Quatre Vœux incommensurables

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Les Quatre Vœux incommensurables (chinois : 四弘誓願 ; pinyin : sì hóng shìyuàn ; japonais : shi gu seigan), terme bouddhique de l'École Mahāyāna, appelés aussi les vœux de bodhisattva, sont ceux que les bouddhistes pratiquant la voie du bodhisattva doivent prendre, étudier et réitérer au cours de leur progression vers l'objectif ultime, c'est-à-dire l'Éveil complet et parfait.

Origine[modifier | modifier le code]

Les prototypes de ces Quatre Vœux sont issus des sutras du Nikāya, dans le canon indien :

Premièrement, que ceux qui ne sont pas libérés soient libérés ;

deuxièmement, que ceux qui n'ont pas compris comprennent ;

troisièmement, que ceux qui ne sont pas paisibles soient paisibles ;

quatrièmement, que ceux qui n'arrivent pas au nirvāṇa parviennent au nirvāṇa.

Mais les Quatre Vœux incommensurables ont pris dans le Mahayana une dimension plus large avec la modification de la notion de bodhisattva[1]. Les quatre formules les plus proches de celles d'aujourd'hui furent écrites pour la première fois[réf. nécessaire] dans le Mahāśamatha-vipaśyanā (chinois : 摩诃止观 ; pinyin : móhézhǐguān) de Zhiyi (智顗), de l’école Tiantai.

Les formulations que l'on récite aujourd'hui sont celles du Sūtra de l'Estrade de Huineng[2], sixième patriarche de l'École du Chan chinoise, sauf l'ordre inversé de deux mots[3].

Formulation[modifier | modifier le code]

Les Quatre Vœux incommensurables s'expriment ainsi :

  • Je fais le vœu de délivrer tous les êtres bien qu'ils soient innombrables (chinois simplifié : 众生无边誓愿度 ; pinyin : Zhòngshēng wúbiān shìyuàn dù ; japonais : 衆生無辺誓願度 (shujō muhen seigan do?)) ;
  • Je fais le vœu de vaincre toutes les illusions bien qu'elles soient en nombre incalculable (chinois simplifié : 烦恼无尽誓愿断 ; pinyin : Fánnǎo wújìn shìyuàn duàn ; japonais : 煩悩無尽誓願断 (bonnō mujin seigan dan?)) ;
  • Je fais le vœu d'étudier tous les enseignements (méthodes) bien qu'ils soient illimités (chinois simplifié : 法门无量誓愿学 ; pinyin : Fǎnmén wúliàng shìyuàn xué ; japonais : 法門無量誓願学 (hōmon muryō seigan gaku?)) ;
  • Je fais le vœu de parvenir à l'état du Bouddha bien qu'il soit incomparable (chinois simplifié : 佛道无上誓愿成 ; pinyin : Fódào wúshàng shìyuàn chéng ; japonais : 仏道無上誓願成 (butsudō mujō seigan jō?)).

Ils sont prononcés par tous les bouddhistes : moines, moniales, novices masculins et féminins, upāsakas (laïcs hommes et femmes).

Le premier vœu concerne le but de la pratique du bouddhisme, qui est de mettre en œuvre la grande compassion afin de servir les autres, l'abnégation étant une caractéristique du mahāyāna ; le deuxième et le troisième vœux montrent les tâches concrètes que doivent réaliser les pratiquants par leurs efforts personnels et quotidiens ; le quatrième vœu est l'objectif final qui guide en permanence les pratiquants, et les encouragent à suivre malgré tout la marche vers l’éveil, aussi longue et difficile soit-elle.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Jeffrey Samuels, « The Bodhisattva Ideal in Theravāda Buddhist Theory and Practice: A Reevaluation of the Bodhisattva-Śrāvaka Opposition », Philosophy East and West, vol. 47, no 3,‎ , p. 399–415 (DOI 10.2307/1399912, lire en ligne)
  2. Huineng (trad. du chinois par Patrick Carré), Le Soûtra de l'Estrade du Sixième Patriarche Houei-neng : (638-713), Seuil,
  3. Shōhaku Okumura, Vivre par voeu : une introduction pratique à huit chants et textes zen essentiels du zen Sôtô, Sully, (ISBN 978-2-35432-334-9)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Le Soûtra de l'Estrade du Sixième Patriarche Houei-neng par Fa-hai ; traduit du chinois et commenté par Patrick Carré, Seuil, collection Points Sagesses.
  • Shōhaku Okumura, Vivre par vœu : une introduction pratique à huit chants et textes zen essentiels du zen Sôtô, Paris, Sully, 2020 (ISBN 978-2-35432-334-9)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]