Réservoir Manicouagan
Réservoir Manicouagan | |
Réservoir Manicouagan et l'île René-Levasseur au centre. Les taches plus claires en haut à droite sont les monts Groulx (NASA). | |
Administration | |
---|---|
Pays | Canada |
Province | Québec |
Région | Côte-Nord |
Subdivision 4 | Caniapiscau et Manicouagan |
Géographie | |
Coordonnées | 51° 24′ N, 68° 42′ O |
Type | Lac de cratère, lac de barrage |
Superficie | 1 942 km2 |
Altitude | 342 à 359 m[1] |
Profondeur · Maximale · Moyenne |
350 m 73 m |
Hydrographie | |
Alimentation | Rivière Mouchalagane, rivière Seignelay (en) et rivière Hart Jaune |
Émissaire(s) | Rivière Manicouagan |
Îles | |
Île(s) principale(s) | Île René-Levasseur |
modifier |
Le réservoir Manicouagan, aussi appelé lac Manicouagan, est un cratère météoritique qui a été inondé par l'édification du barrage Daniel-Johnson sur la rivière Manicouagan. Situé dans la région administrative de la Côte-Nord, au Québec, le réservoir, d'une superficie de 2 000 kilomètres carrés et d'une profondeur moyenne de 73 mètres, est un des plus gros réservoirs du monde en volume et en profondeur. Il alimente les centrales hydroélectriques de Manic-5 et Manic 5-PA.
L'île René-Levasseur, au centre, est née lors du remplissage du réservoir. L’ensemble, île plus réservoir, est parfois appelé l’« œil du Québec »[2].
Le lac est géographiquement proche des villes de Baie-Comeau et de Gagnon et longé à l'est par la route 389.
Cratère d'impact de la Manicouagan
[modifier | modifier le code]Le cratère aurait été formé suivant l'impact d'une météorite d'environ 5 km de diamètre[3]. Le diamètre du cratère transitoire est évalué à 85 km[4] (le diamètre crête à crête est de 100 km)[5], mais du fait de l'érosion et du dépôt de sédiments, sa taille apparente aujourd'hui est réduite à 72 km. Parmi les cratères d'impact reconnus scientifiquement, il s'agit actuellement du 5e plus grand répertorié sur Terre[4],[5]. Comme pour le mont des Éboulements au centre de l'astroblème de Charlevoix, le mont Babel au centre du réservoir est interprété comme le vestige du pic central du cratère.
L'âge estimé de l'impact est de 214 ± 1 million d'années, donc durant le Trias. Cette date n'étant antérieure à l'extinction du Trias-Jurassique que de 12 millions d'années, les scientifiques s'interrogent encore sur le rôle de l'impact sur la crise Trias-Jurassique. Malgré ce laps de temps conséquent, la lithologie du terrain laisse penser que cet impact a eu un effet à long terme sur la crise.
Un emblème
[modifier | modifier le code]Le cratère Manicouagan, surnommé l'œil du Québec, est l'emblème de la Réserve mondiale de la biosphère Manicouagan-Uapishka.
La catena Rochechouart-Manicouagan-Saint-Martin
[modifier | modifier le code]Après avoir daté l'impact de Rochechouart-Chassenon, en France, à 214 millions d'années, Spray, Kelley et Rowley[6] ont remarqué que d'autres impacts avaient eu lieu à la même époque que celui de la Manicouagan (aux intervalles d'erreur près) :
- cratère de la Manicouagan, Québec, Canada (214 ± 1 Ma, Ø 100 km) ;
- cratère de Rochechouart-Chassenon, France (214 ± 8 Ma, Ø 22 km) ;
- cratère du lac Saint-Martin, Manitoba, Canada (219 ± 32 Ma, Ø 40 km).
En reportant ces impacts sur une carte représentant le globe terrestre à cette époque, ils ont constaté qu'ils se trouvaient alignés sur la même paléolatitude[7] de 22°8' dans l'hémisphère nord.
Ils pourraient avoir été formés en même temps par la chute d'un ensemble d'astéroïdes, dont les blocs seraient tombés les uns derrière les autres en formant une chaîne, ou une catena, un peu comme les fragments de la comète Shoemaker-Levy 9 sur Jupiter en .
En 2006, Carporzen et Gilder[8] effectuent une comparaison de la localisation du pôle Nord géomagnétique au moment des impacts de Manicouagan et de Rochechouart. Aux intervalles d'erreur près, les deux pôles sont superposés, ce qui renforce l'hypothèse de la simultanéité de ces deux impacts.
D'autres cratères seraient peut être liés à cette catena :
- Red-Wing (en), É.-U. (200 ± 25 Ma, Ø 9 km) ;
- Obolon, Ukraine (169 ± 7 Ma, Ø 18 km) ;
- Poutchej-Katounki, Russie (167± 3 Ma, Ø 80 km) ;
- Koursk (en), Russie (250 ± 80 Ma, Ø 6 km) ;
- Wells-Creek (en), É.-U. (200 ± 100 Ma, Ø 14 km).
Toutefois, l'incertitude sur la datation des trois derniers listés permet de douter de leur participation dans la catena. L'hypothèse même de la catena Rochechouart-Manicouagan-Saint-Martin est désormais écartée par la dernière datation de l'impact de Rochechouart-Chassenon qui écarte la simultanéité des évènements[9].
Hydrographie
[modifier | modifier le code]Images
[modifier | modifier le code]-
Image de la NASA.
-
Le réservoir, vu de l'est. À l'arrière-plan, le mont Babel.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (1980 à 2005)
- Lucie Bergeron, Jacques Bouffard, « Réserve écologique Louis-Babel », sur Radio-Canada, Radio-Canada, (consulté le )
- Pierre Thomas, « La plus grosse météorite tombée sur Terre », (consulté le )
- (en) « Earth Impact Database: Manicouagan », sur Planetary and Space Science Centre (consulté le ) : « This revised diameter is the best estimate for the collapsed transient crater diameter (rim-to-rim dimension). Our previous diameters cited maximum damage diameter estimates. There is considerable confusion in the literature regarding the definition of "diameter". In the Earth Impact Database, we are striving to cite the collapsed transient crater value where possible. This can affect the order of size: for example, Sudbury's maximum damage diameter is ~260 km (as defined by the outermost ring diameter), while that of Chicxulub is ~240 km. However, the rim-to-rim diameter of Sudbury is less than that of Chicxulub's (130 versus 150 km, respectively). »
- (en) Brett Line, « Asteroid Impacts: 10 Biggest Known Hits », sur National Geographic Channel, (consulté le )
- (en) J.G. Spray, S.P. Kelley, D. Rowley, Evidence for a Late Triassic Multiple Impact Event on Earth, 1998, 29th Annual Lunar and Planetary Science Conference, March 16-20, Houston, TX, abstract no. 1806.
- « Définition de paléolatitude | Dictionnaire français », sur La langue française (consulté le )
- (en) L. Carporzen, S.A. Gilder, Evidence for coeval Late Triassic terrestrial impacts from the Rochechouart (France) meteorite crater, 2006, Geophysical Research Letters, Vol. 33
- [Schieder et al. 2010] (en) Martin Schieder, Elmar Buchner, Winfried H. Schwarz, Mario Trieloff et Philippe Lambert, « A Rhaetian 40Ar/39Ar age for the Rochechouart impact structure (France) and implications for the latest Triassic sedimentary record », Meteoritics & Planetary Science, vol. 45, , p. 1225-1242 (lire en ligne [sur researchgate.net]).
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Theodore Wildi, Électro-technique, Québec, Les presses de l'Université Laval,
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Ressources relatives à la géographie :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Site du Ministère du développement durable, de l'environnement et des parcs du Québec
- Site web d'Hydro-Québec.
- Philippe Robitaille-Grou & Behzad Adib, « Dans les profondeurs de l'œil du Québec » [vidéo], Radio-Canada / Découverte, (consulté le )