Élection présidentielle française de septembre 1920

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Élection présidentielle française de septembre 1920
(réunion plénière)
(scrutin final)
Corps électoral et résultats
Inscrits 928
Votants 892
96,12 % en augmentation 0,4
Blancs et nuls 106
Alexandre Millerand – Indépendant
Voix 695
88,42 %
Gustave Delory – SFIO
Voix 69
8,78 %
Répartition des votes au scrutin final
Diagramme
  • Delory : 69
  • Doumergue : 22
  • Millerand : 695
Président de la République
Sortant Élu
Paul Deschanel
PRDS
Alexandre Millerand
Indépendant

L'élection présidentielle française de septembre 1920 s'est déroulée le 23 septembre 1920 à la suite de la démission du président Paul Deschanel et s'est soldée par l'élection du président du Conseil Alexandre Millerand.

Contexte[modifier | modifier le code]

Élu le 17 janvier 1920, le président Paul Deschanel souffre d'une maladie nerveuse qui l'empêche d'exercer ses fonctions. Le 17 septembre, il charge le président du Conseil, Alexandre Millerand, d'annoncer sa démission au Conseil des ministres, qui décide alors de convoquer les deux chambres du Parlement en Assemblée nationale[1].

Candidatures[modifier | modifier le code]

Parti républicain démocratique et social (PRDS)[modifier | modifier le code]

La candidature d'Alexandre Millerand s'impose naturellement à la majorité issue des élections législatives de 1919, remportée par la coalition du Bloc national, qui va de la droite aux radicaux dissidents. Ancien socialiste indépendant, Millerand en fait figure de chef après le retrait de la vie politique de Georges Clemenceau, défait par Paul Deschanel lors de la réunion préparatoire en vue de l’élection présidentielle de janvier 1920.

Mais Millerand refuse dans un premier temps de se présenter et apporte son soutien au sénateur Charles Jonnart. Après le refus de ce dernier, il l'apporte au président de la Chambre des députés, Raoul Péret[1]. Mais tous deux déclinent l’offre et encouragent la candidature du président du Conseil[2]. Pressé par les groupes centristes et de droite, le chef du gouvernement accepte finalement de se présenter au soir du 20 septembre[3].

Radicaux de gauche[modifier | modifier le code]

Soutenu par les radicaux mais n’ayant pas les faveurs de Millerand, le président du Sénat, Léon Bourgeois, renonce une nouvelle fois à la présidence[4].

Les déclarations de Millerand en faveur d'une révision constitutionnelle élargissant les pouvoirs du chef de l'État (notamment lors de la négociation des traités) inquiètent des parlementaires[5]. Ainsi, si sa candidature reçoit l’appui unanime de l’ERD et de l’ARS, plusieurs groupes émettent des réserves, voire des critiques, particulièrement les sénateurs radicaux — qui siègent au sein de la Gauche démocratique, présidée par Gaston Doumergue — et maintiennent la tenue de la traditionnelle réunion préparatoire des groupes républicains[4]. Millerand tente de rassurer le Parlement en faisant savoir qu’une éventuelle révision constitutionnelle ne pourra intervenir qu’une fois le redressement de l’économie française achevé[4].

Outre Doumergue, d'autres candidats sont cités mais tous renoncent dont Jules Pams, Anatole de Monzie et Aristide Briand.

Socialistes[modifier | modifier le code]

Ayant manifesté leur opposition à Millerand en portant leurs suffrages sur les deux autres noms, les socialistes décident de présenter contre celui-ci la candidature du député du Nord Gustave Delory[6]. Mais ils ne sont que 68 à la Chambre des députés[5].

Scrutin préparatoire[modifier | modifier le code]

Réunion préparatoire du 22 septembre : Steeg, ministre de l'Intérieur, dépose son bulletin dans l'urne.

La réunion plénière visant à désigner le candidat unique des républicains est organisée le au palais du Luxembourg. Des bulletins de vote sont préparés au nom d'Alexandre Millerand, Léon Bourgeois et Raoul Péret. Ces derniers déclinent néanmoins à nouveau toute candidature : Bourgeois prétexte l’incompatibilité de la présidence de la République avec celle de l'assemblée générale de la Société des Nations tandis que Péret refuse de façon moins nette[7].

Millerand sort vainqueur avec 528 suffrages[8],[9]. Des noms circulent, notamment celui du radical Gaston Doumergue ainsi que le président du Sénat, Léon Bourgeois, et le président de la Chambre, Raoul Péret.

Résultats[10]
Candidat Partis Premier tour
Voix %
Alexandre Millerand IND 528 65,67
Raoul Péret GRD 156 19,40
Léon Bourgeois RRRS 113 14,05
Autres candidats 6 0,75
Votes valides 804 99,01
Votes blancs et nuls 8 0,99
Total 812 100

Assemblée nationale[modifier | modifier le code]

Alexandre Millerand arrivant à Versailles.

Dans ces conditions, Alexandre Millerand est élu dès le premier tour de scrutin, à Versailles. Une centaine de parlementaires, principalement issue des rangs radicaux, vote blanc ou nul[11] tandis que 22 voix se portent sur divers noms du camp radical dont Doumergue[12] (Charles Jonnart, Jules Pams, Ferdinand Foch, Anatole de Monzie, Léon Bourgeois, Gaston Doumergue et Péret)[12].

Résultats[13]
Candidat Partis Premier tour
Voix %
Alexandre Millerand IND 695 88,42
Gustave Delory SFIO 69 8,78
Autres candidats 22 2,80
Votes valides 786 88,12
Votes blancs et nuls 106 11,88
Total 892 100
Abstention 36 3,88
Inscrits / participation 928 96,12

Alexandre Millerand est élu avec le plus fort pourcentage jamais recueilli lors d'une élection présidentielle, étant parvenu à rallier beaucoup de voix radicales s’étant portées sur Doumergue lors de la réunion préparatoire[4]. Cependant, en raison d'un nombre de bulletins blancs et nuls plus importants, il obtient un nombre de voix plus faible que Paul Deschanel lors de l'élection présidentielle du mois de janvier précédent[6].

Suites[modifier | modifier le code]

Le candidat victorieux est investi président de la République le jour même[14]. Pour lui succéder à la présidence du Conseil, il nomme Georges Leygues. En 1924, en conflit avec le cartel des gauches, Millerand sera contraint à la démission.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Le Gaulois, 18 septembre 1920, p. 1.
  2. Le Gaulois, 19 septembre 1920, p. 1.
  3. Le Gaulois, 21 septembre 1920, p. 1.
  4. a b c et d Jean-Louis Rizzo, Alexandre Millerand : socialiste discuté, ministre contesté et président déchu (1859-1943), Paris, L'Harmattan, coll. « Chemins de la mémoire », , 574 p. (ISBN 978-2-343-00859-2), p. 374-377.
  5. a et b Jean-Marie Mayeur, La Vie politique sous la Troisième République 1870-1940, Paris, Seuil, 1984, p. 253-263.
  6. a et b La Lanterne, 23 septembre 1920, p. 1.
  7. « Le Journal », sur Gallica, (consulté le ).
  8. Le Gaulois, 23 septembre 1920, p. 1.
  9. « Figaro : journal non politique », sur Gallica, (consulté le ).
  10. « M. Millerand désigné comme candidat unique », Le Figaro, no 266,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  11. L'Humanité, 24 septembre 1920, p. 2.
  12. a et b La Croix, 24 septembre 1920, p. 2.
  13. « M. Millerand élu président de la République par 695 voix sur 892 votants », Le Journal, no 10204,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Le Journal », sur Gallica, (consulté le ).