Internet Relay Chat

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Internet Relay Chat
Logiciel
Konversation connecté au canal IRC francophone de Kubuntu
Informations
Fonction Messagerie instantanée
Sigle IRC
Date de création
Auteur(s) / Autrice(s) Jarkko Oikarinen
Port 194, 6665–6669 , 6697
RFC RFC 1459[1]
RFC 2810[2] à RFC 2813[3]

Internet Relay Chat (IRC ; en français : « discussion relayée par Internet ») est un protocole de communication textuel sur Internet. Il sert à la communication instantanée principalement sous la forme de discussions en groupe par l’intermédiaire de canaux de discussion, mais il peut aussi être utilisé pour de la communication entre deux personnes seulement. Il peut par ailleurs être utilisé pour faire du transfert de fichier.

Histoire[modifier | modifier le code]

Conçu fin , l’IRC a été décrit initialement dans la RFC 1459[1] par Jarkko Oikarinen (surnommé « WiZ ») et Darren Reed, puis révisé dans les RFC 2810[2] à RFC 2813[3]. L’IRC fut créé pour remplacer un programme appelé MUT (MultiUser talk)[4] sur un BBS finlandais (OuluBox). Oikarinen s’est inspiré du Bitnet Relay Chat du réseau Bitnet.

À la fin des années 1990, l'utilisation d’IRC diminue avec l’arrivée des messageries instantanées propriétaires grands publics comme ICQ, puis MSN Messenger. En 2009, IRC reste néanmoins utilisé dans certains milieux désirant se passer d'un programme client propriétaire, et appréciant son interopérabilité et son organisation sous forme de canaux propices à la communication en groupe. La plupart des logiciels de messagerie instantanée implémentent alors encore le protocole IRC (Miranda IM, Pidgin, Trillian par exemple).

En , les cent plus grands réseaux IRC peuvent fournir du service à plus de 500 000 utilisateurs simultanément, avec plusieurs centaines de milliers de canaux (la plupart étant toutefois inactifs), par l’intermédiaire d’environ 1 500 serveurs dans le monde[5].

Aspects techniques[modifier | modifier le code]

Le protocole de communication décrit un réseau informatique formé de plusieurs serveurs connectés sans boucle dans lequel les clients communiquent généralement par le biais du serveur (qui relayera éventuellement le message au reste du réseau). Il est également possible de connecter deux clients directement pour une conversation privée ou un transfert de fichier, c’est le DCC.

IRC est un protocole utilisant TCP et de façon optionnelle TLS. Un serveur IRC peut se connecter à d’autres serveurs IRC. Un réseau IRC est un ensemble de serveurs IRC connectés l’un à l’autre relayant si nécessaire les messages, formant ainsi une architecture répartie. L’utilisateur utilise un logiciel client IRC afin de se connecter à un des serveurs du réseau, le choix du serveur étant indifférent.

Le protocole étant ouvert et décrit par un RFC, le nombre de logiciels clients existant est important pour tous les systèmes d’exploitation et leur interopérabilité garantie par la RFC.

IRC était à sa création un protocole texte[6], étendu plus tard à de l’échange de contenu binaire[réf. nécessaire], pour lequel IANA[7] a attribué le port TCP/194[8]. Cependant, l’utilisation a été étendue aux ports 6665-6669[8] cela afin de pouvoir être utilisé en tant que port supérieur à 1 024 par des utilisateurs n’ayant pas les privilèges super-utilisateurs (root) et par conséquent avoir des process IRCd lancés plus facilement.

Le protocole n’a défini que des caractères de taille définie sur 8 bits, limitant les différents encodages possibles ainsi que le nombre de caractères[9]. Ceci pose toujours des problèmes en fonction des clients utilisés et de leur langue par défaut, en raison de l’incompatibilité parfois générée entre clients.

La plupart des serveurs IRC ne nécessitent pas l’enregistrement par l’intermédiaire d’un compte, l'utilisateur pouvant alors choisir son nickname (surnom) librement tant qu'il est disponible.

En plus de la discussion en groupe, une fonctionnalité disponible pour IRC est le transfert de fichier par l’intermédiaire de la fonction DCC[10]. Ceci étant, en plus de la fonction /dcc send, le DCC s'utilisait pour un tchat /dcc chat entre 2 utilisateurs, ce qui évitait de subir un délai.

Un serveur IRC est normalement géré par un ou plusieurs IrcOps, contraction d’origine anglophone de IRC Operator ou opérateur d’IRC. Les ops étaient nommés par les administrateurs du canal, par exemple par cooptation, de manière éphémère ou constante (enregistrée).

Les canaux[modifier | modifier le code]

L’élément de base pour communiquer sur un réseau est le canal (channel dans la spécification). Un canal est défini par une liste d’utilisateurs connectés sur celui-ci.

Pour entrer dans un canal ou pour créer un canal s’il n’existe pas, l’utilisateur utilise la commande join.

Les canaux peuvent être vus de tout le réseau, leur nom est alors préfixé par le caractère croisillon « # » ; ils peuvent aussi être des canaux locaux, portés par un serveur uniquement, leur nom est dans ce cas préfixé par le caractère esperluette « & ».

Les modes[modifier | modifier le code]

Les modes sont des options positionnées sur des canaux ou des utilisateurs, et qui affectent leur mode de fonctionnement, leurs privilèges et leurs interactions avec les autres entités de l’IRC.

Modes standards (RFC 1459)[modifier | modifier le code]

Mode d'utilisateur
Lettre Symbole Description
i Invisible : en dehors de la participation commune à un canal, l'utilisateur n'est pas visible par les autres.
s Reçoit toutes les notifications du serveur.
w Reçoit tous les messages envoyés par la commande « wallop ».
o L'utilisateur est un opérateur IRC (à ne pas confondre avec le mode de canal « o »).
Mode de canal
(Les symboles des modérateurs de canal peuvent varier d'un serveur à l'autre suivant la configuration de celui-ci, mais les options restent identiques.)
Lettre Symbole Paramètre(s) Description
o @ nom de l'utilisateur concerné Opérateur de canal : peut changer les modes du canal et expulser les autres utilisateurs.
a & / @ nom de l'utilisateur concerné ChanMaster : peut changer les modes du canal poser des ban permanents et expulser les utilisateurs.
q ~ / @ nom de l'utilisateur concerné Owner : propriétaire d'un canal à un accès complet sur le canal.
h % nom de l'utilisateur concerné Halfop : a un accès limité aux commandes, voice et devoice les utilisateurs, expulser et bannir des utilisateurs sur une courte durée.
v + nom de l'utilisateur concerné Verbose ou Voiced : autorise l'utilisateur à parler sur un canal modéré (mode « +m »).
s Canal secret ; le canal est totalement invisible.
p Canal privé; le nom du canal est invisible.
n Les messages externes ne sont pas autorisés.
m Canal modéré, seuls les utilisateurs en mode « +v » et les opérateurs peuvent envoyer un message.
i Canal accessible uniquement sur invitation (commande « /invite »).
t Sujet du canal uniquement modifiable par les opérateurs du canal.
l limite Fixe la limite du nombre d'utilisateurs sur le canal à « limite ».
b utilisateur Bannit l'utilisateur « utilisateur ».
k clef Seuls les utilisateurs connaissant la clé « clef » pourront se connecter au canal.

De nombreux développeurs ont ajouté de nouveaux modes, ou ont modifié les modes déjà existants sur leurs serveurs[11],[12],[13],[14].

Les principales commandes IRC et leur définition[modifier | modifier le code]

Une commande IRC est toujours définie par le caractère « / » placée en début de ligne. Cette commande peut être une commande définie par la RFC ou une commande liée au client, ou encore au serveur. Si une ligne ne débute pas par « / », elle est envoyée comme message au canal actif.

Par exemple, pour rejoindre un canal, un utilisateur doit effectuer /join #canal.

Robots IRC[modifier | modifier le code]

Les robots IRC ou bots IRC sont des programmes exécutés depuis des serveurs ou des ordinateurs permettant de faire des actions automatiquement sur un canal IRC.

Les réseaux[modifier | modifier le code]

Il existe différents réseaux, composés chacun de plusieurs serveurs.

Les big four [modifier | modifier le code]

Les réseaux IRC historiquement les plus importants sont les suivants :

Les nouveaux grands réseaux[modifier | modifier le code]

  • Freenode est créé en 1995 et devient en 2013 le plus grand réseau avec 100 000 utilisateurs[15] en hébergeant les canaux de projets open source ou de la culture libre notamment, dont ceux de la Wikimedia Foundation ou d'Ubuntu. En 2021 Freenode fait l'objet d'une « prise de contrôle hostile », ce qui entraîne la démission d'une majeure partie de l'équipe et provoque la création de Libera Chat.
  • QuakeNet est créé en 1997 et devient le plus grand réseau IRC vers le milieu des années 2000 avec 200 000 utilisateurs, il est particulièrement lié à l’univers du jeu vidéo.
  • OFTC est créé en 2001 et devient un réseau important, également autour du logiciel libre.
  • Rizon est créé en 2002 et devient un réseau important notamment pour les communautés de fansub.
  • Libera Chat est créé en 2021 par des anciens membres de l'équipe de Freenode et devient le nouveau réseau de référence pour les projets open source et la culture libre, on y retrouve entre autres les canaux de la Wikimedia Foundation, de la FSF et de nombreuses distributions GNU/Linux. Il devient la même année le réseau le plus utilisé.

Les réseaux francophones[modifier | modifier le code]

EpiKnet[modifier | modifier le code]

EpiKnet est le principal réseau francophone généraliste.

Le réseau a servi à l'élaboration d'un corpus du français utilisé sur IRC[16],[17] ainsi que d'une analyse sur les marques modales comme les interjections ou les émoticônes, à l'aune de la sémiotique et de la pragmatique[18].

Note[modifier | modifier le code]

L’anglicisme chat est souvent utilisé pour décrire les discussions se déroulant sur l’IRC. En français, certains utilisent « bavardage », tchatche, tchat ou « clavardage » (principalement au Québec). Au Québec, au début du phénomène de conversation instantanée, la graphie « ch@t » était parfois utilisée dans les médias.[réf. souhaitée]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Jarkko Oikarinen et Darren Reed, « Internet Relay Chat Protocol », Request for comments no 1459,
  2. a et b (en) Christophe Kalt, « Internet Relay Chat: Architecture », Request for comments no 2810,
  3. a et b (en) Christophe Kalt, « Internet Relay Chat: Server Protocol », Request for comments no 2813,
  4. « What is MUT? », sur Computerhope.com (consulté le ).
  5. (en) « Les 100 plus grands réseaux IRC » (consulté le ).
  6. (en) Documentation RFC Internet Relay Chat Protocol.
  7. (en) Site officiel de l’The Internet Assigned Numbers Authority.
  8. a et b (en) Liste des assignations usuelles des ports TCP et UDP, sur le site de l’The Internet Assigned Numbers Authority.
  9. (en) Documentation RFC Internet Relay Chat Protocol - The IRC Specification.
  10. (en) Documentation RFC A description of the DCC protocol.
  11. (en) Simon Butcher, « IRC User Modes List », sur alien.net.au, (consulté le )
  12. (en) Simon Butcher, « IRC Channel Modes List », alien.net.au, (consulté le )
  13. (en) Simon Butcher, « IRC Server Modes List », sur alien.net.au, (consulté le )
  14. (en) Tommy Olsen, « IRCd Modes », sur webtoman.com (consulté le )
  15. Andreas Gelhausen, « freenode », sur irc.netsplit.de (consulté le )
  16. Falaise Achille, « Constitution d'un corpus de français tchaté », RECITAL,‎ (lire en ligne).
  17. Premier pas vers une TA interactive pour le tchat
  18. Pierre Halté, Les marques modales dans les chats : étude sémiotique et pragmatique des interjections et des émoticônes dans un corpus de conversations synchrones en ligne, 2013. lire en ligne

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]