Réacteur nucléaire naturel d'Oklo

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Localisation du Gabon.
Structure géologique du site.
1. Zones des réacteurs nucléaires.
2. Grès.
3. Couche de minerai d’uranium.
4. Granite.
Minerai d’uranium.

Les réacteurs nucléaires naturels d’Oklo sont des réacteurs naturels qui ont fonctionné il y a environ deux milliards d'années. On a retrouvé dans la mine d'uranium d'Oklo, près de la ville de Franceville dans la province de Haut-Ogooué au Gabon, les résidus fossiles de ces réacteurs nucléaires naturels, où des réactions de fission nucléaire en chaîne auto-entretenues ont eu lieu, bien avant l'apparition de l'être humain[1],[2],[3].

En 1972, le Commissariat à l'énergie atomique découvre à l'usine d'enrichissement militaire de Pierrelatte les traces de ce phénomène dans de l’uranium provenant de la mine d'uranium d’Oklo exploitée par la Compagnie des mines d'uranium de Franceville (Comuf). Il s'agit des seuls réacteurs nucléaires naturels connus au monde à ce jour[4]. Ils étaient de très faible puissance, comparativement aux réacteurs nucléaires fabriqués par l'être humain, mais ont suscité un grand intérêt parmi les scientifiques du Commissariat à l'énergie atomique (CEA).

Histoire[modifier | modifier le code]

Le Gabon était une colonie française lorsque les premières analyses du sous-sol ont été effectuées par le CEA à partir de la base MABA à Franceville, plus précisément par son bras industriel qui devint plus tard la Cogema, conduisant en 1956 à la découverte de gisements d'uranium dans cette région[5].

La France ouvrit presque immédiatement des mines, gérées par la Compagnie des mines d'uranium de Franceville (COMUF), pour exploiter les ressources, près du village de Mounana. Après l’indépendance, en 1960, l’État du Gabon reçut une petite partie[réf. nécessaire] des bénéfices de la compagnie.

Le « phénomène Oklo » a été découvert en 1972 par le laboratoire de l'usine d’enrichissement d'uranium de Pierrelatte, en France. Des analyses de routine sur un échantillon d'uranium naturel mirent en évidence un déficit léger mais anormal en uranium 235 (235U)[6]. La proportion normale de 235U est de 0,7202 %, alors que cet échantillon ne présentait que 0,7171 %. Comme les quantités d’isotopes fissiles sont cataloguées précisément, cette différence devait être expliquée ; aussi, une enquête fut lancée par le CEA. sur des échantillons provenant de toutes les mines exploitées en France, au Gabon et au Niger par le CEA et à toutes les étapes de la transformation du minerai et purification de l’uranium.

Pour les analyses de teneur en uranium et de teneur en 235U, la Direction des Production du CEA s’appuie sur le Laboratoire d’Analyse de l’Usine de Pierrelatte et sur le Laboratoire Central d’Analyse et de Contrôle du CEA implanté à Cadarache, dirigé par Michèle Neuilly où Jean François Dozol est chargé des analyses par spectrométrie de masse..

Les analyses effectuées à Pierrelatte et Cadarache montrent que les uranates de magnésium en provenance du Gabon présentent un déficit variable mais constant en 235U. Le 7 juillet 1972, des chercheurs du CEA Cadarache découvrent une anomalie dans le minerai d'uranium provenant d'Oklo au Gabon. Sa teneur en 235U est très inférieure à celle habituellement observée[7]. Les analyses isotopiques ont permis de trouver l’origine de l’appauvrissement en 235U : l’uranium appauvri provient du minerai d’Oklo au Gabon, exploité par la COMUF. Une campagne d’analyses systématiques a été alors effectuée dans les laboratoires de Cadarache et de Pierrelatte (mesures de la teneur en uranium, mesures de la teneur isotopique). C'est ainsi que, sur des échantillons d'Oklo, les analystes de Cadarache constatent un déficit en 235U pour l’uranate de magnésie de l’usine de Mounana (235U = 0,625 %) et un déficit encore plus important pour un uranate de magnésie (Oklo M) (235U = 0,440 %) : les minerais d’Oklo 310 et 311 ont respectivement une teneur en uranium de 12 et 46 % ont et une teneur en 235U de 0,592 et 0,625 %.

Dans ce contexte, J. F. Dozol prend l’initiative d’analyser sur le Spectromètre de Masse à Source à Etincelles AEI MS 702 (SMSE) les échantillons d’uranate de magnésium et de minerai provenant d’Oklo.

L'intérêt du SMSE est sa capacité à produire des quantités substantielles d'ions à partir de tous les éléments présents dans les électrodes. Les électrodes, entre lesquelles une étincelle est générée, doivent être conductrices, (pour cela les échantillons d'Oklo ont été mélangés avec de l'argent de haute pureté). On obtient sur une plaque photo l’ensemble des isotopes allant du lithium à l’uranium compris dans l’échantillon. Lors de l’examen la plaque, J. F. Dozol constate en particulier pour le minerai d’Oklo 311 à très forte teneur en uranium :

- des éléments présents en quantité importante vers les masses 85-105 et 130-150 qui correspondent aux deux bosses des rendements de fission de 235U. ( La distribution en masse des produits de fission suit une courbe « en bosses de chameau », elle possède deux maximums),

- les derniers lanthanides (holmium au lutécium) ne sont pas détectés (au-delà de la masse166). Dans la nature, on retrouve l’ensemble des 14 lanthanides ; dans un combustible nucléaire, ayant subi des réactions de fission, les isotopes de derniers lanthanides ne sont pas détectés.

L’étape suivante est l’analyse isotopique sur un spectromètre de masse à thermo-ionisation de certains éléments après séparation chimique du néodyme et du samarium. Dès les premières analyses de l'uranate d’Oklo "M" et du minerai "Oklo 311", il est évident que le néodyme et le samarium possèdent une composition isotopique beaucoup plus proche de celle trouvée dans un combustible irradié que de celle de l’élément naturel. La détection des isotopes 142Nd et 144Sm non produits par fission indique la présence également de ces éléments à l’état naturel dont on peut ainsi retrancher leur contribution[8],[9].

Ces résultats ont été transmis à Jean Claude Nimal, neutronicien (CEA Saclay) qui a estimé le flux de neutrons reçu par l’échantillon analysé à partir de son déficit en 235U. Cela a permis d’estimer la capture neutronique par les  isotopes 143Nd et 145Nd conduisant respectivement à la formation supplémentaire de 144Nd et 146Nd. Cet excès doit être retranché pour avoir accès aux rendements de fission de l'uranium 235[10]. On constate (cf.tableau ci-dessous) un accord entre les rendements de fission (M) et les résultats corrigés (C) de la présence de néodyme naturel et des captures neutroniques[11],[12]:

Nd 143 144 145 146 148 150
C/M 0,99 1,00 1,00 1,01 0,98 1,06

Signature isotopique des produits de fission[modifier | modifier le code]

Néodyme[modifier | modifier le code]

Ce diagramme montre l’abondance isotopique naturelle (normale, en bleu) du néodyme, ainsi que celle du site modifiée par les isotopes du néodyme produits par la fission de 235U (en rouge).

Le néodyme trouvé à Oklo a une composition isotopique différente de celle du Nd trouvé ailleurs sur Terre : le Nd typique contient 27 % de 142Nd ; celui de Oklo en contient moins de 6 %, et contient davantage de 143Nd. La composition correspond à celle du produit de la fission du 235U.

Ruthénium[modifier | modifier le code]

Ce diagramme montre l’abondance isotopique naturelle (normale, en bleu) du ruthénium, ainsi que celle du site modifiée par les isotopes du ruthénium produits par la fission de 235U (en rouge).

Le ruthénium trouvé à Oklo présente une forte concentration de 99Ru (27-30 %, contre 12,7 % typiquement). Ce surplus peut s’expliquer par la désintégration du 99Tc (produit de fission) en 99Ru.


Un tel phénomène de réactions nucléaires était théoriquement crédible et d'autant plus plausible qu'on remonte dans le passé. Il y a deux milliards d'années, les teneurs de ces gisements en uranium 235 étaient bien plus élevées (3,813 %)[6] qu'aujourd'hui (0,7202 %)[6], suffisamment élevées pour atteindre la criticité et engendrer une réaction en chaîne. Ces gisements réunissaient aussi deux autres conditions : la présence d'eau comme modérateur de la réaction et l'absence de métaux ou minéraux trop absorbeurs de neutrons parmi lesquels par exemple le chlore. Cependant, l'uranium étant relativement facilement mobilisable par l'eau, il était fort peu probable que les preuves d'un tel phénomène aient pu subsister au cours des âges géologiques. Plusieurs hypothèses furent envisagées pour expliquer les anomalies isotopiques d'Oklo (légère baisse du taux d'235U dans la plupart des minerais locaux[5] et enrichissement dans quelques cas[5]), mais la découverte de traces de produits de fission accrédita définitivement la thèse d’un réacteur nucléaire spontané.

D'après les sondages géologiques et l’étude des échantillons pris in situ, les foyers de réactions étaient les zones les plus riches en minerai à très haute teneur en uranium (mises en place il y a environ 1,95 milliard d'années).

Au moins 500 tonnes d'uranium auraient participé aux réactions nucléaires qui ont dégagé une quantité d'énergie estimée à environ 100 milliards de kWh. L'intégrale du flux neutronique a dépassé en certains points 1,5 × 1021 n/cm2 et, dans certains échantillons, la teneur en 235U a chuté jusqu'à 0,29 % (contre 0,72 % dans l'uranium géologique normal). L’occurrence d'un tel phénomène implique un concours exceptionnel de circonstances, dont l'action de mécanismes de contrôle de ces réactions, qui ne sont pas encore complètement élucidés.

Physique et biochimique[modifier | modifier le code]

Un réacteur nucléaire naturel est un dépôt d’uranium où les analyses montrent des symptômes de réaction de fission nucléaire en chaîne auto-entretenue. Le phénomène de réacteur naturel est prouvé par les analyses faites au CEA Cadarache. Les conditions dans lesquelles une réaction auto-entretenue naturelle peut survenir avaient été décrites en 1956 par Paul Kazuo Kuroda, à l’Université de l’Arkansas ; les conditions à Oklo sont proches des prévisions théoriques.

L'hypothèse d'une situation homologue au Brésil a été émise, car à l'époque de la constitution du gisement d'Oklo, l'Amérique du Sud et l'Afrique n'étaient pas encore séparées. Le plateau du Colorado a également été cité comme contenant de l'uranium légèrement moins enrichi que la valeur normale. Oklo reste cependant le seul endroit connu de réacteur nucléaire naturel conservé ; seize sites ont été découverts à Oklo et un à Bangombé, à une trentaine de kilomètres avec des traces de réactions de fission datant de 1,95 milliard d'années[13].

La roche hôte des minéralisations du bassin de Franceville est un grès différencié d'origine fluviatile à fluvio-deltaïque où l'uranium est toujours « intimement associé à la matière organique » avec une minéralisation qui a été influencée par des facteurs stratigraphiques, sédimentologiques et tectonique (syn- et post-sédimentation)[5].

Fonctionnement des réacteurs[modifier | modifier le code]

Une des multiples fissions nucléaires de l’uranium 235 induite par la capture d’un neutron.

Un réacteur nucléaire naturel se forme lorsqu’un dépôt de minerai riche en uranium est inondé par de l’eau : l’hydrogène de l’eau agit alors comme modérateur de neutrons, transformant le rayonnement « neutrons rapides » en « neutrons lents » et augmentant ainsi leur probabilité d'être absorbé par les atomes d'uranium 235 et de donner la fission (augmentation de la réactivité). Cela démarre une réaction en chaîne de fission nucléaire. Au fur et à mesure que la réaction s’intensifie, augmentant la température, l’eau s’évapore et s’échappe, ce qui ralentit la réaction (plus de neutrons rapides et moins de lents), empêchant un emballement du réacteur. Après la baisse de la température, l’eau afflue de nouveau et la réaction ré-augmente, et ainsi de suite.

À Oklo, la réaction s’est maintenue pendant plusieurs centaines de milliers d’années (entre 150 000 et 850 000 ans[13]). La fission de l’uranium produit cinq isotopes du xénon, qui, en dépit du caractère volatil du corps chimique, ont tous été retrouvés dans les restes des réacteurs, à différents taux de concentration ; ceci suggère que le taux de la réaction était cyclique (voir explication ci-dessus). D’après les concentrations, la période devait être d'environ deux heures et demie.

On estime que ces réacteurs naturels ont consommé environ six tonnes de 235U (voir la section Applications industrielles), et ont fonctionné à une puissance de l’ordre de 100 kW, produisant des zones portées à des températures de plusieurs centaines de °C. Les produits de fission non volatils n’ont bougé que de quelques centimètres en deux milliards d’années, ce qui donne un cas d’école de la migration des isotopes radioactifs dans la croûte terrestre, avec des applications dans le stockage en profondeur des déchets de l’industrie nucléaire.

D'une part, une telle réaction a pu s’amorcer parce qu’à l’époque où le dépôt a été constitué et où les réacteurs ont commencé à fonctionner, la part de l’isotope fissile 235U dans l’uranium naturel (proportion des noyaux) était de l’ordre de 3,66 %, valeur proche de celle de l’uranium enrichi utilisé dans les réacteurs nucléaires actuels. Comme l’uranium 235 a une demi-vie radioactive inférieure à celle de l’uranium 238, son abondance relative diminue avec le temps. La proportion de nos jours est de 0,7202 % : un réacteur nucléaire naturel comme celui d’Oklo ne peut donc plus se constituer actuellement.

D’autre part, l’uranium n’est soluble dans l’eau qu’en présence d’oxygène. Quand une eau riche en oxygène érode le minerai d’uranium, elle dissout l’uranium oxydé (+6 ou VI), et le redépose lorsqu’elle perd son oxygène, augmentant la concentration en uranium à l’endroit où il est réduit (U+4). La présence d’oxygène — et d’autres phénomènes géologiques — est nécessaire pour élever la concentration de l’uranium. C’est l’augmentation de la teneur en oxygène de l’atmosphère terrestre il y a environ deux milliards d’années, due à l'activité biochimique, qui explique que la réaction ait démarré à ce moment, et pas auparavant, bien que les concentrations de 235U aient été initialement encore plus élevées.

D'autres mesures expérimentales ont été menées grâce au site d'Oklo. Ainsi, en 1976, Alexander Shlyakhter (en) a proposé de mesurer les abondances du 149Sm (samarium) pour estimer la section efficace de la capture de neutrons par cet isotope à l’époque d’Oklo, et la comparer à la valeur actuelle.

Datations des réactions[modifier | modifier le code]

La valeur de 1,95 milliard d'années est maintenant établie après de nombreuses études de physique et mesures effectuées sur le site. Parmi les éléments ayant concouru pour faire une première estimation grossière, il y a :

  • vers le haut le fait que les dépôts d'uranium n'ont pu commencer que vers 2,2 milliards d'années avec la présence d'une quantité significative d'oxygène dissous dans l'eau permettant le transport de l'uranium ;
  • vers le bas l'absence d'uranium 236 de période 23,42 millions d'années dont le constat avait déjà été utilisé pour faire écarter l'hypothèse d'une pollution par de l'uranium de retraitement au cours des premiers éléments d'investigation aboutissant à mettre en cause l'uranium provenant du site d'Oklo. Au bout de 20 périodes soit environ 0,5 milliard d'années la teneur en uranium 236 serait de l'ordre de 1/1 000 000e correspondant à la valeur limite de détection de l'isotope.

Applications industrielles[modifier | modifier le code]

Le stockage de déchets radioactifs en profondeur consiste à conditionner des déchets radioactifs dans des conteneurs scellés et à les déposer dans des chambres excavées dans des couches géologiquement stables, à 500 ou 1 000 mètres de profondeur.

Pendant leur fonctionnement, les réacteurs naturels ont produit 5,4 tonnes de produits de fission, 1,5 tonne de plutonium et d’autres éléments transuraniens[14]. Tous ces éléments sont restés confinés jusqu’à leur découverte, en dépit du fait que l’eau coule dedans et qu’ils ne se présentent pas sous des formes chimiquement inertes.

Le site d’Oklo illustrerait donc la capacité des couches géologiques locales à isoler les matières radioactives. Ainsi, selon une thèse de doctorat de l'université d'Orsay :

« Des observations minéralogiques, des analyses chimiques et des analyses isotopiques sur roche totale nous ont permis de conclure qu'une partie des radioéléments et de leurs descendants est restée concentrée dans les zones de réaction, associée à des phases minérales secondaires, tandis qu'une autre fraction a migré vers la bordure du réacteur. Suivant l'intensité des réactions nucléaires et la présence ou non du faciès argile de pile, qui constitue souvent un faciès intermédiaire entre le cœur du réacteur et le grès encaissant, les radioéléments sont restés concentrés à la bordure du réacteur ou ont migré dans les premiers mètres de grès encaissant massif. […] Les principaux enseignements de ce travail pour le stockage de déchets nucléaires de haute activité concernent la stabilité à long terme des oxydes d'uranium dans un environnement géologique réducteur et la capacité de rétention des phases minérales secondaires et de la barrière argileuse vis-à-vis de plusieurs radioéléments. Nos résultats indiquent également que les interfaces entre les différentes barrières artificielles d'un site de stockage peuvent limiter la migration des radioéléments en champ proche. Par ailleurs, cette étude confirme que des transferts de radioéléments peuvent s'effectuer par l'intermédiaire de fissures[15]. »

Cet exemple de confinement naturel a été cité comme argument en faveur des stockages souterrains et des recherches ont été poursuivies en lien avec les projets de stockage souterrain de déchets radioactifs ; le gouvernement des États-Unis cite et extrapole les observations faites à Oklo, dans son enquête sur la possibilité d’ouvrir un site de stockage à Yucca Mountain :

« Lorsque ces réactions nucléaires en chaîne naturelles souterraines se sont arrêtées, la nature a montré qu’elle était capable de confiner efficacement les déchets produits par les réactions. Nulle réaction en chaîne ne va jamais avoir lieu dans un site de stockage de déchets radioactifs. Mais si un site de stockage devait être construit dans les Yucca Mountains, les scientifiques compteraient sur la géologie de l’endroit pour contenir les radionucléides générés par ces déchets avec la même efficacité. »

Il constitue un exemple unique de comportement, à long terme, de certains produits issus des réactions nucléaires dans un milieu naturel et apporte des renseignements particuliers sur les propriétés de l'argile en matière de confinement. Dans ce cas, c'est la présence de matière organique associée à des minéraux FeII/FeIII (fer II et fer III) dans une « zone tampon redox » autour du réacteur naturel qui permet d’expliquer la préservation de l’uraninite au sein de la zone de réaction et la faible migration de l’uranium au cours des temps géologiques[16].

Biologie[modifier | modifier le code]

C'est aussi à 30 km de là qu'on trouve les plus anciennes traces d'organismes pluricellulaires connues à ce jour (2020), datées de la même époque, le groupe fossile de Franceville[17] : le CNRS annonce en 2010 la découverte à Franceville des traces de vie pluricellulaire organisée[18]. En , il confirme cette découverte par de nouveaux fossiles macroscopiques d'une taille allant jusqu'à 17 cm et confirme l'âge de 2,1 milliards d'années[19].

Cette date est approximativement la même que celle à laquelle le réacteur était en activité. Ces deux phénomènes sont indépendants, mais une conséquence de leur proximité géographique est que la datation des couches contenant les fossiles a été très vite acceptée, la zone étant très bien connue des géologues français[20].

Une telle découverte bouleverse l'état des connaissances actuelles, qui considérait jusque-là que les plus anciens fossiles macroscopiques d'animaux dataient de 565 à 550 millions d'années[21] (faune de l'Édiacarien).

Références[modifier | modifier le code]

  1. « 🔎 Réacteur nucléaire naturel d'Oklo - Définition et Explications », sur Techno-Science.net (consulté le )
  2. « Découvrez Oklo, le seul réacteur nucléaire naturel connu au monde vieux de deux milliards d’années », sur www.iaea.org, (consulté le )
  3. (en) Andrew Karam, « The natural nuclear reactor at Oklo: A comparison with modern nuclear reactor » [« Le réacteur nucléaire naturel à Oklo : une comparaison avec les réacteurs modernes »], Radiation Information Network,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  4. C. R. Acad. Sc. Paris, t. 275 (23 octobre 1972) Série D – 1847 Note (*) de Mlle Michèle Neuilly, MM. Jean Bussac, Claude Frèjacques, Guy Nief, Georges Vendryes et Jacques Yvon, présentée par M. Francis Perrin
  5. a b c et d AIEA, Présentation de la situation d'extraction d'uranium au Gabon, ACCRA, 5 au 9 juillet 2010, 13 p. (lire en ligne [PDF]).
  6. a b et c Roger Naudet, « Le phénomène d'Oklo » [PDF], sur iaea.org, Agence internationale de l'énergie atomique (consulté le ).
  7. « senat.fr/rap/o97-612/o97-61252-L'aval du cycle nucléaire »
  8. (en) Jean-François Dozol, « From routine sample measurements in CEA to the Oklo phenomenon », Radiation Protection Dosimetry, vol. 199, no 18,‎ , p. 2258–2261 (ISSN 0144-8420 et 1742-3406, DOI 10.1093/rpd/ncad014, lire en ligne, consulté le )
  9. Jean-Francois Dozol, « Isotopic analysis of the rare earths contained in the Oklo ores », IAEA; Vienna; Symposium on the Oklo phenomenon; Libreville, Gabon; 23 Jun 1975; IAEA-SM--204/29, vol. Proceedings series;, no IAEA-SM--204/29,‎ , p. 357-369 (lire en ligne)
  10. (en) M. E. Meek and B. F. Rider,, « Compilation of fission product yields », Vallecitos Nuclear Center, Pleasanton, Calif., NEDO-12154-1. Nouvelle edition,‎
  11. J.C. Nimal, « Historical simulations of Oklo cores », Radiation Protection Dosimetry, vol. Volume 199, Issue18,‎ , p. 2262-2268 (lire en ligne)
  12. P. Girard, {{Article}} : paramètre « titre » manquant, Compte rendu SFEN, vol. CR Conf 17 octobre 2018-Marseille,‎
  13. a et b (en) Lena Zetterstroem, « Geology of Oklo », dans Oklo. A review and critical evaluation of literature, vol. INIS 32, INIS, , 37 p. (ISSN 1404-0344, lire en ligne [PDF]), p. 11-14.
  14. « Réacteur nucléaire naturel d'Oklo - Définition et Explications », sur Techno-Science.net (consulté le )
  15. Catherine Menet-Dressayre, Étude du comportement géochimique des radioéléments et de leurs descendants autour des réacteurs nucléaires naturels 10 et 13 d'Oklo (Gabon) : Application au stockage de déchets nucléaires de haute activité (thèse de doctorat de C), Orsay, Université Paris-11 (lire en ligne).
  16. Benoît Madé, Emmanuel Ledoux, Anne-Lise Salignac, Bénédicte Le Boursicaud et Ioana Gurban, « Modélisation du transport réactif de l’uranium autour du réacteur nucléaire naturel de Bangombé (Oklo, Gabon) », Comptes rendus de l’académie des sciences, series IIA - Earth and Planetary Science, vol. 331, no 9,‎ .
  17. Denis Sergent, « Les organismes vivants sont plus anciens qu'on ne le croyait », La Croix,‎ (lire en ligne).
  18. « Découverte de l'existence d'une vie complexe et pluricellulaire datant de plus de deux milliards d'années », CNRS, .
  19. « Une vie complexe il y a 2 milliards d’années : l’hypothèse se confirme ! », sur futura-sciences.com, .
  20. Sylvestre Huet, « La vie est compliquée depuis 2 milliards d'années », sur liberation.fr, (consulté le ).
  21. Neil Campbell, Biologie, Pearson, , p. 763.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (fr + en + ru) Le phénomène d'Oklo (collection de comptes-rendus), Vienne, Agence internationale de l'énergie atomique, , 667 p. (ISBN 92-0-040275-5, lire en ligne [PDF]), p. 253.
  • Philippe Holliger et C. Devillers, « Contribution à l'étude de la température dans les réacteurs fossiles d'Oklo par la mesure du rapport isotopique du lutétium », Earth and Planetary Science Letters, vol. 52, no 1,‎ , p. 76-84 (DOI 10.1016/0012-821X(81)90209-0).
  • J. C. Ruffenach, J. Menes, C. Devillers, Monique Lucas et Robert Hagemann, « Études chimiques et isotopiques de l'uranium, du plomb et de plusieurs produits de fission dans un échantillon de minerai du réacteur naturel d'Oklo », Earth and Planetary Science Letters, vol. 30, no 1,‎ , p. 94-108 (DOI 10.1016/0012-821X(76)90011-X).
En anglais
  • (en) Ivan G. Draganić, Zorica D. Draganić et Dimitar Altiparmakov, « Natural nuclear reactors and ionizing radiation in the Precambrian », Developments in Precambrian Geology, vol. 7,‎ , p. 175-190 (DOI 10.1016/S0166-2635(08)70247-0).
  • (en) François Gauthier-Lafaye, Philippe Holliger et Paul-Louis Blanc, « Natural fission reactors in the Franceville Basin, Gabon : A review of the conditions and results of a “critical event” in a geologic system », Geochimica et Cosmochimica Acta, vol. 60, no 23,‎ , p. 4831-4852 (DOI 10.1016/S0016-7037(96)00245-1).
  • (en) P. K. Kuroda, « The Oklo phenomenon », Naturwissenschaften, vol. 70, no 11,‎ , p. 536–539 (DOI 10.1007/BF00376669).
  • (en) R. D. Loss, K. J. R. Rosman, J. R. De Laeter, D. B. Curtis, T. M. Benjamin, A. J. Gancarz, W. J. Maeck et J. E. Delmore, « Fission-product retentivity in peripheral rocks at the Oklo natural fission reactors, Gabon », Chemical Geology, vol. 76, nos 1-2,‎ , p. 71-84 (DOI 10.1016/0009-2541(89)90128-9).
  • (en) Alex P. Meshik, C. M. Hohenberg et O. V. Pravdivtseva, « Record of Cycling Operation of the Natural Nuclear Reactor in the Oklo/Okelobondo Area in Gabon », Phys. Rev. Lett., vol. 93,‎ (DOI 10.1103/PhysRevLett.93.182302).
  • (en) Alex P. Meshik, « The Workings of an Ancient Nuclear Reactor », Scientific American Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) W. M. Miller, Neil A. Chapman, Russell Alexander et Ian Mckinley, Geological Disposal of Radioactive Wastes and Natural Analogues, Oxford, Pergamon press, (ISBN 0-08-043852-0).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]