (consulté le )
  3. (en) « The Strange Case of a Nazi Who Became an Israeli Hitman », in Haaretz du 27 mars 2016
  4. (de) « Israelische Geheimdienstlegende Rafi Eitan unterstützt AfD - Alternative für Deutschland », sur www.afd.de (consulté le )
  5. « Israël : Lakam ou le fonctionnement du Mossad II. L'histoire d'Arnon Milchan jusqu'à Hollywood. », sur AlianceFR.com (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]