Race locale

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Dans le domaine agroenvironnemental et agronomique, une race locale est une espèce animale ou végétale domestiquée (ou abeilles domestiques chez les insectes[1]) propre à une région, généralement bien adaptée au contexte édaphique régional. Des classements en AOC sont possibles[2].

Les races locales tendent à régresser ou à disparaitre depuis plus d'un siècle au profit de quelques espèces issues des sélections faites pour l'élevage industriel, ce qui encourage à la mise en place de système de gestion[3] des populations relictuelles afin qu'elles ne disparaissent pas.

La conservation se fait idéalement par l'élevage et au sein d'un cadre collectif[4],[5] et parfois par la cryoconservation[6] et des banques de gènes[7].

Ces espèces ont coévolué avec leurs pathogènes et sont théoriquement souvent plus rustiques, mais parfois en populations génétiquement très appauvries, quand elles sont au bord de la disparition. Elles font parfois l'objet de suivis de pathogènes d'intérêt[8].

En France[modifier | modifier le code]

Le Code rural français[9] la définit comme : « une race majoritairement liée par ses origines, son lieu et son mode d’élevage, à un territoire donné ».

Pour 179 races locales recensées en France au sein des 10 principales espèces domestiquées (Bœuf, mouton, chèvre, porc, cheval, âne, poule, dinde, oie, canard commun), « 80% sont considérées comme menacées d’abandon pour l’agriculture ». Chez le porc, les équidés les volailles autres que la poule, toutes les races locales survivantes sont encore considérées comme menacées. C'est chez le mouton que la part des races locales menacées est la plus faible (50%, ce qui ne révèle pas une situation économique meilleure chez les éleveurs d'ovins mais que « l’élevage ovin est très majoritairement le fait de races locales et que, parmi celles-ci, un certain nombre se maintiennent avec des effectifs élevés ».

Il fait partie des missions régaliennes de l'État français, conformément au droit national et à certaines conventions internationales de veiller à la préservation de ce patrimoine génétique (on parle de ressources zoogénétiques pour les animaux et phytogénétiques pour les plantes)[10].

La FAO différencie des races « autochtones », et des races « localement adaptées » (« originaires d’un autre pays mais implantées depuis suffisamment longtemps et gérées de façon suffisamment indépendante pour que l’on puisse les considérer comme une ressource nationale »[10].

L'INRA a mis à jour en 2014 une Liste des races locales, incluant une « Liste des races menacées d’abandon pour l’agriculture »[10] et une « Liste des races pour lesquelles le recours au croisement de sauvegarde est autorisé »[10].

Menaces d'abandon ?[modifier | modifier le code]

Cette notion est en France aujourd'hui définie par 6 indicateurs :

  • 2 indicateurs de dynamique des populations (« effectifs de femelles reproductrices ; évolution récente de ces effectifs »),
  • 2 indicateurs génétiques (« proportion de femelles ne se reproduisant pas en race pure ; taille efficace de la population »)
  • 2 indicateurs socio-économique (« organisation, gestion, appui technique ; contexte socio-économique ») ;

sur la base de seuils par espèce, définis selon les effectifs de femelles reproductrices.

Protection et gestion du patrimoine génétique et des cheptels ou populations relictuelles[modifier | modifier le code]

La Convention sur la diversité biologique de Rio, la FAO, l'OIE l'ONU, des ONG et certaines instances scientifiques internationales (IUBS, UICN…) encouragent une gestion coordonnée, mais n'ont pu à ce jour que freiner disparition accélérée de nombreuses espèces domestiquées et notamment des races locales[10].

Cette protection vise aussi à conserver un patrimoine génétique présentant des caractères potentiellement intéressant pour l'élevage, pour le porc par exemple[11], avec des choix toutefois souvent faits sur des indicateurs de performance[12] ou des objectifs d'amélioration de races d'intérêt commercial (vaches laitières par exemple[13],[14]).

Croisement de sauvegarde[modifier | modifier le code]

Il est autorisé en France pour les races en phase d'abondon ou menacées de disparition. L'éleveur peut alors faire se reproduire des animaux « hors des règles admises pour ‘produire dans la race’ par le Livre généalogique » (principe du croisement d’absorption)[15],[16],[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Berkani, M. L., Ghalem, Z., & Benyoucef, M. T. (2005). Contribution à l'étude de l'homogénéité de la race locale «Apis mellifera intermissa» dans les différentes régions du nord de l'Algérie. In Annales de l'Institut national agronomique El Harrach (Vol. 26, No. 1-2, pp. 15-31). Institut national agronomique.
  2. Lambert-Derkimba, A. (2007). Inscription des races locales dans les conditions de production des produits animaux sous AOC: enjeux et conséquences pour la gestion collective des races mobilisées (Doctoral dissertation, AgroParisTech).
  3. Casabianca, F., & Vallerand, F. (1994). Gérer les races locales d'animaux domestiques : une dialectique entre ressources génétiques et développement régional. Genetics Selection Evolution, 26(Supplement), 343s-357s.
  4. Casabianca, F., Poggioli, A., Rossi, J. D., & Maestrini, O. (2000). L’amorce d’une gestion collective de la race porcine corse. Construire un standard et élaborer les contrôles des reproducteurs. Options méditerranéennes, 23-34.
  5. Boisseau, E. (2007). Diversité des pratiques de gestion des ressources génétiques par les éleveurs ovins laitiers: vers une amélioration de la gestion collective des races locales en Pyrénées-Atlantiques. Mémoire de fin d'études d'ingénieur ENITA Clermont-Ferrand, 1-115.
  6. LABROUE, F., Luquet, M., Guillouet, P., Bussière, J. F., Glodek, P., Wemheuer, W., ... & Ollivier, L. (2000). La cryoconservation des races porcines menacées de disparition La situation en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne. Journées Rech. Porcine, 419-427.
  7. Mérat, P. (1990). Utilisation des genes majeurs et des races locales. Suggestions pour l'aviculture des pays de la Mediterranee. Options Mediterraneennes. Serie A: Seminaires Mediterraneens (CIHEAM). no. 7.
  8. Bronner, A., Marcé, C., Fradin, N., Darrouy-Pau, C., & Garin-Bastuji, B. (2011). Bilan de la surveillance de la brucellose porcine en France en 2010: détection de foyers chez des porcs de race locale. Bull. Epidémiol. Santé Anim. Alim, 46, 39-40.
  9. article D-653-9 du Code rural
  10. a b c d et e Liste des races locales en France, dont races menacées d’abandon pour l’agriculture et races pour lesquelles le recours au croisement de sauvegarde est autorisé., INRA novembre 2014 (sur le site de la FAO)
  11. Labroue, F., Goumy, S., Gruand, J., Mourot, J., Neelz, V., & Legault, C. (2000). Comparaison au Large White de quatre races locales porcines françaises pour les performances de croissance, de carcasse et de qualité de la viande. Journées Rech. Porcine en France, 32, 403-411.
  12. Labroue, F., Guillouet, P., Marsac, H., Boisseau, C., Luquet, M., Arrayet, J., ... & Terqui, M. (2000). Étude des performances de reproduction de 5 races locales porcines françaises. Journ. Rech. Porcine Fr, 32, 413-418.
  13. Tamboura, T., Bibe, B., Babile, R., & Petit, J. P. (1982). Résultats expérimentaux sur le croisement entre races locales et races laitières améliorées au Mali. Revue d'élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux, 35(4) (résumé).
  14. Legault, C., Audiot, A., Daridan, D., Gruand, J., Lagant, H., Luquet, M., ... & Simon, M. N. (1996). Recherche de rèfèrences sur les possibilitès de valoriser les porcs Gascon et Limousin par des produits de qualité 1. Engraissement, carcasses, coûts de production. Journées Rech. Porcine en France, 28, 115-122.
  15. Voir p 2/15 du rapport Liste des races locales en France, dont races menacées d’abandon pour l’agriculture et races pour lesquelles le recours au croisement de sauvegarde est autorisé., INRA novembre 2014
  16. Ben Dhia, M., & Antic, A. (1971). Résultats préliminaires de croisement d’absorption des bovins de race locale. Séminaire sur l’élevage et la production de viande bovine. Tunisa.
  17. Gaddour, A., Ouni, M., Abdennebi, M., Najari, S., & Khorchani, T. (2006). Amélioration des performances caprines dans les oasis par le croisement d'absorption de la chèvre locale. Revue des Régions Arides, 18, 5-16.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Philippe Keith, Jean Allardi, et Bernard Moutou, Livre rouge des espèces menacées de poissons d'eau douce de France et bilan des introductions, Collection Patrimoines Naturels 10, Muséum National d'Histoire Naturelle, 1992 (ISBN 2-8651-5078-X), 111 pages
  • Alexandre, G., & Angeon, V. (2009). Schémas de pensées et projets collectifs autour des races locales: Le cas du cabri Créole aux Antilles. Ethnozootechnie, (87), 143-154.
  • Baker, R. L. (1997). Résistance génétique des petits ruminants aux helminthes en Afrique.
  • Labroue, F., & Luquet, M. (1999). Les races locales porcines françaises. TECHNIPORC, 22, 17-19.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]